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samedi 26 juin 2010

Actualité sociale du 26 Juin 2010

Carl Zeiss –48 emplois / 450

Carl Zeiss Vision, fabricant de verres optiques situé à Fougères indique la création d’un plan de départs volontaires de 48 postes d’ici à la fin de l’année. En plus des aides financières, le plan s’accompagnera de mesures d’accompagnement pour les salariés volontaires au départ. Pourquoi ces suppressions de postes ? La fabrication des verres « de base » est délocalisée en Chine et l’usine fougeraise se spécialisera dans les verres de haute technologie avec pour objectif de fabriquer à Fougères 95 % des verres progressifs.

Le projet inquiète les syndicats qui considèrent ne pas avoir de garantie sur l’emploi. Déjà en 2009, l’entreprise allemande avait déjà allégé le site par un plan de départs de 55 postes.

Conseil de lecture : Délocaliser en Chine est un leurre

Article disponible sur le site Métis par Claude Emmanuel Triomphe.

Michel Lemaire, ancien Directeur Asie-Pacifique chez Nexans, aujourd'hui consultant international revient sur l'expérience chinoise de Nexans, fabricant de câbles pour l'aéronautique, le maritime, les transports et le nucléaire.

Lorsque Nexans décide de s'implanter en Chine en 1998, s'agissait-il de délocaliser la production ?

En général, les Occidentaux avaient deux stratégies vis-à-vis de la Chine à l'époque. D'une part celles de délocalisations pures et simples pour fabriquer et vendre moins cher. De l'autre, celle qui vise à pénétrer le marché local en fournissant aux clients chinois des produits totalement nouveaux, ou tenus de respecter des standards internationaux de qualité et de sécurité. Avant tout des produits impossibles à trouver chez des fournisseurs locaux manquant d'expérience que de références internationales.

Lorsque j'ai commencé en 1998, aucun groupe étranger ne pouvait contrôler à 100% une entreprise en Chine ; il fallait forcément passer par des joint-ventures. Plutôt que d'attaquer le segment des produits de base déjà développés par les Chinois, nous voulions investir sur des niches de marché porteuses d'innovation et de développement. Selon nous, la délocalisation pure était un leurre. Car les Chinois ne jouent pas avec les mêmes règles. Le seul élément réellement moins cher, c'est le coût de la main d'œuvre.

Le recours à une main d'œuvre « low cost » n'est-il pas l'élément décisif
?
Pas forcément, car le reste - immobilier, énergie, matières premières - les étrangers le paient plus cher que les locaux ! Concernant l'immobilier, nous ne pouvions acheter, mais seulement acquitter un droit d'usage à long terme. Un Chinois et un étranger ne paient pas le même prix. De même, les Chinois se procurent l'énergie via les autorités locales et le système bancaire chinois, à des conditions inconnues. Enfin, le gouvernement achète des stocks massifs de matières premières, qu'il revend à des prix qu'il est seul à maîtriser et qu'il décline selon que les acheteurs sont locaux ou non ! Bref, aller en Chine pour y fabriquer moins cher, c'est un leurre et un certain nombre d'industriels, y compris du textile, en reviennent ! Car en matière de dumping social, nous serons toujours perdants. 

Nous payons d'autant plus cher que nous sommes tenus d'appliquer nos propres règles, comme par exemple dans le domaine des assurances, qui renchérissent encore le coût. Quand nous avons installé notre usine dans le grand port de Tianjin, nous avons dû la bâtir aux normes anti-sismiques pour être assurés ! Notre partenaire chinois nous a pris pour des fous, car bon nombre d'autres sociétés récemment installées ne l'avaient pas fait. Mais nous n'avions pas le choix.

Quelles ont été vos pratiques en matière sociale ?
Dans notre créneau, où les Chinois ne pouvaient pas produire ou n'étaient pas homologués, l'enjeu résidait dans les transferts de technologies et de savoir-faire. Et c'est là que nous avons pris le parti d'investir dans les ressources humaines - meilleurs salaires, formation -  afin de retenir les salariés. En la matière nos concurrents chinois ne savent pas faire. Nous analysions les situations familiales de chacun car, en l'absence de couverture sociale, ce qui compte pour les salariés, c'est la possibilité de prendre en charge leurs parents - un devoir en Chine - et l'éducation de leurs enfants, sans parler d'une couverture maladie ou retraite. Notre difficulté n'était pas de trouver des gens de qualité - deux universités, dont l'une à Xi'an, forment de très bons ingénieurs et techniciens - mais bien de les garder ! Et pour cela, il fallait développer une politique salariale, éducative et sociale. Enfin, en matière de santé et de sécurité, nos procédés sont risqués. Le test des câbles  peut provoquer de graves électrocutions. Nous avons fait le choix d'introduire dans nos usines chinoises les standards européens et internationaux.

Nexans a annoncé la suppression de plus de 300 emplois, notamment à Fumay (Meuse) et à Chauny (Picardie). Comment se présente l'avenir de l'industrie occidentale ?
Les usines européennes du groupe Nexans - 35 aujourd'hui - ont été restructurées entre les années 90 et 2000 et très peu d'entre elles sont aujourd'hui menacées. Elles tiennent grâce à de gros contrats européens de longue durée. Nos usines incluent R&D et recherche appliquée, ce qui les rend très compétitives.

L'industrie occidentale a un avenir, à condition qu'elle soit implantée en Chine, en Inde, en Russie, au Brésil, et avec des entreprises à 100% dans ces pays ! Nous faisons en sorte que nos filiales étrangères, notamment chinoises, leur paient des royalties. Du temps des joint-ventures c'était très difficile, mais depuis que la Chine est entrée à l'OMC c'est possible et légal ! Est-ce durable ? Oui, sauf à envisager le fait qu'un jour la Chine ne se replie sur elle-même, nationalise toutes les filiales étrangères. Mais ceci pourrait lui poser de très gros problèmes, car elle aussi dépend beaucoup des exportations.

Votre stratégie est-elle durable ?

Les Chinois progressent à toute allure. Ils sont en train de se faire homologuer. Ils commencent à avoir accès aux appels d'offres internationaux. Mais, ils ont encore peu misé sur le social et les RH. Prenons l'exemple du plus gros équipementier de téléphone chinois, Huawei, qui dépasse déjà Alcatel ou Motorola et qui devrait très vite atteindre le niveau de Nokia.

La loi chinoise sur les contrats de travail (votée il y a deux ans - lire l'article de Aiqing Zheng) a eu pour effet de requalifier les CDD continus pendant plus de 3 ans en CDI et ce à une époque où la quasi-totalité des contrats de travail dans le pays étaient des CDD, renouvelables chaque année. Lorsque la loi est entrée en vigueur, Huawei, l'un des premiers fournisseurs mondiaux de réseaux pour les télécoms, a licencié d'un seul coup des dizaines de milliers employés pour les réembaucher le lendemain, afin de ne pas avoir à appliquer la loi ! Le management chinois n'a pas encore vraiment compris l'intérêt et les moyens de fidéliser son personnel, notamment dans les zones côtières où se produit le boom économique.

A l'époque de la préparation de cette loi, nous avons d'ailleurs été consultés à titre informel par les autorités et appuyé leur souhait de faire progresser le droit du travail. A contre-courant des chambres de commerce européennes et américaines dominées par les "délocalisateurs", qui en protestant contre ces lois jugées trop protectrices ont fait une grave erreur !

Quels problèmes sociaux avez-vous rencontré en arrivant en Chine et comment y avez-vous fait face ?

Lorsque nous nous sommes établis à Tianjin en 1998, nous devions faire affaire avec un partenaire chinois, une entreprise d'Etat agonisante. Le débat a porté sur le nombre de personnes à reprendre. Nous avions calculé, selon nos standards, que nous pouvions faire tourner l'usine avec 150 personnes environ. Ils nous ont asséné qu'à moins de 400 personnes ça n'allait pas passer. Or, pour nous, employer des gens qui allaient être en partie désœuvrés portait gravement atteinte à leur motivation. Finalement, nous nous sommes mis d'accord sur un chiffre de 200 personnes.

Quelques mois plus tard, je reviens à Tianjin et le représentant de la municipalité me dit qu'il comptait sur une reprise de 400 personnes, et qu'on risquait de provoquer un problème politique et donc un blocage. Nous nous lançons alors dans une discussion sur les mesures possibles : préretraites, indemnités d'attente pour certains, mesures d'aide à la création d'entreprises, etc. La municipalité trouvent l'idée bonne. Je me suis retrouvé en leur compagnie et celle des dirigeants locaux pour l'expliquer face à 200 salariés que nous ne pouvions pas reprendre. Nous leur avons expliqué pourquoi, mais aussi ce que nous pouvions faire en termes de mesures alternatives. Et ça c'est vraiment très bien passé. La municipalité nous a alors aidé à mettre tout cela en œuvre, y compris en détachant trois- quatre personnes absolument remarquables.

L'existence d'un syndicat officiel empêche-t-il le dialogue social ?

Sur ce point soyons clairs : les syndicats sont toujours sous le contrôle du parti communiste local. Parfois le patron d'une usine est, en tant que membre du parti, le patron du syndicat. Une partie de la négociation pour s'installer c'est l'acceptation du syndicat, en contrepartie de quoi nous ne sommes pas embêtés ! Il y a des syndicats non officiels, perçus et donc traités comme des dissidents... Nous avons développé des politiques de dialogue social direct : nous réunissons le personnel régulièrement en assemblées générales, ce qui est tout à fait possible dans nos usines somme toute de taille encore modeste (100 à 300 personnes). Ces AG sont tenues par les managers locaux qui en sont très satisfaits.

J'étais le patron des équipes chinoises, mais c'est eux qui dirigeaient. Je viens de rencontrer le patron d'un fournisseur de faisceaux de câbles électriques et lui ai demandé comment il réussissait à « gommer « le désavantage de coûts logistiques. Il m'a répondu que son avantage compétitif était la qualité de sa main-d'œuvre : c'est la première fois que j'entendais cela en Chine ! Parmi les réformes introduites par Deng au début des années 80, il y eut un vaste mouvement de transfert de la propriété de beaucoup d'entreprises publiques vers « les salariés ». Dans la plupart des cas, cela s'est déroulé comme plus tard en Russie : des oligarques ont mis la main sur l'essentiel des actions avec des complicités actives au niveau local (provinces, municipalités, banques, Parti).

Sauf que dans ce cas précis, le dirigeant en question les a distribuées aux 2000 employés ; il est le plus gros actionnaire avec 1,86 % des actions ! La constitution du Conseil d'Administration fut épique : comme il est exclu d'avoir recours a l'élection - principe tabou en Chine - il a désigné des « leaders »  dans les principales catégories socio professionnelles de son entreprise, qui ne savaient pas quel rôle jouer et qui furent très critiqués par leur « base ». Avec le temps le système s'est rôdé et le résultat fait l'objet chaque année d'âpres discussions  sur le partage entre investissements, dividendes et réserves. Ce dirigeant attribue donc la performance de sa société a ce qu'il a appelle « la propriété collective des moyens de production ». Il est le seul vrai marxiste que j'ai rencontré en Chine ! Le gouvernement fait désormais de la propagande sur son expérience pour « encourager »  les dirigeants à aller dans cette direction. Il a donné des interviews sur son mode de management. Mais il est très désabusé. Selon lui, il est bien tard pour inverser le courant.

Avez-vous connu des conflits collectifs ou individuels ?

Nous sommes allés deux fois devant les nouveaux tribunaux du travail. La première, c'était pour un commercial dont nous avions découvert qu'il avait créé des sociétés-écrans pour y détourner une partie des revenus de l'entreprise. Nous l'avons viré du jour au lendemain. Mais il a porté l'affaire en justice, et tout en reconnaissant sa faute nous a critiqué pour ne pas avoir respecté les procédures, ni versé un petit quelque chose. La deuxième fois, c'était pour une personne en absences répétées et injustifiées. Nous l'avions mise en garde plusieurs reprises mais les justificatifs ne venaient jamais. Là nous avons respecté la procédure et le tribunal s'est borné à le reconnaître sans aller au fond. Mon impression est que ces nouveaux tribunaux (un juge unique instruit, requiert et décide) sont très portés sur le respect des procédures et peu sur le fond. C'est un progrès, même si on est encore loin des prud'hommes, mais ce qui est important c'est qu'il y ait des règles, que les personnes puissent saisir des juridictions !

Quant à l'administration du travail, je sais par nos managers locaux qu'elle vient régulièrement mais qu'elle se comporte de manière très soumises aux industriels, qui usent de bien des voies pour l'amadouer.....

Croyez-vous au calme chinois, notamment en matière sociale ?

La crise a coïncidé avec le Nouvel An chinois. Des millions de gens bloqués dans les gares ont appris du jour au lendemain que ce n'était pas la peine de revenir après leur congés. Le mécontentement était très fort et les dirigeants ont eu peur. Mais ils ont vite proposé trois choses. Des incitations au retour à la terre puisque une très grande partie de ces ouvriers étaient des paysans qui avaient migré vers les côtes - et que la Chine perd des terres agricoles. Il s'agit d'augmenter la production d'autant que le pays est de moins en moins auto suffisant. Des cycles de formation pour ceux qui refusaient de revenir à la terre et qui, majoritairement originaires des provinces de l'intérieur aspirent à rejoindre les côtes. On leur a promis un apprentissage pour des métiers de demain, et donc un éventuel retour vers les provinces côtières. Enfin, le gouvernement a lancé un plan de soutien à l'économie via de nombreux travaux d'infrastructures : autoroutes, ports, expo universelle de Shanghai.

Toutes ces propositions avaient à la clé, une menace: s'ils refusaient ces mesures on allait s'occuper d'eux... à la chinoise ! Après les émeutes du début, le calme est revenu. Il semble donc que les dirigeants aient réglé le problème, au moins temporairement.

La Chine est rentrée très vite dans le capitalisme sauvage et peine à en sortir. Bien des choses peuvent expliquer la lenteur avec laquelle la « modernisation » des rapports sociaux progresse dans le pays. Reste a savoir si cela constituera un jour un frein a sa croissance.

vendredi 25 juin 2010

Les ingénieurs frappés par la crise économique

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La crise économique est bien là pour les ingénieurs, et singulièrement les plus jeunes d'entre eux, mais des lueurs d'espoir existent. Tel est, en substance, la conclusion de l'enquête 2010 du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF) qui a été rendue publique vendredi 25 juin. Elle a été établie à partir de 45 000 questionnaires.

Lire l’article complet sur le site du Monde.

J’avais expliqué dans un article complet la mort des ingénieurs qui explique pourquoi la France ne décollera pas. Dossier complet à lire ici.

jeudi 24 juin 2010

Veolia, choisi par le SEDIF comme convenu…

Le 21 mai 2010, je parlais dans ces colonnes du Scandale Français de l’eau, indiquant que malgré de nombreux déboires (si je peux m’exprimer ainsi au sujet de l’eau) et de nombreuses affaires, le SEDIF choisirait Veolia car il avait d’abord soigneusement écarté toute possibilité de gestion publique de l’eau, puis la concurrence de Veolia, Suez environnement. Ne restait ainsi que Veolia en course et un suspense insupportable concernant le nominé du 24 juin.

Et bien nous y sommes ! Veolia, quelle surprise, est désigné vainqueur ! Veolia remporte donc le plus gros contrat mondial de l’eau ! Il faut dire que l’entreprise s’y connait en monopole de la gestion de l’eau en Ile de France, puisqu’elle a le contrat depuis 1923 ! L'entreprise continuera donc d'approvisionner les 4 millions d'usagers d'Ile-de-France, jusqu'en 2022. Rien que cela…

Officiellement, si l'offre de Veolia a été préférée à celle de Suez, c'est pour une question de prix. Veolia s’est engagé à passer le prix du mètre cube d’eau de 1,75 € HT fin 2010 à 1,51 € HT au 1er janvier 2011 (baisse de 14%). Et dans l’hypothèse où la communauté des communes de Seine-Saint-Denis Est Ensemble rejoindrait le SEDIF, la ristourne atteindrait 19,5%.

Il faut bien dire que le sujet de l’eau en France est brulant (lire notre dossier) car, de plus, sur les 693 appels d'offres de 2004, dans 28% des cas un seul candidat s’est présenté... Un marché très bien organisé, donc…

samedi 19 juin 2010

Alcatel-Lucent, initiateur de la désindustrialisation

Alors que l’entreprise vient d’indiquer qu’elle réfléchit sur la délocalisation de ses activités de service vers l’Inde, son cours de Bourse n’a jamais été aussi bas. Un des évènements fondateurs de la chute : l’entreprise sans usines. Retours sur une erreur de stratégie qui conduit l’entreprise vers un dépôt de bilan certain et qui a fortement et négativement influencé l’industrie française.

Alcatel-Lucent est le nom de la société née en 2006 de la fusion entre Alcatel et Lucent Technologies. Pour bien comprendre l’histoire de l’entreprise, il faut remonter au tout début de ses origines.

Créé en 1881 sous le nom de Compagnie Générale d’Électricité (CGE) à Charleroi (Belgique), en 1914, son siège social est transféré à Paris. C’est à partir de ce moment que l’entreprise devient un prédateur et accumule les absorptions : La Compagnie Générale des Câbles de Lyon en 1925, Prise de contrôle de la SAFT,  acquisition de Télic en 1965, Prise de contrôle de la Société Alsacienne de Construction Atomique, de Télécommunications et d’Électronique (Alcatel) en 1968, actionnaire majoritaire de d’Alsthom en 1969, Fusion Alcatel et de la Compagnie Industrielle des Téléphones (CIT) en 1970, Alsthom absorbe les Chantiers de l’Atlantique pour devenir Alsthom-Atlantique en 1976. En 1982, la CGE est nationalisée et les acquisitions continuent : Prise de contrôle de la Sesa en 1982, prise de contrôle de la holding Thomson Télécommunications en 1983, rachats de Thomson Jeumont Câbles et Kabeltel en 1983. Ce n’est qu’en 1985 que la fusion de CIT-Alcatel-Thomson Télécommunications crée la société Alcatel. CGE achète les activités de télécommunication à ITT corporation en 1986 et prise de participation (40 %) dans Framatome. En 1987 la CGE est privatisée et se débarrasse de la Sesa au groupe Cap Gemini Sogeti. En 1989 la CGE donne naissance a GEC-ALsthom qui devient Cegelec. En 1990, Alcatel prend le contrôle de Telettra. La CGE devient Alcatel Alsthom en 1991 et achète la division de transmission du groupe Rockwell Technologies. En 1993, acquisition de STC Submarine Systems à Northern Telecom Europe (Nortel). En 1995, Serge Tchuruk devient président d’Alcatel Alsthom et recentre l’entreprise sur les télécommunications. C’est en 1998 qu’Alcatel Alsthom devient Alcatel et l’achat de DSC permet de cibler le marché américain, Cegelec est vendu à GEC Alsthom qui devient Alsthom. En 1999 Alcatel achète Xylan, Packet Engines, Assured Access et Internet Devices. En 2000, achat de Newbridge, Genesyslab, Innovative Fibers et vente de l’activité modem DSL à Thomson Multimédia.

C’est en 2001 que la longue expansion de l’entreprise fléchit. C’est l’année de la cession de la participation dans le groupe Alsthom (24 %), Thales (4,2 %), Areva (2,2 %), mise en bourse de Nexans. Mais 2001 est aussi l’acquisition d’Alcatel Space. 2002 est l’année de l’acquisition d’Astral Point Communication Inc, d’Alcatel Shanghai Bell, Telera,  mais également de la cession de ses activités de microélectronique (STMicroelectronics), 6,13 % de Thalès, 5 % de Nexans et la sortie du capital de Thomson. En 2003, cession de 50 % de Atlink, des Compasants Optiques, de Saft Batteries mais achat de iMagicTV et TiMetra Inc. En 2004, vente de SAFT, de participations dans Avanex mais acquisition de eDial Inc, Spacial Communications et Right Vision.

Finalement le 1er décembre 2006, Alcatel fusionne avec Lucent et forme Alcatel-Lucent, dirigé par Patricia Russo.

Si l’on regarde l’histoire du cours de bourse de l’entreprise, celui-ci grimpe vertigineusement jusqu’en septembre 2000, pour chuter progressivement de 97 à 2,28 soit une perte de 97,65 % !

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Entre 2000 et début 2001, la chute des cours est modérée et est considérée comme principalement due à un contexte défavorable aux valeurs technologiques, puis de celles des télécommunications. La baisse devient incroyable vers mi-2001 alors que l’action aurait dû repartir à la hausse. Que s’est-il donc passé en 2001 qui ait pu entrainer l’entreprise dans ce gouffre qui n’est même pas comblé par la fusion avec Lucent en 2006 ? Situation de plus en plus grave, en juin 2010, l’entreprise à annoncer une perte de 524 millions d’euros en 2009 avec des ventes en baisse de 10,8 %… L’action se négocie alors 2,28 € nous ne somme plus loin de la gratuité (sic!).

La réponse à cette question se trouve en grande partie dans la décision de Serge Tchuruk en juin 2001 : Alcatel se donne alors 18 mois pour devenir une entreprise sans usine ! L’entreprise passerait alors de 120 usines à moins de 2 ! La formule « entreprise sans usines » fait alors sensation, tous les journaux en parlent. L’idée est si surprenante, à l’époque, qu’on ne sait quoi penser. Idée géniale ou ânerie monumentale ? Les patrons ont choisi leur camp : c’est une idée géniale. Il faut dire que la formule de Tchuruk à toutes les qualités d'une bonne formule. Imagée, elle paraît être le fruit d'une réflexion managériale moderne, tout en évoquant d'autres expressions déjà très médiatiques : le « bureau sans papier » promis par l’informatisation, le « commerce sans magasins » ou encore la « banque sans guichets » promis par le commerce sur internet. En ce qui me concerne, j’ai tout de suite considéré cette décision comme catastrophique !

Quelle mouche a bien pu piquer Tchuruk ? En fait, il est un des premiers PDG de grand groupe a céder aux promesses de l’externalisation : les usines seront cédées à des sous-traitants. Cette approche, toujours à la mode aujourd’hui est bien pratique, car il offre une grande liberté au donneur d’ordre : moins de personnel à gérer, pas de charge fixes, moins de bureaux, moins de soucis industriels (qualité, productivité, investissement). Le mythe de l’entreprise virtuelle. Séduisante sur le papier, l’externalisation se révèle souvent comme la solution de facilité pour les dirigeants d’entreprises. Ils appellent cela également « concentrer leurs activités sur leur cœur de métier » formule plus élégante et discrète. En se débarrassant des problèmes industriels, l’entreprise ne bénéficie plus non plus des avantages d’une production industrielle : elle n’a plus la maîtrise de ses marges et dépend de ses sous-traitants. Dans un marché ultra concurrentiel, où le coût de fabrication est primordial, ce qui apparaît comme un avantage est en réalité une catastrophe et un coup de poignard entraînant la mort de l’entreprise. Les prix de vente dépendent alors des coûts de fabrication du sous-traitant incluant sa propre marge. Marge qui, en s’additionnant à celle d’Alcatel, rend ses produits bien trop chers, et ce, sans aucun avantage pour le client final. Partant du principe évident que l’on ne peut sous-traiter bien que ce que l’on sait faire, il est évident que l’entreprise sans usines est vouée à l’échec, car rapidement les processus industriels sont oubliés et ne sont plus maîtrisés. Depuis le lancement de l’« entreprise sans usines » le nombre d’employés d’Alcatel a été divisé (presque) par deux passants de 131 000 à 76 000 : une « entreprise sans usines » est également « entreprise sans salariés »…

Ce qui est triste dans l’histoire d’Alcatel-Lucent, c’est qu’une simple “petite phrase” a condamné l’avenir de l’entreprise sans lui laisser la moindre chance. En juin 2001, Alcatel a donné un très mauvais signal en France : il a donné l’idée que l’industrie n’était pas une activité noble (puis qu’il fallait s’en débarrasser en 18 mois) et que les services et la finance étaient l’avenir de nos entreprises. Nous voyons clairement aujourd’hui ou cela a conduit la France : désindustrialisation et financiarisation à l’extrême. Cette stratégie est clairement à l’origine de notre situation actuelle et, de plus, a créé de toutes pièces le géant qu’est la Chine, rendant impossible toute relocalisation massive.

Doit-on rappeler que pour sa grande performance pour son entreprise et par la France, monsieur Tchuruk a touché 5,6 millions d’euros pour avoir le droit de partir de l’entreprise.

Franchement, merci Monsieur Tchuruk !

vendredi 18 juin 2010

Conseil de lecture : Bleufôret relocalise ses chaussettes

Dans le petit monde de la chaussette française, la règle depuis quelques années étaient de chercher à produire le moins cher possible. Sous la pression des grandes surfaces, dont l’obsession est le prix, et uniquement le prix, la plupart des entreprises sont parties plus ou moins loin (Roumanie, Asie, Turquie…) trouver de la main d’œuvre bon marché.

Et puis est arrivée la marque Bleuforêt, et son créateur, Jacques Marie. Cet ancien dirigeant de Dim, à l’époque où cette entreprise fabriquait encore en France, a décidé qu’il en serait autrement pour sa marque vosgienne de chaussettes, collants et leggings. En misant sur la qualité de sa fabrication totalement française, sur la rapidité de ses livraisons et réassorts, il a réussi à imposer Bleuforêt dans le paysage de plus en plus délocalisé de la chaussette.

Après avoir envoyé paître Dim, dont il possédait la licence pour les chaussettes et qui le sommait de délocaliser, Bleuforêt s’est payé le luxe de racheter la marque Olympia. Deuxième marque de chaussettes en France, Olympia avait pourtant obéi aux règles de la délocalisation, ce qui n’a pas empêché son dépôt de bilan. Et Jacques Marie a alors annoncé qu’il allait relocaliser une partie de la production en France !

Cette déclaration aurait-elle provoqué un électrochoc chez ses concurrents ? Toujours est-il que Kindy, le leader français du secteur, vient d’annoncer une accélération de la relocalisation de sa gamme technique Bien-Être et Sport sur son siège historique de Moliens (Oise). Initié en 2008, le rapatriement de cette activité, dont 30 % étaient auparavant réalisés en Tunisie et en Turquie, aurait eu un impact positif sur les résultats de l’entreprise.

Sur le site de Moliens, cette réorganisation s’est déjà  traduite par un premier investissement de 850.000 euros, destiné à renforcer les capacités de R&D de l’entreprise. C’est là que désormais, sont mis au point les produits innovants sur lesquels Kindy mise pour conforter sa croissance.

« Cette stratégie nous a permis, par exemple, de mettre au point une chaussette pour diabétiques, qui sera commercialisée à partir de septembre en pharmacie. De plus, ces produits à forte valeur ajoutée peuvent être relocalisés en France », ajoute Joël Pétillon, président du directoire. Actuellement, 1 million de paires de chaussettes Bien-Etre sont fabriquées dans l’Oise. D’ici à 2013, l’objectif est de tripler ce volume. Pour y parvenir, Kindy mènera, dans le courant du second semestre, un investissement de capacité de 2,5 millions d’euros. « Il s’agit d’adapter nos équipements aux exigences de ces productions techniques en plein essor », souligne le président. Une croissance qui devrait se poursuivre dans les années à venir, le marché de la chaussette s’étant réorienté, depuis la reprise d’Olympia, vers des « productions plus qualitatives dont tout le monde tirera bénéfice ».

Il y a donc bien une nouvelle tendance qui est en train d’émerger : celle d’une production de qualité, pour laquelle la fabrication française trouve toute sa justification. Et encore une fois, la preuve est faite que délocaliser n’est pas la panacée, et qu’il y a une place pour la chaussette Made in France.

Merci Bleuforêt !

A lire sur le blog d’hexaconso.

lundi 14 juin 2010

Actualité Sociale du 14 juin 2010

Ethicon – Fermeture -365 emplois

Jeudi, l’entreprise de matériel chirurgical a annoncé la fermeture de son site de Auneau (Eure-et-loir) pour 2011. En cause une délocalisation en Amérique du Sud. La ville perdra un de ses deux gros employeurs, les salariés sont « Choqué... » « Ecœurée... » « KO debout... »

l'entreprise est installée sur ce site depuis 1970 et rien ne présageait le sort qui est le sien aujourd’hui. « En fait, ils ont réalisé des records de bénéfice l'an dernier. C'est en milliards de dollars. Et les actionnaires eux, ont augmenté leur dividende de 12 %. On est écœurés, parce qu'on a fait tout ça pour rien, les heures sup, le travail le samedi.... Pour le moment, je crois qu'on réalise pas encore. C'est le choc. La colère viendra après... » indiquent Jean-Luc Émon, représentant du personnel Unsa, et Kerstin Jardé, secrétaire du CE, FO.

Isocab –20 emplois

Le PSE d’origine concernait 33 emplois et grâce à l’action syndicale, il ne concerne aujourd’hui plus que 20 personnes. Deux sites près de Dunkerque sont concernés (Petit-Synthe et Grande-Synthe). Filliale du groupe allemand Thyssengrupp le PSE original concernait l’ensemble des salariés des deux sites.

Fonderie Loiselet +100 emplois

La fonderie Loiselet, fondée en 1850, avait délocalisé sa production en Chine depuis une petite dizaine d’années. Avec le soutien de Dreux agglomération, l’entreprise finalise sa relocalisation à Dreux. Un investissement de 12,4 millions d’Euros avec la création de plus de 100 emplois nouveaux.

La raison de cette relocalisation ? C’est Sylvain Loiselet lui-même qui l’explique « Les coûts de transport sont énormes : 960.000 euros par an. Nous allons lancer sur Dreux une production très automatisée qui va générer un fort gain de compétitivité. Nous aurons plus de volume avec des clients plus proches de la production. C’est pour tout cela que c’est encore plus intéressant d’être en France ».

mercredi 9 juin 2010

Les clients fidèles sont-ils pris pour des idiots ?

Étant chez Orange depuis plus de 2 ans et mon portable donnant des signes de faiblesse, j’ai envisagé de le changer pour un iPhone 3GS. En me connectant sur mon compte Orange, fort de mes 1788 points je m’imaginais avoir un tarif plus sympathique qu’un nouvel abonné. Horreur ! Lorsque je découvre que, nous seulement je n’ai pas un meilleur tarif, mais qu’en plus c’est horriblement cher ! Par exemple, l’iPhone 3GS 32Go m’est proposé à… 545€ moins 100€ de promotion (!?) en consommant tous mes points de fidélités :

Aboné

Trouvant cela assez étrange et cher (trop pour moi en tout cas), je décide une petite vérification. Je me déconnecte donc de mon compte et je suis de nouveau un visiteur lambda. Le résultat est édifiant :

Nouveau Client

Non seulement je ne payerai pas les 445 €, mais plutôt 149€ moins 100€ soit 49€ et -3€ par mois de promotion ! Pour information le même téléphone débloqué coûte environ 700€ il s’agit donc d’une “subvention” de 651€ contre 255€ en temps que fidèle client de plus de 24 mois ! Belle affaire…

Ne pouvant admettre un tel écart de prix, je téléphone au service client Orange et… surprise pas possible d’entrer en contact avec un opérateur humain, l’option n’est plus proposée. Je regarde mon abonnement et je trouve un autre numéro de contact censé me permettre d’être en relation avec un opérateur humain : impossible ! Tout est automatisé maintenant, je ne peux parler qu’avec un robot ! Un peu fort tout de même ! Je consulte mon moteur de recherche et je trouve sur un forum que si l’on choisit autre chose que les options proposées par le robot, cela bascule vers un humain. J’essaye et… Bingo ! Ça fonctionne !

J’explique donc mon cas et j’informe que si l’on me donne pas satisfaction je résilierai mon contrat sur le champ. On me dit alors gentiment que l’on me rajoutera tous les points qu’il faut pour que les tarifs s’alignent. Très bien ! Mais pour la réduction des 3€ par mois ? Ça, c’est réservé aux nouveaux clients ! Rien n’a faire, c’est a prendre ou à laisser…

Conclusion ?

Les grosses entreprises se moquent de leurs clients existants et ne pensent qu’à trouver de nouveaux clients. Par exemple, mon courtier en bourse a fait une promotion : 1000€ de frais de courtage pour tout nouveau client. Je les ai contactés pour savoir si commercialement, en temps que client existant et fidèle, il ne pouvaient pas me faire bénéficier de la même chose : Impossible m’a-t-on répondu ! En revanche si je leur amène un nouveau client, ils verront ce qu’ils peuvent faire…

Pendant longtemps, le secteur des télécoms verrouillait ses clients par l’impossibilité technique prétendue de ne pouvoir transférer le numéro. Pourtant, une loi a permis rendu possible l’impossible techniquement. Ainsi, pour ne pas se faire arnaquer, il n’y a plus qu’une solution : prendre des contrats les plus petits possible et changer d’opérateur à chaque échéance. Car que se passe-t-il si je n’avais pas appeler Orange ? Il est clair que le renouvellement de portable m’aurait coûté 400€ de plus dans ce cas ! J’aurais donc financé indirectement la chasse aux nouveaux clients ! Pourtant, la recherche de nouveaux clients à un coût élevé, il devrait donc être aussi important de garder les anciens clients que d’en trouver de nouveau… Alors pourquoi ? Simplement parce que ces entreprises on vu que nous, clients, restions majoritairement fidèles, et qu’ils ne prenaient pas beaucoup de risque a ne pas nous choyer. C’est donc aussi de notre responsabilité de devenir infidèle et de profiter comme tout nouveau client des incroyables avantages proposés, c’est si simple, maintenant, en téléphonie mobile…

mercredi 2 juin 2010

Foxconn, historique

Délocalisation vers le nord de la Chine

Foxconn a décidé de délocaliser la plus grande partie de sa production dans le nord de la Chine. L'entreprise a avertis ses employés qu'elle souhaitait transférer 300 000 des 450 000 employés vers un nouveau site dans la province centrale de Henan. Les premiers départs pourraient survenir en octobre. Cette délocalisation devrait permettre de réduire ses coûts par une installation dans une région beaucoup moins chère. Pourtant socialement, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour les travailleurs.

Toutes les affaires ayant touché Foxconn ces derniers mois ont mis a mal l’action de Foxconn qui depuis le début de l'année a perdu environ 44 % de sa valeur, soit bien plus que la baisse de 8 % de la Bourse de Hong Kong.

Vers une augmentation générale du salaire minimal en Chine ?

La Chine préparerai d'importantes augmentations de salaires dans les prochaines années suite aux conflits sociaux de Foxconn et Honda. Une augmentation du salaire minimum qui pourra aller jusqu'à 20 % cette année. A Shenzhen, par exemple (ville de Foxconn) le salaire minimum mensuel a été déjà porté à 1.100  yuans (134 euros). Monsieur Wang Min, responsable des affaires sociales de la ville, les entreprises qui ne pourront pas s'adapter devront partir.

Fermeture des usines en Chine

Foxconn serait en train de se préparer à la fermeture de ses usines en Chine, notamment celle située à Shenzhen. Au total, ce sont jusqu’à 800.000 qui pourraient être délocalisés. L’entreprise se retirerait de la Chine au profit de ses usines situées à Taiwan, au Vietnam et en Inde. Pense-t-il que personne n’ira là-bas pour vérifier les conditions de travail des employés ?

Plus d’indemnité de suicide

L’entreprise à décidé de stopper le versement d'indemnités aux familles des employés s'étant suicidés, soit une compensation maximale de 14 500 dollars. Cette décision a été prise après qu’un suicidé est parlé, avant son acte, de la somme d’argent qu’allait toucher sa famille.

+70% d’augmentation : 200€

Les employés de l’entreprise toucherons finalement 70% de plus soit 200 euros par mois.

+30% d’augmentation de presque rien

Foxconn, l’entreprise a décidé d’augmenter ses employés de 30% pour faire cesser le buzz et dans l’espoir que cela leur donnera l’envie de rester en vie. Ceci fait passer la rémunération mensuelle de 105€ à 145€ et est effective immédiatement.

Apple reverse une partie de ses bénéfices ?

Une rumeur est apparue en début de semaine selon laquelle Apple pourrait verser une partie de ses bénéfices aux employés de Foxconn qui produisent leurs produits.

Un mort d’épuisement, un.

Un travailleur de 28 ans “serait” mort d’épuisement après avoir travaillé 34 heures d’affilée d’après sa famille. Le jeune Yan Li souffrait de problèmes respiratoires, et est mort chez lui après avoir travaillé sans discontinuer pendant 34 heures. Il s’était marié trois mois avant, sa famille est sous le choc…

Des suicides en série

L’entreprise qui fabrique les iPhones pour Apple a perdu sont 9ième employé par suicide. Article de la BBC a lire ici. Obligé à réagir, Foxconn annonce l’embauche de 2000 psychologues, France Télécom va-t-elle en arriver là ? Article a lire ici.

Délocalisation au centre de la Chine

Le géant taïwanais de l’informatique Foxcoon a décidé d’installer une nouvelle chaîne d’assemblage dans le centre de la Chine, ont indiqué lundi les médias officiels. Pris dans la tourmente ces derniers mois, le groupe a commencé à transférer sa production dans les terres pour limiter la hausse des coûts de la main-d’œuvre.

Actualité sociale du 2 Juin 2010

Kennametal –59 emplois / 59

Le site de Kennametal d'Andrézieux-Bouthéon (Loire), groupe américain, fournisseur mondial d'outillage pour l'industrie, fermera son dernier site Français. Le groupe justifie sa décision dans un communiqué « Le site industriel de Kennametal d'Andrézieux-Bouthéon se trouve confronté à une concurrence internationale exacerbée ». Mais pour la CGT cette décision est incompréhensible « En 2009, nous avons repris partiellement l'activité du site de Bordeaux qui a fermé. Cela nous a permis de maintenir un niveau de production acceptable. Enfin, depuis le mois dernier, on a redémarré un poste de nuit. Nous étions donc à flot ».

L’avenir du site s’est assombris en 2003, année de reprise de l'entreprise par le groupe Kennametal, agrémenté d’un plan de 23 licenciements. Mais n'y a-t-il pas un lien avec la grève de 2007, juste avant la crise, lorsque les salariés refusaient une hausse de 1,5 %, et de 2 % pour les salaires inférieurs à 1 600 euros, plus 1 % d'augmentation distribué sous forme de revalorisations individuelles, pour réclamer  2,5 % pour l'ensemble des salaires, et de 3 % pour ceux inférieurs à 1 600 euros ?

Ce sont des manager Allemand du groupe qui sont venu annoncer la minute en quatre minutes chronos le 27 avril 2010. Et pour cause : « Ils vont expédier le travail en Allemagne alors que nous avons pour un mois et demi de charge avec la rectification de plaquettes. » explique un syndicaliste… Une surprise pour eux car une semaine avant l’annonce, le groupe mettait à l'honneur le site : 1 000 jours sans accident, un record mondial…

Hier les employés de Kennametal ont convié les employés des entreprises alentour à un barbecue. « Nous voulons réunir le plus de monde possible pour faire parler de nous », « nous voulons démontrer que nous tenons encore à notre travail et que le site d'Andrézieux-Bouthéon est toujours viable ».

mardi 1 juin 2010

Actualité sociale du 1er Juin 2010

HP –9000 emplois sur 300 000.

HP, au même moment que, fin mai, le groupe annonçait un bénéfice net en hausse de 28% sur un an (2,2 milliards) et revu à la hausse ses prévisions, le groupe se lance dans l’automatisation de ses centres de données et compte économiser ainsi 500 millions d’euros. Seul hic, cela suppose 9 000 suppressions de postes sur trois ans ! Les suppressions concernent principalement la filiale EDS, achetée en aout 2008 pour 13,9 milliards de dollars et en passe d’être réorganisée.

Pour réussir son plan, l’entreprise investira 820 millions d’euros dans des centres de données automatisés. Le groupe indique également que 6 000 emplois seront créés. Le groupe déclare « En conséquence de ces gains de productivité et d’automatisation, HP prévoit de supprimer environ 9.000 emplois sur plusieurs années pour réinvestir dans la croissance et améliorer la valeur pour les actionnaires ».

L’amélioration de la valeur pour les actionnaires, HP connait ça par cœur, c’est un champion ! Il faut rappeler que l’entreprise HP est une habituée des plans de licenciements depuis 2002 principalement (-20% d’effectifs en France) et a continué en 2005 (-14 500 emplois dans le monde). En 2008, EDS sacrifiera 24 600 emplois dont 750 en France. Puis 6 400 en 2009 ! Maintenant –9 000 dont 90% chez EDS ! Mais le Comité d’entreprise d’EDS souligne la responsabilité de l’entreprise :  « La lourde responsabilité d'EDS : Depuis 20 ans, EDS ne s'est jamais tenue à une stratégie constante dans le domaine applicatif : rachats suivis de reventes, politique commerciale incohérente, évolution en dents de scie des effectifs, acceptation ou refus du sous-emploi selon les époques, PSE, ... C'est ainsi qu'APPS se retrouve avec des entités à l'abandon et une situation régulièrement déficitaire. Pour tenter d'équilibrer les comptes, la formation a régulièrement servi de variable d'ajustement comme s'il s'agissait d'une charge alors que c'est la base du développement dans les métiers d'EDS.
EDS n'a pas assumé ses responsabilités d'industriel.
EDS fait maintenant le choix de céder une partie de cette activité et se débarrasse de salariés usés par ces revirements constants de stratégies et fragilisés par un manque chronique de formation et, pour certains, un sous emploi trop fréquent. EDS devra assurer l'entière responsabilité des conséquences qui pourraient en résulter pour les salariés, qu'ils soient cédés ou non. »

EDS n’est vraiment pas un cadeau pour un employé : pas de bonus, pas d'épargne salariale, pas de participation, pas de véhicules de société. De plus les salaires y sont peu élevés : un chef de projet de 20 ans d’ancienneté gagne 2 500 euros net. Pourtant l’activité de service chez HP, EDS y contribue largement « Notre activité de services a continué à se montrer solidement rentable avec une augmentation des contrats sous gestion et une intégration plus rapide que prévu d'EDS », a indiqué le PDG de HP, Mark Hurd.

HP ne s’en est pas tenue là, elle s’est également distinguée par des propositions à ses employés de baisses de salaires en 2009 qui ont défrayés la chronique. A compter du 1er octobre 2009 des baisses de –2,5% à –10% (2,5% pour les employés, –5% pour les petits managers et –10% pour les hauts managers) sont proposées (volontariat) et ce, sans aucune contrepartie. Motif ? La crise mondiale… Ceux qui ont acceptés doivent aujourd’hui regretter car ils seront peut-être les élus du nouveau plan social…

Au US c’est pas mieux, les employés gagnants plus de 30 800 euros par an se sont vu proposés (imposé) des baisses de salaires pour la deuxième fois : 10% cette fois ! Quand aux cadres belges, eux, avaient acceptés 10% de réduction de salaire en 2009. En revanche, la CFTC estime que le PDG d’HP tout en communiquant une baisse de 20% de son salaire ne l’aurait baissé, en réalité, que de 0,7% par rapport à 2008 ! C’est un truc bien connu de certains commerçants : on augmente les prix quelques temps, discrètement, pour appliquer ensuite une baisse communiquée en fanfare ! De même, les hauts managers du groupe auraient vu progresser leurs rémunérations…

Bref, il ne fait pas bon travailler chez HP a moins d’être haut-manager.

Brunet Dentelles : Les prud’hommes

Cette entreprise a licencié 70 personnes l’an dernier et 300 les cinq dernières années. Cette hémorragie fait suite au rachat par une homme d’affaire Allemand et un partenaire Chinois. La suite à été assez évidente : délocalisation progressive vers la Chine et la Thaïlande de la production et du savoir-faire française.

70 de salarié licenciés l’an dernier ont décidé de se battre contre la suppressions de leurs postes qu'ils estiment injustifiées et conte “le pillage de leur savoir-faire”. D’après eux, quarante machines tourneraient ainsi en Chine et Thaïlande pour la marque Brunet sans qu’aucun salarié ne produise en France. Leur avocat pense que le Plan se Sauvegarde de l’Emploi n’a pas été respecté : les reclassements proposés demandaient des compétences que n’avaient pas les licenciés comme “Parler le Mandarin” ! L’objectif étant d’obtenir une indemnité réparatrice des préjudices subits par les licenciés soit entre 25 000 et 100 000 euros par personne pour 20 à 30 ans d’ancienneté.

Actuellement sur le site de Calais, il ne reste que 4 personnes qui occupent les 10 000 m2 du site…