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jeudi 29 avril 2010

Sur le front de l’emploi de ce jeudi 29 avril 2010

Faurecia supprime 185 emplois et 110 intérimaires

-295 emplois

L’équipementier automobile Faurecia va supprimer dans les prochains mois 185 emplois permanents (sur 367) et 110 intérimaires, dans son usine fabriquant des sièges automobiles "Sielest" de Pulversheim (Haut-Rhin), soit environ la moitié de ses emplois. Ce plan est la suite donnée par la direction à la perte d’un contrat sur la remplaçante de la C4 avec l’usine de PSA (sa maison-mère) à Mulhouse. C’est son concurrent américain, Johnson Controls, avec son usine de Neuenbourg en Allemagne, qui a remporté le projet.

L’entreprise pense compenser les pertes d’emplois permanents par des reclassements internes et externes : 286 possibilités d’emploi (256 dans un rayon de 60 kilomètres), ont été identifiées par la direction.

Démarais repris par Altia, pas de perte d’emploi !

-0 : 93 emplois sauvés

Le 22 avril 2010, le tribunal de commerce de Blois à finalement désigné le groupe Altia comme repreneur de Démarais. Les deux sites de Montoire verront leur emploi préservé ! Finalement les 60 emplois menacés sont conservés.

Altia est un groupe Français, basé à Paris. Avec 2.000 salariés répartis sur 18 sites, dont 15 dans l'Hexagone, il réalise un chiffre d'affaire annuel de près de 200 millions d'euros. 85 % de son activité est dédiée au secteur automobile. Le groupe compte notamment PSA et Renault parmi ses plus gros clients.

American Express supprime 230 postes en France

-230 emplois

Dans le cadre d’un plan de restructuration pour la France, American Express a décidé de fermer, dès le mois de juillet, le centre d’appels Havrais qui gérait et facturait les déplacements professionnels des entreprises et de onze de ses vingt et un plateaux d’affaires.. La crise à diminué les déplacements qui se font plus par visio maintenant (perte d’1/4 de l’activité).

Après l’annonce de la délocalisation en Tunisie d’une partie des services Visa Premier, c’est au tour de la branche voyages d’affaires de prendre des mesures envers ses deux centres d’appels normands, celui du Havre et celui de Rouen en Seine-Maritime. La liste totale des sites concernés est longue : Rennes, Angers, Limoges, Clermont, Grenoble, Orléans, Avignon et Pau au profit de reclassement à Strasbourg, Nice (Sophia), Lyon, Paris (Nation), Toulouse, Bordeaux, Nantes, Cergy, Vélizy…

mercredi 28 avril 2010

Label “Made in France”

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En janvier 2010, je proposais la création d’un label made in France avec même un détail concernant la conception, l’assemblage et l’emballage. Finalement le gouvernement finit par y venir et un rapport devrait être disponible le 5 mai prochain sur le sujet.

Christian Estrosi indique qu’il s'agit « d'informer le consommateur qu'une majorité de la fabrication d'un produit donné, de la conception à l'assemblage (en) passant par ses composants, est faite en France ». Estrosi veut un étiquetage qui affiche l'origine et le pourcentage de chacun des composants d'un produit. Nous sommes vraiment dans le cadre de ce que nous proposions en janvier, le ministre aurait-il lu le blog économique et social ? En tout cas, nous ne lui reprocherons pas… Selon un sondage commandé par le ministère de l'Industrie, 88 % des Français estiment que les entreprises françaises doivent produire majoritairement en France pour soutenir la croissance et l'emploi.

Mais la création d’un tel label n’est pas suffisant, il faut surtout mettre en place une politique économique qui considère que l'industrie est au cœur du développement économique de la France.

À cette occasion, BFM y consacre un dossier sur son site. L’occasion pour le Blog Economique Et Social d’étudier les témoignages proposés et d’y réagir.

Agnès Troublé, fondatrice d’Agnès b: « On a une demande maintenant de l’orient, ils veulent que ce soit marqué fabriqué en France et j’ai créé une nouvelle griffe Agnès B Fabriqué en France qui va être apposé sur tout ce que l’on fait en France ».

Oui en effet, les pays émergents on une véritable volonté de montrer leur nouveau pouvoir d’achat en n’achetant des produits fabriqués à l’étranger, car chers, donc étant les attributs de la réussite. Évidemment une marque Française fabriquant en pays low-cost fait beaucoup moins prestigieux et amène potentiellement tous les problèmes de qualité que nous avons tous avec des produits peu chers. Il est donc fondamental de proposer cette marque de réussite chère et de qualité. Il y a vraiment un marché pour cela à condition de communiquer clairement sur le lieu de fabrication. Un PDG chinois me disait “Je ne veux plus que mes enfants achètent des produits Chinois [ndlr: produits alimentaires] car ils ne sont pas sûrs…” suite au scandale du lait contaminé…

Agnès Troublé, fondatrice d’Agnès b: « Le problème c’est qu’on n’est pas compétitif en France, les entreprises ont trop de charges. Une minute de travail en France, c’est 70 fois plus cher qu’une minute en Thaïlande. Et puis en plus, on vend en Euros, l’euro est relativement fort. Il y a même des fournisseurs qui ont été obligés eux-mêmes de délocaliser. »

Essayer de comparer les coûts de la Thaïlande et ceux de la France et en déduire que nous sommes trop chers est une aberration. Si seul le coût compte, il faut aller en Thaïlande ! C’est bien parce que le coût n’entre pas seulement en ligne de compte qu’il y a encore de la fabrication française même si elle est en voie d’extinction. Vouloir faire baisser les coûts Français pour concurrencer ceux des pays low-cost est non seulement impossible, mais suicidaire. Il est donc bien évident que si nous devons rester attentifs aux coûts, cela ne sert à rien de se mettre dans une position de concurrence avec des pays sans rapport. Il faut donc être attentif aux coûts du travail, mais en comparaison avec celui de pays développés. La vraie concurrence est bien là. Ensuite, il faut cultiver notre spécificité et la marque « Made In France ». En particulier, les designers, concepteurs, ingénieurs et ouvriers français devraient être particulièrement attentifs à la qualité de conception et de fabrication, car c’est un des points de démarcation.

Quant à l’Euro fort, c’est effectivement une des grandes arnaques de l’Europe. Car s’il favorise les achats à l’étranger (et donc les délocalisations et les plans sociaux, car les produits étrangers deviennent moins chers), il défavorise de la même manière nos produits français à l’étranger. Il crée donc un déséquilibre sur les deux tableaux et sans aucune possibilité de rééquilibrage par le biais d’une dévaluation. Quant à la contrepartie positive de l’euro, elle est difficile à trouver…

Rappelons que Maisons de luxe et façonniers ont signé il y a quelques jours une « charte de bonnes pratiques » pour améliorer leurs relations. En une dizaine d'années, le nombre d'emplois chez les façonniers a été divisé par deux, passant de 10.000 à 5.000. Le maintient des emplois est stratégique, car ce qui fait la différence entre Paris et d’autres grandes villes de la mode est l’important savoir-faire des ouvriers spécialisé du domaine. Laissons filer ca et c’en sera fini de la suprématie de Paris concernant la mode et le luxe.

Olivier Delinotte, président des Etablissements Genete à Auxerre « C’est très important le made in France, mais c’est très difficile à défendre aujourd’hui, parce que financièrement c’est pas jouable. L’agroalimentaire, les voitures, les avions tout ce fait en Chine donc voila. Pareil pour la mode. Et c’est fini on produira plus jamais en France. Made in France c’est de l’exceptionnel quoi. Oui, il ne restera plus que l’exceptionnel et ce sera exceptionnel qu’il y en ait c’est tout… »

Que dire de cette déclaration ? Nous serions tentés de plaindre les pauvres employés de ce monsieur, car, vu ses déclarations, ils n’en ont plus pour longtemps… Comme déjà dit, pas question de comparer la France à la Thaïlande. Cela n’a aucun sens. Dire que tout est déjà fabriqué en Chine est non seulement faux, mais abusif. Monsieur Delinotte ignore surement que 50 % des véhicules de PSA vendu dans le monde sont (encore) fabriqués en France et que les avions également. Rappelons-lui que, si plus rien n’est, à terme, fabriqué en France, lui aussi n’aura plus de travail ! En effet nous apprenons dans un livre publié aux États-Unis que 14 millions de cadres seraient délocalisés dans ce pays, nous n’y échapperons pas non plus. Idem pour les dirigeants.

Denis Gancel, agence W & CIE: « La France et l’Europe est la zone la plus attractive au monde […] et que paradoxalement la France est sans doute le pays qui dit le plus de mal de lui-même. […] Il y a un complexe d’infériorité français. »

Le Baromètre Ernst & Young de l’Attractivité européenne 2009 (paru en juin) indique que le Royaume-Uni est toujours en tête des pays les plus attractifs d’Europe avec 686 projets accueillis en 2008, ce qui représente néanmoins une baisse de 4 % par rapport à 2007. Et le podium reste inchangé malgré la crise : le Royaume-Uni est suivi de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne, comme c’est le cas depuis 1997. Attractivité positive ou relativement stable pour l’Allemagne (+28 %), la Suisse, la Suède, l’Italie et l’Irlande (+35 %). Londres, qui occupe en 2008 – et pour la 7e année consécutive – la position de ville européenne leader en termes d’attractivité, n’est cependant pas épargnée par la crise puisqu’elle enregistre une baisse de 14 % du nombre de projets par rapport à 2007. Elle se détache toutefois encore nettement de ses rivales européennes les plus proches, Paris, deuxième et, troisième Madrid.

Le rapport indique ainsi « Pour 2008, les investisseurs internationaux ont considéré l’Europe occidentale en général, et le site France en particulier, comme des « valeurs refuges ». Le pragmatisme l’emporte sur l’esprit d’aventure. Ils y ont maintenu un nombre de projets d’implantation sensiblement équivalant à celui de 2007, mais en réduisant de 11 % les créations d’emploi (contre - 2 % en Europe occidentale). »

Concernant la France : « alors que l’impatience des décideurs se faisait chaque année plus forte à l’égard de ses handicaps, en ce début 2009 ils sont 75 % à exprimer leur confiance dans les capacités de la France à affronter la crise. Mieux encore, 29 % déclarent leur intention d’y développer de nouvelles activités, soit dix points de plus que l’année précédente. »

Enfin : « Avec 523 annonces d’implantations par les investisseurs
étrangers en 2008, la France conserve sa deuxième place européenne derrière le Royaume-Uni, lui-même bousculé, mais toujours leader avec 686 projets ». « Parmi les secteurs sinistrés, la construction automobile et ses équipementiers, l’électronique et l’informatique. »

L’Europe occidentale est bien la plus attractive des régions du monde avec 40 % d’implantations étrangères en 2009 en hausse de 33 %! Alors, par exemple que la Chine n’attique « que » 33 %, mais en baisse de 47 % ! Outre l’Europe occidentale, seuls le Brésil (+10 %) et l’Amérique du Nord (+21 %) sont en augmentation… L’Europe occidentale est la région du monde ou les investisseurs ont le plus confiance en la capacité de sortir de la crise (74 %) contre, en deuxième position, la Chine (70 %) a égalité avec l’Amérique du Nord (+69 %).

Ce qui attire les investisseurs est la présence d’infrastructure logistique et transports (52 %), de la présence de main-d’œuvre qualifiée (49 %), de la stabilité politique et juridique (49 %) et le marché intérieur et régional (47 %). En revanche, le coût de la main d’œuvre ne représente « que » 45 % et la taxation des entreprises 42 %. Ceci est étrange, car c’est justement sur ces deux points et uniquement ceux-là que le gouvernement communique alors que relativement ce sont les plus faibles…

Les principaux atouts de la France sont : sont indépendance énergétique 39 % (merci EDF), son innovation (35 %), ses spécificités sectorielles fortes (33 %) et la stabilité se son secteur bancaire (32 %).

En revanche, l’Allemagne a plus d’atouts pour sortir de la crise que la France et est considérée comme son principal concurrent. Vient ensuite très loin derrière la concurrence du Royaume-Uni. Pourquoi ? Parce que le marché intérieur de l’Allemagne est considéré comme plus dynamique et que le droit du travail, les conditions de licenciement et la durée sont plus flexibles au Royaume-Uni. Autre différence : 70 % des investisseurs considère que la France est plus compliquée que ses concurrents ! Enfin ils considèrent qu’il faut développer la culture de l'innovation
et la créativité dans l'enseignement (43%) et mettre en place une fiscalité favorable aux entreprises innovantes (42%).

Les secteurs d’avenir pour la France sont : L’énergie et « Utilities » (46%), les éco-activités et technologies vertes (41%), puis les Technologies de l’Information (24%).

Traduisons et résumons, la France :

  • Est bien placée dans le monde, même par rapport à la Chine

  • L’Allemagne est le plus gros concurrent de la France

  • Il faut maintenir les infrastructures et notre main-d'œuvre qualifiée et s’assurer d’une stabilité politique et juridique
  • La France dois miser sur son innovation et améliorer l’importance de ce point dans l’enseignement supérieur

  • La simplification des lois du pays, de la bureaucratie et du droit du travail serait un atout supplémentaire

  • Une fiscalité avantageuse pour les entreprises innovantes doit être mise en place

  • Nous devons mettre en place une politique économique qui considère que l'industrie est au cœur du développement économique de la France

Ainsi, nous devons cesser de nous plaindre et de critiquer notre pays, mais au contraire être plus positifs, stopper notre complexe d’infériorité, miser sur l’investissement, et se comparer sans cesse à l’Allemagne, notre principal concurrent.

Denis Gancel, agence W & CIE: « Je ne suis pas très à l’aise avec le ‘Made In’, par ce que je pense qu’il y a un problème sur le ‘Made’ et un problème sur le ‘In’, c’est à dire il y a un problème sur le ‘Made’ car le sujet c’est pas de fabriquer, mais de concevoir, et il y a un problème avec le ‘in’ parce que le sujet c’est pas tant de revendiquer une origine 100% Française que de montrer un esprit français ou un génie français. Je trouve que c’est ca qu’il faut mettre en valeur. […] Il y a cette idée de laisser une trace positive et j’espère que la France saura le faire. »

Autant sur le sujet du complexe français qu’il faut abattre, je partage entièrement son avis, autant dire que l’idée d’un « France inside » est une fumisterie absolue. Comparer le « Intel inside » à un « France Inside » n’a aucun rapport, car dans le cas d’Intel, il y a vraiment un produit Intel dans les produits « Intel inside ». Dans l’idée du « France inside » il n’y aurait plus que du vent. Croire qu’un pays comme la France peut vivre uniquement de recherche et de brevets est ridicule, c’est bien une idée de publicitaire et de Parisien incorrigible d’oublier qu’il faut également nourrir des millions d’ouvriers et de techniciens. Quant à « laisser une trace positive », il y a un relent de fin de règne et de civilisation disparue (une trace est ce qu'on laisse après être parti) qui contraste avec le reste de l’émission plutôt positive pour l’avenir de la France… Mais peut-être que Denis Gancel, lui, n’y croit pas tant que cela à la France ?

mardi 27 avril 2010

Quand l’industrie pharmaceutique arrive à briser la carrière d’un médecin connu

Le Dr Andrew Wakefield, gastro-entérologue, déjà directeur d’un groupe de recherche au Royal Free Hospital de l’École de médecine de Londres, est une autorité internationale pour les maladies intestinales induites par des médicaments. Pendant des années, il a travaillé avec son équipe sur les liens de cause à effet entre le virus de la rougeole contenu dans le vaccin ROR, l’autisme et les désordres intestinaux des enfants.

Article à lire ici : Naturavox.

La SNCF délocalise-t-elle ses informaticiens ?

Le projet ULYSSE actuellement mis en œuvre par la SNCF qui consiste à céder le pilotage de la production et de la gestion de la sous-traitance de ses prestations informatiques à IBM (1,7 milliards d’Euros sur 6 ans).

Décision prise, le 11 janvier 2010, par le Conseil d’Administration de la SNCF, et votée par les représentants de l’état malgré l’opposition de l’ensemble des administrateurs salariés et les réserves émises par la mission de contrôle économique et financier des transports du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi.

Les syndicats de l’entreprise se demandent, de plus, si les dispositions légales relatives à la passation des marchés publics ont été respectées.

En fait cette décision reviendrait à donner les clés du Système d’Information, c’est à dire de la technologie et du savoir-faire de la SNCF à une multinationale (IBM) qui ambitionnerait de devenir un acteur majeur de l’informatique ferroviaire comme elle a ambitionné autrefois de devenir un acteur majeur du logiciel embarqué (avec peu de succès d’ailleurs).

Cette décision implique que les prestataires actuels de la SNCF, les salarié-e-s des Sociétés de Services Informatiques (SSII) seront remerciés à partir d’avril 2010 à Lille, Lyon, Nantes et Paris.

ULYSSE à pour objectif de réaliser 17 % d’économies sur 6 ans. Quant à IBM ils ne maintiendrons leur marge, dans ces conditions, qu’avec une délocalisation massive de centaines d’emplois d’informaticiens vers des Centres de Services «Offshore» (Inde, Egypte, Europe de l’Est,...).

Une question se pose : Est-ce acceptable de procéder ainsi pour une entreprise publique, alors que le gouvernement, dans le même temps, dit se battre contre le chômage et les délocalisations ?

SCA, salariés dans la rue, délocalisation en Pologne

La multinationale suédoise a annoncé il y a un mois le démantèlement du site de fabrication de couches-culottes situé a Linselles (Nord) à l'horizon 2011 et une délocalisation en Pologne et en Suède, les salariés de SCA sont descendus dans la rue hier après-midi.

Des représentants CGT, et des salariés de plusieurs sites ont pris part au cortège. Des élus locaux était également présents. Les manifestants, (320 selon la police, 450 selon les organisateurs), demandaient le maintien de l'activité sur le site de Linselles.

Que fera la direction au moment où elle s'apprêterait à annoncer également une restructuration aux salariés du site de Rochechouart en Haute-Vienne ?

lundi 26 avril 2010

EADS: Après Power 8, une délocalisation

23-power8Il faut se rappeler qu’Airbus vient à peine de terminer le plan social nommé Power 8 (-1484 postes en France et '-4391 dans toute l’Europe), qu’il est déjà en train de délocaliser des travaux de conception et d’aéro-Structures de A350.

Ainsi c’est « Plusieurs milliards de dollars ont été et vont être encore investis en zone off-shore, Inde et Chine, Moyen Orient » dénonce la CFTC. « On assiste à un véritable concours de hiérarchie entre secteurs à qui délocaliserait le plus ses “work packages” » (ses travaux en jargon de l’entreprise). Les Français se trouvant obligés de former de nouveaux collègues Indiens.

Quelle perte de compétence et de technologie lorsque des secteurs entiers sont « donnés » à l’étranger : bureau d’étude, logiciels embarqués, structure… Certains managers en interne ne se cachent même plus pour traiter les employés français de trop chers, pas assez compétents et pas assez performants, oubliant du même coup que, ce faisant, ils se critiquent eux-même.

EADS gagne +0,48% ce jour à 14,585 Euros.

Thalès défense délocalise à Singapour?

Selon toujours La Lettre de L’Expansion, Thales Avionics, branche de Thales SA (électronique de défense), réfléchirait pour ses systèmes de communication de l'Airbus A320 à une délocalisation de Brive, en Corrèze, à Singapour.

Thales gagne +0,59% en bourse ce jour à 29 Euros.

AXA: vers une délocalisation en Tunisie?

La Lettre de l'Expansion annonce qu’AXA chercherait un autre pays que le Maroc pour y délocaliser ses activités. A priori la Tunisie serait en bonne position avant l’Algérie et l’Egypte. Henri de Castries, président du directoire d'AXA, avait indiqué le 18 février dernier : “La croissance du groupe sera soutenue par une présence accrue dans les marchés émergents et les synergies générées par la nouvelle organisation globale” à l'occasion de la publication des résultats annuels.

AXA gagne +1,24% en bourse ce jour à 16,685 Euros. No comment.

samedi 24 avril 2010

Plus fort que l’offshore, le webshoring

Article à lire sur 01netPro : RentACoder, Odesk Elance, Guru… Les places de marché mettant en concurrence des ingénieurs développeurs informatiques freelance du monde entier se multiplient. Pour des tarifs frisant parfois l’indécence…

▼SPB poursuit sa délocalisation en Tunisie

Depuis 1965, SPB courtier en assurance, crée des solutions d’assurance et d’assistance pour des partenaires grands comptes. Mais depuis quelques temps, la société à entrepris une délocalisation d’une partie de ses services.

La société implantée au Havre poursuit la délocalisation d'une partie des services Visa Premier vers la Tunisie : Une nouvelle plate-forme téléphonique de 15 personnes est créée en Tunisie, afin, dans un premier temps, de venir "en appui" des services existants au Havre. Ainsi une partie des appels liés aux services annulations de voyages et de location de véhicules, à disposition des clients Visa Premier, aboutiront vers cette plate-forme.

Pour information la société est détenue par une famille occupant le 405ième place des plus riches Français (classement Challenge de Juillet 2009) en hausse de 55 places avec une estimation de fortune de 58 millions d’euros.

▼Capdevielle, lâché par Conforama et But

468 emplois supprimés, 3000 Euros de prime de licenciement

Le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan a prononcé lundi 19 avril 2010 la "liquidation judiciaire sans poursuite d'activité" du fabricant de meubles Capdevielle, basé à Hagetmau (Landes). Spécialisé dans la fabrication de sièges et de canapés, travaillait principalement pour deux grandes enseignes, But et Conforama. L'entreprise qui employait encore 1200 salariés en 2005 avait progressivement vu ses effectifs chuter pour atteindre le 468 emplois qui finalement vont être également supprimés.

L'entreprise landaise avait été rachetée en 2008 par le fonds d'investissement luxembourgeois GMS Investissements à la famille Capdevielle. En mai 2009, l’entreprise avait été placé en redressement judiciaire. Le dépôt de bilan a été précipité par la décision des banques de ne pas prêter les 4 millions d'euros nécessaires à la poursuite de l'activité.

« La mort de Capdevielle ? C'est à cause l'ouverture du marché à la Chine ! Un produit fini comme un canapé n'est pas taxé, alors qu'un produit non fini comme un tissu l'est. Le résultat c'est que nos deux gros clients But et Conforama nous ont laissé tomber », résume Joël Henry, délégué syndical de Capdevielle. Un canapé fabriqué en Chine revient à 350 euros, mais à 1 000 euros s'il est construit en France ! Comme nous l’avions déjà constatés dans ce blog : « Chez le distributeur, le prix ne baisse pas tellement, mais c'est la marge qui augmente » remarque Joël Henry.

Christian Estrosi indique qu'il suit le dossier….

▲Saint-Gobain : nouvelle usine en France

Dans un article sur Paris Match, Pierre-André de Chalendar, patron de Saint-Gobain, ses motivations pour ouvrir une usine de fabrication de laine de verre isolante à Chemillé en France. Une interview à lire ici. 150 emplois créés.

Principales motivations :

  • Etre proches de ses consommateurs de l’ouest de la France. Produire dans un rayon de 400km est optimal.
  • Le crédit d’impôt recherche a permis d’augmenter les effectifs de recherche et développement de Saint-Gobain en France
  • Pareil pour la taxe professionnelle réformée
  • La baisse de l’Euro est une bonne nouvelle : “Cette baisse est une très bonne chose pour l’industrie européenne, car elle renforce sa compétitivité. Renchérir le coût des importations est aussi une assurance contre la déflation.”

Ceci est assez conforme à ce que nous évoquons régulièrement dans ce blog.

vendredi 23 avril 2010

▼Suppressions d’emplois et délocalisations

Nous parlerons maintenant dans ce blog de tous les plans sociaux en cours en France ainsi que des délocalisations. Si vous avez des informations à nous communiquer sur ce front, n’hésitez pas, nous en parlerons volontiers dans ces colonnes.

22 avril 2010: 157 emplois menacés chez le fabricant d'enveloppes GPV

Près de 300 personnes ont défilé, le 20 avril 2010, dans les rues d'Annonay (Ardèche) pour manifester contre les projets sociaux régionaux dont celui du groupe GPV qui projette de supprimer 157 emplois.


Implantée depuis une centaine d’années à Davézieux, près d'Annonay, GPV emploie 270 salariés dans la fabrication de plis et enveloppes pour la grande distribution et les banques. Les salariés de GPV, inquiets, ont alerté conseil municipal d'Annonay. Certains parlent d’une délocalisation puis d’une fermeture de l'usine.
La CGT et CFDT demande au Crédit Mutuel (40 % du capital de l'entreprise) d'assumer sa responsabilité sociale. Ils préconisent la nomination d'un nouveau PDG. Pendant que la direction actuelle propose un plan de relance afin que la division « Métiers techniques » de l'entreprise redevienne bénéficiaire…

jeudi 22 avril 2010

Une usine esclavagiste ?

The National Labor Committee publie un rapport sur les pratiques abominables de l’usine KYE en Chine.

L’usine produit des souris, webcams, scanners, claviers, appareils photo, caméras, des manettes de jeu et tablettes graphiques. Ces produits sont commercialisés aux USA, en Europe et au Japon. Ses clients sont HP, Samsung, Acer, Logitech, Asus-Rd, Microsoft, Targus, Kesington… Cette usine commercialise également ses propres produits sous la marque Genius.

Le droit du travail étant assez permissif en Chine et les syndicats absents, le pire côtoie le meilleur dans ce pays. Nul doute que ce rapport nous donne un bon aperçu du pire.

Le rapport dénonce en vrac :

  • Le recrutement d’étudiant de 16 à 17 ans travaillant 15 heures par jour, 6 à 7 jours par semaine (illégalité par rapport à la loi Chinoise) et trois jours de congé par mois

  • La durée hebdomadaire du travail dans l’usine est de 68 heures

  • Un salaire de 65 cents de dollar qui deviennent 52 cents après déduction des “frais de bouche”

  • Des cas de harcèlement sexuel par les agents de sécurité sont reportés

  • Les étudiants dorment dans l’usine dans des dortoirs de 14 personnes obligatoires s’ils sont célibataires

  • Il n’y a pas de douches, mais un baquet avec une éponge

  • L’objectif par travailleur et par jour est de 2000 souris produites

  • Une autorisation est requise pour boire ou aller aux toilettes

  • Les erreurs sont sanctionnées par corvées de nettoyage ou des affichages publics

  • En cas de non-respect des ordres du contremaître une amende de 7$ peut être infligé,

  • une amende est également prévue en cas de non-respect des objectifs de production en plus d’heures de travail non rémunérées pour atteindre l’objectif

  • La liberté de mouvement des employés est restreinte même lors des heures de repos

  • Les heures supplémentaires ne peuvent pas être refusées

  • Il est interdit de faire entrer des personnes extérieures à l’usine y compris dans les dortoirs

  • La nourriture proposée est qualifiée d’infâme par les employés, et en trop faible quantité

  • Lors de la chute des commandes pendant la crise économique de 2008, près de 2000 employés ont été licenciés et les autres ont vu leurs horaires diminuer

Le choix d’une main-d’œuvre étudiante venant de tout le pays et des conditions si dures et peu avantageuses implique une rotation du personnel très importante (de 3 à 8 mois en général). Cette rotation serait déplorée par n’importe quel employeur, mais dans ce cas précis, c’est la garantie du succès du système.

Le code de déontologie des entreprises donneuses d’ordres n’est jamais respecté. Ce système marche bien, car les contrôles sont rarissimes et les employés n’imaginent pas se plaindre spontanément aux donneurs d’ordre américains. Lorsqu’un contrôle est prévu, les employés sont formés sur ce qu’ils doivent répondre aux inspecteurs étrangers. La peur du licenciement les incite à mentir. Mais la plupart du temps, les contrôles de donneurs d’ordre sont simples et n’incluent même pas d’interview.

Quant aux violations du Code du travail chinois, ils ne sont pas détectés par une organisation bien huilée de retour à la normale lors des inspections. Il est probable que la corruption de certaines personnes permette de contourner, l’aspect improvisé des contrôles. Ainsi prévenue, l’usine peut même organiser un service d’autocars pour évacuer les employés dans l’illégalité le temps du contrôle.

Pourquoi, avec de si pitoyables conditions, l’usine trouve-t-elle encore des étudiants volontaires ? L’association pense qu’il s’agit d’un système de rémunération occulte des enseignants qui aide a fournir les étudiants. Une fois pris au piège de l’usine il reste le temps de l’exécution de leur contrat. Ils n’ont pas les connaissances juridiques, ni l’argent, ni le courage de se battre contre leurs employeurs. Le système fonctionne donc à merveille.

Les donneurs d’ordre sont-ils aussi des victimes du système ? Rien n’est si sur, car ce système leur profite par des coûts de production ridicules maximisant leurs marges. Ainsi, The National Labor Committee, indique que la Chambre de commerce américaine en Chine n’a pas soutenu les modestes tentatives de réforme du droit travail chinois, menaçant discrètement de diminuer leurs investissements dans le pays.

Ainsi, le système est bien rôdé, la Chine a besoin des investissements étrangers pour maintenir un taux de croissance supérieur à 8% permettant de maintenir la paix sociale et de préparer l’avenir du pays. Nul ne doute qu’à terme, la Chine devra faire le ménage et diminuer les inégalités, mais les dirigeants attendent d’avoir amassé suffisamment de richesses, de savoirs technologiques et d’avoir un taux d’emploi acceptable pour pouvoir se le permettre. Comme le montre l’histoire de la Chine, le sacrifice de certains et considéré comme indispensable au bien futur de tous. Cette stratégie sera-t-elle couronnée de succès ? Quand ? Et à quel prix ?

Quant aux clients occidentaux, ils trouvent actuellement le moyen d’augmenter leurs marges tout en baissant le prix de leurs produits. Ainsi en achetant des biens à bas coûts produits dans des pays sacrifiant leurs ouvriers payés 37 fois moins chers, nous avons l’illusion de gagner du pouvoir d’achat. En réalité, nous détruisons notre industrie et notre savoir-faire (donc nos chances de relocaliser dans le futur des emplois), nous augmentons notre chômage et paupérisons notre pays. Enfin, l’illusion du pouvoir d’achat gagné sera cruellement révélée par un pays écrasé sous les charges fixes et avec des revenus en chute libre. À la fin du processus, les anciens pays pauvres seront devenus riches, les actionnaires aussi, mais la majorité des Occidentaux seront ruinés. Il s’agit donc d’un beau hold-up sur notre pouvoir d’achat dont nous faisons les frais sans dire un seul mot !

mercredi 14 avril 2010

Stress au travail, bilan

Suite à mon article sur le « Burn-Out », j’ai voulu en savoir plus sur le stress au travail et ses conséquences. J’ai pris un rendez-vous avec la médecine du travail afin d’en savoir plus. Dans cet article, je vous livre un récapitulatif de ce que j’ai appris sur le sujet.

Le stress, un mot-valise multifactoriel

Avant de parler de stress, il faut se mettre d’accord sur ce mot qui est une sorte de fourre-tout. Le stress est multifactoriel et multisectoriel. Le stress se caractérise par des symptômes variés :

  • sentiment d’impuissance,
  • manifestations somatiques (boule au ventre, chutes de cheveux, troubles respiratoires, pleurs, sueurs, diabète, montée d’adrénaline, diarrhée, insomnies, pertes de mémoire, troubles musculo-squelettiques…),
  • irritabilité,
  • perte du sens du travail,
  • usure au travail,
  • violences verbales,
  • ruminations,
  • maladie cardiovasculaire…

Rien que cela ! Le ton était donné…

Les causes du stress

Le stress se définit également par ses causes :

  • Environnement de travail (nuisance physiques, inadaptation du poste de travail),
  • contexte socio-économique (compétitivité nationale et internationale, mauvaise santé de l’entreprise),
  • travail en permanence dans l’urgence,
  • pressions diverses,
  • quantité de travail sans cesse croissante,
  • violence et harcèlement (moral ou sexuel),
  • horaires incompatibles avec la vie sociale et familiale,
  • travail alterné de jour et de nuit,
  • objectifs à atteindre flous, trop nombreux ou impossibles,
  • entretiens individualisés mal conduits,
  • absence de perspective d’avenir ou de promotion,
  • absence de reconnaissance du travail accompli,
  • précarité…

Une cause importante de stress est la sensation par les employés de ne pas faire un travail de qualité, de bâcler leur travail, de faire des actions contraires à l’éthique. La transgression des procédures en vigueur par manque de temps, de moyens ou de formation est fortement anxiogène.

Les conséquences du stress

Les conséquences sont également nombreuses et peu sympathiques. Pour l’entreprise :

  • Arrêts-maladie courts et fréquents,
  • Turn-over,
  • Nombreuses mutations internes demandées,
  • Augmentation de demandes de bilans de compétences,
  • Augmentation des demandes de formations,
  • Violences verbales,
  • Dégradations du matériel et/ou des locaux,
  • Accidents du travail,
  • Dégradation du climat social,
  • Mauvaise image de l’entreprise,
  • Baisse d’efficacité et démotivation,
  • Risques juridiques

Pour l’individu, ce sont :

  • Prise de psychotropes,
  • Conduite addictive,
  • Incidence sur la sphère privée,
  • Isolement,
  • Intégrité physique et mentale entamée,
  • Risques de suicides.

Le suicide

Ce dernier point — le suicide — est parfois utilisé par les individus trop stressés, car il offre l’illusion d’échapper à une souffrance devenue intolérable. Lorsqu’un individu pense, « Je ne peux plus supporter cette situation », c’est que la perspective d’un possible suicide pointe son nez. L’incidence des problèmes du travail sur la sphère privée peut également aggraver la situation des personnes en situation de stress et y ajoutant des problèmes familiaux et des divorces. Les individus qui ont pris la décision de se suicider passent d’un état général mauvais à un état d’apaisement, de sérénité et — presque — de bonheur apparent. La raison de ce changement est simple : le suicide étant décidé, la certitude de l’arrêt de la souffrance annihile les effets du stress. Bien entendu, cet état est l’indicateur d’un suicide imminent.

Bon stress ou mauvais stress ?

Nous entendons souvent parler de bon ou de mauvais stress au travail. La vérité est que le bon stress est rare, car il doit être temporaire et modéré (seuil différent suivant les individus), et ne pas se cumuler avec tout autre type de stress, comme ceux de la sphère privée, par exemple. Ainsi, nous voyons bien qu’il est difficile de générer que du bon stress, car cela dépend des individus.

Nous avons tous à perdre quant au stress

Les symptômes, aussi bien pour l’entreprise (ou un service particulier d’une entreprise), que pour les employés, sont autant d’indicateurs du stress qui peuvent être utilisé comme détecteurs. La vérité est que si les entreprises, comme les individus, ont beaucoup à perdre avec le stress, peu s’en préoccupent. La loi sur le stress au travail mise en place par le gouvernement est donc une excellente chose, car elle force aussi bien les entreprises que les individus à y réfléchir. Évidemment, si la direction d’une entreprise n’est pas convaincue de l’utilité de cette démarche, la loi sera peu utile pour cette dernière. Mais en cas de problème de stress grave et avéré, la responsabilité de cette entreprise sera d’autant plus engagée qu’elle aura mal traité le sujet.

Alors que faire quant au stress ?

Évidemment, vu le tableau que nous venons de dépeindre, c’est la question que vous vous posez tous ! Il n’y a pas de solution miracle, évidemment, mais une grappe de solutions. Doit-on d’abord rappeler que pour appliquer des remèdes, il faut que les problèmes de stress soient détectés ? Un questionnaire interne peut être adressé à toute l’entreprise ou un service particulier. Il ne faut pas en attendre de miracles, mais c’est un des moyens de détection. Le grand classique, qui peut être utilisé comme base de départ, est le questionnaire KARASEK qui fait référence. Il est souhaitable de passer par un cabinet spécialisé pour réaliser et analyser cette enquête. Une fois détecté, ou en action préventive, un comité interne à l’entreprise sur le stress au travail peut être lancé. Il peut être animé avec l’aide de la médecine du travail dont c’est le rôle. Cette dernière apportera méthodologie et expertise médicale. Un individu soumis à un stress excessif peut donc en premier lieu en parler à son responsable hiérarchique. Ensuite :

  • Formaliser par écrit le contenu des entretiens qu’il a eu,
  • garder une copie de tous ces courriers et emails relatifs à ce problème,
  • monter un dossier objectif et si possible concret,
  • obtenir des témoignages de collègues ou témoins,
  • faire noter la situation dans son dossier médical,
  • informer tous les acteurs qui peuvent aider, d’une manière ou d’une autre, à résoudre le problème
    • Médecine du travail,
    • Médecin de famille,
    • CHSCT,
    • Délégués du Personnel,
    • inspection du travail,
    • syndicats,
    • associations,
    • mairie,
    • police/gendarmerie…

La médecine du travail peut également fournir de médiateur du travail, rôle sans cadre légal ou contraignant, mais qui peut aider deux parties en conflit à trouver une solution. Ce recours est intéressant dans les cas de parties ne se parlant plus, mais qui sont de bonne volonté.

La psychodynamique du travail

Une entreprise active sur le sujet peut, avec l’aide de la médecine du travail, lancer une démarche de psycho dynamique du travail. Cela consiste à réunir de petits comités de quatre à douze personnes qui font le même métier ou qui partagent une tâche commune sans représentant hiérarchique. Le comité recueil des données et observations sur le métier ou la tâche que le groupe réalise. Cette partie est normalement à faire sur le terrain. Le médecin réalise alors une analyse de la situation qui est discutée en groupe durant 6 réunions espacées de quelques semaines. Le but est de repérer ce qui, dans un métier ou une tâche donnée est vécu comme anxiogène et comment éliminer et améliorer cette caractéristique. Souvent, une petite partie d’une activité pose problème, le « diable se loge dans les détails ». Les enjeux sont donc de :

  • Redonner du sens au travail,
  • d’éviter l’isolement d’un individu,
  • de favoriser les échanges de savoir-faire,
  • créer les conditions d’une coopération dans l’entreprise.

Le déni est facile

Il n’est jamais agréable pour une entreprise d’être accusée de détériorer la santé de ses salariés, que cette détérioration soit volontaire ou involontaire. L’attitude facile lors de la détection de stress au travail ou de suicides est le déni. Le plus courant est de nier le rôle principal du travail sur le stress en parlant de causes personnelles ou familiales. Comme nous disons trivialement, il n’y a pas de fumée sans feu, c’est exactement le cas du stress au travail, rares sont les cas ou la raison est purement personnelle. À plus forte raison lorsque plus d’un cas est à déplorer dans la même entité ou le même métier. La récurrence des problèmes est bien entendu un indicateur à prendre en compte. Autre idée pratique : il s’agit d’une défaillance personnelle, la personne n’était pas compétente, ne résistait pas au stress, avait trop de problèmes, etc. Il faut combattre cette idée, le stress n’est jamais dû à une défaillance personnelle, mais bien un dérèglement de l’entité. Stigmatiser un individu est un moyen pratique d’évacuer un problème de stress au travail sans trouver de vraies solutions. Le refus de parler d’une autre organisation du travail est également une facilité. L’organisation du travail est toujours discutable/négociable et est souvent la cause du stress. C’est donc une variable à prendre sérieusement en compte. Le dernier point de déni classique : organiser une formation ou un séminaire de gestion du stress. Le stress permanent n’est pas normal comme nous l’avons vu. Il n’est donc pas normal de devoir apprendre à le gérer, car il s’agit, au mieux, d’un aveu d’impuissance de l’entreprise, au pire, d’une volonté affirmée de ne pas traiter le problème à la racine.

Je pense qu’avec ces précieux conseils, nous sommes tous mieux armés pour détecter, comprendre, combattre, aider et nous sortir d’une situation de stress au travail. Je dois également remercier la médecine du travail pour toutes ces informations précieuses et l’interview qu’ils ont bien voulu m’accorder.

Notes:

Voici un lien menant à d’autres questionnaires dont le questionnaire SUMER 2009 qui est également intéressant. Voici un autre lien très intéressant sur le sujet avec un programme informatique sur le stress.

mercredi 7 avril 2010

A lire sur Eco89 : Comment Amazon, eBay et iTunes échappent aux impôts Français

Début de l’article :

Amazon, eBay ou la plate-forme iTunes d'Apple réalisent des millions d'euros de chiffre d'affaires en France, mais ils n'y paient quasiment pas d'impôts parce qu'ils sont domiciliés au Luxembourg. Google, lui, a préféré l'Irlande. Un rapport du Sénat s'attaque aux paradis fiscaux du Web et une directive européenne prévoit d'y mettre un peu d'ordre d'ici 2015, en obligeant les sites marchands à s'acquitter de la TVA du pays d'achat.

Ce rapport sur « l'impact du développement d'Internet sur les finances de l'Etat » a été commandé au cabinet Greenwich Consulting par le centriste Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat. Ses conclusions ont été révélées ce mercredi par La Tribune. Le rapport est désormais disponible sur le site du Sénat.

http://eco.rue89.com/2010/04/07/comment-itunes-ebay-et-amazon-echappent-aux-impots-en-france-146468

samedi 3 avril 2010

Bouclier Fiscal : Ollier enfile les contres-vérités en cOllier !

Le 1er avril 2010, Patrick Ollier, député UMP des Haut de Seine, maire de Rueil Malmaison et président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée Nationale,  répondait aux questions d'Hedwige Chevrillon dans Le 12-15 sur BFM. J’ai été tellement choqué par la somme de toute les contres-vérités qui ont été dites par ce député que j’ai voulu y revenir sur ses propos dans ce billet.

Question : « […] est-ce que ça vaut une telle bataille au sein de la majorité ? »

Réponse : “Sincèrement non, parce que c’est une mesure qui est une mesure d’équité, une mesure logique »

Faux. Il est clair que c’est exactement tout le contraire au moment ou l’on est informé qu’en 2009 47 % des bénéficiaires captaient 99 % des remboursements. Parmi les bénéficiaires du bouclier, il existe 14 contribuables qui ont un revenu annuel inférieur à 3.428 euros, mais ont un patrimoine supérieur à 16 millions d'euros ! 1.000 contribuables se voient attribuer un chèque de 370.000 euros, et 100 d'entre eux reçoivent un million, belle équité.

Question : “Mais les réactions sont très violentes...”

Réponse « Il y a quelques personnes effectivement qui réagissent, mais le débat est libre au sein de la majorité. »

Faux, les « quelques personnes qui réagissent » sont en fait 67 % des Français qui contestent le bouclier, dont 39 % qui réclament sa suppression définitive et 28 % sa suspension. 87 % des sondés pensent qu'il faut demander aux plus riches de participer davantage à la solidarité fiscale (sondage CSA paru ce jeudi dans Le Parisien/Aujourd'hui en France). Excusez du peu…

« Que les Français sachent que l’État ne peut pas prendre plus de 50 % de ce que l’on gagne est une mesure d’équité »

Faux, la barrière des 50 % (le chiffre était de 60 %, mais ramené à 50 % par notre président) s’applique avant la déduction des niches fiscales. Cela fait une grande différence, car de nombreux riches contribuables bien conseillés fiscalement ne paieraient que 30 % d’impôts. Cette astuce permet d’ailleurs (c’est très peu médiatisé) à 7076 contribuables (en 2007) disposant d’un revenu de 97 500 euros (plus de 9 ans de SMIC) de ne pas payer d’impôts. Parmi ces 7076 riches contribuables, 671 ont économisé 231 000 euros (plus de 20 ans de SMIC économisés par année d’imposition !) par foyer en moyenne. Ce bouclier fiscal nous a coûté 458 millions d’euros pour 14 000 foyers en bénéficiant (ces contribuables recevront un chèque de 33 000 euros en moyenne soit plus de 2 ans de SMIC). Les 13 riches foyers fiscaux (parmi les 7076) les plus malins ont réussi à ramener leur revenu imposable a 3763 euros (et ne payent donc pas d’impôt) ! Six députés en juin 2008 avaient démontré que "Par l'effet des réductions et crédits d'impôt dont l'utilisation est croissante avec le niveau de revenu, on constate une véritable dégressivité de l'impôt : plus un très gros contribuable a des revenus élevés, moins il paie d'impôt en proportion" ainsi sur 10 000 plus riches contribuables, 150 n’ont pas payé d’impôt. Sur les 1 000 plus hauts revenus, 116 ont réduit leurs impôts de 93 %. Le bouclier fiscal n’est donc qu’un leurre qu’on agite au nez des Français…

« Les Allemands ont introduit ce que l’on appelle, à tort, le bouclier fiscal, c’est un taux maximum d’impôt, dans leur Constitution. C’est stable et personne ne proteste. »

Faux, il n’y a jamais eu de bouclier fiscal ni quelque chose de similaire en Allemagne ! D'ailleurs, Hedwige Chevrillon tente de lui expliquer, mais cela tourne court.

« […] il faut que l’on ait une politique fiscale stable, il faut que les Français sachent à quoi s’en tenir, et ceux qui paient des impôts, car je vous signale qu’il y a près d’un Français sur deux qui ne paie pas d’impôt, doivent savoir qu’ils ne paieront pas plus de 50 % de ce qu’ils gagnent. »

Un sur deux ne paye pas d’impôts, donc faisons un cadeau également aux autres…

Question : « […] Vous avez un sondage qui montre que 39 % des Français considèrent que le bouclier fiscal est contraire à la solidarité. Est-ce qu’il ne faut pas au moins sortir la CSG et la RDS de ce bouclier fiscal ? »

Réponse « C’est la masse des prélèvements fiscaux, quels qu’ils soient, que l’État fait sur les contribuables, qu’il faut limiter à 50 %. »

Il faudrait surtout y introduire de manière urgente toutes les niches fiscales, cela donnerait un vrai 50 %, car, comme vu plus haut, le taux du bouclier est plutôt de 30 % maximum si l’on utilise toutes les niches prévues par la loi…

« Mais ces 585 millions d’euros qu’est-ce que vous croyez qu’ils deviennent ? […] Je sais qu’il y a des gens qui m’écoutent ici et qui sont soucieux du développement économique, des développements des entreprises et du pouvoir d’achat »

Faux, le pouvoir d’achat n’a rien a voir avec le bouclier fiscal, pensez vous que les 1.000 contribuables se voient attribuer un chèque de 370.000 euros des impôts vont augmenter leur pouvoir d’achat et dépenser plus ? Bien entendu que non, ils vont surtout placer leur argent. Ceux qui ont un réel problème de pouvoir d’achat ne sont pas concernés par le bouclier.

« C’est de l’argent qui est réinjecté dans le circuit économique et qui contribue à créer de la richesse »

Faux, seule une partie très négligeable sera réinjectée dans l’économie, le gros ira à la finance sous forme de placement souvent à l’étranger (pour plus de rentabilité).

Question : « Comment convaincre les Français ? »

Réponse « Il y a eu, dès le départ, un dérapage sémantique parce que l’on n’aurait jamais dû appeler cela un bouclier, car le bouclier donne l’impression que l’on se défend alors qu’en vérité c’est un taux maximal de fiscalité et d’impôt ».

Oui, toute la polémique du moment est en fait une affaire de sémantique… Un peu juste comme argument.

Question : « Est-ce qu’il faudra augmenter les impôts ? »

Réponse « Le problème n’est pas d’augmenter les impôts, c’est une fausse solution parce que ce que cela rapporte casse la mécanique de développement, le problème est de créer les conditions de la croissance »

Faux, le problème de la dette c’est que nous devons la payer et également payer ses intérêts. Il est donc urgent de la rembourser au plus vite et de ne pas en créer d'autres. Croire que si l’on n’augmente pas l’impôt est suffisant pour créer de la croissance est d’une naïveté déconcertante. En réalité, la politique a peu de moyens pour influer sur la croissance. En maintenant cette idée de ne pas augmenter nos impôts, le gouvernement fait plaisir à tous, mais crée la dette future.

Question : « Comment rembourser les déficits publics »

Réponse « Par la croissance qui crée de la valeur ajoutée, qui crée de la richesse et qui fait rentrer dans les caisses les moyens du remboursement […] »

Nous savons tous que l’Europe et le France sont en panne de croissance, et ce, depuis des dizaines d’années. Aucun gouvernement n’a pu améliorer sensiblement cette situation. Croire au retour de la croissance forte est non seulement utopique, mais surtout un chèque sur l’avenir, le prochain gouvernement se débrouillera avec les déficits. Nous pouvons parier ici que les impôts augmenteront.

« On reconnait que la France s’en tire le mieux dans le contexte européen grâce aux mesures que le président de la République a prises pour sauver les banques […] »

Le sauvetage des banques a été effectué dans tous les pays importants du monde et le sauvetage n’a pas été mieux réalisé en France qu’aux États-Unis par exemple. Le sauvetage des banques et la résistance de la France n’ont aucun rapport. La résistance de la France est uniquement due à son modèle social que le gouvernement ne cesse de raboter.

« Je voudrais parler d’équité, Madame si vous le permettez, sur le bouclier fiscal, je ne pense pas qu’il faille changer en revanche, à l’avenir on va avoir des sujets importants qu’il va falloir traiter, que ceux qui gagnent le plus, contribuent, pour régler ces problèmes, d’une manière plus forte que ceux qui gagnent moins, oui c’est de la justice […] je pense par exemple demain aux retraites »

Cela veut-il dire que les retraités seront solidaires plus demain qu’aujourd’hui ? Vont-ils payer pour les déficits plus que les autres?

Question : « Est-ce qu’il faut réfléchir à supprimer le bouclier fiscal ou l’ISF ou sortir la résidence principale ou créer une 5e tranche »

Réponse « Je répète qu’il faut une stabilité »

La stabilité de l’impôt est une vieille définition historique du « bon » impôt. Nous remarqueront que l’impôt doit être stable lorsque l’on a pas envie de le changer, mais la plupart de temps il est modifié. Il ne suffit que de penser a la taxe carbone finalement retirée. Il s’agit donc d’une magnifique pirouette.

« Que ceux qui gagnent le plus dans ce pays peuvent mieux contribuer à l’effort national, je pense aux retraites […] C’est une piste de réflexion dans laquelle nous sommes lancés »

Le gouvernement compte bien, donc, faire payer les dettes d’une manière ou d’une autre par les retraités !

« Il y a un manque d’explication de notre politique […] il y a un manque d’effort de pédagogie qui n’a pas été fait parce qu’il y a eu énormément de réformes engagées et que l’on a pas eu le temps de toutes les expliquer »

Faux, évidemment la crise, le manque de pouvoir d’achat, les difficultés économiques, la dette galopante ne sont pas des problèmes d’explication de mesures, mais bien du contenu de ces mesures. Si votre patron vient vous voir pour vous dire qu’il n’est pas satisfait de vos résultats, pensez-vous réellement lui répondre "« c’est parce que vous n’avez pas compris ce que j’ai fait, je vais vous expliquer… » ?

« Les chiffres nous donnent raison, on a voté un déficit de 7,9 % on a appris il y a quelque jours que le déficit de l’année dernière était de 7,5 % c’est pas énorme […] qu’est-ce qu’on nous dirait pas si le déficit par rapport au 7,9 % que l’on a voté était de 10 ou 12 % il est moins important et personne l’en parle ! […] Il faut mieux expliquer [les réformes] c’est vrai et vous verrez que les choses s’arrangeront parce que les résultats seront au rendez-vous, j’y crois !”

Faux et très fort ! Si nous étions plus mauvais, nous serions plus critiqués ! Oui c’est incontestable. 7,9 % par rapport à 12 % (imaginaires) sont peu, mais par rapport aux 3 % souhaitables et auxquels la France s’était engagée, c’est énorme. Nous n’avons jamais entendu personne dire que la France était exemplaire ou même bien placée en matière de dette en ce moment comparée aux autres. Certains évoquent même l’idée que la France sera la prochaine Grèce… C’est dire ! Chaque année, la dette coûte environ 50 milliards d'euros : C'est l'équivalent de 20% du budget de l'état, soit 89% de l'impôt sur le revenu ou encore 140% de l'impôt sur les sociétés qui sert à payer les intérêts de la dette nationale. A la naissance, un petit français doit donc déjà 18 000 €. Mais sinon tout va bien, « c’est pas énorme »…

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Ce graphique tiré de l’étude du Mac Kinsey Global Institute montre les dettes publiques comparée des différents pays industriels du monde. C’est assez éloquent. Evidemment le pense que le député se base sur l'agence de notation Fitch qui estime que la France, qui a mieux traversé la crise que ses pairs de la zone euro, mérite toujours son excellent «triple A». Mais la France reste le pays le plus endetté parmi les Etats profitant de la même notation. Ainsi l'agence s'attend à ce que le rapport endettement sur PIB s'élève à 88% en 2011, un niveau similaire à celui du Royaume-Uni, et inférieur seulement à celui des Etats-Unis, parmi les pays les mieux notés. L'agence de notation regrette que « peu de mesures de rigueur ont été prises jusqu'à présent » pour atteindre l'objectif affiché de 3% de déficit en 2013. Pire, il existe « un risque réel de dérapage budgétaire ». « Le ratio de dette s'est constamment détérioré depuis la fin des années 70 », note-t-elle.

Update 8/4/2010: D’après les données communiquées hier par le ministre du Budget, François Baroin, lors de son audition à la commission des finances de l’Assemblée nationale, 821 redevables de l’impôt sur la fortune (ISF) ont quitté la France en 2008 contre 719 en 2007.