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samedi 29 janvier 2011

Le néolibéralisme face au mur des réalités

A lire sur Polémia:

Le XXe siècle a été marqué par la victoire intellectuelle et politique de la gauche, mais aussi par la chute du communisme en Europe. Le XXIe siècle a commencé par la prise du pouvoir par la super-classe mondiale en Occident, sous domination anglo-saxonne, au nom de la révolution néolibérale.

Mais au train où va le monde le XXIe siècle risque d’être marqué également par la fin de l'idéologie libérale en Occident. Car comme le marxisme, le libéralisme se heurte à son tour au mur des réalités.

Dans l'histoire européenne, le libéralisme a d'abord rimé avec la démocratie. Les libéraux s'opposaient aux traditionalistes et prônaient la libération du commerce et de l'industrie comme moyen de réaliser le bonheur sur terre, voire de conduire les Etats vers la paix par le « doux commerce ». Mais ils prônaient aussi la liberté du commerce des idées et la liberté politique.

Libéralisme et démocratie : la fin d’une convergence

Il y avait donc convergence entre la théorie économique (l'intelligence du marché et de l'échange libres : plus ils sont libres et transparents, plus ils prennent de bonnes décisions car les acteurs économiques sont mieux informés) et la théorie politique (la loi de la majorité débouche sur de meilleures décisions que tout autre régime politique).

A l'origine, le libéralisme n'est pas une idéologie d'importation et il y a une école libérale française ancienne qui tire son origine de la Fronde et de la lutte contre l'absolutisme. Mais le spectacle des débordements de la Révolution de 1789 va ancrer chez certains le principe de la supériorité absolue du modèle politique et économique anglais et bientôt américain (voir notamment à ce sujet le livre Les révolutions de France et d'Amérique, de Georges Gusdorf) sur celui de l'Europe continentale. A fortiori face aux effets désastreux de la mise en œuvre du communisme et de la social-démocratie dans la seconde moitié du XXe siècle, le libéralisme incarnait encore la défense de la propriété privée et la libération de toutes les contraintes étatiques.

Le messianisme anglo-saxon a fait perdre la raison au libéralisme

Le problème majeur tient justement au fait que le libéralisme a perdu la raison quand il a rencontré le messianisme anglo-saxon au XXe siècle et qu'il a hérité de sa prétention ridicule à incarner le bien absolu dans tous les domaines, quand le communisme s'est effondré. C'est alors « la fin de l'histoire » diagnostiquée un peu vite par Francis Fukuyama.

Le libéralisme est alors devenu le discours des maîtres : il est passé du stade de la théorie – économique voire sociale – à celui de l'idéologie, c'est-à-dire un discours qui sert des fins politiques. C'est pourquoi aujourd'hui l'idéologie libérale s'est mise au service de l'oligarchie, de la super-classe mondiale, et se détache de plus en plus de la démocratie. Les néolibéraux considèrent les peuples comme des obstacles sur la route du gouvernement mondial, c'est-à-dire du leur, bien sûr. Tocqueville doit se retourner dans sa tombe…

C'est justement cela qui est en passe d'être soumis au jugement de l'histoire.

Comme le communisme a tenté de monopoliser à son profit la question sociale qui émergeait au XIXe siècle, l'idéologie libérale instrumente des principes de bonne économie, mais au service d'un projet politique de pure domination.

Oui, il vaut mieux des prix libres que des prix administrés. Oui, la concurrence doit être recherchée de préférence aux monopoles. Oui, les déficits publics doivent être combattus. Oui, l'intervention publique dans l'économie peut déboucher sur des effets pervers. Oui, la bureaucratie est étouffante. Mais ce qui est en cause ce ne sont pas ces principes – dont beaucoup renvoient à la sagesse des nations – mais le fait que l'idéologie libérale soit frappée d'hybris et de cécité.

Or les idéologues libéraux n'acceptent aucune contradiction, car leur libéralisme est désormais un système intellectuel fermé sur lui-même.

L’idéologie libérale : un raisonnement de défense circulaire à l’image de celui du communisme

L'idéologie libérale reste très prolixe, en effet, lorsqu'il s'agit de critiquer l'économie dirigée sous toutes ses formes. Parce qu'elle est un discours très efficace pour mettre en accusation les institutions ou les politiques, quelles qu'elles soient, en particulier les politiques redistributives. Elle est au sens propre une idéologie révolutionnaire, que les socialistes saluaient d'ailleurs en leur temps comme préparant la route à la révolution communiste. Il suffit de relire le Manifeste du parti communiste !

Les intellectuels libéraux sont aussi très forts pour expliquer le passé : ils trouvent toujours des racines étatiques aux crises du marché ! On l'a vu lors de la dernière crise financière : c'était la faute aux subprimes, donc aux politiques publiques conduites en faveur de l'accès préférentiel des « minorités » au crédit. Pas au marché qui a pourtant donné massivement la préférence aux actifs toxiques.

En bons idéologues, les intellectuels libéraux retombent toujours sur leurs pieds, comme les chats. Si ça marche, c'est grâce à la libération du marché. Si ça ne marche pas, c'est parce que le fonctionnement du marché a été perturbé par l'intervention publique. A ce jeu intellectuel, la réalité se trouve vite écartée.

Il faut dire que, comme dans les pays occidentaux l'Etat – même aux Etats Unis – intervient toujours plus ou moins dans l'économie et le social, il n'est pas difficile de trouver des arguments en faveur de la thèse.

Si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances ce n'est pas que les principes soient mauvais, c'est, au contraire, qu'on ne les a pas assez mis en œuvre : le genre de raisonnement circulaire – propre à tous les doctrinaires – de ceux qui expliquent que l'URSS ne représentait pas le vrai communisme…

Les effets du libre-échange : chômage, désindustrialisation, immigration

L'idéologie libérale reste aveugle au réel d'aujourd'hui. Nous sommes assurés avec elle de mourir en bonne santé économique et morale…

Comment ne pas s'interroger, en effet, devant les effets du libre-échange adopté par l'Union européenne : chômage, désindustrialisation, immigration ? Qui peut sérieusement prétendre que cette ouverture, mise en application concrète de l'idéologie du libre-échange, produit les effets bénéfiques escomptés par la théorie des avantages économiques comparatifs ? L'économiste Maurice Allais a pourtant clairement établi la connexion entre le chômage en Europe et ce choix du libre-échange mondial – sous l'influence anglo-saxonne d'ailleurs. Mais c'est vrai qu'on l'a réduit au silence à partir de ce moment là. « Maurice Allais : la mort d’un dissident »


L’Asie et les Etats-Unis, eux, se protègent

Comme il est curieux que les pays qu'on nous présente comme des parangons de la révolution libérale, soient en réalité ceux qui se protègent le plus – par des dispositifs les plus variés ou tout simplement par la distance culturelle – de la concurrence mondiale et notamment européenne : Etats-Unis, Asie. Est-ce à dire que la concurrence ne produirait pas toujours les effets bénéfiques escomptés quand les termes de l'échange sont par trop inégaux ? Ou que le protectionnisme pourrait produire des effets positifs ?

Il est quand même remarquable qu'aucun pays ne mette vraiment en œuvre de politique économique reposant totalement sur le principe « laisser faire, laisser passer ». Et pour cause : tout ordre politique suppose de réaliser le contraire de ce fameux principe : il suppose notamment des frontières et d'édicter des droits et des obligations spécifiques en faveur de certaines catégories de personnes, autant d'obstacles à la transparence ou à la non-discrimination.

La « société ouverte » n’existe nulle part

Le débat réel ne porte donc que sur le degré de libération de l'économie que l'on préconise. Il faut alors se rendre à l'évidence : la « société ouverte » défendue par les théoriciens libéraux, paradigme qu'ils opposent toujours à l'enfer de la société fermée, n'existe nulle part. Ce qui devrait quand même conduire à nous interroger. Si on ne la rencontre pas, ne serait-ce pas parce que ce modèle est justement inhumain ?

Que dire des effets réels des mesures de déréglementation et de réduction des charges pesant sur les entreprises initiées à partir des années 1990, quand le chômage de masse a commencé de progresser en Europe ? Ces mesures, inspirées du mot d'ordre libéral « Trop d'impôt tue l'impôt », étaient censées « libérer l'énergie des créateurs de richesses » – car l'idéologie libérale a aussi sa langue de bois ! – et permettre à nos entreprises de mieux affronter la concurrence mondiale et de sauver l'emploi.

L’idéologie libérale trouve ses plus chauds partisans au sein de la super-classe mondiale

Mais quel est le résultat réel de ces politiques ? L’augmentation de la profitabilité des entreprises et, en même temps, des déficits publics. Car les entreprises se sont restructurées, elles ont réduit leurs effectifs et délocalisé leur production mais l'Etat doit payer les plans sociaux. Comme il doit assumer les coûts de l'immigration qui a servi à limiter les coûts salariaux de ces mêmes entreprises. Pendant ce temps l'écart des salaires, lui, a explosé partout en Occident.

Il faut en vérité une certaine dose d'optimisme – un optimisme déjà raillé par Voltaire dans son Zadig, d'ailleurs – pour qualifier « d'échange moral » un système économique où les profits sont privatisés et les pertes systématiquement transférées aux Etats !

Mais on comprend que l'idéologie libérale trouve de chauds partisans parmi les dirigeants des entreprises transnationales, membres actifs de la super-classe mondiale, toujours prompts à fustiger le conservatisme des Etats et, bien sûr, des autochtones bornés et pas assez mobiles !

Les désastres du « paradis » britannique

Que dire des paradis anglo-saxons toujours vantés par les idéologues libéraux ? La Grande-Bretagne, quel paradis en effet ! : Ce pays n'a plus d'industrie et est devenu une économie de services, financiers principalement ; il n'a plus d'armée, et son modèle social implose sous les coups du communautarisme et de l'islamisme, fruit du dogme de l'ouverture des frontières. Après la révolution thatchérienne, les services publics anglais sont devenus un sujet d'hilarité à l'étranger. Que sont devenus les « miracles » irlandais ou espagnol qu'on nous vantait au début du siècle ? Qui nous parle de la progression de la pauvreté aux Etats-Unis, dont l'affaire des subprimes ne constitue que la face émergée ?

Que dire des effets de la « destruction créatrice » tant vantée par Schumpeter comme ressort de la supériorité du capitalisme ? Les Européens voient bien les destructions mais ne voient pas les créations, si ce n'est la mise en place d'une vague économie de services, dont les emplois sont d'ailleurs de plus en plus occupés par les immigrés de première ou seconde génération.

Le rouleau compresseur de l’esprit mercantile

Que dire d'une société dont les valeurs sont passées au rouleau compresseur de l'esprit mercantile et dont toutes les structures, toutes les traditions ont été « dérégulées » pour les soumettre au modèle états-unien : la fin de l'histoire assurément, mais en poussant son caddy comme dans le terrible roman de fiction de Cormack Mac Carthy, La Route.

Les libéraux expliquaient toujours que les erreurs publiques sont plus graves que les erreurs privées. Mais à l'heure des entreprises transnationales, qui ont des surfaces financières supérieures à certains Etats – sans parler de leur pouvoir d'influence politique – qui peut encore sérieusement soutenir cela ? Qui n'a vu les multinationales menacer les Irlandais de représailles si d'aventure ils maintenaient leur vote négatif lors du second référendum sur l'Europe ? Si le marché est toujours plus intelligent que les Etats, comment se fait-il que les Etats – c'est-à-dire les contribuables – soient appelés au secours des banques à chaque crise financière ?

Une idéologie qui date du XVIIIe siècle

A vrai dire le roi est nu : l'idéologie libérale – conçue pour l'essentiel au XVIIIe siècle – a beaucoup de mal à concevoir le monde du XXIe siècle, qui est devenu un monde de masses, d'oligopoles et de mise en concurrence non des simples acteurs économiques, mais des civilisations elles-mêmes.

Le libéralisme – conçu à une époque où l'Europe était dominante, rurale, où le summum du transport était la marine à voile et où la monnaie était convertible en or ou en argent – a du mal à s'appliquer à un monde globalisé qui fonctionne avec Internet à la vitesse de la lumière et où les « traders » vendent de l'immatériel avant de l'avoir payé. A l'évidence nous ne sommes plus au temps d'Adam Smith.

Déjà du temps de Marx on pouvait nourrir des doutes sérieux quant à la liberté réelle du travailleur « échangeant » sa force de travail contre un salaire. Que dirait-il aujourd’hui, alors que les médias – possédés par les puissances d'argent, c'est-à-dire les banques et les entreprises transnationales – façonnent par la publicité l'esprit public et sont dotés de pouvoirs de sidération sans précédent dans l'histoire : qui peut croire vraiment que le consommateur est libre de ses choix, que l'échange est équitable et que le commerce est « doux » ?

Une théorie et une praxis adaptées à la situation de l’Europe restent à inventer

Comment sérieusement croire que l'Europe va pouvoir « s'adapter », pour faire face à la concurrence des pays émergents qui pratiquent sur une grande échelle à la fois le dumping social et l'espionnage économique, en appliquant les potions libérales ? Pays émergents qui ne se bornent pas, au surplus, à fabriquer des T-shirts mais qui fabriquent aussi des ordinateurs et des fusées et qui regroupent la majorité de la population mondiale et qui constituent à eux seuls des marchés. En faisant en sorte que les Européens acceptent des salaires indiens ou des conditions de travail chinoises ? Qui peut sérieusement se réjouir d'une telle perspective ? Qui peut s'étonner que ce discours ait du mal à passer auprès des autochtones ?

Nous sommes en réalité, nous autres Européens, déjà sortis du circuit économique tel qu'il était conçu par les libéraux. Nous sommes en train de découvrir que la « main invisible » nous pousse sans ménagements excessifs vers la sortie de l'histoire.
Une théorie et une praxis – comme diraient les marxistes – adaptées à notre situation économique réelle restent à inventer !

Michel Geoffroy

A jeter... aux orties !

A lire dans AgoraVox:

Le purin d’orties est un répulsif naturel pour les pucerons et les acariens mais il a d'autres vertus : il sert également d'engrais, il stimule la croissance, et renforce les défenses naturelles des plantes. Il peut être ainsi utilisé aussi en prévention contre certaines maladies. Il est facile à préparer et il est …gratuit !

Et c’est là le problème, afin de nous les revendre à prix d’or, les grands groupes rêvent de breveter tout ce qui se trouve dans le domaine public depuis la nuit des temps. Aujourd’hui tout doit être marchandisé, et les recettes libres de droit échappent à la logique capitaliste. La loi du 1er juillet 2006 et l’entrée en vigueur de l’article 70 de la loi 2006-11 du 5 janvier, interdit, sous peine de condamnation pouvant aller jusqu’à 75 000 euros d’amende et deux ans de prison « de vendre, d’utiliser et de détenir tout produit phytopharmaceutique s’ils ne bénéficient pas d’une autorisation de mise sur le marché ». Ajoutons que « toute publicité commerciale ou le fait d’en recommander l’utilisation » est interdit si ces « produits » ne bénéficient pas « d’une autorisation de mise sur le marché, et dont les conditions d’emploi sont fixées par ces mêmes autorisations »

Un dangereux horticulteur (peut-être de l’ultra gauche !) Eric Petiot s’est retrouvé confronté à la justice, pour avoir écrit des livres dans lesquels il refilait des recettes sur la confection de décoctions naturelles pour soigner son potager. Pourtant toutes ces « recettes » avaient fait leur preuve depuis longtemps ! Le jardinier de Versailles, Alain Baraton, lors d’une émission avait malencontreusement donné la recette du purin d’ortie. Il fut aussitôt rappelé à l’ordre.

Sous la pression de lobbies et d’intérêts privés, l’état et l’Europe interdisent la transmission libre de recettes naturelles et traditionnelles. Bientôt, il sera interdit de faire ses confitures, ou son genépi, car tout ce qui n’est pas explicitement autorisé risque de se retrouver automatiquement interdit.

Sans y prendre garde, sous couvert de prévention et de santé public nos libertés se restreignent chaque jour. Dans les écoles il est également interdit à un enfant de ramener un gâteau fait maison pour son anniversaire. Motif, ce qui est fait à la maison ne correspond pas aux normes d’hygiène alimentaires européennes ! Suite à ça, le maire d’un village par dérision avait interdit les enfants de manger chez eux.

Donc, si les produits naturels peuvent effectivement être dangereux pour la santé, si les recettes de grand mère comportent des risques, si toutes les cuisines particulières ne correspondent pas aux normes pourquoi ne pas les interdire. On interdit de cultiver son jardin, on interdit de cuisiner à la maison, on interdit de bricoler, on…ah non, pardon, le jardin, la cuisine, le bricolage, représentent un chiffre d’affaire important pour les grands groupes de distribution !

Pour le moment, il est donc préférable d’utiliser des produits inoffensifs comme le Roundup ou tout autre produit chimique vendu en vente libre dans le commerce. Attention tout de même à prendre les dispositions adéquates, le port de gants, de masques, et d’avoir le numéro du centre anti poison à portée de main au cas où !

Le purin d’ortie sera sans doute autorisé s’il est vendu en bidon conditionné et agrémenté d’une autorisation européenne. Ou alors, les apprentis biologistes pourront acheter les orties cultivées sous serre chauffée et labellisée, avec de l’eau garantie spéciale « purin ».

Publié dans la catégorie "écologie" sur Conscience Citoyenne Responsable

http://2ccr.unblog.fr/

Robert Gil.

jeudi 20 janvier 2011

Défenseur des droits: le gouvernement veut décapiter la CNIL

A lire sur le blog BugBrother:

Le gouvernement voudrait “préciser le statut du président de la CNIL“, et a déposé 8 amendements (.pdf) afin de modifier la loi informatique et libertés, au projet de loi sur le Défenseur des droits, qui sera discuté à compter de ce mardi 11 janvier à l’Assemblée.

Plusieurs d’entre-eux visent à empêcher le président de la CNIL et ses vice-présidents de pouvoir participer à la prise de décision des sanctions que l’autorité indépendante est habilitée, depuis 2004, à délivrer. Un autre amendement, visant explicitement le président de la CNIL, propose de “transformer cette fonction en emploi public” :

Compte tenu de la charge qu’elle représente, la personne qui en est titulaire ne peut que s’y consacrer pleinement.

Ceci suppose l’incompatibilité de cette fonction avec tout mandat électif national, toute activité professionnelle, et toute détention d’intérêts dans une entreprise du secteur des communications électroniques ou de l’informatique.

Pour Authueil, pseudonyme d’un blogueur et assistant parlementaire très au fait des liens entre informatique et libertés qui, le premier, a signalé l’information sur Twitter, avant d’y consacrer un billet sur son blog, le message envoyé par ce “magnifique cavalier parlementaire” est des plus clairs :

Le gouvernement veut virer Turk de la présidence de la CNIL

Voire : l’amendement précise qu’en cas d’adoption, lesdites dispositions n’entreraient en vigueur qu’à l’issue du mandat du président de la CNIL “en fonction au jour de publication de la présente loi“.

Alex Turk en 2004Sénateur du Nord, membre de la Commission des lois du Sénat et commissaire de la CNIL depuis 1992, Alex Türk est le président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés depuis 2004.

Il fait partie des sénateurs dont le mandat doit être renouvelé en 2011, ce qui, s’il n’est pas réélu, lui coûterait également son poste à la CNIL.

La loi informatique et libertés précise en effet que les commissaires désignés par le Parlement siègent pour la durée du mandat à l’origine de leur désignation, mais également que leurs mandats de membres de la CNIL “ne peuvent excéder une durée de 10 ans“.

Or, Alex Türk y est, lui, depuis maintenant 18 ans. Mais aucun des interlocuteurs à qui j’ai posé la question n’a su me dire si, en cas de réelection, Alex Türk devrait, ou non, quitter la CNIL, dans la mesure où il en est le président.

En tout état de cause, la stature qu’il a acquis au fil des années, et le fait qu’il siège au Sénat, lui ont incontestablement donné un poids que n’aurait jamais pu avoir un haut fonctionnaire absent de la scène politique. La proposition du gouvernement vise ainsi clairement à amoindrir le poids politique de la CNIL.

Comme le soulignait d’ailleurs Bernard Roman, député socialiste du Nord, lors de l’examen des articles du projet de loi organique :

Nous ne pourrons pas faire l’économie d’une discussion sur les moyens dont disposera le défenseur (des droits, NDLR).

Rappelez-vous que la CNIL n’a dû son salut qu’à la pugnacité de son président : ce n’est pas avec des moyens-croupions que l’on défendra la noblesse d’une mission !

De fait, la CNIL est l’un des rares autorités indépendantes chargées de la défense de nos libertés à ne pas être sacrifiées sur l’autel du projet de loi sur le “Défenseur des droits, initié par Édouard Balladur afin de prendre la défense de toute personne “s’estimant lésée par le fonctionnement d’un service public“, et qui permettra, de fait, de mettre un terme à l’existence d’un certain nombre d’autorités, par trop indépendantes, de défenses de nos droits et libertés.

Un “recul important pour la protection des droits humains”

L’objectif est en effet de fusionner cinq autorités administratives indépendantes existantes en une seule : le médiateur de la République, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), la défenseure des enfants, la Halde et, à partir de 2014, le contrôleur général des lieux de privation de liberté.

Or, estime (.pdf) la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), la proposition de nomination du défenseur des droits, par le président de la République, “ne donne pas de gages réels d’indépendance.

Pour Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty international France, le projet de loi marquerait de plus “un recul important pour le respect et la protection des droits humains en France“, à mesure que cette concentration sera de plus “dépourvue des qualités que les citoyens sont en droit d’exiger : indépendance, impartialité, transparence ainsi que des pouvoirs et des moyens nécessaires pour accomplir sa mission” :

Concentrer les attributions de quatre autorités, près de 90 000 dossiers traités en 2009, puis d’une cinquième à partir de 2014 ? Une charge insensée pour un défenseur qui aurait à décider souverainement des situations portées à son attention et n’aurait pas à motiver son refus de s’en saisir.

Quel est l’intérêt de créer un défenseur se traduisant par une perte de garanties, d’expertises ? Par une diminution de la protection des droits des personnes ? La volonté du gouvernement est-elle d’instaurer un défenseur des droits au rabais ?

L’UNSA, qui s’élèvecontre un projet fourre-tout largement inspiré par une volonté d’économies budgétaire“, estime de son côté que “le risque est grand que la mission fondamentale, celle de la défense effective des droits, n’en sorte amoindrie“.

Dans un appel commun, la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature et plusieurs autres acteurs et défenseurs des libertés expriment de leur côté “leur plus grande défiance” vis à vis de ce projet de loi, en prenant l’exemple de ce que deviendra le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté, créé en 2007 afin de se mettre “enfin en conformité avec le protocole additionnel à la Convention contre la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains et dégradants, du 18 décembre 2002” :

Héritier de l’actuel Médiateur de la République, le Défenseur des droits aura avant tout une mission de résolution des litiges, c’est-à-dire de médiation : il interviendra comme tiers dans la résolution de conflits entre un individu et une administration.

À l’inverse, les fonctions du contrôleur consistent à contrôler les conditions dans lesquelles des personnes sont privées de liberté dans un souci de prévention des atteintes aux droits de l’Homme ainsi que des traitements inhumains et dégradants.

La Commission Nationale Consultative des Droits l’Homme avait de son côté souligné les différences entre ces deux approches :

La médiation est l’intervention d’un tiers, par la voie du dialogue, de l’incitation et du compromis, pour faciliter la circulation d’informations ou le règlement d’un différend.

Le contrôle permet de surveiller la bonne application d’une règle de droit et d’en sanctionner la violation.

Il faut sauver le soldat CNIL

J’ai moult fois exprimé mes réserves, et critiques, envers la façon qu’avait Alex Türk d’incarner la protection de nos droits informatique et libertés. Alex Türk est en effet à la vie privée ce que Nicolas Hulot est à l’écologie : une chose est de faire de grands et beaux discours, une autre est d’agir en faisant montre de pratiques à la hauteur de la noblesse de ces discours (voir Alex Türk ou le Nicolas Hulot de la vie privée).

Sous couvert de mise à jour de la loi informatique et libertés, en 2004, il avait ainsi défendu au Sénat l’interconnexion des fichiers policiers, alors même qu’ils étaient hors la loi (avec le résultat que l’on sait : Le quart des 58 fichiers policiers est hors la loi).

Alex Türk en avait également profité pour faire passer un amendement afin d’autoriser la création de fichiers d’auteurs présumés d’infractions par des entreprises privées, et ce afin d’anticiper le mécanisme de surveillance et de sanction de l’Hadopi.

Plus récemment, Alex Türk avait également, en tant que sénateur, voté pour l’Hadopi, puis pour la LOPPSI, validant la substitution, digne de la “novlangue” orwellienne, du terme “vidéosurveillance” par celui de “vidéoprotection, et sans même profiter de son temps de parole pour faire état des critiques que, en tant que président de la CNIL, il avait pourtant proféré à l’encontre de ces deux projets de loi…

Lorsque, en 2010, les Big Brother Awards (BBA) lui décernèrent un Prix spécial du jury, en le présentant comme “le roi de la novlangue de bois“, Alex Türk tenta de botter en touche en remerciant les BBA d’avoir ainsi primé la CNIL, alors que c’était bien lui qui avait été “récompensé” par les membres du jury (universitaires, représentants du Syndicat de la magistrature, du Gisti et autres défenseurs des libertés).

Ceci étant dit, la CNIL n’en a pas moins obtenu bien plus de moyens, humains et financiers, sous la présidence d’Alex Türk. De plus, et fort de sa stature de sénateur et de son ancienneté à la CNIL, Alex Türk est aussi, aujourd’hui, la personnalité publique et politique la plus à même d’être entendue en matière de défense des droits informatique et libertés au Parlement, dans les administrations et les entreprises.

Quel que soit le bilan que l’on peut tirer de sa présidence de la CNIL, rien ne dit que si son président était une personnalité dépourvue de tout “mandat électif national“, il en irait autrement. Mais c’est une lapalissade que d’estimer que plus le président de la CNIL a d’influence dans la société civile, plus le poids de la CNIL sera important…

Force est de constater qu’Alex Türk ne brille guère, au Sénat, par le nombre de ses interventions en séance publique, pas plus que par ses interventions en commission. L’agenda du président de la CNIL est, de fait, chargé, et ce type de cumul de mandats nuit probablement moins à l’activité du Sénat qu’il ne contribue à porter loin la voix de la CNIL.

En tout état de cause, cette façon qu’a le gouvernement de vouloir décapiter la CNIL, dans le contexte très lourd de fusion des différentes autorités indépendantes, témoigne très clairement d’une volonté de provoquer un “recul important pour la protection des droits humains.

Comme l’avaient écrit plusieurs anciens membres de la CNIL en 2004, dans un article qui plaidait pour un renforcement de la loi de 1978, “Il faut sauver la loi informatique et libertés“.

mercredi 19 janvier 2011

Comment les entreprises du CAC échappent-elles aux impôts?

A lire sur 20minutes.fr:

FISCALITÉ - Décryptage des petites astuces des grandes entreprises...

Un quart des entreprises du CAC 40 ne paye pas d’impôt. Aucune triche là-dedans, elles ne font qu’appliquer les dispositifs fiscaux en vigueur.

En octobre dernier, le Conseil des prélèvements obligatoires notait dans un rapport à la Cour des Comptes une «augmentation constante du nombre de dépenses fiscales applicables aux entreprises», en particulier «sensible sur
la période 2002 – 2010». Et chiffrait le coût global de ces mesures à 71,3 milliards d’euros en 2010, contre 19,5 milliards en 2005. Ce sont particulièrement les entreprises du CAC 40 qui en bénéficient: elles sont taxées sur leurs profits à 8%, contre 22% pour les PME.  20minutes.fr revient sur les dispositifs qui permettent aux entreprises d’échapper au fisc.

Une bonne entente entre mère et fille

Pour éviter de taxer deux fois une même entreprise et ses filiales, l’Etat n’impose pas les dividendes distribués par une filiale à sa société mère. Pas de retenue donc si les filiales d’un groupe fonctionnent bien. Et si au contraire elles sont déficitaires? Là encore, une niche favorise l’entreprise mère. Elle peut en effet reporter les pertes de ces filiales en difficulté sur celles des filiales bénéficiaires pour échapper à l’impôt. Coût des deux dispositifs: 34,9+19,5 milliards d’euros = 54,4 milliards.

Jouer avec ses pertes

Il n’y a pas que les entreprises à filiales qui peuvent réduire leurs impôts quand elles perdent de l’argent. Le régime dit «d’intégration fiscale de droit commun» permet à toutes les sociétés de déduire pendant plusieurs années leurs pertes. Elles réduisent leurs impôts de 12% à 16% en moyenne grâce à ce dispositif.
S’endetter inutilement

Quand une entreprise s’endette, elle peu déduire ses intérêts d’emprunts de ses bénéfices, et donc réduire ses impôts. Sauf que le Conseil des prélèvements obligatoires note des abus: les entreprises réduisent volontairement la capitalisation de leurs filiales françaises, où les intérêts sont déductibles des bénéfices, pour les faire emprunter. Les filiales françaises supportent l’endettement des autres et paient moins d’impôts. Si cette mesure était plafonnée, c’est 11,35 milliards d’euros qui viendraient s’ajouter aux recettes de l’Etat.

Thibaut Schepman

lundi 17 janvier 2011

Vers des relocalisations industrielles massives ?

A lire dans Sud-Ouest:

Beaucoup d'éléments amènent les entreprises à réfléchir à des relocalisations de leurs sites industriels en France, que ceux-ci soient délocalisés dans les pays d'Asie, méditerranéens, ou plus à l'est de l'Europe.

Les délocalisations ont été une véritable mode au début des années 2000 et nombre d'industries, principalement les PME/PMI, ont été attirées par la possibilité de diminuer dans des proportions très importantes leurs coûts de production, essentiellement constitués de main- d'œuvre, et d'utiliser des capacités de production plus flexibles et moins réglementées.

Si les délocalisations ont amené des premiers gains sur les coûts de revient de production, elles n'ont pas été couronnées de succès sur d'autres critères de taille : la qualité du produit non constante, les délais de transport importants, la nécessité de sécuriser les approvisionnements par des stocks de sécurité élevés et la gestion de flux internationaux complexes et à risques.

Le supply chain management a permis de prendre en compte cette globalité en s'appuyant sur la gestion des coûts complets, l'analyse des risques et la prise en compte des contraintes environnementales et sociales. Suivant les types de produits, les écarts se situent ainsi dans une fourchette de 10 % moins cher à + 20 % plus cher pour un produit fabriqué en Asie et rendu en Europe par rapport à un produit fabriqué en France.

Des produits « made in France »

Une étude menée récemment par le cabinet Capgemini montre qu'en refaisant les calculs de rentabilité sur la chaîne complète, des PME/PMI s'aperçoivent que les gains escomptés ne sont pas au rendez-vous et que le retour en France ou en Europe de leurs sites industriels permettra d'assurer non seulement une meilleure rentabilité mais aussi une plus grande réactivité face à la demande des consommateurs.

Lectra, leader mondial dans les systèmes de découpe de textile, a ainsi réalisé il y a quelques années une analyse complète sur la rentabilité de ses produits fabriqués à Cestas. Les conclusions ont montré que les scénarios de délocalisation que ses concurrents avaient adoptés n'étaient pas à terme rentables et que la production en France était un atout considérable en termes d'innovation, de protection de la propriété intellectuelle, mais aussi de réactivité vis-à-vis de ses clients. Le tout avec des prix de revient calculés sur toute la chaîne équivalents.

Geneviève Lethu, spécialisée dans le commerce d'articles d'art de la table et de décoration, ne fabrique plus que 10 % de ses produits en Asie, contre 40 % il y a cinq ans. L'entreprise a dû repenser son modèle de délocalisation face aux problèmes de qualité récurrents, d'augmentation des coûts de revient de main- d'œuvre en Asie pour répondre aux attentes sociales, et aux risques importants de contrefaçon. En misant dorénavant sur le « made in France », l'entreprise a retrouvé sa rentabilité.

Idem pour Majencia, leader français fabricant de mobilier de bureau, qui a repensé l'ensemble de son processus de production pour faire des produits français low-cost, et ce en prenant le virage du développement durable. L'entreprise économise ainsi plus de 700 tonnes d'émissions de CO2 par an et possède une gamme de produits entièrement recyclables.

Penser globalement leurs localisations industrielles, en intégrant toutes les caractéristiques du supply chain management, permet ainsi à ces entreprises de pérenniser leur évolution et s'ancrer de façon durable dans leur territoire.

Par l'équipe de recherche en Supply Chain Management à BEM

samedi 15 janvier 2011

Automobile : le "made in Germany" triomphe, le "made in France" dégonfle

A lire dans La Tribune.fr:

La production des constructeurs tricolores en France a chuté de moitié par rapport à 1993. Renault y assemble 20,5 % à peine de ses voitures.

Étrange paradoxe. Les constructeurs français ont probablement réalisé des ventes mondiales record l'an dernier. Pourtant, le « made in France » se porte mal. Délocalisation, quand tu nous tiens... Certes, la production de voitures particulières de Renault et PSA a crû dans l'Hexagone de 20 % sur les neuf premiers mois de 2010 à 1,26 million d'unités. Mais, c'était par rapport à une année 2009 exécrable. Et, même ainsi, la production 2010 en France accuse un déficit de 1,2 million par rapport à 2005 !

Une constatation malheureuse s'impose : entre 1993 et 2009, la production des usines françaises des deux constructeurs tricolores a chuté carrément de moitié. Fâcheux. Et ce, d'autant que, dans le même temps, les volumes fabriqués par les constructeurs allemands outre-Rhin ont crû de plus de moitié, aidés il est vrai par l'intégration de l'ex-RDA. Conséquence : la France est devenue importatrice nette de véhicules, alors que l'Allemagne exporte environ 50 % de plus qu'elle n'importe.

Renault délocalise massivement

PSA produit 37 % de ses voitures en France, mais... Renault 20,5 % seulement, contre 33 % pour Volkswagen en Allemagne. La firme au losange est du coup l'une des championnes mondiales de la délocalisation (voitures fabriquées dans des pays à bas coûts et réimportées vers l'Europe occidentale). Le comble pour l'ex-Régie nationale, dont l'État reste l'actionnaire de référence ! Le gouvernement français ne s'est d'ailleurs alarmé de ce phénomène qu'au début 2010, lorsqu'étaient dévoilés les projets de Renault sur la délocalisation de la future Clio en Turquie !

Certes l'internationalisation joue son rôle. Mais, pas seulement. PSA produit ainsi en République tchèque ses petites Peugeot 107 et Citroën C1, en Slovaquie son minispace C3 Picasso. Mais, ses petites berlines C3 et DS3 restent assemblées en France, comme ses 206 + et une bonne partie des 207. Chez Renault, par contre, on n'a aucun scrupule. La Twingo est produite en Slovénie, les Dacia en Roumanie et au Maroc, une grosse partie des Clio en Turquie. Et ce n'est pas tout. Le minispace Modus et les Mégane sont réalisés en Espagne. Le nouveau haut de gamme Latitude provient de Corée. Pour remplacer, quoi qu'en dise le constructeur, la Vel Satis.

Mieux : si PSA fabrique encore 85 % de ses moteurs et transmissions (15 à 30 % de la valeur d'un véhicule) en France avec 10.400 salariés, Renault n'y produit que... 28 % de ses organes mécaniques avec 4.700 salariés seulement !

Triste symbole de cette désindustrialisation française : l'usine Renault de Sandouville. Ce site normand des années 1960, spécialisé dans la gamme « noble » c'est-à-dire moyenne supérieure et haute de Renault (Laguna, Espace et naguère Vel Satis), s'enfonce dans la crise. Il a épongé quatre semaines de congés forcés pour les fêtes de fin d'année et devrait subir 60 à 70 jours de chômage partiel en 2011, selon les syndicats. L'usine aura fabriqué l'an dernier 4,5 fois moins de véhicules qu'en 2004. Et ses effectifs ont plongé de 5.300 à 2.300 salariés !

mardi 11 janvier 2011

Aux Etats-Unis, Sanofi-Aventis licencie...par téléphone

A lire sur Le Parisien.fr:

«Vérifiez vos boites mails le mardi 2 décembre à partir de cinq heures du matin». C'est par cette petite phrase dans le mail de vœux pour Thanksgiving qu'a commencée une procédure de licenciement d'un nouveau genre pour les employés de Sanofi-Aventis aux Etats-Unis. Deux mails différents ont été envoyés par le groupe pharmaceutique français.

Point commun des deux messages un numéro à joindre : le 800. Leur différence, c'était l'heure à laquelle il fallait le faire : 8 heures ou 8 heures 30. Au bout du fil un standard automatique. Les premiers sont conservés dans l'entreprise. Les seconds au nombre de 1 700 apprennent leur licenciement par un standard vocal leur ordonnant : « d'arrêter de travailler immédiatement ». Seule précision, la date de la paye. Tous ont touché leurs salaires le 31 décembre avec une prime de départ. Une employée avec un an et demi d'ancienneté explique avoir touché « treize semaines de dédommagement plus quelques avantages ». Le jour même, une entreprise extérieure à Sanofi-Aventis avait pour mission de récupérer voitures, ordinateurs ou autres avantages de fonction. Une déshumanisation totale de la procédure de licenciement que Jack Cox, directeur des relations avec les médias justifie par « l'ampleur du plan mis en place ».
Cette restructuration des centres de recherche et de développement du groupe s'explique par l'OPA de 18,5 milliards de dollars lancée par Sanofi-Aventis sur le groupe pharmaceutique américain Genzyme. Avec la levée des brevets sur ses médicaments pour des pathologies fréquentes et la production de médicaments pour des pathologies plus pointues, prises en charge par des spécialistes, le quatrième groupe mondial du secteur doit couper dans ses effectifs de visiteurs médicaux.
En France, la direction a annoncé un plan de sauvegarde de l'emploi qui prévoit la suppression de 916 postes. Une démarche surprenante pour les syndicats, qui rappellent que le laboratoire génère les plus gros profits du CAC 40 (en 2009 avec 8,5 milliards d'euros). Reste à savoir comment ces licenciements vont être annoncés.

samedi 8 janvier 2011

Couper dans les dépenses publiques ou pas?

A lire sur le Blog de Bernard Girard (Docteur en philosophie et consultant en Management):

Couper dans les dépenses publiques ou pas?

Les dirigeants occidentaux sont aujourd’hui partagés entre deux grandes stratégies pour sortir de la crise : les européens ont fait le pari de l’austérité, de la réduction des déficits et des dépenses publiques, les américains ont fait celui, inverse, de la relance par l’augmentation de la dépense publique et donc des déficits.

L’opposition est franche, massive. Elle a une dimension politique qu’on ne saurait négliger. Le gouvernement britannique, que l’on pourrait présenter comme le plus enragé à couper dans la dépense publique, vient d’être élu par des forces conservatrices soudées dans la volonté de revoir l’Etat social, le gouvernement américain, élu par des forces de gauche, doit compter avec ses soutiens, notamment les syndicats qui n’accepteraient certainement pas une politique trop restrictive.

Mais au delà de cette dimension, qui est naturellement déterminante, ce sont des analyses de la crise et des analyses macro-économiques qui s’opposent et dont je voudrais ce matin vous parler.

On trouve une première opposition entre ceux qui pensent qu’une crise financière peut exploser de nouveau à tout moment et ceux qui pensent que les mesures prises jusqu’à présent et les régulations en préparation devraient nous éviter ce retour de flamme. Pour les pessimistes, que l’on trouve beaucoup en Grande-Bretagne, peut-être parce que ce pays est le site européen de la finance et en connaît mieux que quiconque les faiblesses, les Etats très endettés, d’autant plus endettés qu’ils ont du sauver les banques en 2008 et 2009, ne pourraient intervenir en cas de nouvelle crise, il est donc important d’assainir rapidement les finances des Etats pour leur rendre cette capacité d’intervention. A contrario, il est pour les optimistes surtout urgent de relancer la machine économique, sans trop se soucier de l’endettement des Etats.

Il y a une autre opposition entre macro-économistes, entre, d’un coté, des économistes qui sont souvent, mais ce n’est probablement qu’un hasard, d’origine italienne, comme Alberto Alesina, qui enseigne aujourd’hui à Harvard, Silvia Ardagna, elle aussi de Harvard, Francesco Ciavazzi qui enseigne à Milan, Marco Paganno, qui enseigne, lui à Naples, tous économistes qui militent pour une réduction forte des dépenses publiques, à l’image de ce que vient d’annoncer le gouvernement britannique, et de l’autre, des économistes qui travaillent aux Etats-Unis, comme Paul Krugman ou Olivier Blanchard, qui est aujourd’hui au FMI après avoir longtemps enseigné au MIT, qui sont plutôt favorables à une intervention massive des Etats pour sortir de la crise.

Leur débat qui s’est longtemps déroulé dans les enceintes académiques passe aujourd’hui par les pages éditoriales des grands journaux et celles des sites spécialisés dans la publication d’articles que les chercheurs écrivent à destination d’un public cultivé. Leur opposition porte sur le rôle de la dépense publique et sur la place à faire à l’inflation.

De manière classique, Paul Krugman, dans un article publié en octobre dernier dans le New-York Times, s’en prend à ce qu’il appelle la mode britannique de l’austérité fiscale : British fashion victims, les victimes de la mode britannique. Son argument est somme toute assez simple : la réduction des déficits dans une période de chômage et d’inflation basse ne peut qu’accroitre les difficultés. Quand le gouvernement britannique annonce qu’il va supprimer 490 000 emplois publics alors qu’il y a du chômage dans le secteur privé il va affecter durement la consommation et retarder la reprise. Il faudrait, dit-il, faire exactement le contraire : dépenser de l’argent public pour favoriser la relance des investissements et de la consommation. Ce n’est qu’une fois l’économie remise sur les rails que l’on pourra se soucier d’équilibre budgétaire.

Krugman reprend donc l’argument classique des Keynésiens : des coupes trop sévères dans les dépenses publiques conduisent à une contraction de la demande qui produit du chômage et freine les investissements des entreprises. Conclusion : si l’on veut sortir d’une crise, il ne faut surtout pas que l’Etat coupe dans ses dépenses. L’idéal serait même qu’il puisse mettre la main à la poche même si cela doit entraîner un regain d’inflation. Argument dont on retrouve l’inspiration dans un texte théorique que le FMI et son économiste en chef, Olivier Blanchard, ont publié en juillet dernier.

Ce texte, Rethinking macro economic policy, est important parce qu’il signale une évolution de la position des économistes officiels, au moins de ceux du FMI. Il comprend deux parties :

d’abord un mea culpa des économistes, de ce qu’on appelle les macro-économistes. Nous n’avons pas été, disent-ils en substance, été assez attentifs, nous avons trop facilement cru que nous avions compris comment fonctionnaient les économies ;

Et, ensuite une révision des thèses orthodoxes sur l’inflation que l’on trouve dans une des conclusions de ce texte qui nous explique au fond que des politiques visant à réduire l’inflation à zéro privent le politique de l’arme monétaire. Pas question que le taux d’intérêt tangente le zéro de le baisser pour, de manière classique, relancer l’activité.

Face à ces positions, on trouve ceux que j’appelais tout à l’heure, pour simplifier outrageusement, les Italiens pour lesquels il en va tout autrement. Leur raisonnement est tout différent (voir, par exemple, Alesina, Adagna, Large changes in fiscal policy : taxes versus spending, 2009). Ils disent, d’abord, qu’on a plus de chance d’atteindre l’équilibre budgétaire en réduisant les déficits qu’en comptant sur la croissance. Ce qui n’est guère surprenant. Ils assurent, ensuite, ce qui est plus étonnant que la réduction de la dépense publique n’est pas forcément un obstacle à la croissance. Et ils avancent deux grandes raisons.

Les dépenses publiques, nous disent-ils d’abord, augmentent le coût du travail et réduisent les bénéfices des entreprises, ce qui veut dire baisse des investissements. Ils ont calculé qu’une augmentation de 1% de la dépense publique entraînait une baisse de 0,15% du poids des investissements dans le PIB, ce qui conduit en 5 ans à une réduction de 0,74% de ceux-ci. Cet effet, disent-ils, est renforcé lorsque cette augmentation des dépenses publiques est surtout le fait de l’augmentation des salaires des fonctionnaires, ce qui est logique : l’augmentation des salaires de fonctionnaires entraîne en général une augmentation des salaires du secteur privé.

Ensuite, nous expliquent-ils, les réductions de dépenses publiques n’ont pas l’impact qu’on dit sur les investissements. Ils sont là en totale contradiction avec les keynésiens. Leur raisonnement met en avant les anticipations des acteurs économiques. Les coupes dans les dépenses publiques dans les périodes difficiles, comme celle que nous traversons actuellement, sont, disent-ils, un signe que le gouvernement est 1) décidé à revenir à l’équilibre budgétaire et 2) déterminé à réduire la pression fiscale, l’un allant bien sûr avec l’autre. Tout cela incite, disent-ils, les agents économiques à investir.

Il y a là, au fond, deux idées dans leur raisonnement. Selon la première, moins d’impôts veut dire que les investisseurs tirent un meilleur retour de leur investissements et ont donc plus intérêt à investir. La seconde, un peu différente, est que ces politiques de réduction des dépenses diminuent l’incertitude des agents économiques : ils savent que le pouvoir politique va tout faire pour réduire les impôts. Il y a réussira plus ou moins, mais la tendance sera dans ce qui est, à leurs yeux, le bon sens.

On peut s’accorder sur ces deux idées : il est vrai qu’un taux d’imposition trop élevé sur les bénéfices tout comme un trop grande incertitude sur l’imposition à venir peuvent freiner l’ardeur des investisseurs. Faut-il en conclure que les coupes dans les budgets publics sont la meilleure solution pour relancer aujourd’hui l’activité? Le raisonnement que l’on retrouve chez de nombreux économistes allemands est au fond assez simple : grâce aux baisses d’impôts, l’argent que le secteur public ne dépense pas est réinjecté dans l’économie privée qu’il dynamise et dont il relance la croissance. Soit! Mais un investisseur, industriel, financier, se détermine-t-il exclusivement en fonction des taux d’imposition? Non, bien sûr que non. Il regarde aussi les taux d’intérêt. Si ceux-ci sont trop élevés, il n’investit pas. Ce qui donne à la banque centrale une arme quand ceux-ci sont élevés: elle peut les réduire pour justement inciter les agents économiques à investir. Cette baisse des taux peut alors compenser les effets négatifs d’une baisse de la dépense publique sur l’activité.

Mais quand on est, comme c’est aujourd’hui le cas, dans une période de taux d’intérêt très bas, qu’on ne peut donc plus les baisser, les coupes dans les dépenses budgétaires ne peuvent qu’avoir des effets négatifs. La baisse de la pression fiscale a peu de chance de compenser la baisse de la consommation. Dit autrement, ce n’est pas parce que les entreprises paieront peut-être un peu moins d’impôts demain qu’elles vont oublier que les 490 000 fonctionnaires dont le gouvernement britannique veut se séparer sont autant de consommateurs qui réduiront leurs dépenses s’ils ne retrouvent pas immédiatement un emploi.

Tout cela reste naturellement un peu théorique et l’on aimerait pouvoir vérifier ces thèses sur des exemples concrets. Ceux que j’ai appelé les Italiens s’appuient sur plusieurs articles, notamment sur un papier de Giavazzi et Pagano publié en 1990 (Can severe fiscal contractonsbe expansionary? Tales of two small countries, NBER), qui analyse les expériences de l’Irlande et du Danemark. Ces deux pays, comme beaucoup d’autres à la même période, s’étaient trouvés dans les années 80 avec une dette publique importante et des taux d’intérêt élevés. Et il semble que la réduction de la dépense fiscale ait précédé une période d’expansion. Mais ces analyses sont contestées par Paul Krugman et d’autres qui leur reprochent, notamment, de ne pas tenir compte de l’effet taux d’intérêt dont je parlais à l’instant. Et l’on entre ensuite dans des discussions techniques sur les données retenues dont je vous ferai grâce.

Derrière ces discussions, plane l’ombre de l’inflation dont certains redoutent le retour mais que d’autres accepteraient sans trop d’inquiétude. On sait ce qu’a coûté la lutte contre l’inflation dans les années 70, et beaucoup ne veulent surtout pas la voir revenir. Mais de bons économistes y voient une manière de résoudre une des difficultés que soulignaient Alesina et ses collègues quand ils mettent en avant les risques d’une augmentation des coûts salariaux.

Ces difficultés de trancher entre deux politiques si radicalement différentes n’est pas sans poser de problème. On attendrait d’une discipline scientifique qui prétend conseiller le prince un peu plus de certitudes sur des sujets de ce type. Or, on a le sentiment d’un certain désarroi. La crise a fait tomber les certitudes les mieux assises. Et si l’économie n’est pas capable de donner de conseils aux politiques, on ne peut que s’inquiéter. Est-ce que cela ne veut pas tout simplement dire que l’économie n’est souvent utilisée que pour justifier des positions décidées par les politiques pour de tous autres motifs? Les économistes ne seraient alors que des avocats spécialisés dans l’art de trouver des arguments pour convaincre cette partie de l’opinion qui attend des politiques autre chose que la poursuite des intérêts particuliers. Ce qui est une conclusion un peu décourageante.

vendredi 7 janvier 2011

Ces trentenaires qui n'ont plus envie de se lever pour bosser

A lire sur Eco89:

Ils ont des diplômes, un job, un bon salaire… mais s'ennuient à mourir, découvrant sur le tard les affres de la quête de soi.

Alexandre a un parcours plutôt classe : il est diplômé d'une grande école de commerce parisienne, après avoir effectué un parcours universitaire et scolaire à l'étranger. Son CV a de la gueule et c'est une mince consolation. Sa vie professionnelle l'ennuie terriblement (il n'en voit pas le bout).

Alors qu'il méprise la comptabilité, il a travaillé trois ans à la direction financière d'un groupe de luxe suisse. Il vient de quitter son poste, pour faire « à peu près la même chose » en France.

Alors que fin 2009, 17,3% des moins de 30 ans étaient au chômage, de nombreux trentenaires, qui ont décroché un contrat indéterminé, n'arrivent pas à s'en réjouir. Enfants gâtés ? Alexandre, 30 ans, n'a pas l'air d'être difficile. Pourtant, les postes qu'il occupe le lassent. Il a appris à tuer le temps :

« Je suis un forum américain depuis bientôt six ans, où les mecs balancent leurs videos Youtube. La sérendipité guide mes parcours wikipédiesques. »

Des bandes de potes s'envoient au moins cent mails par jour, articles ou vidéos « lol » (cet article fera peut-être l'objet d'un mail). Ils sont des Adrien Deume à l'heure du web, vivent d'eau fraîche et de procrastination, et ne travaillent qu'une fois au pied du mur. Diagnostic ? Ils se sont trompés de métier :

« Pendant mes études, j'ai suivi les modes, audit et banques, et ai mis du temps avant de me défaire de ce comportement panurgien. »

Le poids du diplôme, et les parents qui surinvestissent

Sandra Gaviria, sociologue de la jeunesse, explique que beaucoup de trentenaires, « quand même pas la majorité », se sont laissé guider par « la contrainte économique », oubliant « l'authenticité de soi ». Ils ont suivi, comme Alexandre, la route du CDI, sans se poser de questions :

« En France, il y a un poids du diplôme très important. Une pression
particulière. Et les parents surinvestissent souvent le parcours de
leur enfant. Il faut du courage pour aller contre eux. »

Lucie Davoie, psychologue du travail, évoque elle aussi « le poids des diplômes » et rappelle que Bourdieu décrivait déjà une noblesse d'Etat française qui puisait « la conviction
de sa légitimité dans le titre scolaire ».

Ici, la jeunesse est vécue comme un « placement », alors qu'elle est, pour les Danois, « une recherche de soi » avec option tâtonnements et faux pas, comme l'établissent notamment les travaux de Cécile Van de Velde.

L'ouverture d'esprit ou l'argent des parents peuvent en sauver certains. Alexandre :

« Mon ami Julien, lui, est prof de français au lycée. Il a eu la chance d'avoir des parents aisés et qui l'encourageaient à poursuivre sa voie. Chez moi, c'était “une vie comme papa, pour avoir le train de vie de papa”. »

Bac S, prépa, grandes écoles : la trilogie infernale

De nombreux jeunes Français soignent donc leurs CV, comme des nouveaux-nés. Il faut enchaîner Bac S, prépa, grandes écoles. Rafaël Vivier, fondateur de Wit-Associés, un cabinet de chasseurs de tête, voit tous les jours défiler des victimes de la trilogie infernale. Ils officient dans le conseil, le droit, l'audit, la gestion, le marketing ou la finance, et sont en quête de sens et de sensations.

« Certains se demandent pourquoi ils travaillent toute la journée, comme des acharnés, pour faire bouger un cours de Bourse de un euro dans la journée », dit Rafaël Vivier. Les futurs « néo-ruraux » veulent tout plaquer pour aller élever les moutons dans l'Eure, d'autres rêvent de devenir barman dans le Sud, confectionneuse de colliers et de sacs dans le Marais ou commissaire de police.

Alexandre, lui, aurait aimé être batteur, « parce que j'aime l'instrument, c'est tout. Et vivre comme artiste c'est quand même autre chose… ».

Ce syndrome « J'aurais voulu être un artiste » qu'on nommera « Plamondo » est très répandu chez ces trentenaires. Céline, directrice de clientèle dans la grande conso, 33 ans, « coincée entre le client et le créatif », « passe-plat inutile dans un secteur insensé », est devenue actrice. Cela lui a permis de « se rassembler », mais elle gagne très peu d'argent.

Enfin, il y a ceux qui veulent être « utiles ». Ils rêvent de bosser dans le paramédical, l'entrepreneuriat social et les ONG. C'est le cas de Marie qui a lâché son poste dans l'immobilier pour reprendre des études de psycho. Sur les bancs de la fac, elle s'est fait deux autres copines trentenaires, en reconversion elles aussi. Le chasseur de tête Rafaël Vivier :

« Depuis la crise, je trouve que les jeunes ont plus d'audace. Ils hésitent moins à se lancer. Mais, plus ils gagnent d'argent plus c'est dur de bouger. Entre la prime de 50 000 euros et l'épanouissement personnel, ils ont du mal à choisir. »

La plupart d'entre eux n'osent pas tout plaquer. Ils essaient de se « construire » en-dehors de leur boulot. Enchaînent les concerts, les livres et les dons aux associations caritatives.

Diplômée à bac+5, Claire emballe les cadeaux du patron

Parmi les trentenaires (ou quasi) qui ne se sont pas trompés de voie, l'insatisfaction prospère aussi. A 26 ans, Claire n'est pas complétement déprimée parce qu'elle a réussi à « mettre les deux pieds dans le cinéma », mais elle souffre de « surqualification » chronique.

Fière détentrice du master 2 en stratégie de la communication, « le cinquième de France », elle vient de démissionner d'un poste d'assistante de production ascendant secrétaire. Un jour, son patron lui a demandé d'aller acheter du papier cadeau et d'emballer un livre pour son frère : « Je l'ai fait. C'est la loi de l'offre et de la demande. Les bac+5 prennent le boulot des bac+3, etc. » (Claire aime le cinéma coréen et elle surpasse la plupart de ses supérieurs en cuture gé).

Aujourd'hui, l'assistante master 2 gagne à peine plus que le smic et la moitié part dans son loyer. Le job bien payé et épanouissant, « ce sera pour quand je serai grande », sourit-elle. Une réaction que connaît bien la sociologue Sandra Gaviria :

« C'est un autre motif d'insatisfaction : un quart des jeunes sont déclassés. Les jeunes sont désenchantés, parce qu'ils se rendent compte qu'ils gagneront moins que leurs parents, alors qu'ils ont fait de longues études. De nombreux jeunes actifs doivent vivre en coloc. »

En plus d'être mal payés, ils sont souvent infantilisés. Entrés tard sur le marché du travail tard, ils aimeraient être vite pris au sérieux. Des salariés comme les autres, or « on » les ramène constamment à leur condition de junior.

Des bêtes sensibles qui veulent des chefs doux et maternants

« Ah, pauvres jeunes, c'est terrible ce qui leur arrive », se dira peut-être le lecteur à ce point… « Je n'arrive pas à savoir si nous subissons beaucoup ou si nous ne supportons rien ? », se demande Claire.

Ces trentenaires sont en effet des petites bêtes très sensibles, qui ont tendance à ne rien supporter. Enfants de la génération Y, la moindre contrariété les mine. Ils ne supportent pas bien les ordres et veulent des chefs doux et maternants.

Sandra Gaviria trouve aussi qu'ils ont tendance à se plaindre avec emphase :

« Ils ont conscience de leurs difficultés et n'arrête pas de l'exprimer. Ils se sentent autorisés à se plaindre, ce qui est bien, mais cela a des limites. Le pessimisme va loin. »

Car ce n'est ni la première génération, ni la dernière à être désabusée par le marché du travail. La solution intemporelle à la déprime professionnelle : tomber amoureux, comme l'exprime le héros d'« Un monde sans pitié », d'Eric Rochant, dans le générique du film.

jeudi 6 janvier 2011

Comment la France a tué mon envie d'entreprendre

A lire dans Rue89:

J'ai actuellement 34 ans et je me considère comme un vétéran de la guerre contre l'administration. Je vais vous raconter les deux pires années de ma vie.

Ayant appris à faire des sites internet en autodidacte, je décide en 2008 de créer une entreprise pour développer cette activité, car je souhaite aussi que les sites web de ma ville soient moins affreux. Pour un webdesigner, ces sites font en effet « mal aux yeux ».

Un ami retraité de la fonction publique (impôts) m'indique que fiscalement, le plus intéressant pour moi est de créer ma micro-entreprise. Je me renseigne également à la chambre de commerce et d'industrie de la ville de Sète, où l'on m'explique que je devrai payer l'Urssaf, mais sous forme de forfait trimestriel. On ne m'a jamais parlé d'autres charges supplémentaires.

L'image idyllique du statut d'auto-entrepreneur

Durant l'année, tout ce passe plutôt bien. J'achète pour 5 000 euros de licences et je débute mon activité. Je me rends toutefois rapidement compte que je n'ai pas la patience nécessaire avec les clients que je qualifierais de pénibles (ceux qui ne sont jamais contents et qui, au final, essayent de vous arnaquer).

Mes premières cotisations tombent et, sans aucun problème, je paye avec un fond de caisse au minimum mais suffisant pour tenir un an.

En décembre, j'entends parler du statut d'auto-entrepreneur avec le portrait idyllique que nous en a tracé le gouvernement. Me servant principalement de cette entreprise comme d'un apport supplémentaire par rapport à mon principal travail de salarié, je me dis que cela me conviens parfaitement. Du coup, en janvier 2009, je m'inscris. Les problèmes commencent, ainsi qu'une bataille administrative sans fin…

Dès les premier mois, je suis surpris car je ne reçois aucun courrier de confirmation ; pourtant mon inscription avait marché car le site web m'avait indiqué que j'étais inscrit. J'avais correctement rentré mon numéro Siret et fait toutes les démarches. Connaissant l'efficacité de notre belle bureaucratie, je me dis que ça ne va pas être rapide… Je continue donc à facturer mes clients sans me poser de questions supplémentaires.

Accumulation de charges

Quelques mois plus tard, je reçois une lettre d'une caisse pour les professions libérales et artisanales. Ne fabriquant pas de chaises, je me dis qu'il y a un problème. D'autant plus que la somme demandée dépasse les 1 500 euros, ce qui n'est pas prévu dans ma trésorerie. Je les contacte donc et ils m'indiquent que je suis sous les statut libéral et non auto-entrepreneur !

Ils se montrent néanmoins à l'écoute et réalisent que je suis de bonne foi. J'apprends aussi qu'il y a eu un problème lors de l'inscription de centaines de futurs auto-entrepreneurs en janvier 2009. Ma chance habituelle ayant encore frappé, je comprends que je fais partie du lot.

Ensemble, nous remplissons un dossier de contestation et quelques jour plus tard, je reçois une lettre de confirmation m'affirmant que je suis bien revenu au stade de la micro-entreprise. Fou que j'ai été de les croire…

En septembre 2009, je reçois un courrier de leur part et de l'Urssaf disant que je dois au total plus de 3 000 euros. Je prends peur et je décide en toute hâte de fermer l'entreprise avant que la situation n'empire. Je fais donc les démarches administratives afin que tout soit réglé le plus vite possible, les courriers étant envoyé en recommandé bien sûr. Toujours pas de nouvelles, je m'inquiète et commence à ressentir sur ma santé les effets du stress, je suis obligé de prendre un arrêt maladie d'un mois pour dépression en fin 2009.

Opacité des organismes sociaux

Début 2010, tout s'enchaîne : je reçois encore une lettre de cet organisme, des lettres de commandement de payer de l'Urssaf et une lettre de la Cipav [Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d'assurance vieillesse, une caisse de retraite pour professions libérales, ndlr] qui me demande de payer plus de 400 euros de charges.

Panique à bord, d'autant plus que il m'est impossible de contacter la Cipav : les deux seules fois où j'ai réussi à les avoir, on m'a raccroché au nez en me disant que j'étais un incompétent et que je ne pouvais avoir raison. Impossible pour nous, pauvres entrepreneurs honnêtes, de faire valoir notre droit.

En février 2010, je débute un diplôme universitaire dans le droit social. Les intervenants nous content les mérites des organismes sociaux, moi je rigole et leur prouve que c'est du grand n'importe quoi. Même les professeurs de droit sont choqués et l'un d'entre eux se charge du dossier. Grâce à lui, tout s'arrange durant un temps.

Mais il ressort que l'Urssaf n'a jamais reçu le moindre de mes courriers. Pour eux, je suis toujours en régime micro alors que pour la Cipav, je suis en libéral. Devant ma bonne foi et les preuves dont je dispose, un accord est trouvé avec l'Urssaf et mon entreprise est signalée comme fermée le 31 décembre 2009, soit six mois plus tard.

On me confirme que les autres organismes sociaux seront informés de ce qu'il s'est passé et que désormais, je n'ai plus rien à faire et que je serai remboursé du trop perçu. Là aussi, je fais les démarches nécessaires, mais ce qui suit me fait encore halluciner.

Mon compte bancaire est bloqué

Je reçois un courrier me disant que sur l'année 2008 (je ne sais toujours pas pourquoi cette année-là) je dois être remboursé de 648 euros. Enfin une bonne nouvelle, mais de courte durée… En effet, le remboursement ne venant pas, je décide de les appeler tout les jours afin d'obtenir une réponse. J'apprends en juillet que ne toucherai finalement que 298 euros car les charges de 2009 ont été retenues. Ensuite, on me demande de payer environ 50 euros ; finalement, je ne serai remboursé que de 248 euros. C'est toujours ça de pris, maigre consolation pour la galère que je viens de traverser.

Surprise en novembre 2010 : je reçois une lettre d'huissier m'informant que je dois payer sans délai la somme de 428,57 euros à la Cipav. De plus, je reçois une lettre du Trésor public qui me demande de payer 502 euros pour l'année 2009. Le Trésor public, fidèle à sa réputation, fait une demande de saisie deux semaine plus tard alors que je suis en train d'être conseillé par un juriste spécialisé par la question. Mon compte bancaire est bloqué.

Je panique et je ne vois pas de solution à ce problème. Nous sommes le 30 novembre 2010, et je pense au suicide en me disant que sauter du quatrième étage serait la solution pour arrêter enfin ce cauchemar. Mais une amie me sauve en parlant avec moi durant une heure. Il va donc falloir que je trouve un autre travail pour rembourser un de mes proches qui fait l'avance. Concernant la Cipav, j'ai adressé un courrier de contestation et au moment où j'écris ces mots, j'attends la réponse.

Deux dépressions, du stress et une envie de suicide

En conclusion, ce système à tué mon envie d'entreprendre. J'ai passé plus de 90% de mon temps à me battre contre des gratte-papiers totalement incompétents. Mon entreprise a été fermée mais avec un déficit de caisse de - 1 600 euros. Je n'étais certes pas très patient avec les clients difficiles, mais l'administration ne m'a pas laissé le temps d'apprendre le métier de commercial.

Si un jour je dois remonter une entreprise, ce ne sera certainement pas en France. Je vais essayer de trouver une formation diplômante en informatique et je pense quitter le pays après ça. Au total, j'ai connu deux dépressions, des crises de stress à la limite de l'ulcère, et une envie de suicide.

Mon entreprise avait un statut hybride : moitié micro-entreprise, moitié libéral-artisan. Je conseille à ceux ou celles qui veulent se lancer dans l'aventure de bien y réfléchir à deux fois avant. Quant à moi, cette aventure a été un vrai cauchemar, tout ça parce que j'ai voulu faire les choses honnêtement et payer les impôts que je devais au nom de la solidarité nationale. Solidarité que je n'ai jamais connu cela dit en passant…

mardi 4 janvier 2011

Manuel Valls, agent secret de l’UMP ? (maj)

Alors que le pays tremble pour ses emplois et que cela devient la première inquiétude des Français, Manuel Valls, lui, n’a rien compris : il fait le jeu de l’UMP, affirmant le symbole d’une gauche caviar qui ne descend dans la rue que pour monter dans sa voiture avec chauffeur. Décidément, les politiques n’ont vraiment plus rien en commun avec les Français…

Dimanche matin, Manuel Valls a voulu créer le buzz en critiquant sans tabous les 35 heures, héritage parfois embarrassant des socialistes. « Est-ce que, dans le monde tel qu'il est aujourd'hui - avec la concurrence que nous connaissons - pouvons-nous nous permettre d'être sur des idées des années 1970, 1980, 1990 ? Non. Il faut dépasser la question des 35 heures » a-t-il “buzzé” ce dimanche. D’après lui, cette augmentation du temps de travail (passage aux 39 heures) devrait être accompagnée d’une augmentation de salaire correspondante.

Quelqu’un doit-il lui rappeler que les 35 heures sont en fait une moyenne de 39,3 heures travaillées par les Français en 2010 et qu’il n’y a pratiquement plus personne en France qui effectue réellement 35 heures ? La durée hebdomadaire moyenne du travail a toujours été plus élevée en France qu'en Allemagne et dans les pays européens plus développé. En 2009, l'OCDE indique une durée hebdomadaire moyenne du travail de l'ensemble des actifs de 38 heures dans notre pays, contre 35,7h pour les Allemands, 36,3 h pour les Suédois, 36,6 h pour les Britanniques, 35,1 h Suisses, 33,9 h pour les Norvégiens, 33,7 h pour les Danois, et 30,6 h pour les Hollandais ! Remarquez bien que les pays ou l’on travaille le moins ne sont pas ceux qui sont les plus pauvres, au contraire ! Pour les temps travaillés annuels, même topo : nous travaillons 1550 heures en moyenne en 2009 contre 1390 en Allemagne pourtant LA référence de l’UMP !

Quelqu’un doit-il lui rappeler que les 35 heures ont été largement détricotées (par le PS d’abord) puis par l’UMP ensuite ?

Quelqu’un doit-il lui rappeler que les 35 heures coutent cher en heures supplémentaires à la France que parce que le gouvernement a eue cette incroyable mauvaise idée (en pleine crise économique) de défiscaliser les heures supplémentaires. Pour que cela coutât moins cher, il suffirait d’annuler cette mesure aberrante ? Nous parlons d’un manque a gagner pour l’état de 22 milliards d’euros, Encore une fausse bonne idée de l’UMP…

Quelqu’un doit-il lui rappeler que le « travailler plus pour gagner plus » est un coup que l’on a « déjà fait » aux Français, il n’y a pas longtemps, et que cela s’est soldé par un « travailler plus pour gagner moins » ? Je sais, les Français ont la mémoire courte, mais pas à ce point !

Quelqu’un doit-il rappeler à Valls que personne n’a démontré que les 35 heures aient été néfastes pour le pays et que certains secteurs (comme le tourisme) ont grandement bénéficié de cette mesure. Toutes les études au contraire montre que les 35h ont créés entre 300.000 et 400.000 emplois. Tant et si bien que la suppression par le président d’un jour férié au profit des personnes âgées (profit qu’elles n’ont jamais eu d’ailleurs) à été durement et concrètement ressentie par le secteur tertiaire tandis qu’il n’a créé absolument aucun emploi, ni aucune richesse pour la France !  La compétitivité de la France s'est améliorée de 1997 à 2002 avec un excédent extérieur compris entre 20 et 30 milliards d'euros. Depuis 2003 ce solde extérieur n'a cessé de fondre et se transformer en un déficit à partir de 2005, pour dépasser 40 milliards en 2009. Actuellement, la productivité française est la deuxième mondiale après les états-unis !

Enfin, quelqu’un doit-il rappeler à Valls que s’il compte baisser le cout du travail afin qu’il soit comparable à celui de la Chine, de l’Inde ou de l’Afrique, cela n’est pas possible, même pour l’UMP ? D'ailleurs, cela n’aurait absolument aucun sens, sauf à vouloir faire de la France un concurrent de l’Afrique ! D’ailleurs pour arriver à ce « glorieux résultat » il faudrait non seulement augmenter drastiquement le temps de travail, mais également baisser fortement les salaires, supprimer la sécurité sociale, les retraites, l’entretien des biens publics (routes, monuments, musées…) et privatiser tout le pays. Si la France n’a aucun intérêt dans cette course aux moins-disants, c’est néanmoins un très beau programme pour le PS en 2012 (sic) !

Alors que signifie cette attaque des 35 heures venant d’un personnage important au PS et autrefois hardant défenseur des 35 heures ? Buzz volontaire pour faire parler de lui en période politiquement propice au PS ? Argument ridicule d’un homme qui ne connait pas la réalité des entreprises ? Attaque dirigée contre Martine Aubry visiblement gênée sur ce dossier ? Tentative de faire plaisir à ses amis de l’UMP, qui, soyons en sûr, lui rendrons la monnaie en le faisant participer à un de leurs futurs gouvernements ? Lapsus d’un homme trop convaincu par les thèses ultralibérales voulant que le travail soit être sans cesse moins cher au profit exclusif de la finance ? Un peu tout cela à la fois ?

Dire à ceux qui ont encore un emploi, alors que tant sont au chômage actuellement, qu’ils doivent travailler plus est si évidemment faux et ridicule que cela parait invraisemblable de continuer à propager une telle idée ! Le travail, s’il ne crée pas ex nihilo, se partage, en revanche, très bien. Si Valls voulait faire le buzz, il aurait mieux valu qu’il propose un tel partage quitte à ce que le pouvoir d’achat soit également amputé. Cela n’aurait pas été beaucoup plus populaire, mais certainement plus réaliste. Oui, mais ça, ce n’est pas « politiquement correct » alors que colporter les thèses ultralibérales déjà bien diffusées cela fait moderne ! Ridicule et faux, mais moderne. Les pays qui ont le plus réduit leur temps de travail sont ceux qui ont le taux de chômage le plus faible : 4,4% pour les Pays-Bas, 3,5% pour la Norvège, 6,7% pour l'Allemagne, 7,8% pour le Danemark et la Suède. Rappelons que dans la même période nous étions à 9,8 % en France…

Finalement, le seul problème qui importe aux français aujourd’hui est le chômage et nous savons chiffre de l’OCDE et de Eurostat à l’appuis (liens en bas de page) que pour faire baisser le chômage il faut diminuer le temps de travail. La France n’a pas le temps de travail le plus faible mais a au contraire une grande marge de manœuvre par rapport a des pays comme la Hollande (30,6 h travaillés contre 39,3 h en France). Valls, lorsqu’il était jeune disait et savait que le plus important pour le jeunes était d’avoir un travail, pourtant depuis, pour les jeunes, la situation n’a cessé de se dégrader. Si l’UMP et Valls se préoccupent un minimum du plus gros soucis des français, il faut d’ils opèrent un virage a 360° car actuellement ils ont tout faux. Mais se préoccupent-il des besoins de Français ? Pour qui roulent réellement ces gens ?

Il faudrait tout de même que Monsieur Valls sorte de son bureau pour en visiter quelques-unes, d’entreprises. Ne se « nourrir » exclusivement que de meeting politique nuit gravement au bon sens et à l’intérêt des Français.

Quoi qu’il en soit, Valls donne une très mauvaise image du PS au moment où il aurait le plus besoin de l’améliorer au contraire. Car quoi que l’on puisse penser du bien fondé de ses idées, il est nécessaire de rappeler que si la droite et la gauche n’ont pas un programme clairement différent, cela fera le jeu, au final, de l’UMP et des partis extrêmes (et donc de l’UMP !). En s’exprimant de la sorte, il tire un obus dans le pied du PS et malgré les critiques de la majorité des personnalités PS, sa « sortie » marque les esprits d’autant plus qu’il récidive ce mardi 4 janvier 2011 sur RTL : « Je propose d'augmenter de deux ou de trois heures, à négocier évidemment avec les partenaires sociaux, la durée légale du travail et donc le salaire d'autant, en supprimant également le dispositif sur les heures supplémentaires, en tout cas une partie. C'est se donner les marges de manœuvre pour sortir du blocage français sur les salaires et sur le travail, mais aussi, c'est une manière d'alléger le budget de l'État. »

Maintenant pour le PS, le choix est simple, soit il sanctionne fortement Valls en l’écartant du parti, soit il continue de protester faiblement comme il le fait actuellement et s’enfonce, de fait, une énorme écharde dans le pied pour 2012. Décidément, ce Valls est du pain béni pour l’UMP !


Voir OCDE et Eurostat pour les sources officielles des statistiques mentionnées.

lundi 3 janvier 2011

Stress: la liste rouge des entreprises

A lire sur Et voila le travail:

Pour lutter contre les risques psychosociaux, le stress au travail, Xavier Darcos, alors ministre du Travail, avait lancé un Plan d’urgence sur la prévention des risques psychosociaux. Il le souhaitait « à droit constant », sans nouvelle mesure législative. Le ministre entendait carrément recourir à une nouvelle méthode: citer nommément les entreprises que la santé de ses salariés préoccupaient peu.

Il avait donc publié le jeudi 18 février 2010 sur son site www.travailler-mieux.gouv.fr., un classement des 1500 entreprises de plus de 1000 salariés en “vert, orange et rouge”, suivant le degré d’avancement de leur politique anti-stress.

Mais, dès le lendemain, les listes orange et rouge étaient retirées du site.

Et voilà le travail a conservé la liste rouge du 18 février 2010, que voici donc la liste rouge:

Lire la liste sur le site.