Après le suicide de lundi 28 Septembre 2009, le PDG de France Télécom s’est rendu sur place. Après une entrevue avec les syndicats, en regard aux propositions qui lui ont été remontées, le PDG a annoncé la fin de la mobilité interne fortement recommandée tous les 3 ans. Depuis nous avons appris que ce ne serait qu’une suspension jusqu’au 31 Octobre…
Il faut savoir que cette histoire de mobilité tous les trois ans est un grand classique dans les grands groupes. Certains l’utilisent, plus intelligemment, comme durée minimale pour prétendre (pour un employé) changer de poste. Ceci étant justifié par le fait qu’il est difficile d’être efficace à un poste si l’on n’y reste moins de trois ans.
En temps de crise, la limite des trois ans est transformée parfois en 3 ans maximum ce qui est ridicule. En effet, si à moins de 3 ans dans le même poste l’entreprise y perds, à plus de trois ans, elle y gagne ! Quelqu’un de bien formé qui connaît le métier et toutes ses astuces est un gain. Il y a toutefois une limite : lorsqu’un salarié est depuis trop longtemps au même poste il risque de perdre de sa motivation ou de ralentir le rythme (de s’encroûter pour parler trivialement).
Toutefois la limite est floue car différente pour chaque personne. Il y a même des cas ou les employés restent motivés et efficaces après de très longues années. Dans ces cas précis, le point le plus à craindre étant le manque d’imagination et de nouveauté qu’apporterai du sang neuf (même débutant) dans la fonction.
Pour en revenir au cas de de l’opérateur historique, on pourrait craindre, au vu des nombreux témoignages d’employés, que cette ‘astuce’ soit utilisée comme épouvantail forçant les plus anciens à partir. Dans cette hypothèse nous serions dans la partie la plus absurde et inhumaine du management moderne. Une telle attitude, en plus d’être immorale, est contre-productive. En effet, les clients de l’entreprise en garderont une bien mauvaise image, ce qui, nous le savons tous, est un point cher à (re)conquérir. Pourquoi certaines entreprises dépensent-elles des millions d’euros en sponsoring ? Pour l’image de marque ! Les clients sont donc impactés, certes, mais pas uniquement, les futurs candidats de talent fuiront l’entreprise car symbole de casse sociale et d’immoralité notoire. Appauvrissement en forces vives, découragement des employés épargnés, fuite des clients, voila les conséquences réelles d’un tel management (en plus de son immoralité). Il s’agit donc d’un mauvais plan… à long terme.
Evidemment, dans le cas improbable que le but soit de passer de 100 000 employés à, disons, la moitié en un temps record (pour que cela coûte le moins possible), ce plan serait peut-être rentable. Mais immoral et générateur de gâchis divers et variés. Rentabilité immédiate ? Oui mais a quel coût pour le moyen et long terme. Nous connaissons tous l’histoire d’une grande entreprise de télécommunication qui après que son PDG est déclaré vouloir “une entreprise sans usine” n’en finit plus de chuter (en bourse et en résultats financiers). Pour les dirigeants de l’époque, aucune sanction, au contraire (bonjour les parachutes en or). C’est bien là le problème. Les décideurs d’aujourd’hui ne sont pas les payeurs de demain, il auront même droit à l’absolution !
Mobilité forcée au point mort chez France Télécom mais pour combien de temps ? Messieurs les journalistes, c’est vous qui avez la réponse à cette question…
Source: http://eco.rue89.com/2009/10/08/france-telecom-derriere-les-suicides-les-conges-en-fin-de-carriere
Update du 5/10/09: Le numéro 2 de France Télécom est viré. Dommage d’avoir attendu si longtemps pour s’apercevoir qu’il n’était pas à la hauteur… On ne peut s’empêcher de penser que le numéro 2 était bien pratique comme fusible. Qui vient ensuite ?
Update du 6/10/09, le PDG de France Télécom stoppe la mobilité jusqu’à la fin de l’année. Il indique par ailleurs que la mobilité future ne concernera plus les employés n’ayant plus que 3 ans avant la retraite et ne pourra s’appliquer dans les cas où les 3 ans au même poste n’est pas encore atteint (sic !). Ca va bien faire avancer le problème ca…
Update du 8/10/09: d’après Rue89 les chiffres des suicides sont faux ou mal comptabilisé et il y aurait jamais eu aussi peu de suicides:
- 2000 : 28 suicides pour un effectif de 130 000 (taux de suicide : 0,21%)
- 2001 : 23 suicides pour un effectif de 122 000 (0,18)
- 2002 : 29 suicides pour un effectif de 116 500 (0,24)
- 2003 : 22 suicides pour un effectif de 116 000 (0,19)
- 2004-2007 : n.c.
- 2008 : 12 suicides pour un effectif de 92 000 (taux de suicide : 0,13%)
- 2009 : 12 suicides à la date du 1er octobre
Update du 15/10/09: Nouveau suicide d’un salarié de FT. Il s’agit d’un ingénieur en recherche et développement.
Update du 30/11/09: Un médecin du travail démissionne chez France Télécom. Un article du Parisien indique qu’ils seraient une dizaine à avoir démissionnés. D’après ce médecin rien n’aurait changé sur le terrain.
Update du 19/02/10: Encore un suicide chez France Telecom. Le salarié décédé est un dessinateur-projeteur de 53 ans travaillant dans l'est parisien. Ceci porte a 6 le nombre de suicide en 2010. Heureusement que l’entreprise s’en occupe…
Update du 26/02/10: Deuxième suicide de la semaine chez France Télécom (tous les deux sur le site de Lens). Ceci porte a 7 le nombre de suicide en 2010. Mais que foutent-ils à France Télécom ?
Update du 11/03/10: Un homme de 44 ans s'est suicidé dans la nuit de mercredi à jeudi. «C'est la consternation et l'incompréhension la plus totale», témoigne Christian Pigeon, du syndicat Sud-PTT. Salarié dans l'Unité d'assistance technique (UAT) de Lille, ce père de trois enfants, était un cadre «unanimement apprécié, qui avait une progression de carrière remarquable», d'après la direction de l'entreprise, qui n'exclut «aucune piste sur les causes du drame».
Update du 12/03/10: Un rapport de l’inspection du travail accuse l’opérateur d’être en partie responsable du suicide d’un de ses agents dans le Doubs. Nicolas, jeune technicien énergie-climatisation, est muté d’office dans une unité d’intervention chargée de dépanner les clients de France Télécom en janvier 2009, « Alors qu’il a été laissé seul face aux clients (…) et qu’il n’a pas reçu de formation théorique adéquate à son nouveau métier, notre enquête a montré que les objectifs commerciaux et de productivité de Nicolas étaient les mêmes que ceux assignés au groupe, et qu’évidemment il n’arrivait pas à atteindre certains de ses objectifs », accuse l’inspection du travail.
Update du 17/03/10: la justice vient d'ouvrir une information judiciaire pour "homicide involontaire" à propos du suicide du jeune technicien Nicolas.
Update du 24/04/10: Le Parisien : “Toulouse : un salarié de France Télécom se jette d'un pont. Un salarié de France Télécom a été transporté à l'hôpital dans un état grave après avoir tenté de se jeter d'un pont surplombant la rocade de Toulouse en milieu de matinée. Un porte-parole de France Télécom a confirmé l'information révélée par France 3 Sud indiquant que la victime était un «salarié d'une équipe d'intervention technique basée à Toulouse et intervenant sur la Haute-Garonne». «Ce salarié n'avait pas de problème, à notre connaissance, avec ses collègues ou avec sa hiérarchie, nous n'avons pas de détail sur son état et souhaitons de tout cœur son rétablissement», a indiqué le porte-parole de l'entreprise.”
Update du 11/05/10: Le NouvelObs indique que “Un cadre supérieur de France Telecom âgé de 57 ans s'est donné la mort dans la nuit du lundi 10 mai au mardi 11 mai à son domicile de Marcq-en-Baroeul, près de Lille, apparemment pour des raisons personnelles, a-t-on appris auprès de l'entreprise. Il s'agit du deuxième suicide en deux jours d'un salarié de l'opérateur dans l'agglomération lilloise. Lundi, le corps d'un technicien de 52 ans avait été retrouvé à son domicile de Loos.” “35 salariés de France Télécom se sont suicidés en 2008 et 2009.”
Update du 15/07/2010: Le Monde : “C'est un geste symbolique fort : Stéphane Richard, le nouveau directeur général de France Télécom, a décidé mardi 13 juillet de classer le suicide il y a un an d'un salarié en accident du travail, malgré des avis défavorables de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et d'une commission interne.”
Update du 01/09/2010: Le Monde : “"Attention ! Le site auquel vous tentez d'accéder est classé dans une catégorie interdite car il ne présente pas d'intérêt professionnel." Depuis une dizaine de jours, les salariés de France Télécom ne se heurtent plus à cette interdiction de se connecter, à partir de leur poste de travail, au site de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées.”. Quel progrès ! On voit qu’ils font un vrai travail de fond sur les problèmes de suicide chez France Télécom !
Update du 10/09/2010: Le Parisien indique que 5 suicides supplémentaires en une semaine : “Depuis janvier 2010, 23 salariés du groupe qui compte plus de 100 000 salariés en France se sont suicidés. Fin 2009, une vague de suicides avait mis au jour une grave crise sociale à l'intérieur du groupe. Au total, direction et syndicats ont dénombré 35 suicides, certains sur le lieu de travail, en 2008 et 2009.” Aussi, est-on en droit de se demander si France Télécom ne se fiche pas du monde sur la question des suicides car en 8 mois nous en sommes a 23, soit, si la tendance continue : 35 à la fin de l’année !
Update du 8/12/2010: Le Post indique qu’un cadre technique, père de famille, marié et père d’une fille de 13 ans, avait été muté, d’Alès à Nîmes, contre sa volonté et était contraint d’exercer un métier qui n’était pas le sien dans une agence commerciale. Depuis sa mutation, le quinquagénaire était dépressif. Selon sa demande, il avait été mis en disponibilité pour deux ans avant de réintégrer, en août dernier, France Télécom. Il s’est suicidé Dimanche.
1 commentaire:
Nous assistons à un effet de "loupe médiatique". Les chiffres des suicides à FT sont exactement les mêmes que dans la société en général, ce qui est donc triste mais sans surprise. Les causes ne sont pas plus des raisons externes à l'emploi ( famille, utilisation de psychotropes etc...) ou professionnelles, conditions de travail, ostracisme par les syndicats etc).
Quand à la mobilité dans l'entreprise, si il y a bien un secteur ou c'est pertinent c'est les télecoms. La technologie révolutionne le marché tous les ans.
Si les employés de FT ne sont pas heureux des conditions fantastiques qu'ils on en comparaison aux Français moyens ils peuvent toujours démissionner, ils y a des millions de gens qui aimeraient en profiter...
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