Dans la stricte lignée de mon article sur la comparaison en temps réel entre la France et l’Allemagne, voici ce qui s’est passé entre hier et ce matin. L’Allemagne adoptait un vaste plan ambitieux d’économie et la France indiquait qu’elle n’augmenterait pas les impôts après une cacophonie sur le sujet et sur fond de mensonge dans le dossier Woerth…
Le gouvernement allemand a adopté ce mercredi 1er septembre 2010 un plan d'économies d’environ 80 milliards d'euros jusqu’à fin 2014. Des économies seront faites sur les dépenses sociales, comme l'indemnisation des chômeurs de longue durée, les aides aux parents de jeunes enfants, une réduction du budget de la défense, mais aussi la création d'une taxe sur les billets d'avion au départ d'Allemagne qui a été estimée à un milliard d'euros par an. Il est également prévu une hausse de la fiscalité écologique, ainsi qu’une réforme de la législation sur les faillites. La taxe sur les opérateurs de centrales nucléaires, initialement prévue (2,3 milliards d'euros par an), ne figure finalement pas dans le texte final, mais continue d’être étudiée comme une éventualité future. Le plan, très sévère, comme d’habitude en Allemagne, est jugé comme étant "indispensable pour une croissance économique pérenne" par le ministre des Finances Wolfgang Schäuble qui doit faire face à un déficit public de plus de 5% alors que les critères de Bruxelles sont toujours de 3%. La cible de ce plan est donc un retour sous la barre des 3% à l’échéance 2013.
Que penser de ce plan ? Bien sûr, il est fondamental de maîtriser les dépenses publiques, mais la reprise est encore fragile et ce plan aura un impact fort sur la consommation des ménages allemands privés d’allocation chômage, d’aide parentale ou pénalisés par une augmentation probable de l’électricité. En revanche la taxe sur les billets d’avion est réellement une bonne idée, elle va dans le bon sens (écologique et lutte contre les délocalisations), mais risque de pénaliser légèrement les contrats commerciaux extérieurs allemands. La baisse du budget militaire est également LA solution la plus intelligente, car avoir une armée forte n’est pas une priorité en temps de crise mondiale qui se joue surtout sur le terrain économique de nos jours.
Et pendant ce temps que faisons-nous en France ? Rien au presque ! Des gesticulations incohérentes avec la hausse ou pas des impôts en… 2013 ! Pourquoi ? Parce que ce sera après l’élection présidentielle. Dans un courrier adressé aux parlementaires, le ministre du Budget estime qu'il faudra trouver dès 2013 de nouvelles ressources fiscales, et surement augmenter les impôts, pour combler les déficits. Serait prévu « soit par la suppression de nouvelles niches fiscales et sociales ou, à défaut, par une hausse progressive de la CRDS » (La Contribution au Remboursement De la dette Sociale, est un impôt initialement créé pour résorber l'endettement de la Sécurité sociale : elle est calculée sur 97 % du salaire brut)... Baroin précise tout de même qu’il n’est pas prévu une hausse générale des impôts. Mais en attendant, le gouvernement à déjà adopté une mesure temporaire : une taxe spéciale visant les assureurs, et une mesure qui puise dans les recettes fiscales futures (!) : la perception annuelle des prélèvements sociaux sur certains contrats d'assurance vie ne fera qu'anticiper des recettes attendues pour plus tard.
Pourtant, la lettre aux parlementaires n’avait pas vocation a être dévoilée, il s’agit donc d’un couac gouvernemental qui sera vite rectifié par Christine Lagarde : « Il ne faut pas charger la bête. Je suis formelle », Il ne faut « pas d'augmentation des prélèvements obligatoires, ça alors là moi, je suis formelle », mais « Il faut bien armer le rabot, il faut que la lame soit bien affutée » sur les niches fiscales indique-t-elle sur Europe 1. Christine Lagarde exclue toute hausse d'impôt avant la présidentielle de 2012, mais elle s'est bien gardée toutefois de ce prononcer sur une éventuelle augmentation en 2013 ! Voilà qui a le mérite d’être clair !Attention ! Électeurs, vous savez ce qui vous attend en 2013…
Et pendant ce temps, cette cacophonie devrions-nous dire, Woerth reconnaît avoir demandé la Légion d'honneur pour Patrice de Maistre suite aux révélations du Canard Enchaîné. Bien qu’il soit pris la main dans le sac (« Ce n'est pas moi qui lui ai attribué, c'est le ministère de l'Economie. […] J'ai remis la légion d'honneur à sa demande -je ne l'ai pas obtenue mais à sa demande- à Patrice de Maistre. » dit-il le 27 juin au Grand Jury RTL), le ministre continue de dire qu’il n’a pas menti, ça non ! Il trouve que tout cela est d’une « Banalité » ! Qu’en déduire ? Il est scandaleux, en pleine crise économique de constater que le gouvernement mélanges de manière douteuse les intérêts privés des particuliers et des entreprises amies du CAC40 avec ceux de la France qu’ils sont sensés servir exclusivement. L’aveu du ministre met également un doute sur la sincérité de toutes ses déclarations passées. C’en est trop s’il ne quitte pas le gouvernement bientôt on pourra vraiment se demander dans quel pays nous vivons : dans n’importe quel pays d’Europe il aurait dû démissionner depuis des mois…
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