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jeudi 16 septembre 2010

La chienlit s’installe, durablement !

Le gouvernement, enlisé dans les affaires Woerth (nous ne parlerons plus de l’EPAD), les soupçons de financement occulte de l’UMP par les Béthencourt, la fausse chute du chômage, la morosité de la reprise économique française, le moral – bas – des ménages, n’a d’autres choix que de détourner l’attention du public. Une petite rébellion de certains ROMs est l’aubaine rêvée pour faire plaisir à un électorat de la droite dure, mais tout cela a-t-il un sens ? Vers où nous dirigeons-nous ?

La priorité des Français n’est pas les ROMs !

Les Français se moquent des ROMs (en majorité), mais aimeraient que le gouvernement travaille d'arrache-pied sur la réduction du chômage, l’arrêt des délocalisations (ou en est le Label France ? En commission d’étude ? Oublié ? Que fait le gouvernement concrètement ?) et le maintient du pouvoir d’achat. Bien sûr, il est plus facile de faire une circulaire discutable et d’espionner illégalement les informateurs des journalistes du Monde pour limiter les fuites que d’améliorer (réellement) les chiffres du chômage par des actions concrètes.

Ainsi, l’affaire des ROMs, si elle est discutable (en pour et en contre), est symptomatique d’un gouvernement à la dérive qui essaye (avec un certain succès) de détourner les yeux du public sur un bilan qui n’a rien de reluisant. Pourtant les dérives sont nombreuses au point de voir tous les pays européens critiquer la France (sauf Berlusconi, pauvre de nous ! En revanche, un “échange très violent” a eu lieu avec Barroso…). Pour se sortir d’affaire, le président indique « Je dois dire que j'ai été très sensible au soutien complet, total et entier une fois encore d'Angela Merkel sur cette question comme sur tellement d'autres » pourtant un diplomate allemand réfute « L'Allemagne n'a, à aucun moment, au cours du sommet européen, fait de quelconques déclarations sur de quelconques camps de Roms ou d'évacuations en Allemagne ». Propos confirmés plus tard par le porte parole d’Angela Merkel. C’est la nouvelle mode du gouvernement : un faux pas, un mensonge. Plus c’est gros, plus ca passe…

Que l’on soit de gauche est de droite, il est intéressant de regarder le nombre de promesses électorales réellement tenues (et non pas celles qui ont juste bénéficié d’effets d’annonces sans suite concrète). Il n’y a pas de quoi rire, même si l’on ne regarde que les mesures qui ne pouvaient pas être impactées par la crise…

Gesticulations

Ainsi, le gouvernement tente de dissimuler son vrai visage par les gesticulations presque militaires. Hélas, cela ne trompe plus. L’affaire Bettencourt a dévoilé de nombreux aspects intéressants :

  • Un doute profond plane sur le financement de l’UMP juste avant l’élection présidentielle

  • Lorsque l’on est généreux donateur de l’UMP, on est écouté et décoré

  • Lorsqu’on est une grande fortune de France, le bouclier fiscal agit plus comme une cape d’invisibilité pour le fisc que comme un bouclier. Le taux d’imposition réel est très bas, très, très en deçà des fameux 50 % dont le gouvernement nous rabâche les oreilles (estimé à 20-30 % maximum)

  • Les grandes fortunes de France peuvent négocier leurs impôts. Essayez de faire de même pour un arriéré de 300 euros et vous verrez si vous pourrez “gratter” un seul centime !

  • Lorsque l’on est ministre est que l’on a favorisé une connaissance, il n’est pas insensé d’en demander une autre (personnelle) en retours

Et alors me diriez-vous ? Il y a eu aussi des passe-droits avec d’autres gouvernements… Certes (étaient-ils de la même nature et ampleur ?), mais ce n’est pas une raison pour admettre cela et le graver dans le marbre comme règle immuable de la politique ! Comment ne pas regretter des personnalités intègres comme Pierre Bérégovoy qui après que la presse ait découvert un prêt personnel à 0 % par un ami (sans preuve, ni soupçon de retours d’ascenseur) ne dormait plus et a finalement terminé comme l’on sait ? Ces hommes avaient tout de même une autre trempe et style qu’un “Casse toi pov’con”…

Mais surtout, il est choquant que le gouvernement nous martèle SA vérité contre toute attente et évidences, comme aux meilleurs jours de l’ex-URSS. La réforme des retraites serait faite avec, comme seul souci, d’être équitable ? Nous n’avions vraiment pas d’autres solutions ? Le gouvernement est-il encore capable de donner des gages d’équitabilité alors que ses actes prouvent le contraire de manière insistante ? Un minimum d’honnêteté, quelque soit notre tendance politique, nous fera répondre par la négative ! Quant au bilan économique durant la crise, nous savons maintenant que le plan de relance a été d’une efficacité pitoyable, selon le Figaro : “Le coût du plan sur les finances publiques est estimé par la Cour des comptes, pour 2009 et 2010, à 1,4% du produit intérieur brut (PIB). En comparaison, son impact sur la croissance est évalué à environ 0,5% en 2009.”. “Le plan de relance français a coûté bien plus aux finances publiques qu'il n'a rapporté en termes de croissance, mais il a contribué à limiter la baisse de l'investissement et les faillites d'entreprises”. Ouf ! Enfin, “la Cour pointe toutefois quelques «entorses faites aux principes intiaux». Ainsi, les entreprises publiques, qui devaient réaliser un effort d'investissement de 4 milliards, n'ont finalement investi qu'environ 1 milliard en 2009”. Tout est dit !

L’allongement de la retraite n’était pas la seule solution. C’est juste un choix de société ultra-libéral

Même si, comme je le montrais dans un précédant article d’Ezra Klein du Washington Post (journal américain et républicain donc pas vraiment de gauche ! D'ailleurs, nous verrons plus loin que la gauche, en France, prône globalement les mêmes idées que la droite), l'idée selon laquelle il faudrait travailler plus longtemps parce que nous vivons plus longtemps n’est pas du bon sens, mais un choix idéologique :

  1. L'augmentation de l'espérance de vie est en grande partie la conséquence d'une baisse de la mortalité infantile soit une augmentation potentielle du nombre des cotisants à condition qu'ils aient du travail, ce qui constitue la clé de la question, le travail se faisant rare.

  2. Par le passé, dans le même temps que l’espérance de vie augmentait, l'âge du départ à la retraite a baissé : ce qui prouve bien que, dans les faits, lier l'âge de la retraite à l'espérance de vie est loin d’être si évident

  3. De nombreuses études montrent que l'espérance de vie moyenne cache d'importantes disparités et que, en particulier, moins le statut social est élevé et plus l’espérance de vie est faible : il serait donc normal que les titulaires de hauts revenus cotisent proportionnellement davantage que les titulaires de faibles revenus puisque les titulaires de revenus élevés auront la chance, eux, de percevoir plus longtemps leur retraite !

Ainsi, considérant ces trois points simples, la question des retraites, contrairement à ce que le gouvernement (et certains socialistes !) nous fait croire, n'a rien de technique et d’évident. Il s'agit, au contraire, d'un choix politique et de société qui s'inscrit en droite ligne de la logique du système que nous subissons depuis des dizaines d'années et qui consiste à privilégier les titulaires de hauts revenus au détriment des autres en faisant croire à ces derniers qu'il n'y a pas d'autres possibilités ! Sur ce point, le gouvernement ne porte pas seul cette responsabilité, mais s’inscrit, de manière plus radicale, dans la ligne de conduite même des socialistes lorsqu’ils étaient au pouvoir. Hélas, nous ne sommes pas prêts d’avoir des hommes politiques qui travaillent pour la majorité des Français, car tous, plus ou moins favorisent le milieu d’ou ils viennent : la minuscule partie, aisée, de la France.

Mais également…

Pas encore convaincu sur la désinformation que nous subissons concernant les retraites ? Notez alors ces deux autres informations :

  1. Les entreprises du CAC40 payent 2,3 fois moins d’impôts sur le bénéfice que les petites et moyennes entreprises (PME) d’après un article de La Tribune (14 décembre 2009). Ceci grâce à une fiscalité avantageuse et de nombreuses niches fiscales. Rappelez-vous, les PME sont le premier employeur de France pendant que la très grande majorité des entreprises du CAC40 délocalise. Remettez au même niveau les impôts de ces entreprises avec celui des PME et l’argent des retraites sera trouvé !

  2. 10 milliards d’euros par an, c’est ce que coûte à la France l’exonération de l’Impôt sur les Sociétés des plus-values à long terme de cession de titres de participation. 6200 entreprises ont bénéficié de cette taxation à taux réduit de 0 % depuis le 1er janvier 2007. Introduite par l’UMP dans le collectif budgétaire de 2004 (discrètement), cette exonération représente plus du tiers du produit net de l’impôt sur les sociétés de 2008 ! Voilà un avantage fiscal qui ne rapporte aucun emploi (bien au contraire, en fait) et qui est particulièrement injuste et injustifié.

Nous ne citerons pas la défiscalisation des heures supplémentaires, véritable scandale en période de chômage (4 milliards), ni les niches fiscales concernant l’impôt sur le revenu des particuliers (34,2 milliards), ni la TVA à 5,5 % de la restauration, qui coûte beaucoup plus qu’elle ne rapporte (2 ou 3 milliards), ni le bouclier fiscal (18 764 contribuables se sont partagés, en 2010, 679 millions d'euros!), etc, etc, etc…

Que l’on nous dise plus qu’il manque de l’argent pour les retraites et même la sécurité sociale !

Que l’on nous dise encore qu’il manque de l’argent pour notre retraite et que nous devons travailler plus longtemps ! On pourrait le dire si toutes les économies citées ci-dessus (et bien d’autres encore) avaient été faites. La vérité est que des arbitrages de société ont été réalisés à notre place (souvent dans notre dos), favorisant les riches et les grands groupes au détriment de nos retraites et des PME. C’est le choix du gouvernement, son projet de société ! Ces distributions gratuites d’argent (sic)  n’étaient pas indispensables, ni inévitables.

Une crédibilité nulle, sur tous les dossiers

Le gouvernement brille par son inefficacité et par une crédibilité réduite comme peau de chagrin. Maintenant, que la réforme des retraites soit équitable ou non, n’est plus, hélas, la question ! Pourquoi ? Parce que cette réforme proposée par des gens douteux est devenue douteuse elle aussi. Elle pourrait être la meilleure réforme du monde (ce qui n’est pas le cas) que cela n’en serait pas différent. Nous en sommes là… Comme dit Dominique de Villepin. « La chienlit au sommet de l'État » ! Villepin convient également que l’affaire des ROM n’est qu’“un écran de fumée” et juge que “la déchéance de la nationalité, ça concerne qui? Au maximum deux ou trois personnes par an. Ce n'est pas ça lutter contre l'insécurité. D'autant qu'au même moment on diminue les effectifs de la police.” Une fois encore tout est dit, nous pouvons le constater tous les jours sur le terrain. Qui a dit : “Lorsqu’on est mauvais dans un domaine, il faut vite communiquer haut et fort l’inverse !”? Et ca marche !

Que ferait un gouvernement responsable dans une telle situation ?

Il démissionnerait bien sûr ! Hélas, dans notre cas, il n’y a pas de risque ! Le gouvernement a compris qu’une (grande) majorité de Français ne l’approuve plus, que la presse n’a plus de complaisance à son égard (même le Figaro) et que son bilan n’est visiblement et réellement pas brillant.

Que va-t-il faire s’il ne démissionne pas ?

Nous pouvons parier qu’il va faire un virage brusque, coûte que coûte, vers le noyau dur de son électorat : la droite extrême. Les ROMs en sont les victimes et la plus belle illustration. Nous pouvons également nous attendre, jusqu’à la fin du mandat, à une ribambelle de mesures (et le retour des contre-mesures) toutes plus injustes que discutables, mais plaisant à une droite dure et aux amis personnels du gouvernement et de l’UMP en général. Autant dire que cela va être “Rock’n Roll” !

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