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mercredi 27 janvier 2010

Renault : Erreurs sur les chiffres du président

Lorsque j'écrivais dans un précédent billet que la stratégie de Renault était en cause dans la réussite de cette entreprise, je ne pensais pas que je serais repris, voir paraphrasé par le gouvernement et le président lui-même qui a déclaré « La stratégie de Renault de ces dix dernières années, je ne l’accepte pas ».  Nous pouvons d’ailleurs nous demander pourquoi, depuis le temps qu’il est au pouvoir, il n’a pas réagit sur le sujet… Bref, s'il a sûrement raison, je ne vais pas le contredire, il s'est en revanche largement trompé dans ses chiffres. « PSA emploie un tiers de ses effectifs à l'étranger, les deux autres tiers en France, ce n'est pas le cas de Renault », a dit le chef de l'Etat. Faux hélas, le ratio des employés français par rapport aux effectifs étranger de PSA est de 55% (et non 67%, soit 12% d’erreur). Pour Renault le chiffre est de 46%. Evidemment c’est moins bien que PSA mais pas aussi catastrophique que le laisse entendre le chef de l’état. D’ailleurs, même si cela ne justifie pas complètement cette situation, cet écart est en partie dû aux filiales étrangères de Renault (Dacia, Renault-Samsung Motors).

Le président indique également avoir « découvert » que « les 2/3 des sous-traitants de Renault sont des sous-traitants étrangers » pourtant de source Renault 42% (et non 66%) des achats du groupe se font en France (d’où l’impact fort sur l’emploi en France des délocalisations prévues par le groupe).

Si la stratégie du « low-cost » est perdue d’avance a terme, ce n’est pas parce que Renault ne joue pas la carte Française mais parce que nous ne ferons jamais aussi bien que les Chinois et Indien du point de vue des prix bas et que la valeur ajoutée Française de donneur d’ordre pour ces pays est presque nulle. Il faut donc se positionner plus en moyenne gamme et haut de gamme avec un souci constant de qualité et d’innovation. Pour le marché Français, une communication claire sur le lieu de fabrication des véhicules est également une piste. Car comme nous avons déjà vu, acheter Français n’est pas forcément acheter « Made in France ».

Dans ce dossier, comme dans d’autres évoqués par le président lundi, le manque de connaissance du terrain est frappant. Cela nous rappelle le face-à-face entre le président et Ségolène pour la présidentielle où les deux candidats alignaient faux chiffres et contres vérités (comme sur le nucléaire). Une des difficultés de la France d’aujourd’hui est bien le « décrochage » des ses élites par rapport à la réalité du terrain. La communication de lundi n’étant qu’un moyen de rassurer les foules coûte que coûte sans se soucier de la véracité des arguments. Hélas cela n’a pas empêché 57% des Français de le trouver convaincant.

Si Renault éprouve des difficultés c’est aussi parce que la France n’offre pas un environnement suffisamment compétitif pour ses entreprises durement touchées par la mondialisation. Trop de prélèvements publics (impôts, taxes, ...) qui sont presque le double en France qu’en Allemagne. Pas difficile de comprendre pourquoi la marge moyenne des entreprises en France (entre 2000 et 2007) a baissé de 5,4% tandis qu’elle augmentait de 9,1% en Allemagne dans la même période…

mardi 26 janvier 2010

Lait contaminé Chinois, le trafic ca continue !

Suite de l’affaire du lait contaminé Chinois en septembre 2008, nous pourrions croire que l’affaire est close, mais cela serait sans compter sur l’avidité et le goût du profit de certains industriels du pays.

En effet, trois entreprises ont été prise la main dans le sac ces dernières semaines. Il s’agit précisément de trois lots de produits de trois entreprises différentes qui ont été testés positifs à la mélamine. Il s’agit principalement glaces en bâton. Rappelons que la mélamine provoque des calculs rénaux et des risques d’insuffisance rénale chez les enfants. Suite au scandale de septembre 2008, des produits contaminés à la mélanine avaient déjà été trouvés en décembre 2009 et interdit à la vente. Cette nouvelle découverte indique que les risques de voir de nouvelles contaminations est toujours d’actualité.

Ces nouvelles contaminations sont dues à priori à l’usage de lait industriel en poudre. Les trois entreprises concernées ont simplement omis de tester le lait en poudre de leurs fournisseurs. La responsabilité du gouvernement est également pointée du doigt par certains qui indiquent que le gouvernement ne devrait pas seulement faire des lois mais également vérifier qu’elles sont appliquées sur le terrain.

Le scandale de septembre 2008 avait tellement choqué les Chinois que certains évitent tous les produits industriels Chinois, préférant les marques étrangères. Encore faut-ils qu’ils en aient les moyens tellement ces produits sont chers pour la population locale…

Mise à jour du 8/02/10 : Le journal Le Monde titre ce jour “Chine : du lait contaminé à la mélamine réapparaît”. Seuls 72 tonnes des 165 tonnes de lait contaminé ont été saisis. Il en reste donc une bonne partie dans la nature qui n’est pas perdu pour tout le monde. Sujet que nous avons sortit le 26 janvier (voir ci-dessus).

jeudi 21 janvier 2010

Délocalisations, tous responsables (ou presque !)

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Délocalisation, développement des pays pauvres, intérêt des citoyens et des consommateurs sont des sujets galvaudés. Qu’est-ce qu’une délocalisation ? Dans quels cas une délocalisation est-elle acceptable ? Que faire lorsqu’elle ne l’est pas ? Nous avons en fait le choix, du moins si on nous aide un peu.

Qu’est-ce qu’une délocalisation ?

Délocaliser c’est déplacer une activité industrielle, artisanale ou de service local vers un autre pays en remplacement partiel ou complet de cette activité.

Les neuf évidences des délocalisations

Première évidence : les délocalisations ne concernent pas que l’industrie mais également les services. Ainsi nous avons vu la majorité des centres d’appels basculer progressivement vers des pays étrangers. Evolution possible grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et à leurs coûts de plus en plus bas. Avant la délocalisation des centres d’appels, quelques initiatives de secrétariat à distance ont été menées.

Deuxième évidence : Les délocalisations ne concernent pas uniquement les activités à faible valeur ajoutée mais tout type d’activités. Ainsi la Recherche et Développement, la médecine, la chirurgie esthétique, etc. sont maintenant concernées. Ce qui veut dire que presque tous les métiers sont aujourd’hui concernés. Une usine qui disparaît, c’est des ouvriers, des chefs d’équipes, des secrétaires, des comptables, des logisticiens, des acheteurs, des qualiticiens, des personnes des services généraux, de l’environnement, de la recherche et développement, des cadres, des dirigeants, etc. qui disparaissent. Si le mouvement continue, même les sièges sociaux disparaîtrons car ils n’auront plus de raison de rester en France si plus aucune n’activité ne se fait localement… Les managers qui favorisent ces délocalisations scient la branche sur laquelle ils sont assis à très court terme.

Troisième évidence : si au commencement des délocalisations les produits ou services voyageaient du producteur vers le consommateur, aujourd’hui il peut arriver que le consommateur se déplace pour obtenir un service moins cher ou avec un meilleur rapport qualité/prix. Il est possible maintenant de se déplacer pour obtenir des services de santé, de chirurgie esthétique vers des pays proches mais moins chers.

Quatrième évidence : Se développer à l’étranger n’est pas forcément délocaliser. Une entreprise Française qui crée une usine ou un centre R&D étranger est-elle forcément une entreprise qui délocalise ? Ce n’est évidemment pas le cas. Une entreprise doit « idéalement » produire là ou le produit est consommé. Ceci à plein d’avantages aussi bien économiques qu’écologique. Savoir que la fabrication d’un blue-jean nécessite de faire plusieurs fois le tour du monde avant d’arriver en temps que produit finit dans nos magasins est une hérésie. Certaines entreprises l’on bien comprit comme Toyota qui produit également ses voitures en France, ou comme Décathlon qui finalement à décidé de produire ses vélos en France (relocalisation) car le surcoût d’une dizaine d’euros n’était pas significatif en regard des avantages. Citons également le cas d’une entreprise fabriquant du mobilier de bureau : après avoir délocalisé en Chine, la production a été relocalisé en France car les délais d’acheminement de 3 mois par bateau lui faisaient perdre des clients (le client avaient le choix entre attendre 3 mois pour recevoir leur commande ou de choisir parmi un nombre très limité de modèles ou couleurs en stock). Se rapprocher de ses clients est un choix justifié et naturel pour une entreprise, que cela nous arrange ou non.

Cinquième évidence : Dans l’intérêt d’un pays, il faut produire le plus possible localement et vendre le plus possible à l’étranger. Ceci entre en contradiction avec le point précédent. Si pour l’écologie il vaut mieux ne pas acheter de produits fabriqués loin, pour un pays il vaut mieux exporter le plus possible (et donc fabriquer localement). Cette contradiction transparaît dans les avis divergents que l’on entend aujourd’hui concernant les délocalisations. Si les délocalisations sont légitimes parfois pour l’entreprise elles sont contraires à l’intérêt local et à l’écologie (à l’exception des services intellectuels, encore que cela consomme de l’électricité en serveurs, téléphone et transmissions d’informations). Ainsi chacun défend ses intérêts et tout le monde à « égoïstement » raison.

Sixième évidence : Les délocalisations semblent profiter aux pays pauvres mais la réalité est plus complexe. Nous entendons parfois que les délocalisations sont nécessaires et utiles aux pays pauvres. Cet argument très altruiste (lorsqu’il émane des habitants des pays à hauts-coûts) est portant discutable. Les pays pauvres se développant trop vite agrandissent souvent leurs inégalités locales. Ainsi, entre les paysans Chinois qui ont conservés leur métier et ceux qui ont intégrés les usines, il y a maintenant un écart de pouvoir d’achat très grand. Le développement économique rapide d’un grand pays comme la Chine et l’Inde ne concerne et ne concernera pas toute sa vaste population. Pire, il fait monter les prix locaux, rendant plus pauvres encore les laissés pour compte de l’industrialisation. Etre paysan est de plus en plus dévalorisé dans ces pays et pourtant il est nécessaire de nourrir cette population citadine sans cesse grandissante qui ne produit pas sa propre nourriture. Ceci implique des importations massives de denrées alimentaires en provenance de l’étranger. D’un point de vue écologique, ces développements rapides sont une catastrophe, l’eau en Chine n’est pas buvable et ne le sera pas avant très longtemps. Les usines utilisent parfois des produits interdits et/ou dangereux ; Difficile de contrôler de si nombreuses entreprises alors que ces pays n’ont pas encore la culture nécessaire ni les moyens. Une croissance économique rapide attise les appétits des plus corrompus, développant mafias et abus en tous genres (scandale du lait frelaté en Chine et corruption). Les délocalisations massives et non contrôlées vers ces pays tout en leur apportant croissance à deux chiffres, leurs posent de nombreux problèmes sociaux, énergétiques, écologiques, politiques et même économiques.

Septième évidence : Il est à noter que les délocalisations rapides auxquelles l’Europe procède ne sont pas facilement réversibles et ne sont pas pérennes pour l’Europe et pour les pays en voie de développement. Ces derniers ont parfois une masse de population si importante (se comptant en milliards d’individus) qu’elle est difficilement épuisable. Le nombre de pays potentiellement en voie de développement est également assez important. Si les délocalisations continuent à ce rythme nous n’aurons bientôt plus rien à délocaliser ce qui n’est pas pérenne pour nous et pour ces pays. Les grand pays comme la Chine et l’Inde en sont conscients et parient sur une croissance de la consommation locale forte pour prendre le relais lorsque l’occident cessera d’être leur principal donneur d’ordre. C’est un pari et une course contre la montre qui n’est pas gagnée au premier abord. La paupérisation de l’occident est en revanche programmée.

Huitième évidence : Les délocalisations ne sont pas toujours rentables et relèvent parfois de l’idéologie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une « mode » des délocalisations s’est répandue et un dirigeant qui ne délocalise pas est mal vu par ses actionnaires. Si décider une délocalisation est une action simple et facile, réussir une délocalisation afin qu’elle soit profitable à l’entreprise demande de nombreuses compétences. Ce qui est ridicule avec ces délocalisations ratées est que ceux qui les ont mises en place (de manière coûteuse) ne veulent pas supporter le poids de leurs erreurs, ils font tout pour masquer, au sein de l’entreprise, cet échec. Le manque de rentabilité d’une délocalisation peut tenir à beaucoup de sujets : manque de main d’œuvre qualifiée, forte concurrence entre entreprises qui délocalisent (turn-over important et salaires croissants), sous-estimation des écarts culturels, sous-estimation des frais de management, gestion de projet, voyages, formation, de la qualité des infrastructures du pays (route, réseau, téléphone, Internet…), productivité de la main-d’œuvre locale, temps de mise en place d’un centre qui fonctionne de manière optimale, éloignement des clients finaux, corruption locale, loi locale mal connue, etc. Dans cette liste, le choix du pays est primordial mais le pays idéal n’existe pas. Dans la course à la recherche du profit immédiat, une délocalisation est souvent éphémère. Les délocalisations en cascade (d’un pays pauvre vers un pays encore plus pauvre) d’une activité qui vient à peine d’atteindre ses performances maximales, diminuent encore la rentabilité de ces opérations !

Neuvième évidence : Ainsi, les délocalisations ne concernent pas que les pays occidentaux, mais également les pays en voie de développement. La Chine délocalise elle-même certaines de ses usines au profit de l’Afrique par exemple. Les victimes des délocalisations sont beaucoup plus nombreuses et variées qu’on peut l’imaginer.

Que faire ?

Laisser le marché se réguler lui-même ne donnera rien car ceux qui décident de délocaliser n’ont souvent aucun intérêt commun avec le reste des personnes concernées par ce phénomène. L’intérêt des actionnaires est axé sur le profit immédiat sans vision du long terme. Délocaliser appauvrit le pays et donc diminue le marché local ? Qu’importe, les pays en voie de développement sont de nouvelles cibles de consommation encore plus grandes et alléchantes ! Pourtant ces pays en pleine expansion ne comptent pas rester uniquement des cibles commerciales et leurs entreprises comptent bien profiter en priorité de cette croissance. Le protectionnisme que l’on s’interdit pour des raisons idéologiques en Europe ne pose en revanche aucun problème à ces pays. Nous allons donc « dans le mur ».

Que faire si le marché ne va pas dans la bonne direction ? Il faut que nous, consommateurs, prenions nos responsabilités rapidement tant qu’il en ait encore temps. Il faut également que nous ayons les moyens d’assumer nos responsabilités. Tout le monde peut remarquer que le prix d’un objet n’a plus aucun lien avec sa qualité ni même son lieu de fabrication. Cela fait bien longtemps (plus de 20 ans) que les marques de luxe ont commencé à délocaliser très discrètement. Le consommateur ne peut plus, comme autrefois, faire confiance au prix afin de désapprouver les délocalisations qui finalement lui sont néfastes. C’est donc une vraie question, comment faire valoir ses intérêts en temps que consommateur ? Il faut être clair ce n’est actuellement pas possible. Le système ne permet pas au client de choisir. Il faut donc réguler un peu, juste assez pour que les consommateurs aient le choix.

Propositions

Il pourrait par exemple être rendu obligatoire un marquage règlementaire sur chaque produit indiquant : ou le produit est conçu (R&D), ou il est assemblé, ou il est emballé. Pour chacune des trois catégories un pourcentage serait rendu obligatoire. Bien sûr cela ne va pas dans le sens de l’intérêt des multinationales qui délocalisent mais dans le sens de la démocratie et de l’information du consommateur. Ainsi je suis sur que certain nous expliquerons tout le mal qu’ils pensent de cette proposition qui va contre leur intérêt purement financier et/ou idéologique.

PS : Remarquons également que le bas prix des produits qui voyagent beaucoup tout au long de leur cycle de fabrication et de vente est en fait un hold-up sur la planète car si l’on payait au juste prix le CO2 dégagé par ce cycle ils couteraient chers. Le marquage concernant le CO2 dégagé par la fabrication de chaque produit est un premier pas vers l’information du consommateur et vers un choix possible de société.

Mise à jour : Réponse aux lecteurs de ce billet :

Réponses aux différents commentaires des lecteurs:

1. “Calamity jane” demande ou partent les impôts des travailleurs des autres pays suite aux délocalisations françaises. Réponse: dans leur pays bien sûr, les délocalisations n'apporte rien à la France, peut-être enrichissent-elles les actionnaires français de ces entreprises, mais l'on sait que cela ne dure pas et que les plus riches actionnaires ne dépensent pas plus en gagnant plus, c'est donc de l'argent qui est réinvestit dans d'autres délocalisations potentiellement.

2. “Conglomérat” dit qu'il est évident qu'il faille interdire les délocalisations. Réponse : ca c'est vraiment illusoire et penser que c'est possible dans un monde globalisé est très naïf. Il faut donc agir autrement.

3. “S1LV3RSNAK3” pense que ce n’est pas possible d'acheter français avec un petit salaire. Réponse : c'est bien entendu faux. Certains produits français sont aussi peu chers que des produits importé et de meilleure qualité ! Comme l'indique le commentaire de "4 aout". Le tout est de savoir ou c'est réellement fabriqué, d'ou la proposition que je fais.

4. “Mosca7” pense qu'il faut taxer aux frontières les produits importés. Réponse : Encore une utopie impossible dans un monde globalisé. Il faudrait sortir d'Europe et quand bien même la réaction des pays taxés serait de taxer nos produits en retours...

5. “La lumière” pense que la solution est un gouvernement mondial. Réponse : cela ne résoudrait pas les inégalités mondiales (les délocalisations persisteraient mais s'appelleraient autrement puisqu'il n'y aurait qu'un seul pays) et aggraverait surement la corruption.

6. “Sergio” se demande en quoi il est coupable de privilégier le made in France ? Réponse : en rien chaque consommateur fait se qu'il veut qu'on se le dise !

7. “Patron heureux” aimerait bien installer des bureaux en Chine car cela voudrait dire que sont entreprise est forte. Réponse : Vous avez raison, c'est l'objet de l'évidence N°4.

8. “paysan” trouve que je dénonce des évidences. Réponse : Bien entendu que nous savons tous cela depuis longtemps. Mais si vous êtes perspicaces, vous voyez bien que rien de sérieux n'a été fait, que la situation empire chaque jour et qu'il faut réagir à notre niveau déjà. Concernant le "ou délocaliser ensuite ?" que paysan demande, la réponse sera dans le prochain article à paraître le we prochain sur la désindustrialisation française.

9. “Icare” demande que l'on ferme le marché Français et Européen aux entreprises qui délocalisent. Réponse : voir points 2 et 4

10. “Valou” pense que lorsqu'il n'y aura plus de pouvoir d'achat pour les produits étrangers on pourra reconstruire. Réponse : Cela signifiera que la France sera devenu le plus pauvre de tous les pays, vu le nombre de pays pauvres, on a des centaines d'année à attendre... Ce n’est pas envisageable...

11. “Ancelle” pense qu'il est juste de partager avec les pays pauvres. Réponse : je pense que ce lecteur n'a pas lu l'article en totalité, voir 6ième évidence.

12. “Astrocon” pense l'étiquetage compliqué et espère beaucoup de l'augmentation des coûts de transports. Réponse : Ce n'est pas compliqué comme vous le dites puisque c'est en cours déjà pour les bilans carbones. Comme ce dernier en revanche, cela ajoute un surcoût. Oui les coûts de transport sont un espoir mais peu fiables : quand vont-il augmenter ? De combien ? Ne trouvera-t-on pas une énergie alternative pas chère ?

13. “Richy” pense qu'on n'a pas le choix avec les centres d'appels. Réponse : Ils ne sont pas tous délocalisés, il est possible de donner son avis : j'ai eu affaire a une pannes ADSL et la hotline était manifestement délocalisée et inefficace (bien que payante !). J'ai fait une évaluation catastrophique de la prestation juste après, si les clients se plaignent tous, ca avancera un peu. Pour les produit ou on n'a plus le choix c'est en effet trop tard mais rien n'empêche, si le mouvement se développe, de recréer des usine en France de toute pièce, s'il y a des acheteurs, il y aura des vendeurs !

14. “Raoul Blier” pense qu'il faut créer un site pour lister les produits français. Réponse : Tout a fait, ca existe déjà, une interview sur mon blog bientôt a ce sujet. Restez connectés.

15. “Louise” pense que le boycott accélère les délocalisations. Réponse : bien sûr que c'est vrai mais n'oublions pas que si l'on achète plus un produit fabriqué a l'étranger c'est pour en acheter un en France (forcément). Donc on sauvegarde l'emploi français même si ce n’est pas les mêmes personnes...

15. “Jdif” parle d'un porc "né au Canada, élevé en Australie, tué en Belgique et vendu en France". Réponse : je propose que les étiquettes indiquent les pourcentages pour cette raison. Avec un code de couleur en fonction des pourcentages. Dans le cas que vous citez, pour moi c'est clair : ce porc n'a rien de Français, 0% ! A éviter donc. Si l'étiquette était plus grise les pourcentages permettraient de choisir les moins français des produits.

16. “Franz” pense que les gens ne se mobiliseront pas. Réponse : C'est en disant cela que durant des années NOUS avons laissé faire, tenté par des lecteurs de DVD à 19 Euros qui ne durent qu'un an et que l'on rachète chaque année donc. N'est-ce pas de l'achat à crédit qui tue l'emploi finalement ? Bougez vous au lieu de vos plaindre.

17. “Franz” dénonce également les pratiques anticoncurrentielles consistant à refuser la reprise d'une entreprise délocalisée. Réponse : Très juste, cela manque à mon analyse et ne peut être réglé que par la voie politique. Les sites qui listent les produits français devraient lister les entreprises déloyales également. Quant à la TVA sociale proposée je pense qu'aujourd'hui ce n'est pas possible voir points 2 et 4.

18. “Dan51” indique que “c’est n’importe quoi” que d’obliger les français à n’acheter que les produits français. Il indique que la politique du “Made In England” de 1887 s’était finalement transformée en achats massifs de produits Allemands de grande qualité. Réponse : Dan51 n’a pas bien lu l’article, s’il l’avait fait, il aurait vu que ce que je conseille est un affichage qui informe le consommateur, rien de plus. Je n’oblige personne à acheter quoi que ce soit, chacun réagit en son âme et conscience. Quant à l’histoire du “Made In England”, il n’est pas comparable car cela fait longtemps que l’on connait la qualité des produits Allemands et que ces derniers ne se privent pas aujourd’hui de marquer “Made in Germany”, il faut donc que nous fassions de même.

19. “Alocer” dit que, étant au RMI il n’a pas le choix, le produits made in France étant bien trop chers. Réponse : Relisez bien l’évidence 4. Mais vous avez raison ce n’est pas aussi clair que cela, en fait. J’ai déjà vu de nombreux produits Français au même prix que des produits importés et pourtant de meilleure qualité. Pourquoi ? Car le but d’acheter à l’étranger, pour un distributeur, est d’augmenter sa marge. Pour ce faire il faut donc rester à un prix raisonnable car si l’on baisse le prix de vente d’autant que le prix d’achat a baissé, le bénéfice ne change pas (sauf si les ventes explosent, mais c’est assez aléatoire). C’est ainsi que même les marques de luxe fabriquent à l’étranger (parfois? souvent?), pour gagner plus avec un prix de vente élevé. Ainsi les prix, de nos jours, n’ont rien à voir avec la qualité du produit acheté (qui n’est pas liée à l’origine du produit)… Le seul problème est que nous ne le savons tout simplement pas, vu que l’étiquetage n’est pas obligatoire, changeons ca !

samedi 16 janvier 2010

Faut-il forcer la main de Renault ?

Alors que le buzz fait rage sur la fuite d’information indiquant que Renault se préparerai à délocaliser la production de la Clio 4[1], je vous propose de faire le point sur le sujet.

Pourquoi cette affaire déclenche-t-elle autant de polémique ?

Parce que Renault est une entreprise d’origine publique qui était autrefois la vitrine sociale de l’industrie Française. On a souvent critiqué Renault autrefois sur la qualité de ses véhicules, sur sa rentabilité, sur le style fonctionnaire de ses employés, etc… Il faut savoir que l’entreprise, lorsqu’elle était entièrement publique, était l’instrument du pouvoir de l’époque. Elle fut ainsi contrainte de reprendre un certain nombre de « canards boiteux » de l’industrie Française comme les vélos Gitane. Pour avoir personnellement travaillé avec ce constructeur il y a presque 20 ans, je sais également que les critiques sur les employés étaient injustifiées. Depuis que je travaille, je n’ai jamais rencontré, une entreprise où les employés sont aussi fiers de leur employeur. Méfions-nous de ce que l’on lit dans les journaux car la réalité interne d’une entreprise est rarement celle que l’on nous présente. Aujourd’hui, l’état n’a plus que 15,01% d’actions de l’entreprise (mais est actionnaire majoritaire tout de même) et a participé à hauteur de 3 milliards d’euros (sous forme de prêt) au sauvetage lié à la crise. Ce prêt n’a pas été assorti de condition particulière même si les déclarations du gouvernement allaient dans le sens d’une sauvegarde de l’emploi industriel Français.

Faut-il intervenir dans la stratégie de Renault ?

Il est aussi facile de répondre par l’affirmative que par la négative avec le risque d’une discussion du « café du commerce ». Il ne faut pas intervenir, non pas parce que Renault est une entreprise privée, mais parce que la décision de Renault doit être étudiée d’un point de vu financier. L’idéologie libérale poussée jusqu’à l’absurde est largement relayée par les médias financiers. Sur les radios financières nous entendons pléthore d’experts de tous poils défendant cette idée « par principe ». Ce sont les même experts qui au début de la crise nous expliquaient que la voiture c’était « has been » et que demain personne n’aurait plus besoin de véhicules. Simple réflexe de petit bourgeois Parisien qui considère que le monde se limite à Paris. Bref, prendre position sur un tel dossier par principe est bien évidemment ridicule et n’a strictement aucun intérêt. Merci beaucoup messieurs les experts, nous vous rappellerons !

Dire qu’il faut forcer la main du constructeur est également ridicule car cela dépend de combien cette décision va lui coûter et si ce surcoût ne sera pas fatal à sa profitabilité. La vérité est que Renault s’est engagé depuis sa reprise de la marque Dacia dans une course au « low-cost ». Ce qui est précisément l’opposé des constructeurs Allemands Mercedes et BMW qui, eux, sont très profitables. Il est évident qu'à la course au bas-coût nous seront toujours perdants, ce n’est donc pas une bonne option. De ce point de vue le groupe Peugeot (PSA) a eue une stratégie plus proche des constructeurs Allemands et plus gagnante. C’est aussi pourquoi les voitures de PSA sont massivement fabriquées en France[2], ce qui prouve qu’à contexte égal, c’est possible. Il faut dire que le président de Renault est un ingénieur qui a très rapidement basculé dans le monde de la finance. Il s’est fait une réputation chez Nissan en rationnalisant la politique d’achat du constructeur au moment ou ce dernier avait presque autant de fournisseurs que de pièces dans ses voitures (j’exagère un peu). En redressant Nissan, il est devenu un héro national Japonais : c’était le Français qui à redressé un Japonais. Il fut invité à cette époque sur tous les plateaux de télévision du Japon. C’est au top de sa gloire qu’il fut promu à la tête de Renault. Depuis, Nissan a eu de gros problèmes et les Japonais ne sont pas gênés de les attribuer à leur ancienne idole, le faisant passer du plus connu des Français au plus moqué des Français. Il y a eu, en fait, beaucoup d’excès dans un sens et dans l’autre. Le président de Renault n’est ni un Dieu ni un mauvais, c’est juste un financier. Dans le même temps, il a subit (en moins excessif) le même sort en France. Arrivé à la tête de Renault, il a longtemps fait la Une de tous les journaux qui vantaient alors sa performance passée et tout le bien qu’il pourrait faire à la tête de Renault. La vérité est finalement moins romantique, sa période de grâce passée, les résultats de l’entreprise sont moins bons que ce qu’on imaginait. Renault s’est illustré par son mode de management qui « pourrait » être à l’origine de suicides. Pour tout dire PSA à plus profité de la prime à la casse que Renault, ainsi qu’il a plus progressé en parts de marchés mondiaux.

Avec ses 15%, l’état à-t-il les moyens d’imposer quoi que ce soit à Renault ?

En théorie non, mais en pratique Renault n’a pas intérêt à se mettre l’état à dos et un compromis devrait être trouvé permettant à l’état de ne pas perdre la face tout en respectant l’idéologie de la majorité qui prône la libre-entreprise. Au final ce seront surement les employés de Renault qui feront les frais de cette affaire.

Conclusion

Si la France a grand besoin de maintenir et renforcer (on peut rêver) son tissu industriel, il est trop facile d’en déduire que l’on puisse facilement imposer à Renault de maintenir sa production Française. Seule une analyse financière peut déterminer si l’entreprise peut se le permettre. Il faut ajouter que, si d’aventure, la réponse serait négative, cela démontrerai l’échec de la stratégie de son PDG. Le “low-cost” n’étant pas une option raisonnable. J’ai lu ici ou là que préserver une usine n’était pas un enjeu économique si important que cela. C’est bien sûr oublier que si l’usine se délocalise, les sous-traitants se délocaliseront également. Une usine qui part, c’est de dix à vingt autres usines qui sont menacées. Nous pouvons également penser que l’arrêt de cette délocalisation pourrait être un signal fort donné au reste de l’industrie…

Cette affaire nous rappelle les limites des privatisations, privatiser Renault était juteux mais a fait perdre tout contrôle de l’entreprise aux Français. Il faut savoir ce que l’on veut…

Notons également l’échec de l’Europe : En critiquant la position du gouvernement à l’égard de Renault, l’Europe montre une fois de plus ses limites. Nous rêvions tous d’une Europe utile qui servirait nos intérêts, finalement nous avons un mastodonte qui a échoué dans les domaines où il était le plus attendu (politique, armée, écologie, culture, éducation, etc.) et a développé ce qu’on n’imaginait pas. Si bien qu’aujourd’hui l’Europe est une excuse pour les gouvernements : elle leur permet de justifier facilement leurs échecs. Si finalement la Clio 4 n’est pas fabriquée en France, il sera facile de dire que l’Europe aura contrarié les revendications du gouvernement mais, promis, juré, ce dernier est à fond pour l’emploi industriel en France ! Nous verrons bien ce qui va se passer…

Update du 16/01/10 à 21H08: J’ai finalement eu raison, après l’entrevue du président avec le PDG de Renault, un vague compris a été trouvé permettant à chacun de ne pas perdre la face : “une partie” de la Clio 4 sera fabriquée a Flin le reste sera comme prévu réservé aux véhicules électriques (qui ne se vendent pas encore). Circulez, le spectacle est terminé. Il ne reste plus à Renault de faire en sorte que cette partie soit la plus petite possible… Lisez bien la presse : aucun doute n’est émis malgré les ficelles un peu grosses.


[1] La Clio est le 3ième modèle le plus vendu en France avec 6,5% de parts de marché. Le deuxième modèle le plus vendu étant la Megane III.(6,8%). La Clio 3 actuelle est déjà majoritairement produite en Turquie ! Aujourd’hui 25% des voitures du groupe Renault sont fabriquées en France, 41% des voitures fabriquées en France sont vendues en France et 85% de son ingénierie est en France. Voir les chiffres de PSA plus loin.

[2] En 2008, PSA produit en France deux fois plus de véhicules qu'il n'en vend dans l'Hexagone, 50% de sa production mondiale et 92% de ses moteurs. Même si l’on parle de la délocalisation future de la 207, voiture la plus achetée des Français en 2009 (8% de parts de marché) alors que PSA a également profité de 3 milliards d’euros de l’état.

mercredi 13 janvier 2010

On achève bien des ingénieurs

Ou, pourquoi la France ne « décollera » pas...

49 - Ingenieur

Quel est le point commun entre une entreprise en crise et un pays en crise ? Dans les deux cas il faut innover, se démarquer de ses concurrents directs ou indirects. Mais avant d'aller plus loin rappelons ce qu'est l'innovation.

L’innovation
Innover c'est créer, imaginer et concevoir des technologies, des objets ou des services qui apportent un avantage à l'existant. Les innovations, lorsqu'elles apportent un réel avantage à ceux qui les utilisent, peuvent créer un ou plusieurs nouveaux besoins[1] ou redynamiser des besoins existants en stagnation ou en déclin[2]. Une technologie innovante, grâce aux brevets, valorise le créateur (personne morale ou physique) en permettant d'appliquer cette technologie à des cas concrets sous forme d'objets[3] ou de services[4].

Pourquoi innover est la seule issue d'une entreprise ou d'un pays ? Alors que la mondialisation fait rage et que tous les grands pays veulent avoir la maîtrise de tous les domaines[5], l'ancien modèle où certains pays détenaient seuls (ou en petit nombre) une technologie n'est plus d'actualité[6]. La mondialisation, en augmentant les échanges financiers, technologiques et commerciaux, a également servi à uniformiser les besoins et surtout les technologies. Lorsque la concurrence est forte et parfois inégale à cause des salaires, de la législation ou de la fiscalité, les gains s'amenuisent et rendent précaires notre survie. Ainsi, si certaines niches restent encore l'apanage de certains pays ou groupe de pays[7], il ne faut pas croire que la situation durera longtemps. Être leader dans un ou plusieurs domaines n'est plus une garantie dans un monde de libre-échange. Lorsque tout se ressemble, il n'y a d'autres choix que de faire sans cesse mieux et différent : d'innover.

Qui créé l'innovation ?

Poser cette question est se demander qui va nous sauver ? Il y a en fait deux types d'innovations qui sont créés par des populations un peu différentes.

  • L'innovation "lourde" ou de longue haleine, appelée « recherche fondamentale » est effectuée par des chercheurs sans des laboratoires publics[8] ou privés[9]. Ces chercheurs peuvent avoir des profils universitaires ou de grandes écoles d'ingénieurs. La recherche fondamentale se caractérise par son aspect détaché des applications possibles et immédiates.
  • Le deuxième type de recherches consiste à améliorer une technologie, un objet ou un service déjà existant : il s'agit de la « recherche appliquée ». Par exemple, c’est en améliorant très fortement la puissance lumineuse des LEDs qui existent depuis 1962 (utilisées comme simples voyants lumineux jusqu'alors), que les éclairages à LED (plus durables et à faible consommation) remplaceront progressivement les éclairages incandescents, néon et fluorescents.

La recherche appliquée a un gros avantage sur la recherche fondamentale pour ceux qui la finance : les applications concrètes et commercialisables sortent en quelques mois ou années tandis que celles produites par la recherche fondamentale ne sont rarement connues à l’avance et débouchent (ou pas) une à plusieurs dizaines d'années plus tard. Dans ce cadre, il est bien évident que les entreprises privées se contentent de recherches appliquées rentables rapidement, tandis que la recherche fondamentale est le fait d'entités publiques. A l'exception de quelques très rares grosses entreprises. Malgré tout, il est à noter que ce sont souvent les recherches, en apparence, les plus décorrélées d'applications immédiates qui, à long terme, produisent le plus d'innovations. Il est donc indispensable d'investir dans les deux types de recherches. La recherche appliquée est réalisée par des ingénieurs dans des services R&D (Recherches et Développements). Entre parenthèse, ce que l'on appelle service R&D dans les entreprises privées, se limite souvent à la partie "D" (Développement) c'est à dire à la création de produits commercialisables très rapidement et contenant une innovation très modérée.

La croissance est entre les mains des ingénieurs

Après cette longue (et je n’espère pas trop fastidieuse) introduction nécessaire pour bien comprendre les enjeux de la recherche, nous pouvons aborder le cœur du sujet : Vous l'avez déjà compris, notre destin n’est pas entre les mains exclusives de financiers (qui récupèrent les plus hautes rémunérations), mais bien entre les mains des chercheurs et ingénieurs. Ainsi la recherche (fondamentale et appliquée) devrait être au cœur des préoccupations du gouvernement et des entreprises qui sont sensés préparer notre avenir à moyen et court terme.

Le monde ne peut être divisé en usines et centres de recherche !

Notons également que ceux qui nous font croire à un monde segmenté entre ceux qui conçoivent (les ingénieurs des pays développés) et ceux qui fabriquent (la Chine et l'Inde, souvent qualifiés d’”usines du monde”) sont bien surs des illusionnistes ! Les soi-disant pays-usines sont en fait nos futurs concurrents de demain. En fabriquant nos produits, ils apprennent comment ils sont constitués, et voient, par l'œil neuf qu'ils apportent, les améliorations technologiques possibles puis finissent par proposer leurs propres produits plus novateurs. Si cette façon de procéder est de bonne guerre, elle n'en est pas moins réelle et, d'une certaine façon, un peu déloyale. Il est en effet plus simple de comprendre comment marche un produit déjà créé que de le concevoir soit-même de toute pièce, occultant du même coup les années ou dizaines d'années, nécessaires à son élaboration dans sa forme actuelle. Ainsi, il est simple de comprendre pour un ingénieur comment marche un aspirateur cyclonique de marque Dyson pourtant ce dernier a demandé plus de 20 années d'efforts à son inventeur (qui a également mis en jeu ses biens personnels dans l’opération).

Le cas du Japon

Est-il utile de rappeler l'histoire du Japon qui après sa défaite lors de la deuxième guerre mondiale a du reconstruire son économie. Il a commencé par fabriquer des objets de piètre qualité pour l'Occident (montres, jouets, petite électronique, ...). Dans le même temps le pays devenait un roi de la contrefaçon, mais la mauvaise qualité de ses produits lui a valu des chutes de commandes si bien que la priorité du gouvernement Japonais fut de relever globalement les qualité produite par le pays. Le Japon est ainsi donc devenu une référence en matière de qualité[10]. Grâce a cela, il est devenu riche et, fort de ses connaissances en production et contrefaçon, a investit massivement dans la recherche (fondamentale et appliquée). Ce fut rapidement l'âge d'or de l'électronique de pointe du Japon. De grands groupes se sont constitués : Sony, Panasonic, Mitsubishi, Toyota, Honda, ... Il est fort possible que la Chine prenne exactement le même chemin. De nos jours le Japon a perdu de sa superbe car en 1999, le pays a connu une crise financière très grave dont il ne s'est jamais remis ! Décidément l'histoire se répète sans que nous n'en apprenions jamais rien...

Pourquoi la France risque de perdre à ce jeu ?

Discrètement la finance a pris le pouvoir dans le monde et en particulier en France. A niveau d’étude égal, il vaut mieux travailler dans la finance que dans la recherche. Les Polytechniciens l’ont bien compris depuis des années et désertent en majorité la recherche pour la gestion, finance et direction d’entreprise. Aujourd’hui, en France, il faut admettre qu’il faut être fou pour faire de la technique[11] ! Pourtant ce ne sont pas les financiers qui nous sauverons. L’exemple de la Grande-Bretagne qui a beaucoup trop misé sur la finance à bien montré durant la crise toute les faiblesses de son modèle. Les ingénieurs d’hier, qui avaient considération et haut niveau de vie, sont aujourd’hui dans la même posture qu’étaient les ouvriers il y a dix ans : ils sont pressurés, menacés et finalement délocalisés. Nous ne comptons plus les grandes entreprises qui discrètement ouvrent des centres de recherches dans les pays de l’Est, au Maghreb ou en Asie. Cet aspect n’est pas médiatisé. Ceux qui sont aujourd’hui encore employés en France subissent tous les jours cette violence que constitue l’ouverture progressive, sous leur nez et avec leur coopération forcée, de ces centres. Nous nous étonnerons ensuite des suicides soudains chez les ingénieurs.

Le gouvernement actuel a clairement choisi le camp de la finance et ne se prive même pas d’attaques basiques sur les chercheurs « à budget comparable un chercheur Français publie de 30% à 50% en moins qu’un chercheur Britannique dans certains secteurs[12] » a dit le président en janvier 2009. Il applique ici encore, les mêmes recettes d’entreprise (et de financiers) dont on sait qu’elles ne marchent absolument pas : les indicateurs[13]. L’important n’est pas le nombre d’articles mais leur qualité et les brevets que l’on dépose. Ceux qui ont fait de la recherche une fois dans leur vie savent bien qu’il est assez facile de « publier pour publier ». Durant le même discourt la suite de la phrase indique tous le mépris que les puissants ont aujourd’hui envers les chercheurs : « si on ne veut pas voir ca, je vous remercie d’être venus, il y a de la lumière, c’est chauffé… ». Cette semaine le président, dans son discours sur l’enseignement supérieur et la recherche est resté plus neutre dans son langage mais la démonstration d’autosatisfaction de sa politique sur le sujet montre bien que le gouvernement n’a rien compris aux enjeux que nous évoquons ici. Le fait que « les sciences connaissent une certaine désaffection, parmi la jeune génération » est évoqué par le président sans qu’il n’en tire les conséquences…

Voila pourquoi la France est très mal partie pour affronter la grande tempête que qui nous attend. L’époque de « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées »[14] est bien loin. Nous aurons bientôt ni pétrole, ni idées mais beaucoup de chômeurs.

Update 13/05/10:  Voici un article du figaro qui est fort intéressant : Ces patrons qui investissent en France

L’industrie nationale a de nombreux atouts à jouer, alors que la distance peut effacer les gains d’une délocalisation.

La crise contribue à faire évoluer les mentalités. Les entreprises se livrent à des analyses plus fines avant de réaliser un investissement et, éventuellement, de délocaliser ou relocaliser. «Certains industriels partis de France découvrent avec l’expérience les coûts cachés de la délocalisation», analyse Michel Ghetti, président du cabinet de conseil FIE.

Frais de transport, difficultés à gérer une activité à distance, coût de «non-qualité», transferts de technologie, retards, perte de savoir-faire, frais de déplacement des acheteurs viennent atténuer, voire complètement effacer, les gains liés à la délocalisation.

Didier Bouvet, directeur pays francophones de Bucci Industrie, raille «les acheteurs qui prônent les délocalisations, voyagent en première et dorment dans des trois-étoiles en Chine ». Des coûts induits qui, selon lui, ne sont pas assez pris en compte par les grandes entreprises. «Une délocalisation génère en moyenne 20% d’économies. Les coûts cachés effacent 12 points et le solde est souvent compensable par l’amélioration des processus de production», ajoute Michel Ghetti.

Le spécialiste mondial du décolletage, Baud Industries, a ainsi rapatrié en Savoie une partie de sa production polonaise grâce à la robotisation de ses ateliers, qui lui permet de gagner en compétiti­vité face à ses concurrentes. «L’automatisation est un moyen de garder des emplois en France», ajoute Didier Bouvet.

Le retour en France de la production de porcelaine de Geneviève Lethu reste sans doute l’exemple le plus frappant de relocalisation. Le choix de ce spécialiste des arts de la table a été motivé par des problèmes de qualité, des assiettes commandées vert prairie et arrivant vert bouteille.

Certains patrons font aussi du maintien de leur activité en France leur fierté. Patrick Ballu, président d’Exel, le numéro un mondial des pulvérisateurs agricoles, en est l’illustration : «Je me refuse à délocaliser ma production, explique-t-il. Ça ne sert à rien d’aller expliquer aux Chinois comment faire à notre place !» Cette année, son entreprise, qui réalise 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, investira environ 5,8 millions en France, pour y augmenter sa production. Attaqué par les Chinois sur le marché du jardinage, Patrick Ballu résiste en proposant des produits de qualité, résistants et innovants.

Le groupe Liebherr finalise à Colmar la construction d’une nouvelle usine d’engins miniers. L’investissement, de 82 millions d’euros, a été décidé il y a quatre ans. Le retournement du marché (les commandes ont plongé de 40% l’année dernière) n’a pas changé la donne. Alain Boher, directeur général de Liebherr, vante «le savoir-faire des ouvriers, techniciens et ingénieurs, les moyens logistiques disponibles en Alsace. Liebherr est un groupe familial qui investit régulièrement ses bénéfices dans l’outil de production». Et même si les débouchés pour des pelleteuses pouvant peser jusqu’à 800 tonnes et coûter 8 millions d’euros sont pour l’essentiel hors d’Europe. Mais pas question pour autant de délocaliser. «Nos fournisseurs sont en très grande majorité européens, les investissements réguliers faits sur le site nous permettent de rester compétitifs», ajoute Alain Boher.

Au contraire, pour Tiziano Puppini, directeur général d’ASTP, un distributeur d’acier, c’est la proximité du marché qui justifie un investissement de 2 millions d’euros dans une usine à Beauvais (Oise). «Nos poutres, poteaux, ronds à béton en acier sont directement livrés sur les chantiers de construction. Dans notre métier, les coûts de transport sont très importants», précise Tiziano Puppini.

Update du 26/06/10: Voici un article intéressant de futura-science :

Les ingénieurs français à l'heure de la mondialisation : c'est le thème des P'tits déjeuners de la science, une série de rencontres organisée par l'Insa ce jeudi 24 juin à Paris, et dont Futura-Sciences est partenaire. Gérard Duwat, qui observe les ingénieurs à la loupe, nous décrit une population active, bousculée par la crise mais raisonnablement optimiste.

A l'heure d'une certaine sinistrose et de la crainte d'une désindustrialisation des pays européens, qu'ont à dire les ingénieurs français ? Pour le savoir, l'Insa, Institut National des Sciences Appliquées, organise... un petit déjeuner. C'est le troisième rendez-vous de ces P'tits déjeuners de la science, à Paris, au Palais de la Découverte, organisés sur la période 2009-2010. En décembre dernier, on a parlé des femmes dans la science et en mars 2010 de la recherche face à la mondialisation.

Ce jeudi, les intervenants, parrainés par Claudie Haignéré, débattront des ingénieurs français et d'une question : sont-ils performants face à la mondialisation des talents ?

Autour de la table viendront s'installer Philippe Vivien, DRH d'Areva, Stéphane Jobert, DG de Kuribay HR Consulting, Gérard Duwat, responsable de l'Observatoire des ingénieurs au CNISF, Charles Gadea, professeur de sociologie (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) et directeur du Laboratoire Printemps (UMR 8085) et Marie Thiry, ingénieure maintenance à la SNCF (promotion 2009 - Département Génie Electrique Insa de Lyon).

Gérard Duwat, à la tête de l'Observatoire des ingénieurs au CNISF, le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France, est aux premières loges pour prendre le pouls de cette population. Tous les ans, l'Observatoire réalise une enquête de grande envergure qui reçoit 50.000 réponses. Elle permet de suivre le nombre d'emplois, les rémunérations, la nature des postes occupés, les parcours professionnels et même les appréciations des ingénieurs sur leur carrière et leurs fonctions.

C'est à lui que Futura-Sciences a demandé de brosser un état des lieux de cette population, dans une atmosphère de refroissidissement économique.

Y a-t-il une pénurie et crise des vocations ?

Au début des années 2000, nous avons craint un risque de pénurie mais, depuis, la capacité de formation a été augmentée (de nouvelles écoles sont nées, les université forment désormais des ingénieurs...). Le nombre de jeunes ingénieurs a augmenté d'environ 10.000 personnes par an. Aujourd'hui, les écoles en forment 34.000 par an. Il y a maintenant un équilibre entre cette offre et la demande du marché, la situation actuelle rend temporairement l’offre légèrement excédentaire. Quant aux vocations scientifiques elles se sont taries face à l’appel de certains métiers jugés plus faciles d’accès et plus rémunérateurs. Les écoles d’ingénieurs n’en ont pas vraiment souffert, et la crise va replacer les valeurs à leur place. A suivre donc...

Comment évolue la proportion des femmes chez les ingénieurs ?

Il y a actuellement environ 530.000 ingénieurs en France dont 17% de femmes, mais 21% chez les moins de 30-34 ans. Cette proportion augmente faiblement mais régulièrement, les femmes représentent 25% des élèves des écoles. Ceci reste faible comparé aux 50% de jeunes filles des baccalauréats scientifiques. On remarque aussi une différenciation entre les filières. Les femmes sont majoritairement dans les domaines des sciences de la vie, de l'agroalimentaire et de la chimie. Il reste toujours une différence persistante de rémunération, qui ne peut pas s'expliquer entièrement par les conséquences de la maternité sur les parcours professionnels.

Les ingénieurs délaissent-ils l'industrie ?

Actuellement, entre 47 et 48% des ingénieurs sont employés dans des entreprises industrielles. Mais il faut ajouter tous ceux qui travaillent dans des sociétés de service sous-traitantes pour l'industrie. La part réelle du secteur industriel dans l'emploi des ingénieurs est en fait de 55%.

Y a-t-il à craindre que la mondialisation déporte des emplois vers d'autres pays ?

La mondialisation, c'est d'abord une facilité d'échanges à l'échelle de la planète. Cela pose certes de nouveau défis et accentue toute les formes de compétition. il faut donc être les meilleurs ! D'ailleurs, les écoles françaises et les ingénieurs eux-mêmes s'y adaptent très bien. Près de 90.000 ingénieurs travaillent à l'étranger, et parmi eux les deux tiers sont partis de leur propre chef. Aucune frontière ne peut empêcher l'intelligence et le savoir-faire de voyager...

La crise économique touche-t-elle les ingénieurs ?

En 2009, le taux de chômage chez les ingénieurs est passé de 3,4 à 5,4%. Le nombre d'embauches a nettement diminué : 48.400 au lieu de 71.700 en 2008. On observe que le « turn-over » s'est réduit. Les ingénieurs ont eu moins tendance à chercher un autre emploi. Mais on a vu en 2009 une progression de la création d'entreprises par des ingénieurs entrepreneurs mais aussi, il faut le souligner, par des jeunes qui venaient d'entrer sur le marché du travail. Signal positif, 20% des ingénieurs qui avaient perdu leur emploi en 2009 en ont retrouvé un dans le premier trimestre 2009, en CDI pour moitié.

Qu'en est-il de la mixité sociale, une question soulevée récemment avec une proposition de loi ?

Il y a clairement des classes sociales plus représentées à l’entrée des écoles d'ingénieurs, notamment les enfants de cadres mais aussi d'enseignants. Les écoles en sont conscientes et c'est d'ailleurs une de leurs préoccupations. Le système des bourses, accordées le plus souvent sur des critères sociaux, montre son efficacité. Actuellement, entre 26 et 27% des ingénieurs de moins de 30 ans ont été boursiers. Un tiers de ces bénéficiaires affirment que cette aide leur a été indispensables et que sans elle ils n'auraient pas pu mener à bien leurs études.

Globalement, vous semblez optimiste ?

C'est vrai. J'ai trois convictions. La première est que le combat pour la compétitivité de l'économie actuelle peut être gagné grâce aux innovations, domaine de prédilection de l'ingénieur. Le deuxième, c'est que les écoles françaises d'ingénieurs forment très bien leurs élèves, pour l’acquisition des bases scientifiques et techniques bien sûr, mais elles développent surtout l'aptitude à analyser et apporter des solutions aux problèmes complexes. La troisième est que les ingénieurs français, lorsqu'on les interroge, disent majoritairement qu'ils aiment ce qu’ils font et s’y épanouissent. Ils ont par ailleurs quelques critiques à formuler sur l’organisation de l’entreprise. Ce sera pour une prochaine fois...


[1] Comme Internet qui a su se rendre indispensable

[2] Comme les Smartphones ont donnés un nouveau souffle à la téléphonie mobile et les netbooks aux ordinateurs

[3] Exemple : la technologie LED nous offre des écrans de portables et de TV qui consomment moins mais également des éclairages économiques pour la maison

[4] Exemple : la technologie de compression vidéo mp2 puis mp4 a permis la télévision numérique

[5] Comme la Chine qui veut maîtriser l'automobile, l'aéronautique, l'espace, le nucléaire, etc.

[6] Par exemple, autrefois l'énergie nucléaire était maîtrisée que par la France, les russes et les américains

[7] Comme l'Allemagne qui est encore leader dans les machines-outils dont tous les pays producteurs ont besoin comme la Chine

[8] Exemple : CNRS, universités, etc.

[9] Exemple des laboratoires de recherches d'IBM qui ont inventés de nombreuses choses

[10] C'est encore le cas aujourd'hui avec les champions que sont Toyota et Panasonic

[11] Ce n’est pas le cas de tous les pays, les Etats-Unis sont un contre-exemple

[12] Bien entendu, il ne précise pas lesquels, ni si en moyenne c’est également vrai

[13] Ceux qui ont une fois mis les pieds dans une grande entreprise savent que les indicateurs sont une des plus grandes perversions de l’entreprise moderne.

[14] Slogan d’une campagne publicitaire du milieu des années 1970 lors du premier choc pétrolier. Aujourd’hui nous n’avons toujours pas de pétrole et plus d’idées !

mardi 5 janvier 2010

H1N1 : Quelles leçons ?

48 - Vaccin a vendre

Alors que la polémique enfle sur le trop grand nombre de doses achetées ainsi que sur la pertinence du principe de précaution concernant cette pandémie, il est grand temps de tirer calmement des conclusions sur cet épisode que nous venons de vivre et qui se termine.

  • Fallait-il appliquer le principe de précaution ? il est normal de l'avoir appliqué car sinon les mêmes qui crient au loup aujourd'hui auraient vertement critiqués le gouvernement s'il n'avait rien fait. Le problème n'est pas là c'est un faix débat.
  • Fallait-il/Faut-il se vacciner ? On peut dire que sur le sujet on a tout entendu, le meilleur comme le pire et ce, aussi bien du côté des « antis » que des « pros ». Ceux qui disaient que le vaccin était mortel, très dangereux, bourré de puces de géo-localisation, de puces RFID[1], ceux qui disaient que la vaccination était sans danger[2], que les vaccins étaient sûrs, testés et sans risque[3], qu'il était obligatoire que tout le monde se vaccine pour éviter la catastrophe[4], que refuser le vaccin était comme revenir à l'obscurantisme du moyen-âge, que la pandémie serait une hécatombe, que le Tamiflu ne servait a rien en préventif[5], etc. Tous se sont moqués de nous volontairement ou sans le savoir. Avec le recul des évènements, il faut bien dire que, comme toujours, la vérité n'est ni noire ni blanche. La vaccination étant plutôt un choix personnel que chacun doit faire en toute connaissance de cause avec une information juste et objective. Comme c’est le cas pour la vaccination contre la grippe saisonnière, pandémie ou pas. Ce que nous savons c’est que les vaccins ont provoqués 141 morts à fin janvier 2010 et 12053 effets indésirables déclarés.
  • Le gouvernement a-t-il trop dépensé ? C'est tellement évident que je ne comprends même pas qu'il y ait débat sur se point. Même en acceptant l'excuse qu'on pensait nécessaire deux doses de vaccin, il est clair qu'on a beaucoup trop commandé[6]. Les deux injections pressenties au début n’expliquent pas les doses commandées[7]. La seule question est pourquoi ? Sans compter les masques de protection si nombreux et que personne n'a encore vu mais qui ont fait plus que doubler les actions des entreprises fabriquant des équipements de protection individuels[8]. Ce qui est sûr c'est que la pandémie a permis a certains de s'enrichir[9] pendant que nous nous endettions de 1 à 2 milliards d'euros supplémentaires !
  • Taux de vaccination ridicule : la France, malgré ses dépenses massives[10] (y compris en communication, 6,8 millions d'euros dépensés), a un des taux de vaccination le plus faible des pays développés. C'est donc un échec violent.

Quelles leçons en tirer ?

Le vrai problème de l'échec de la vaccination en France est principalement dû a de flagrantes erreurs de communication du gouvernement : en faisant peur aux Français[11], en racontant n'importe quoi sur la pandémie, son évolution, la mortalité réelle de la grippe A, les risques potentiels ou avérés du vaccin, son réel niveau de test, son autorisation de mise sur le marché, sur le contenu et la nature des contrats avec les laboratoires, sur la quantité invraisemblable de vaccins commandés, etc. cela a donné libre cours aux imaginations populaires et suppositions conspirationnistes sur Internet qui furent reprises par les journaux. La méfiance a naturellement cédé le pas sur la raison. C'est une énorme leçon de transparence qu'il faudra tirer de cette affaire. On n'incite pas à la vaccination en cachant, mentant et racontant n'importe quoi ou en obligeant le peuple. On incite en le rendant responsable et en l'informant avec transparence.

Il semble également que nous soyons fort mal organisés et préparés dans le cadre d’une future pandémie car si tous les Français avaient demandés à être vaccinés le plan gouvernemental n'aurait pas donné de bien meilleurs résultats[12]. Je connais nombre de gens qui n'ont toujours pas reçu leur bon de vaccination et d'autres qui viennent juste de le recevoir, alors même que l’on considère que la pandémie est presque finie, c'est dire...

Update 7/03/10: Le JDD via Le Monde indique que la grippe H1N1 aura coûté plus d’un milliard d’euros : doses de vaccins non annulées (370 millions d'euros), les 300 millions de masques (150 millions d'euros), l'achat des antiviraux (20 millions), les seringues et le coton (8,5 millions), la campagne de publicité (5,6 millions), le remboursement aux collectivités locales pour les locaux et les personnes mis à disposition (95 millions), le paiement des 10.000 vacataires (150 millions), l'envoi des 65 millions de convocations aux assurés sociaux (28 millions), l'achat du matériel pour la réanimation des cas les plus graves (5 millions), le traitement des déchets et acheminement des produits (41 millions) et les dépenses liées aux consultations de généralistes (145 millions)

Update 7/07/10: Le 15 juillet que sera rendu public le rapport sur la gestion de la pandémie de grippe A, issu de la commission d'enquête, demandée par le groupe du Nouveau centre. "En plein pont du 14 juillet, quand tout le monde sera parti en vacances", s'insurge l'opposition. Des dysfonctionnements sont bel et bien établis, mais "La question du conflit d'intérêt potentiel entre les experts et les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que celle de l'efficacité préventive du Tamiflu ont été purement et simplement écartées du document final" indique Catherine Lemorton (PS), vice-présidente de cette commission d'enquête.

Update du 14/07/2010: France Soir : “Grippe A – Plus de trois millions de vaccins perdus: La campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 a occasionné une perte de plus de trois millions de doses de vaccin, selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire.”

Update du 26/08/10: Le Monde: “Six cas de narcolepsie chez des personnes vaccinées contre la grippe pandémique A(H1N1) ont été signalés en France, depuis lundi 23 août, à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Cinq de ces cas sont survenus après l'administration du vaccin Pandemrix produit par le laboratoire pharmaceutique britannique Glaxo SmithKline (GSK) et un après l'administration de Panenza de Sanofi-Pasteur (groupe Aventis). "A ce stade, un lien entre la vaccination contre la grippe A(H1N1) et la survenue de narcolepsie n'a pas été établi", souligne dans un communiqué l'Afssaps, précisant que les cas français sont survenus chez 3 enfants et 3 adultes.” “En Europe, la prévalence de la narcolepsie (avec cataplexie) est de 20-30 cas pour 100 000 personnes.” Comme imaginé dans ces colonnes au début de la pandémie… C’est triste.

Update du 5/08/2010: Le Monde : “Un nouveau rapport parlementaire sur la gestion de la pandémie de grippe A souligne les faiblesses de la politique du ministère de la santé face aux laboratoires pharmaceutiques. GlaxoSmithKline (GSK) n'a toujours pas reconnu la résiliation de 369,25 millions d'euros de vaccins par l'Etat ; le laboratoire pourrait saisir la justice.” Quelle professionnalisme !

Update du 1/02/2011: Le Monde : “Fabriqué par le laboratoire GlaxoSmithKline, le vaccin Pandemrix contre la grippe H1N1 a probablement contribué à la multiplication subite des cas de narcolepsie chez les enfants et les adolescents finlandais en 2009 et 2010, a estimé mardi 1er février la plus haute autorité sanitaire finlandaise.”


[1] Puce maintenant minuscule permettant d’identifier un objet, animal ou un homme de manière unique. Sorte de code barre électronique et invisible.

[2] 2600 effets indésirables (dont 83 cas graves) sont reconnus officiellement par l’Afssaps, soit 1 cas pour 1923 personnes vaccinées tout de même !

[3] Un lot de 172 000 vaccins produits par GlaxoSmithKline a été rappelé à cause d’allergies graves au Canada, sujet très peu évoqué dans la presse Française.

[4] L’OMS et le gouvernement ont dramatisé la gravité de la pandémie alors que des dizaine de millions de Français auraient été contaminés, « seuls » 200 morts sont à déplorer contre 2000 à 6000 pour une grippe saisonnière classique. Sans parler du projet gouvernemental envisageant de bouleverser la procédure pénale en cas de pandémie de grippe H1N1 aggravée. Procédure jugée “liberticide” par le syndicat de la magistrature.

[5] Aujourd’hui le Tamiflu est conseillé en préventif. Le groupe pharmaceutique Roche, qui produit le Tamiflu, indique également qu’il est utile en préventif.

[6] On estime que la France a commandé 10% des vaccins mondiaux, 1/3 du Tamiflu de la planète et près de 2 milliards de masques !

[7] Le gouvernement désire vendre aujourd’hui 50 à 70 millions de doses inutilisées mais la simple injection n’explique pas cette vente de 53% à 75% des doses initialement achetées. Le Dr Wolfgang Wodarg, président du comité européen de la Santé a lancé une enquête adoptée à l’unanimité par le comité du Parlement Européen à la Santé. Il aurait critiqué les mesures prises pour lutter contre la grippe A : « un des plus grands scandales médicaux du siècle », « des millions de gens en bonne santé ont été exposés inutilement aux risques d’un vaccin insuffisamment testé ».

[8] Pour exemple : L'action « Sperian protection » a flambé depuis mars 2009 passant de 20€ à plus de 50€

[9] Les laboratoires pharmaceutiques sont les grand gagnants : « Il y a eu en juillet une pression des laboratoires absolument fantastique » indique le professeur et député UMP Bernard Debré. Le président du Groupe d’Expertise et d’Information sur la Grippe est l’un des experts officiels du ministère de la santé dont le groupe est financé à 100% par les laboratoires qui produisent le vaccin. Interviewé, ce dernier déclare ne pas y voir de problème. Les membres du Conseil de l’Europe lanceront une enquête en janvier 2010 sur l’influence des compagnies pharmaceutiques dans la campagne mondiale de grippe porcine, en se concentrant sur les liens de l’industrie pharmaceutique avec l’OMS.

[10] Un coût compris entre 1,8 et 2,2 milliards d’euros. « Le coût est plus que le déficit de tous les hôpitaux français, trois fois le plan cancer, il fallait peut-être un peu plus de prudence » pense Bernard Debré. Il faut ajouter également 375 à 752 millions d’euros de frais de médecins et de prescription de médicaments, 100 millions d’euros pour l’organisation de la campagne de vaccination.

[11] Bernard Debré estime que la mobilisation contre la pandémie « ne servait qu'à nous faire peur »

[12] 7% des Français sont vaccinés contre 60% en Suède dans le même temps ! Pour certains, le centre de vaccination le plus proche était à 15 km de leur domicile. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous avons écoulé seulement 5 millions de vaccins.