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mardi 28 juin 2011

Après France Télécom, Thierry Breton passe Atos à l'essoreuse

 

A lire dans Rue89:

Arrivé il y a trois ans à la tête d'Atos Origin, l'ex-ministre y a importé ses méthodes de management. Premiers dégâts.

L'ex-PDG de France Télécom, ex-ministre de l'Economie et ancien patron de Bull et Thomson, prend la tête en 2008 d'une société discrète, Atos Origin, 50 000 employés. Deuxième société de service en ingénierie informatique (SSII) française, il veut en faire le leader européen du service informatique.

Son atout : le « cost killing » (réduction drastique des coûts). Pour ce faire, Thierry Breton a une technique qui tient en trois lettres : le TOP, pour « Total Operational Performance ». C'est ce programme (PDF) que l'ancien professeur de mathématiques met en place partout où il passe. Chez Thomson, chez France Télécom et, depuis novembre 2008, chez Atos Origin.

Ce « lean management » qui nous vient du Japon

Pour Jacques Pommeraud, de la direction générale, l'outil s'est imposé :

« Nous l'avons mis en place parce que le niveau de compétitivité du groupe était inférieur à celui de ses concurrents comparables. »

Jacques Pommeraud est en charge de l'un des éléments clés du programme, celui qui doit améliorer la productivité, le « lean » :

« La technique vient du Japon, de chez Toyota. Elle consiste à éliminer tous les gaspillages, à améliorer la qualité et la motivation des équipes. Appliquée aux services, elle concerne essentiellement le management. »

Et, pour le mettre en place, la méthodologie est rodée. Le travail de chaque salarié est observé, mesuré, puis des axes d'amélioration définis afin d'éliminer temps et gestes inutiles. Ces chantiers « lean » de douze semaines prennent chez Atos le nom doux et poétique de « vagues », que naviguent des « skippers ». Et qui mènent à des résultats encourageants, comme le dit Jacques Pommeraud :

« Du côté de la productivité, les gains sont typiquement à deux chiffres. Et du côté des équipes, l'adhésion s'est accrue : les salariés sont satisfaits de devoir se concentrer sur ce qui apporte de la valeur ajoutée au client plutôt que de continuer à accomplir certaines tâches administratives. »

En mars, pourtant, un internaute, ingénieur chez Atos, nous alerte :

« J'ai toujours travaillé avec plaisir dans la société, mais, depuis deux ans, la situation ne cesse de se détériorer. La compétence ne compte plus, le client est oublié, la seule préoccupation, c'est de savoir combien ça rapporte et quand c'est facturé. »

Un cas isolé ?

Absentéisme, crises de larmes et antidépresseurs

C'est Atos Infogérance qui a, la première, testé en France les vagues de « lean ». Celles-ci se sont même succédées à un rythme soutenu entre juillet 2009 et octobre 2010.

A tel point que le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) s'est inquiété pour la santé des salariés, et a demandé une expertise à un cabinet agréé par le ministère du Travail, Sécafi. Qui alerte :

  • l'absentéisme explose pour atteindre 30% en mai 2010 ;
  • les troubles du sommeil et les états réactionnels aigus (pleurs, etc.) sont en augmentation ;
  • près de 300 employés, sur les 850 « leanés », prennent des substances psycho-actives au moment de l'enquête.

Le travail s'intensifie, les marges de manœuvre diminuent.

En cause, l'intensification du travail, tout d'abord, comme l'analysent les auteurs. Fabrice Fischer, de Solidaires, lui, la vit au quotidien :

« Depuis janvier, quatre personnes ont démissionné sans être remplacées. Nous nous retrouvons à huit, alors que nous sommes passés de dix à dix-sept clients. »

La vague déferle et « libère » ceux qui font moins bien

Mais le rapport pointe également :

  • une perte de sens du travail,
  • des besoins de reconnaissance non-satisfaits,
  • une dégradation des relations.

Car le « lean » permet aussi d'identifier des « low performers », ceux qui font moins bien que la moyenne du service. La vague déferle et les « libère » pour les déposer à la « workforce », qui les aide à mettre à jour leur CV et à passer des entretiens en interne, détaille Jacques Pommeraud :

« Quand on fait des gains d'efficacité, on a besoin de moins de personnes que prévues pour une mission. Il faut former celles qui ne sont plus “staffées”. Pour mieux les vendre ensuite aux clients sur d'autres missions. »

La formation, c'est le nerf du « lean » japonais. Pourtant, dans trois des quatre entités d'Atos, les efforts de formation ont diminué en 2009, calcule le cabinet d'expertise comptable Sextant dans son rapport au comité d'entreprise.

« Certains salariés craquent, et partent »

En 2010, 1 000 salariés quittent l'entreprise (PDF). Peut-on y voir un lien ? Pour Jack Toupet, coordinateur CGT, c'est une évidence :

« Les salariés se retrouvent à attendre, sans travail. Parfois, au bout d'un moment, on leur propose des postes qui ne peuvent pas leur convenir. Certains craquent, et partent. »

Ce n'est pas le but, assure Jacques Pommeraud, de la direction générale :

« TOP, c'est une transformation d'Atos sans plan social. Simplement, dans les services informatiques, le taux de départ naturel est très élevé. »

Les budgets d'Atos Infogérance intègrent pourtant une réduction globale des effectifs de 20% dans le cadre du « lean management », reporte Sécafi.

Un copier-coller de France Télécom

Il faut dire que la recette a fonctionné chez France Télécom. Nommé en 2002, Thierry Breton y avait réduit l'endettement de 25% en trois ans. Les effectifs, eux, passaient de 146 900 en 2001 à 121 000 en 2005.

Déjà, c'est TOP qui s'applique, les vagues en moins, se souvient Philippe Meric, de Sud-PTT :

« Chez nous, il n'y avait pas de mode d'emploi, c'était au manager d'identifier les plus lents, pour la cellule de reclassement. »

Certains se voient ainsi proposer d'ouvrir une pizzeria ou un bowling, comme le raconte Ivan du Roy, auteur du livre « Orange stressé » (éd. La Découverte, 2009). Quand les congés de fin de carrière écrèment les rangs.

En février 2005, Thierry Breton quitte France Télécom, après avoir conçu les plans Next et Act, petits cousins de TOP. Ce sont ces trois programmes qui sont mis en cause en mai 2010, suite aux suicides, dans le rapport du cabinet Technologia. (Télécharger le rapport)

Tandis que, chez Atos Origin, Thierry Breton rachète les services informatiques de Siemens, espérant devenir le leader européen.

Dans la division allemande, TOP sera mis en œuvre dès le 1er juillet.

samedi 25 juin 2011

Il est possible de retrouver une croissance forte

A lire dans L’Express:

Dans un livre qui paraît ces jours-ci, l'économiste Karine Berger lance un coup de gueule contre les prophètes de malheur. Elle défend ses thèses face à son confrère Christian Saint-Etienne, beaucoup plus sceptique sur le modèle tricolore.

Karine Berger, vous dénoncez, avec Valérie Rabault, le pessimisme ambiant et l'emprise des déclinologues sur les esprits. Pourquoi une telle charge ?

Karine Berger : Avec ma coauteure, nous avons relu les ouvrages parus en économie ces vingt dernières années. Aucun d'entre eux, ou presque, ne défendait le modèle français. La vague décliniste lancée dans les années 1990 - avec des livres comme L'Horreur économique, de Viviane Forrester, ou, versant libéral, le sommet du genre, La France qui tombe, de Nicolas Baverez - a tout emporté. Notre idée était de sortir de ce consensus que rien ne vient étayer. Nous pensons, nous, que les problèmes de la France découlent des choix de politique économique faits depuis vingt ans, qui ont justement abouti à la casse du modèle français. Nous croyons aussi qu'il est possible de retrouver une croissance forte, partagée par tous, à condition de renouer avec l'esprit de ce modèle.

Christian Saint-Etienne : J'ai du mal à partager votre optimisme. Notre pays traverse aujourd'hui une crise profonde. Nous ne sommes plus capables de produire de manière compétitive. Nous avons perdu, en dix ans, un quart de nos parts de marché en Europe et même un tiers au niveau mondial. Notre situation relève quasiment de la survie. Pour ma part, j'anticipe une crise majeure des finances publiques d'ici à deux ans, d'ampleur comparable à celle qui a mis à bas l'Ancien Régime en 1789. Il faut tout de même rappeler que nous avons un déficit structurel de 6 points de PIB, et que rien n'est proposé, que ce soit par la gauche ou par la droite, pour régler ce problème fondamental. Par ailleurs, si je suis d'accord avec le diagnostic de l'abandon du modèle français, je pense qu'il faut en expliciter les causes. Contrairement à Karine, je ne crois pas qu'il s'agisse d'un choix délibéré de nos dirigeants. C'est plutôt la conséquence de choix en matière de politique européenne. 

Qu'est-ce à dire ?

C. S-E. : Il faut se souvenir de ce qu'il s'est passé à l'époque. Le début des an-nées 1990 est le dernier moment où nous disposions d'un système productif à peu près efficace, avec des performances proches de celles de l'Allemagne. En 1992, les Alle- mands nous ont proposé une monnaie unique à cinq, avec le Benelux. Ce fut une erreur historique de refuser, car cela aurait pu être l'amorce des Etats-Unis d'Europe. Puis ils nous ont proposé de réévaluer le mark par rapport au franc et de dévaluer la lire italienne. C'était une manière de faire de la France le pivot du système, tout en lui donnant une certaine marge de manoeuvre en termes de compétitivité. Et, là encore, on refuse ! Ce choix a été influencé par un certain nombre de hauts fonctionnaires autour de Jean-Claude Trichet [NDLR : alors directeur du Trésor, aujourd'hui président de la Banque centrale européenne], qui sont entrés dans un délire de flagellation nationale, en disant : il faut prouver coûte que coûte que nous pouvons être aussi bons que les Allemands et il n'y a donc pas de raison de dévaluer. Ils en ont fait une question morale et idéologique, alors que c'était simplement un enjeu stratégique. Car nous n'étions pas vraiment en compétition avec l'Allemagne, nous l'étions plutôt avec l'Italie du Nord et l'Espagne du Nord. Comme ces pays ont alors dévalué massivement, la France a décroché. C'est la première vague de désindustrialisation massive, avec 900 000 emplois perdus en 1992 et 1993. Et cela a continué. Quant au modèle dont vous vous revendiquez, sa disparition n'est que la conséquence de la manière dont on a conçu l'Europe à ce moment-là, une Europe dont le principe moteur est la concurrence fiscale et sociale. Or cette concurrence déconstruit de facto le système français, qui suppose une certaine autonomie sur ces plans. 

K. B. : Je ne crois pas que l'on puisse accuser l'Europe de tous nos maux. Je crois plutôt que l'on accuse la construction européenne pour éviter d'avoir à reconnaître que l'on s'est sabordé tout seuls ! Pourquoi l'Europe serait-elle subitement devenue un handicap pour la France, à partir des années 1990, alors qu'elle avait toujours représenté un atout jusque-là ? On a intégré un discours de perte de compétitivité vis-à-vis des autres uniquement sur des critères de coût, alors que ce n'est pas la manière dont la croissance française se construit. Nous avons abandonné notre capacité de créer de la croissance, en pensant que c'était mieux ailleurs. Est-ce la faute de l'euro si nous avons renoncé à la fonction d'Etat-stratège ? Si nous avons cessé de développer les partenariats public-privé, qui, historiquement, sont à l'origine de grandes ruptures d'innovation, comme le TGV ou Airbus ? Enfin, et c'est sans doute le plus scandaleux, est-ce la faute de l'Europe si nous avons renoncé au volet égalité de notre modèle ? Jusqu'au milieu des an-nées 1990, toute personne née ou arrivant sur le sol français -et il y en a eu un certain nombre - avait la possibilité, par l'éducation, la cohésion sociale, les services publics, de bénéficier d'un peu de la richesse du pays. On peut presque parler, ici, de trahison des élites : une partie des gens qui dirigeaient ce pays n'a absolument rien fait pour empêcher ce délitement. 

Pour quelles raisons ?

K. B. : La vérité, à mon sens, c'est que nos dirigeants, à ce moment-là, ont privilégié la rente sur le risque. Au début des années 1990, la France ne choisit pas la jeune génération qui arrive sur le marché du travail, mais plutôt les personnes âgées, qui détiennent le patrimoine. La conséquence, c'est la désindustrialisation. C'est donc un choix politique intergénérationnel qui est à l'origine de cette cassure. Le plus choquant ? Ceux qui ont fait ce choix sont ceux-là mêmes qui, pendant trente ans, ont bénéficié du plein-emploi. 

C. S-E. : Je vous rejoins sur ce point. Une étude récente de l'Insee démontre que la richesse produite depuis dix ans est partie en quasi-totalité aux retraités et à leurs dépenses de santé. Jamais, depuis 1945, les jeunes n'ont été si mal traités dans notre pays. C'est une des raisons pour lesquelles je pense que l'on risque à un moment donné l'explosion sociale. J'oserais même dire que notre société est prise dans ce que j'appellerais un processus de "ben-alisation". 

K. B. : Je crois que nous n'en sommes absolument pas là. La France demeure la cinquième puissance économique mondiale : si aucun choix n'est fait pendant trente ans, elle restera malgré tout parmi les sept premiers. La vraie question est de savoir si nous allons demeurer parmi les leaders ou nous endormir doucement. Dire qu'il n'y a pas d'autre solution que le clivage politique violent, révolutionnaire, c'est dire qu'il n'y a plus rien à faire. Je pense que l'on peut changer les choses, à condition d'agir dans les cinq prochaines années. 

C. S-E. : Je ne dis pas le contraire ! Mais l'échéance de 2012 sera cruciale : si on loupe ce quinquennat, il n'y aura plus, ensuite, de recours. 

Quelles réformes mettre en oeuvre en priorité?

K. B. : Je crois qu'il y a trois choses indispensables à faire pour relancer la machine. La première, c'est d'élaborer un vaste plan d'investissement public, de 90 milliards d'euros sur trois ans, avec une sélection très stricte des secteurs dans lesquels on veut mettre de l'argent. Nous en proposons trois : le transport, l'énergie et la santé. Deuxième élément : endiguer le vieillissement de la population. Pour ce faire, une certaine dynamique d'immigration est nécessaire, mais de manière assumée. Il faut donner l'impression que la France est capable d'accueillir aussi bien des jeunes venant d'Algérie que des ingénieurs indiens ou des commerciaux russes. Dernier point : remettre le système d'ascension sociale en marche, via un effort massif portant sur l'éducation. La France est le seul pays de l'OCDE où le salaire des professeurs débutants a augmenté moins vite que le PIB au cours des vingt dernières années. C'est ce mépris du système éducatif qu'il faut impérativement inverser. 

C. S-E. : Je suis, là encore, en désaccord, pour une raison simple : ce que vous proposez est beaucoup trop timoré ! Personnellement, je serais partisan d'un plan de 60 milliards par an pendant quinze ans, financé pour un tiers par l'Etat. Première priorité : mettre en oeuvre une véritable politique d'aménagement du territoire. Il faut revaloriser les régions en leur donnant le leadership sur le plan économique, pour mailler le territoire en termes de PME et réindustrialiser ainsi le pays. Il faut aussi, effectivement, remettre en place un Etat-stratège. Il faut, enfin, une immigration choisie, c'est-à-dire comprenant une certaine dose de sélection. C'est un travail de reconstruction du système productif et républicain qui est aujourd'hui devenu indispensable. 

jeudi 23 juin 2011

Radars : entre cacophonie et incompétence

Nous sommes tous habitués à annonces et reculades du gouvernement, mais sur le sujet des radars sont comportement frise le ridicule. La cacophonie est toujours bien installée au gouvernement et cela nous donne un avant-gout pour l’après 2012 en cas de réélection.

Le gouvernement avait créé un buzz incroyable en décidant tout d’un coup la suppression des panneaux avertissant les radars et de plus l’interdiction des avertisseurs de radars. Cette annonce subite et sans concertation est très certainement la signature du président qui à l’habitude de mode de fonctionnement « action-réaction ». En effet, peu de temps avant l’annonce les statistiques des morts sur les routes étaient tombées et n’étaient pas bonnes avec une aggravation des chiffres par rapport à l’année précédente. Nul doute donc que suivant la bonne vieille recette de Nicolas Sarkozy qui a fait son succès au début du quinquennat, la réaction a été décidée à la va-vite.

Problème : ce genre d’action-réaction n’est ni adaptée à une concertation des parties tenantes, de la majorité et encore moins de l’opposition. Adieux le consensus ! Mais pas seulement, en effet chercher une mesure très rapidement pour corriger un problème nouveau lorsque l’ensemble est sous le signe de la précipitation et de l’impact médiatique, n’est pas de nature a permettre une correction du problème en profondeur. Pour corriger durablement un problème, il est indispensable de connaitre avec précision les causes racines du problème. Sans cette analyse pointue se basant sur études et statistiques précises, nous n’avons aucune chance de corriger le problème. Méthode pas efficace donc, mais de plus très contestée y compris dans les propres rangs de l’UMP ! Un vrai succès !

Il faut dire que la mesure avait toutes les chances de déplaire et qu’elle n’était manifestement pas préparée. Les Français ont, souvent à juste titre, l’impression que l’on met les radars ou cela fait du chiffre et non là où c’est nécessaire. Ainsi, toute nouvelle implémentation de radars ou modification de la loi est forcément suspicieuse. Je me souviens du premier radar installé sur la N20 en région parisienne : la route était limitée a 90 km/h, le jour de l’installation du radar, 100 mètres avant un panneau 70 km/h a été installé et 100 mètres après un panneau 90 km/h également. Cela a tout de suite été un piège fatal pour tous les habitués qui se sont fait flasher à 90km/h en toute bonne foi…

Force est de constater que les lieux dangereux ne sont pas plus truffés de radars que les autres. Et pour cause ! Les statistiques des accidents ne sont ni accessibles aux chercheurs et professionnels de la route ni précises ! Ainsi lorsque L'association "40 millions d'automobilistes" a créé l'Institut des Études des Accidents de la Route en janvier 2011, son but : trouver les causes les plus fréquentes des accidents et monter des statistiques précises. Naturellement, l’association s’est tournée vers le gouvernement pour récupérer les données des accidents de ces dernières années. Résultat ? Ils ont refusé ! « Ils ne souhaitaient peut-être pas qu'une analyse différente de la leur voie le jour. » Indique Laurent Hecquet dans Le parisien, délégué général de l’association. Très constructif… Sans statistique précise, comment prendre les bonnes décisions ? Conclusion : l’association « Notre source principale sont les médias. Nous relevons ainsi tous les accidents de la route mortels. Ce qui est relativement aisé. Puis nous nous servons du logiciel Google Earth afin d'identifier les lieux et voir quel type d'accident a eu lieu. » Efficace tout cela… Les premières constatations de l’association après 6 mois de collecte de données : « les pertes de contrôles concernent 57 % des tués sur les routes. Parmi eux, 20 % sont victimes de somnolence ».

Quant à l’interdiction des avertisseurs de radars, si la décision parait logique par rapport à la suppression des panneaux, elle n’en est pas moins idiote et montre le manque de maitrise du gouvernement sur le dossier. Le jour de l’annonce, je me suis fait prêter un de ces avertisseurs de grande marque pour une semaine. Conclusion : à ma grande surprise, cette semaine a été pour moi synonyme de vitesse moindre ! En effet, tous les 500 mètres un avertissement de radar possible ou déjà signalé régulièrement à cet endroit (mais n’y étant pas en fait, du moins les jours ou je suis passé) et m’a forcé a descendre bien en dessous de la limite afin d’être sur de ne pas me faire prendre ! Évidemment, j’imagine qu’après quelques semaines on s’habitue et la vitesse moyenne peut augmenter de nouveau, mais si l’on ralenti c’est par ce que l’on ne veut pas prendre le risque d’une amande et d’un retrais de points, il est donc clair que, soit l’appareil est abandonné par les utilisateurs peu responsables, car produisant trop de faux positif, soit il est conservé et les limites sont respectées !

Qu’en déduire ? Que les avertisseurs radar, même si sur le principe sont un peu discutable, sont en fait des accessoires de sécurité et d’information des bouchons, des zones dangereuses et autres accidents. Une semaine après avoir rendu l’appareil, j’ai été flashé pour la première fois de ma vie depuis 20 ans que je conduis : dépassement de 10 km/h dans un endroit qui n’avait rien de dangereux, mais que je ne connaissais pas et qui était habituellement truffé de radars mobiles (ce que je ne savais pas à ce moment là)… J’ai donc acheté mon premier avertisseur depuis de moment. Autre problème : les fournisseurs d’avertisseurs peuvent mettre la clef sous la porte… Du coup, revirement : le gouvernement indique que les avertisseurs changeront de nom et avertiront des zones dangereuses ! On change le nom et l’affaire est réglée…

Conclusion : le gouvernement prend des décisions sans savoir de quoi il parle ! Pire, même en admettant qu’il ait raison, il pousse les Français à l’achat de ces appareils ce qui était tout de même l’opposé du but initial ! Si les politiciens conduisaient eux même (merci les chauffeurs), n’avaient pas de passe-droit en cas de flashage, ils utiliseraient également des avertisseurs de radars et sauraient que c’est plutôt un outil utile pour la sécurité routière. Encore des élites qui ne savent pas de quoi ils parlent et prennent pourtant des décisions pour la France…

Badaboum ! La nouvelle est tombée ce 23 juin 2011 : Si les panneaux vont être démontés, « ils seront remplacés illico presto par des radars "pédagogiques", qui indiqueront la vitesse de chaque véhicule. Au final, chaque automobiliste sera donc prévenu qu'il est susceptible d'être flashé un peu plus loin s'il va trop vite. Et chaque nouveau radar installé sera précédé d'un petit frère "pédagogique". Avec une nuance : la distance entre le radar pédagogique et le radar de contrôle pourra aller de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. » Indique Le Telegramme.com. Tout cela pour ça ! Bel exemple d’efficacité du gouvernement qui encore une fois prouve qu’il n’a pas évolué dans ses méthodes et que l’après 2012 sera du même tonneau…

mardi 21 juin 2011

La SCOP un moyen pour transmettre son entreprise

A lire dans Ariège news:

Soucieuse de son rôle dans la transmission d’entreprise, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Ariège organise, en partenariat avec l’Union Régionale des Scop Midi-Pyrénées une réunion d’information sur le statut de la Scop, le 17 mars prochain, 18h00, dans les locaux de la Communauté de Communes du pays de Mirepoix.
Transmettre sa société pour un chef d’entreprise est toujours un moment difficile à vivre.
Il se trouve confronté à une multitude d’informations, de possibilités, et ne sait dans quelle solution adopter pour assurer sa pérennisation et préserver au mieux l’emploi de ses salariés.
La SCOP peut lui apporter une solution efficace et originale.
Par définition: «Une SCOP, Société Coopérative et Participative, bénéficie d’une gouvernance démocratique et une répartition des résultats prioritairement affectée au maintien des emplois et du projet de l’entreprise.
Elle est soumise à l’impératif de profitabilité comme toute entreprise
» (1).
En clair, si vous optez pour une reprise de votre entreprise par une Scop, vous passer le flambeau à ceux qui ont contribué à la développer, en préservant leur outil de travail de tout démantèlement ou de toute délocalisation et en obtenant un juste prix.
Contrairement aux idées reçues, créer une Scop n’est pas plus difficile que de créer ou reprendre une entreprise traditionnelle.
D’autant plus que les repreneurs potentiels bénéficient d’un accompagnement par le réseau des Scop.
Régie selon la loi du 19 juillet 1978, la Scop prend la forme d’une Société Anonyme (SA) ou d’une Société à Responsabilité Limitée (SARL).
Cela dit, la Scop détient par essence de nombreuses particularités.
En premier lieu, elle appartient à ceux qui y travaillent. Les salariés détiennent au minimum 51% du capital social et 65% des droits de vote.
Une autre de ses particularités se trouve dans le partage équitable du pouvoir, notamment dans les assemblées générales, où «une personne = une voix» quel que soit le montant du capital que cette personne détient dans l’entreprise.
Ce qui implique que le salarié associé prend part aux décisions.
En ce qui concerne les profits de la Scop, ceux-ci sont équitablement répartis en 3 domaines: l’entreprise pour ses réserves impartageables; les salariés, en participation bloquée pendant 5 ans; et les associés sous forme de dividendes.
Enfin, le dirigeant d’une Scop est élu par les salariés associés siégeant au conseil d’administration.
A la fin 2009, on comptait 1925 Scop et leurs filiales en France, 120 en Midi-Pyrénées et 16 en Ariège.
A l’heure où l’on parle beaucoup de délocalisation ou de reprises avortées, le principe d’une Scop peut vous séduire.
C’est la raison pour laquelle la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Ariège organise, dans le cadre du plan régional Entreprendre Midi-Pyrénées et l’O.M.P.C.A. de Mirepoix, une réunion d’information sur le statut Scop, le 17 mars 2011 à partir de 18 heures à la Communauté de Communes de Mirepoix.
A l’issue des témoignages de coopérateurs, vous pourrez poser vos questions.
Renseignement à l’URSCOP, Sylvia Roueire au 05.61.61.04.61ou Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Ariège, Olvaine Gupta au 05.34.09.88.00.
(1) Définition donnée par la Confédération Générale des Scop

vendredi 17 juin 2011

Fukushima : Ou en sommes-nous ?

Si la presse parle du remplacement du PDG d’Areva en France, elle ne parle pas du tout des conséquences de l’accident sur le site de Fukushima. Tout est donc rentré dans l’ordre ? Pas du tout ! C’est ce que nous allons voir ci-après.

Cette semaine un paysan de Fukushima s’est suicidé. Retrouvé pendu à une poutre de sa grange samedi 11 juin 2011, il avait inscrit des mots justifiant son geste : « j’aurais préféré qu’il n’y ait pas de centrale dans ma région […] Gardez le courage face au nucléaire, ne tombez pas comme moi ». Ce paysan était à bout, car il avait dû jeter tout son lait contaminé et devenu dangereux, puis ses 30 vaches qui elles aussi étaient condamnées. Cas isolé ? Victime collatérale de l’accident comme tous les autres paysans de la zone, d’autres drames de ce genre sont surement à prévoir dans les semaines et les mois prochains. Qui parlera d’eux en France si on ne le fait pas dans ces colonnes ?

Le gouvernement japonais a décidé de distribuer 35.000 dosimètres (appareil basique qui mesure la dose cumulée de radiation reçue par la personne qui le porte) aux enfants de la préfecture de Fukushima. Les enfants ont été choisis, car les jeunes organismes sont plus sensibles aux radiations que les adultes. Mesure de désespoir étant donné que le taux de radiation, très aux dessus des normes, dans la préfecture ne peut être combattu. Les dosimètres ne serviront qu’à constater les dégâts et éventuellement mettre au « vert » les enfants les plus exposés. Si tous les dosimètres finissent par dépasser les valeurs maximums raisonnables, que va faire le gouvernement japonais de ces 100.000 personnes (les enfants et leur famille) ? C’est la vraie question…

Les centaines de milliers de tonnes d’eau fortement contaminées suite aux arrosages massifs des réacteurs endommagés : 720 000 milliards de becquerels seraient déjà partis dans l’océan. Comme je le signalais dans de précédents articles sur l’accident, c’est un point d’inquiétude majeur. Le plancton sera contaminé, les mollusques également, les poissons aussi, puis les oiseaux qui mangent ces poissons, leurs déjections contaminées seront rejetées en partie sur les terres. À terme toute la chaine sera contaminée. La seule question est de sa voir à combien cette contamination s’élèvera. Tepco communique qu’il est en train de stocker l’eau fortement contaminée à présent afin de la filtrer avec l’aide d’une usine construite par Areva. Pourtant si le processus n’est pas encore complètement fonctionnel, les problèmes arrivent déjà : une des cuves de stockage à un défaut de conception et fuie déjà. Il faut que l’usine construite par Areva soit opérationnelle très rapidement, car on sait déjà que le 20 juin (lundi prochain) les cuves de stockage seront pleines. Ceci veut dire que l’eau contaminée sera de nouveau rejetée dans l’océan… De plus, le processus n’élimine pas la radioactivité mais la divise par 1000 à 10.000 selon Areva. D’un rendement maximal théorique de 1.200 tonnes par jour, l’usine serait capable de traiter les nouvelles eaux contaminées (500 tonnes par jour) et de résorber progressivement le stock actuel en 6 ou 7 mois… Résultat du processus : 2.000 m3 de boues fortement radioactives que Tepco ne sait pas encore ce qu’il en fera…

J’avais souligné un autre danger : les 33 tonnes de MOX en cours de refroidissement dans les piscines est un produit (français) très dangereux puisqu’il contient du plutonium, un poison très violent puisqu’un microgramme de plutonium peut tuer un homme. Ces piscines ont judicieusement (sic) été construites en hauteur. Or dans la presse japonaise, on apprend que Tepco a des inquiétudes pour la solidité du béton qui porte ces piscines. Que l’ensemble vienne à s’effondrer et c’est l’ile du Japon tout entière qui sera rayée de la carte par une contamination mortelle.

Nous avons appris également que 3 des cuves qui isolent le combustible nucléaire étaient percées. Nous savons maintenant qu’elles se sont percées durant les 17 premières heures après le tremblement de terre. Pourquoi apprenons-nous cela seulement maintenant ? Pourquoi un perçage si rapide de ces cuves ? Contrairement à ce qui a été indiqué, ce ne serait donc pas la coupure des générateurs Diesel qui en serait à l’origine… Maintenant que nous les savons percées, le plus important est de savoir ou se trouve la boule de combustible en fusion. Sur le plancher en béton ? Combien de temps tiendra-t-il ? Que se passera-t-il lorsque la boule creusera le sol et atteindra les nappes phréatiques ? Explosion fatale ? Contamination des eaux potables seulement ? Tristes questions auxquelles personne ne répond tant elles sont taboues et que les experts n’en savent rien vu que ce n’est jamais encore arrivé… Quand saurons-nous ?

Des informations qui inspirent à l'experte australienne en nucléaire Helen Caldicott, l’estimation que la catastrophe de Fukushima est pire que celle de Tchernobyl : « Jamais auparavant, six réacteurs nucléaires d'une centrale n'ont été gravement endommagés au même moment. Ces réacteurs sont condamnés. ». Le combustible est très dangereux : « Il ne faut pas oublier la dangerosité de ces barres: elles sont tellement radioactives que si vous les approchez, vous décédez en quelques minutes. Vos cheveux tombent, des hémorragies internes se déclarent et vous mourrez comme un malade du sida ». « Mais Tchernobyl n'est rien par rapport à ce qui s'est passé à Fukushima. L'un des éléments les plus meurtriers est le plutonium, qui vient de Pluto, dieu des enfers. Un millionième de gramme vous donne le cancer, si vous l'inhalez. Si vous répartissez un demi-kilo de plutonium à travers le monde, c'est toute la population mondiale qui souffrira d'un cancer. Fukushima contenait 250 kilos de plutonium... C'est suffisant pour dire adieu à l'hémisphère nord. »

Enfin, on n’en parle peu, mais les taux de radioactivité dans l’air augmentent progressivement en France. Ce qui signifie que l’usine de Fukushima relâche de plus en plus de polluants radioactifs. J’ai lancé une étude à l’aide d’un ami et avec les moyens du bord, pour mesurer tous les jours, à la même heure et au même endroit (ile de France) le taux de radioactivité sur une demi-heure. La mesure est faite à midi, tous les jours, depuis le 16 mars 2011. Hors accident, dans la zone de mesure le chiffre moyen est de 0,10 µSv/h. Après l’accident les chiffres se sont stabilisés autour d’une valeur moyenne de 0,13 µSv/h avec des valeurs instantanées allant jusqu’à 0,135 µSv/h. Cette augmentation est clairement due à l’impact de l’accident. Ces dernières semaines nous avons eu de pics de la valeur moyenne à 7 jours de 0,15 µSv/h avec plusieurs valeurs instantanées allant jusqu’à 0,18 µSv/h ! Pas de panique, car la limite acceptable est beaucoup plus haut : 0,3 µSv/h. Mais ceci indique probablement que les rejets à Fukushima se sont intensifiés récemment. Probablement, car il est difficile de faire la part de choses dans ces mesures dues aux vents, à l’accumulation des polluants depuis l’accident, aux rejets supplémentaires locaux et au hasard. Le plus préoccupant : l’accumulation. Pourtant, cette thèse semble démentie par les mesures parfois basses comme celle d’aujourd’hui : 0,10 µSv/h, qui ressemblent à la valeur avant accident. Les rejets locaux peuvent avoir une incidence : comment savoir si l’industrie française du nucléaire ne profite pas de Fukushima pour relâcher un peu plus de polluant ? Toutes proportions gardées, l’hypothèse de la force et de la direction des vents est la plus probable et nous pouvons effectivement dire sans erreur que Fukushima rejette plus depuis des semaines.

RadioactiviteIdf

La presse nipponne indique que des retraités japonais s’étaient portés volontaire pour aider à Fukushima. N’ayant que quelques années à vivre, ils se proposent d’aider au lieu de condamner des jeunes ouvriers. Ils veulent rendre un dernier service à leur pays et se sentent responsables de la politique nucléaire passée du Japon. Sur 1300 personnes, 274 personnes de plus de 60 ans ont été sélectionnées.

Au Japon comme dans tous les autres pays, un débat à lieu concernant le devenir du nucléaire. Comme partout où il y a un lobby du nucléaire, les journaux soulignent l’augmentation nécessaire du prix de l’électricité en cas de sortie du nucléaire. Certains journaux avancent un chiffre : 1000 yens par mois et par famille soit 10 euros environ. Évidemment pour certaines familles 10 euros par mois représente beaucoup, mais peut-on choisir entre la vie et le porte-monnaie ? La suppression du nucléaire serait un coup de sifflet donné pour l’exploration et la recherche vers de nouvelles sources d’énergie qui à terme pourraient être peu chères par le biais des nouvelles découvertes et par l’effet d’échelle. On dit que la suppression des centrales provoquera la construction de centrale au charbon et donc une forte pollution de l’air par le CO2. C’est vrai, c’est préoccupant, mais pourquoi ne parle-t-on pas de la contamination de l’air, de la terre et de l’eau par les déchets et les accidents nucléaires. Contamination qui implique notre responsabilité pour des millions d’années parfois ?

Dans ce débat sur l’avenir du nucléaire, est peu évoqué l’impact de la décision de certains pays comme l’Allemagne et l’Italie. Sortir du nucléaire implique arrêter sur 10 ou 15 les centrales et les démanteler sur une période de 20 ans. Ainsi, toute décision prise aujourd’hui nous engage encore pour 40 ans ! Enfin si le monde entier ne se désengage pas en même temps du nucléaire, les risques seront les mêmes. Pourquoi ? Simplement, car il n’y a aucune garantie pour qu’un pays comme la France qui n’a pas abandonné le nucléaire ne construise de nouvelles centrales pour fournir de l’électricité pas chère à ses voisins. Dans ce cas nous concentrerions donc tous le nucléaire des pays autour de nous qui y aurait renoncés. Ce qui pour nous serait grave. Pour les pays qui ont officiellement abandonné les nucléaires, ce serait hypocrite, car un accident à leur frontière les contaminerait également.

Ainsi, DSK a éclipsé durablement Fukushima pourtant la situation est aussi, voir plus préoccupante que la première semaine de l’accident, car maintenant nous commençons a en voir la gravité. Nous savons que le Japon mettra des dizaines (des centaines ?) d’années à gérer ce problème. Beau cadeau pour leurs enfants. Et nous ? Que voulons-nous faire ?

Enfin, pour les amateurs de sensations fortes, voici un lien qui montre en direct les images de l’usine via une webcam : Webcam Fukushima.

jeudi 16 juin 2011

En Patagonie, les Chiliens se révoltent pour défendre leur eau

A lire sur Rue89:

« Non aux barrages en Patagonie !

La Patagonie n'est pas à vendre !

Non à HidroAysén ! »

C'est avec ces cris et des banderoles plein les rues que des dizaines de milliers de manifestants défilent depuis plus d'une semaine dans les grandes villes du Sud du Chili, et principalement en Patagonie, où les carabiniers les ont violemment réprimés. Ils protestent contre HidroAysén, un projet de construction de cinq méga-barrages hydro-électriques.

« Non à HidroAysén »

Ce slogan signifie qu'ils ne veulent pas que la Patagonie meure. Cette région du bout du monde est l'une des rares encore intactes de la planète et représente la troisième réserve d'eau douce dans le monde.

Si ce projet aboutit, la distribution de l'électricité produite par les centrales (18 430 GWh par an) se fera à travers un alignement de pylônes de plus de 70 mètres de haut, qui s'étendra sur 2 300 kilomètres en direction du Nord du pays (sachant que le taux de pertes d'énergie avec ce type de transport est de 30%).

Autant dire un coup mortel pour la région d'Aysén, qu'on appelait depuis 26 ans, la « réserve de vie », étant donné les efforts poursuivis pour y défendre un style de vie tourné vers le « vivre ensemble » et le respect de la biodiversité.

Les lignes haute-tension traverseront :

  • six parcs nationaux, dont celui de la Lagune San Rafaël, classé réserve de biosphère par l'Unesco ;
  • onze réserves, dont celle de Pumalín ;
  • 32 propriétés qui protègent la nature.

Sur le Rio Baker (Camille Fuzier).

Tant de touristes amoureux de la nature sauvage viennent la savourer et des écrivains comme Francisco Coloane, Luis Sepúlveda, Jules Verne, Bruce Chatwin, entre autres, l'ont aimée et racontée.

Ce que les manifestants refusent, c'est que la Patagonie soit sacrifiée par des personnes qui font de sombres calculs dans leurs bureaux de Santiago et de Rome sans tenir compte du devenir de toute une région et de ses habitants.

Les Patagons manifestent contre le fait que le futur de toute cette région se trouve entre les mains d'une multinationale étrangère et que le gouvernement chilien ne les protège pas, au contraire.

Car derrière HidroAysén se cachent deux des trois entreprises qui tiennent le monopole de l'électricité chilienne : Colbún (49% de HidroAysén) et Endesa-Chile (51%) contrôlé par le géant italien de l'énergie Enel (Endesa-Chile étant une filiale d'Endesa-Espagne, qui est contrôlé à 92% par Enel).

L'Italien Enel fait ce qu'il veut des rivières patagones

Les gouvernements de Sebastián Piñera – comme ceux de la Concertación l'ont d'ailleurs fait dans le passé -, ne tiennent pas compte de la volonté ni du devenir des Patagons, ni du message qu'ils transmettent au monde entier depuis 5 ans pour sauver la Patagonie, autour du slogan : « Patagonia sin Represas », la Patagonie sans barrages.

Affiche "Patagonie sans barrages"

Pourquoi une entreprise italienne peut-elle décider du devenir de toute une région chilienne ? Au nom de quoi, Fulvio Conti, directeur d'Enel-Endesa, peut-il se permettre d'assurer sans sourciller que Hidro Aysén « doit continuer et continuera » ? parce qu'il considère que ce projet est « stratégique ».

Stratégique pour qui ? Il faut dire que le ton manifestement méprisant de Conti est dû au fait que la commission chilienne d'études sur l'environnement, constituée essentiellement de fonctionnaires publics (dont certains ont d'ailleurs démissionné dernièrement) a émis un avis favorable lundi dernier 9 mai 2011, ne tenant compte d'aucune incidence de la construction des barrages sur l'environnement. Ni d'ailleurs des 3 000 observations citoyennes des Patagons.

Et que l'étude d'impact sur l'environnement qui considérait ce projet comme « non conforme » le 26 avril à 13h30, est devenu « conforme » à 14h, comme par enchantement, après l'intervention de fonctionnaires du gouvernement très haut placés.

Endesa, donc Enel, possède 96% de l'eau de la région d'Aysén

Glaciers patagons (Camille Fuzier).Endesa, donc Enel, possède 96% de l'eau de toute la région grâce à une loi, inventée par Pinochet, qui a privatisé le droit d'exploitation de l'eau du Chili distribué cette propriété à ses amis, qui l'ont ensuite vendue à des entreprises, qui à leur tour l'ont vendu à des multinationales.

Une loi que personne (aucun des gouvernements démocratiques) n'a pensé ni ne pense aujourd'hui changer, parce que les intérêts en jeu sont trop énormes.

Les intérêts de qui ? Pas des Patagons en tout cas ! Ni des Chiliens ! Le Chili est sans doute l'un des rares pays au monde où l'eau peut appartenir à des multinationales étrangères. Patricio Rodrigo de l'association « Patagonia sin Represas », accuse :

« C'est un énorme business pour peu de personnes et la faillite pour la majorité des Patagons. »

Comme un air de magouilles

Que ce projet aboutisse semble être acquis pour l'Italien Enel, vu que bien avant que l'étude de l'impact sur l'environnement soit mystérieusement approuvée, les investissements avaient déjà commencé pour l'alignement des pylônes.

Sans oublier que la fondation de l'épouse du président, Cécilia Morel, vient de recevoir une donation d'un million d'euros de la part de HidroAysén.

Et que l'actuel ministre de l'énergie et des mines, Laurence Golborne, qui appuie de tout son poids le projet HidroAysén, avait été pressenti à la direction de HidroAysén avant de devenir ministre des mines de l'actuel gouvernement… En pleine crise d'HidroAysén, il vient de prendre des vacances, montrant au passage « l'énorme intérêt » qu'il porte à cette affaire.

Peut-on, après ça, parler encore du Chili comme d'un Etat qui respecte ses institutions et ses citoyens ?

Tortel (Camille Fuzier).

Pourquoi se dresser contre un tel projet ?

Les arguments avancés par le gouvernement d'une situation d'urgence énergétique et de rationnement possible ne tiennent pas debout.

Le journaliste Tomás Mosciatti, de Radio BíoBío, l'a dénoncé sur CNN-Chile :

« Il s'agit de discours de communication, d'effets de bluff pour faire peur. »

Deux centrales thermiques viennent d'être approuvées la semaine dernière. Des études prouvent qu'on produit plus que ce dont on a besoin. Et qu'il existe un potentiel énorme de production d'énergie non conventionnelle au Chili. Que l'excès sera vendu aux Argentins. Et que pas un mégawatt ne servira aux Patagons.

On sait par ailleurs que les entreprises minières dans le Nord du pays, dont la plupart sont étrangères, ont besoin d'électricité. De beaucoup d'électricité. Deux-tiers de l'électricité produite au Chili est consommée par elles. Et que ce sont elles, surtout, qui ont poussé ce projet HidroAysén. Tomás Mosciatti accuse :

« Je ne crois pas ce gouvernement, ni ceux d'avant, qui ont autant appuyé HidroAysén que l'actuel président. Il n'existe aucune politique énergétique au Chili, ni de système tarifaire, ni de protection des consommateurs.

Rappelons qu'au Chili, le prix de l'énergie est l'un des plus élevés au monde et cela n'est possible que grâce au monopole (Hydo Aysén, Endesa et Colbún comptent contrôler 80% du marché de l'électricité chilienne).

Le système tarifaire est insensé : il consiste à aligner les prix sur le coût de production le plus élevé, ce qui revient à payer l'électricité produite avec de l'eau au prix de celle produite avec du pétrole. »

Il est intolérable qu'un secteur stratégique d'un pays, comme l'eau, soit entre les mains d'entreprises en majorité étrangères qui décident en fonction de leurs intérêts à court terme et contre sans penser aux intérêts nationaux.

C'est l'écrivain Luis Sepúlveda qui l'écrit dans sa lettre au président de la République chilien :

« HidroAysén, citoyen président, signifie la complète déforestation, l'annihilation, l'extermination de 23 000 hectares de forêts chiliennes. […]

Dans un futur proche, votre buste se trouvera dans une galerie avec tous ceux des ex-présidents chiliens. Il ne dépend que de vous qu'au moment où l'homme chargé de le nettoyer viendra faire le ménage, il se dise avec admiration : “J'enlève la poussière du buste d'un président qui a sauvé la Patagonie d'une mort annoncée”.

Ou bien qu'il passe devant votre buste en refusant de dépoussiérer l'image de celui qui aura détruit l'une des régions les plus belles et les plus pures de la planète. Tout dépend de vous, citoyen Président. »

Illustration : affiche « Patagonie sans barrages ». Photos : manifestation contre HidroAysén en Patagonie le 14 mai (Ivan Alvarado/Reuters) ; sur le Rio Baker ; glaciers de Patagonie ; tortel (Camille Fuzier).

mardi 14 juin 2011

Entre usine et salle des marchés, le blues d'un futur ingénieur

 

A Lire sur Rue89:

La semaine dernière, j'ai vu Louis, un bon ami. Nous avons le même parcours, classique, des enfants de « bonne famille » pour qui la vie a toujours été légère et cotonneuse. Bac S, meilleures prépas (privées), meilleures (grandes) écoles d'ingénieurs, meilleurs boulots assurés à la sortie. Il travaille, je finis mes études.

Depuis six mois, il a intégré le desk « commodity derivatives » (produits dérivés de matières premières) comme trader « junior » dans une de ces méga-banques dont la faillite risquerait de mettre en péril tout le système économique et financier.

Louis a 24 ans et gagne 7 500 euros par mois. Ce n'est que la partie fixe de son salaire. En début d'année prochaine, quand commenceront à éclore les bonus aux quatre coins de la planète finance, il pourra espérer plus. Beaucoup plus. Car il travaille dans une des institutions financières qui a le mieux réussi avec la crise.

Des usines qui ne polluent pas ? Pourtant, l'air pique les yeux et le nez

Le lendemain, je suis allé aux alentours de Dunkerque avec mon école, pour visiter deux sites Seveso « seuil haut » : l'usine ArcelorMittal Atlantique, une des dernières aciéries françaises, également une des plus grandes d'Europe, et le site de vapocraquage de Polimeri Europa, fabricant des polymères (éthylène), propriété du septième groupe pétrolier mondial, l'Italien Eni.

Tous deux sont situés à proximité quasi-immédiate de la ville de Dunkerque, tous deux sont la propriétés de groupes internationaux, tous deux polluent. A eux deux, ils emploient plus de 4 000 personnes.

Des infrastructures lourdes, des bâtiments noircis par des dégagements gazeux de toutes sortes, une odeur de soufre et une atmosphère brumeuse, avec, en arrière-plan, le clocher de l'hôtel de ville de Dunkerque.

Malgré la promotion par les responsables de la communication des deux groupes de toutes les mesures mises en œuvre pour limiter leurs rejets en CO2, il suffisait de jeter un coup d'œil autour de soi et d'ouvrir bien grand ses narines pour avoir un démenti dans la seconde de ce discours bien verrouillé : ça piquait les yeux et le nez.

Entre ces deux visites était organisée une discussion avec des responsables locaux impliqués dans les questions liées à l'environnement. Tout ce beau monde tentait de répondre à une question légitime : comment protéger la population et continuer à produire ici avec des industries lourdes ?

Impuissants face aux multinationales

La réponse était plus ou moins confuse. Exproprier les habitants des zones alentour et les dédommager ? Financer avec de l'argent public des pratiques plus « vertes » ? Pousser les pollueurs à payer les transformations nécessaires ? Les trois à la fois ?

Il faut préciser certaines petites choses :

  • que la région de Dunkerque compte plus de dix sites classés Seveso « seuil haut » (AZF était de cette classe) ;

  • que le département compte environ 70 sites à la fois « seuil haut » et « seuil bas » (dont la centrale nucléaire de Gravelines, troisième site producteur d'électricité d'origine nucléaire dans le monde) ;

  • qu'à Dunkerque l'espérance de vie est une des plus basse de France ;

  • que le taux de cancers est nettement au-dessus de la moyenne nationale ;

  • et que le bassin d'emploi compte 12,6% de chômeurs.

La discussion s'est rapidement déplacée sur un autre terrain : celui de l'avenir de l'industrie dans le Nord, et plus généralement en France. Et une réponse s'est imposée : à l'heure où le monde redécouvre ce qu'est un risque industriel majeur, les populations n'accepteront plus très longtemps de voir se dérouler sous leurs yeux le grand carnaval du désastre durable.

Aucune collectivité, aucune mairie, aucun organe de l'Etat ne pourra continuer à financer et à aider des entreprises exploitant des sites extrêmement polluants et aux activités industrielles risquées alors même que la dette continue d'exploser et que les caisses sont à sec.

Les multinationales, elles, n'accepteront jamais de se soumettre à des règles environnementales de plus en plus strictes au prix de leurs compétitivité financière. Elles licencieront, elles délocaliseront.

Des usines transformées en parcs d'attractions

Ces responsables locaux, qui usaient et abusaient d'anagrammes tous aussi tordus les uns que les autres, qui débattaient sur telle ou telle considération administrative, qui pinaillaient sur tel ou tel chiffre, témoignaient d'une lourdeur qui ne leur permettra jamais de faire le poids face à Mittal, Eni ou Areva. Ils en avaient pleinement conscience :

« Si monsieur Mittal décide demain de fermer son usine, nous n'aurons aucun moyen pour l'en empêcher. »

Ou encore, le bien connu :

« A l'heure actuelle nous n'avons pas les financements… »

Alors, il restera le secteur « tertiaire », les services « à forte valeur ajoutée », le tourisme, pour espérer mobiliser une tranche de la population, celle de « la France d'en bas », mise de côté par le grand jeu néolibéral. Des sites Internet, des sociétés de conseil et d'autres services en tous genres sont appelés à remplacer les aciéries, les usines de chimie ou les raffineries qui n'ont comme seul avenir que celui de se reconvertir en parcs d'attractions pour nostalgiques de l'ère industrielle.

Louis restera à Londres, spéculant sur les matières premières, et avec l'envolée des prix son bonus risque d'être exorbitant. Les grandes écoles d'ingénieurs françaises continueront à fournir une bonne partie des jeunes cadres à « haut potentiel » qui rempliront les banques d'affaires et autres groupes de conseil en stratégie.

Le monde, notre monde, est cassé. C'est quand même une sale histoire.

lundi 13 juin 2011

Le président des riches le reste, mais discrètement !

Nicolas Sarkozy, souvent considéré comme président des riches, sait que cette image n’est pas positive pour l’élection de 2012. Il avait donc deux choix : changer de politique ou maintenir sa politique mais la rendre plus discrète. Devinez quel est son choix ?

2012 approche à grand pas et les chances de Nicolas Sarkozy sont de plus en plus minces. Après un léger mieux suite à l’élimination de DSK, les déclarations de Jacques Chirac sur le président et son support affiché à Hollande (même si Chirac est revenu sur le contexte de sa petite phrase affirmant qu’il voterait pour Hollande), n’est pas du meilleur augure. A l’UMP on sait également que le morcèlement des candidatures de la droite n’est pas à l’avantage du président.

Dans ce contexte difficile, il faut convaincre le plus grand nombre que le président change. Qu’il n’est plus le président de 1% des Français les plus riches. Nombre de Français, souvent pauvres, ont cru à l’élection de Nicolas Sarkozy. Je me souviens le lendemain de l’élection la remarque d’une caissière d’un grand supermarché : Alors que son travail semblait lui peser un peu, je lui ai dit « pas facile votre travail… » et elle a répondu « Oui, mais avec Nicolas Sarkozy, on espère tous que cela ira mieux ! ». Je n’ai rien dit car je n’étais pas là pour faire un débat politique, mais cela m’a un peu démoralisé de voir comment l’UMP avait réussi à embobiner à ce point certains Français qui avaient fini par voter contre leurs intérêts… Aujourd’hui, seules certaines personnes âgées et quelques riches (cœur de cible de l’UMP) sont encore convaincus du bienfondé de la politique du président.

Rien ne va plus, il faut faire machine arrière ou semblant de faire machine arrière. Monsieur Sarkozy doit donc changer ou faire semblant de changer. Ses amis n’ont pas changés, ses convictions non plus, il était donc inévitable que seule la deuxième option fût possible : le président doit faire semblant de changer.

Premier exemple : Le bouclier fiscal, l’ISF et l’autoliquidation

Problème : Si le bouclier fiscal est très mal perçu par les Français au moment où le chômage est haut et que l’on demande sans cesse plus d’effort financier à ces derniers, il n’est pas possible de revenir sur ce cadeau aux riches. Comment faire pour maintenir, voir augmenter cet avantage tout en ayant l’air d’avoir entendu les Français ?

La solution est naturelle : le bouclier fiscal doit être compensé par la suppression de l’ISF de manière élégante. Comment ? Le bouclier fiscal est impopulaire à cause de la presse qui fait fuiter les lettres de remboursement du fisc aux 14 000 riches qui en bénéficient (sic !). Pensez donc ! Une lettre informant un ultra-riche qu’il recevra un chèque de 400 000 euros pour compensation de ses impôts de l’année passée est vite perçue comme scandaleuse ! 400 000 euros soit 15 ans de salaire pour un français moyen (2160 euros/mois) ! Non cette manière de gérer le bouclier est ridiculement trop visible ! Il faut rendre cela transparent. C’est ainsi qu’est inventé l’autoliquidation : le président permet par cette mesure de déduire directement à la source la partie déductible et non de payer plein pot puis de recevoir un chèque pour le trop-perçu ! Les redevables de l’ISF, qui bénéficient du bouclier au titre de l’année 2011, devront, au-delà de cette date, "obligatoirement" déduire ce remboursement du montant de leur impôt, plutôt que d'attendre que le fisc leur reverse un chèque de remboursement en 2012. C’est plus discret et les riches n’avancent plus de l’argent qui peut, de plus, être avantageusement placé ! Mais ne nous y trompons pas : non seulement le bouclier fiscal existe toujours, mais il est rendu invisible pour la presse et les français. Autrement dit : les riches se gaveront toujours, mais le banquet se fera hors caméra, discrètement. Rappelons également que le président avait déjà changé en 2007 les règles du bouclier fiscal limitant à 50% (et non plus à 60%) l’imposition maximale des riches. « il faut bien que quelque chose change pour que tout reste comme avant ! » comme disait le prince de Salina dans le Guépard de Visconti.

Autre solution complémentaire : ne pas faire coïncider la modification du bouclier et celle de l’ISF. 2012 arrivant à grands pas, le président a astucieusement décidé d’attendre 2012 pour appliquer ce nouveau bouclier fiscal. En revanche l’ISF, lui, qui ne touche pas seulement 14 000 contribuables comme le bouclier fiscal, mais 300 000 sera modifié immédiatement ! La limite pour tomber dans l’imposition ISF passe de 800 000 euros (31 ans de salaire d’un français moyen épargné à 100%) à 1,3 millions d’euros (50 ans de salaire épargné à 100%) immédiatement ! Autant dire que le cadeau est important et que le nombre de contribuable concernés par l’ISF va fondre comme neige au soleil. Si c’est pas un beau cadeau aux riches, je ne m’y connais pas !

Deuxième exemple : la deuxième journée de solidarité

Dans le même temps la journée de solidarité nous est vendue comme insuffisante financer l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées et on envisage d’en ajouter une deuxième. Ce qu’il faut savoir c’est que cette réforme est payée par les salariés et non par les revenus du capital (si l’on ne travaille pas parce qu’on est rentier, c’est difficile de travailler une journée de plus !). Elle est majoritairement payée par les salariés et non pas par les entreprises non plus : Le salariés travaillent gratuitement ce jour là mais les entreprises ne cotisent que 0,3% de la masse salariale de cette journée. Le reste du fruit de cette journée de travail va directement dans la poche des entreprise. Ces journées gratuites sont donc un cadeau aux riches et aux entreprises : ça, c’est de la solidarité !

Nicolas Sarkozy, président de tous les Français ? Il faut vraiment être naïf pour y croire encore !

Le Blog Economique Et Social

Thalès-Safran:mobilisation le 20 juin

A Lire sur Thales et Safran sur Le Figaro:

Les syndicats de Sagem défense sécurité (groupe Safran), inquiets des conséquences du projet de rapprochement d'activités de Thalès et de Safran, ont appelé les salariés à manifester le 20 juin, lors de l'inauguration du salon aéronautique du Bourget (Seine-Saint-Denis).
"La mobilisation va donc se poursuivre et augmenter d'intensité jusqu'au retrait total du projet", a indiqué dans un communiqué l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT, CFTC et FO.
Une manifestation organisée mercredi dernier à Paris avait rassemblé "plus de 800 salariés près du ministère de la Défense", a ajouté l'intersyndicale. Les manifestants "ont exprimé leur exaspération face à la tentative de passage en force de l’Etat pour imposer des échanges d’activités industriellement absurdes pour les deux groupes et pour l’industrie aéronautique et de défense française", dit-elle.
Ils ont également tenu à "dénoncer les conséquences sociales désastreuses qui en découleront".
Une délégation, reçue ce jour-là au ministère de la Défense, a demandé "l'arrêt immédiat des négociations sur le projet en cours" et remis une pétition signée par près de 3.000 salariés de Sagem.
Les groupes Thalès et Safran discutent du rapprochement de certaines de leurs activités militaires, notamment sous la pression de l'Etat soucieux de rationaliser ses investissements dans la recherche.
L'Etat est actionnaire de Thalès (27%) et de Safran (30%).

vendredi 10 juin 2011

Thalès-Safran : un échange d’actifs à hauts-risques pour l’emploi

Les échanges d’actifs, dont la presse s’est fait écho sont en cours de négociations entre les deux spécialistes de l’aéronautique. Après l’échec d’un accord l’année dernière, les discussions entre les deux groupes ont repris récemment, pourtant, la facture risque d’être lourde pour Thalès (on parle de 500 millions d’euros) et cette opération voulue et décidée par le gouvernement débouchera inévitablement sur des licenciements.

L’État, actionnaire commun des deux entreprises, voudrait un échange d’actifs, devinez pourquoi ? Pour former une super entreprise de défense ? Pas du tout ! L’explication officielle est de réduire les dépenses des bureaux d’étude en période de contraction budgétaire. Élégante manière de dire que l’on prendra le meilleur des deux R&D et que le reste, lui, restera sur le carreau ! De plus, les sites R&D des deux entreprises sont suffisamment différents pour que ce montage soit générateur d’importantes mobilités géographiques qui amèneront de nombreuses pertes d’emplois.

L’idée du gouvernement est de réunir chez Safran (groupe issu de la fusion Snecma-Sagem) les activités de navigation inertielle ainsi que celle de génération électrique, tandis que l’optronique (drones tactiques, capteurs, systèmes de missiles, modernisation des avions de combat) ira chez Thales. Pourquoi cette somme de 500 millions d’euros évoquée par la presse ? Simplement parce que les activités apportées par Safran seront plus importantes que celles de Thales. Ce dernier devra donc une compensation d’environ 500 millions d’euros.

La presse parle également d’une coentreprise qui réunirait les activités avioniques de Thales et de Safran ou bien d’une spécialisation de Thalès dans la défense et de Safran dans l’avionique. Sur le papier, cette dernière hypothèse à l’air d’avoir un sens.

Si les financiers trouvent un sens à ce montage, les syndicats, eux, sont inquiets : séparer l’optronique et l’inertiel serait une merveilleusement ridicule idée tant les deux spécialités vont de pair dans l’électronique de défense : “les synergies industrielles entre ces 2 activités sont essentielles à la différentiation technologique et à la compétitivité de chacune d’elles. La maitrise des techniques inertielles permet d’intégrer de manière optimisée les fonctions supplémentaires (localisation, orientation, stabilisation) associées aux équipements optroniques modernes. SAFRAN est un des 2 industriels au monde (le 2e étant américain) à posséder ce facteur de compétitivité qui explique largement le succès commercial de ses équipements. Les quantités importantes de composants inertiels, utilisés dans les équipements optroniques contribuent à améliorer la maitrise de cette technologie de pointe et à rentabiliser un outil industriel complexe.” et pointe du doigt une perte de compétitivité programmée. Du coup, les syndicats ont organisé le mercredi 8 juin une manifestation à l’esplanade des Invalides à Paris.

Pourtant, les analystes financiers applaudissent, car ils pensent que Thales en sortira grandie, les activités de défense étant les plus rémunératrices… Cela ne semble pas être l’avis du PDG de Thales, Luc Vigneron, qui semble freiner des quatre fers. Premier point bloquant : il ne veut pas signer de chèque de 500 millions d’euros. Ce manque de motivation depuis deux ans que traine ce dossier, a conduit l’état à vouloir la tête de Luc Vigneron. Si bien que certains se demandent si cette dernière tentative n’est pas un piège pour ce dernier. Luc Vigneron a été mis en place par Dassault Aviation qui possède 25,9 % du capital de Thales. Contestés au gouvernement et également en interne par une équipe dirigeante qui n’a jamais admis ce parachutage, les jours de Luc Vigneron semblent compromis.

Le versement de 500 millions d’euros par Thales à Safran montre un montage peu équilibré, mais qui risque pourtant de se retourner au désavantage de SAGEM qui en cédant son optronique à Thales risque fort de se retrouver fragilisé n’ayant plus de compétence forte propre. Dans ce cadre nous ne donnons pas cher de SAGEM qui pourrait bien disparaitre rapidement. Le tour de passepasse du gouvernement permettrait donc de faire le ménage discrètement et de se séparer de ceux dont on ne veut plus : cette opération ressemble à s’y méprendre au dé tricotage de la fusion Sagem-Snecma opérée cinq ans plus tôt. Quant au reste du groupe Safran, il est difficile de dire ce que lui coutera cette opération risquée : actuellement “leader” en Europe dans les drones et l’optronique, le montage du gouvernement risque de ne pas lui porter chance…

Autre interrogation : L’intégration d’un millier de salariés issus des usines Safran dans Thales, groupe sans usine, se traduirait, à terme, par la disparition d’emplois, voire la fin de toute production en France ! Un comble pour un gouvernement qui fait semblant de lutter contre la disparition du tissu industriel français, mais qui prend chaque jour des décisions contraires.

Ainsi, le montage imaginé par le gouvernement ressemble, sous cet angle, à s’y méprendre un bricolage mal ficelé (comme beaucoup de choses que fait ce gouvernement) qui donne dès à présent un avant-gout amer. Opération risquée pour l’emploi, risquée pour la compétitivité de Thales et de Safran et suicidaire pour les anciennes activités de SAGEM : Décidément, ce bricolage n’est séduisant que de loin !


Un lecteur m’indique que “SAFRAN est au TGI de Chambéry pour l'illégalité d'un PSE suite a l'externalisation d'une ancienne activité SAGEM, SAGEM MOBILES via une PSE SAFRAN en 2008 a un fonds d'investissement SOFINNOVA. Une affaire avec les mêmes acteurs qui ressemble étrangement a MOLEX.” Lien.

mardi 7 juin 2011

Le vélo pliant Mobiky est made in Normandy

A lire dans Ouest-France :

Les entreprises de la région. Un ancien patron d'une entreprise d'électronique, Pascal Baisnée, s'est reconverti dans la fabrication de vélos pliants. Plusieurs entreprises normandes travaillent sur ce projet de relocalisation.

L'initiative

« Je veux qu'à terme, chaque vélo pliant soit signé par celui ou celle qui l'aura monté chez nous, il y aura une petite carte sous le cadre qui indiquera où joindre la personne. C'est essentiel si l'on veut garantir la qualité. » La qualité française en l'occurrence. Pascal Baisnée, PDG de Mobiky, n'en est pas encore là. « Pour l'instant, nos vélos sont encore importés d'Asie, mais en pièces détachées. » Et montés à Saint-Lô, par Mobiky, qui compte six salariés et envisage une dizaine de rectutements.

Première étape de la relocalisation : correction des défauts. « Pour améliorer la solidité, nous usinons certaines pièces, dont le cadre. » La société Picot à Coutances s'en charge. Deuxième étape, d'ici septembre : « Concevoir et produire, ici même, le cadre en aluminium, fabriqué jusqu'à présent par les Chinois. » Picot met la main, mais pas tout seul. « Nous travaillons avec Electropoli à Isigny-le-Buat (Manche) pour le traitement de surface et MPO, groupement de 25 entreprises de l'Orne et du Calvados, pour l'usinage et l'injection plastique », explique Philippe Bonneaud, directeur de la SA Marcel-Picot (200 salariés, 18 millions de chiffres d'affaires).

D'habitude, ce sont surtout des compresseurs de climatisation ou des crabots de boîtes de vitesse qui sortent des deux usines Picot, à Coutances. Les vélos, c'est nouveau.

Ne pas augmenter le prix

Mine de rien, Mobiky entraîne dans sa roue plusieurs PME bas-normandes. « En France, il n'existait plus de producteurs de vélos, que des assembleurs. Notre projet, c'est de relancer une fabrication française, avec un produit moderne, fait valoir Pascal Baisnée. Pour se faire, ai-je besoin de réinvestir dans du matériel, des machines et des compétences qui existent déjà chez nous ? »

D'accord mais à quel prix ? « Nous ne voulons pas augmenter le prix du vélo, même s'il est fabriqué en France. Donc, il faut analyser au plus près les coûts en s'appuyant sur des industriels. » Résultat, ça cogite sec dans les bureaux d'étude de Picot à Coutances. Pour améliorer la structure du vélo, le rendre plus fonctionnel, l'alléger, tester la résistance des matériaux... « J'ai repris contact avec l'inventeur. Nous allons faire évoluer les modèles vers de nouveaux usages, en y ajoutant de la technologie : batterie électrique, géolocalisation, location par cartes à puces... »

Les vélos première version sont en cours d'assemblage dans les ateliers de Saint-Lô. « On a fait des salons à Las Vegas, la Rochelle, Londres, Friedriechshafen, en Pologne, en Russie... Les retours sont bons et on a plus de 4 000 vélos à sortir d'ici août. » Et en septembre, si tout va bien, place à la nouvelle gamme « made in Normandy ».

Laurent LE GOFF.

samedi 4 juin 2011

La délocalisation délocalisée : Dacia s’en va de Roumanie ?

A lire dans Le grand soir:

Renault veut continuer a économiser de l’argent sur les salaires. Après une première délocalisation d’une partie de sa production en Roumanie, utilisant les ancienne installations de Dacia à Pitasti, où l’on continue a produire des voitures plus économiques avec cette marque, elle pense maintenant a transférer ses installations dans d’autres pays encore moins cher.

La possibilité que Renault délocalise au Maroc, où elle a ouvert une fabrique à Casablanca pour la production de certains modèles de Dacia, sa filiale de bas coût roumain, cause beaucoup de préoccupations. Dans un article intitulé Dacia "made in Romania", menacée par les Marocains, le journal Gândul pointe les motifs qui sont utilisés par la direction de la multinationale pour justifier la délocalisation.

En premier lieu "le malaise de la direction à cause des demandes des syndicats pour la salaires, une augmentation de 500 lei (125 euros) par mois et une prime annuelle de 700 lei (175 euros) sur la base d’un salaire moyen de 520 euros (vu comme ceci cela parait ridicule, car dans les deux pays les salaires sont très bas, mais du point de vue du capitaliste n’importe quelle augmentation du bénéfice est plus importante que la situation de ses travailleurs). Naturellement le journal Gândul, aussi aux mains des capitalistes, accuse les travailleurs d’exiger des salaires démesurément hauts, au lieu de les défendre contre l’exploitation ceux qui sont soumis par la marque française.

En second lieu, une réduction du coût de transport des voitures par voie maritime par rapport à la voie terrestre, au vu de l’état des routes roumaines et des faibles possibilités que la situation change dans les prochaines années. Dans ce cas le laissez faire et l’indolence des gouvernements roumains qui n’ont construit qu’un peu plus de 200 km d’autoroute en 21 ans, provoque de graves préjudice au transport, et par conséquent à la production locale.

Le salaire à Tanger, Maroc, est de cinq euros de l’heure, face au huit euros de l’heure en Roumanie. C’est que la spirale des délocalisations a des paradoxes. Si au début elles sont bienvenues, profitant des bas salaires du nouveau lieu, bientôt elle trouvera un lieu encore plus économique et la délocalisation sera délocalisée.

La division de la classe ouvrière internationale défendant les intérêts selon son appartenance aux nations crées par la bourgeoisie fait que les capitalistes, beaucoup plus unis par leurs intérêts identiques, arrive a leur objectif d’augmenter la plus-value en réduisant les coûts salariaux. Ainsi l’acceptation des syndicats nationaux où se trouvent les fabriques de la possibilité de délocalisation cherchant des travailleur encore moins cher (et les nouveau bénéficiaires, les travailleurs de la nouvelle nation, de la nouvelle situation) fait que les droits du travail souffre d’une spirale de régression, que les capitalistes, muent par l’avarice et non par l’altruisme, trouvent toujours une force de travail moins cher et avec de pires condition de travail pour l’exploiter mieux et augmenter encore plus ses bénéfices.

Le journal Gândul souligne de plus que la fabrique de Mioveni a réalisé des exportations d’une valeur de 2,5 milliards d’euros en 2010, ce qui représente 7% des exportations totales de Roumanie, il rappel aussi que Dacia donne du travail à 150 000 personnes en Roumanie.

La marque de la Roumanie Socialiste, Dacia, aujourd’hui en des mains françaises, n’est maintenant plus au service de ses travailleurs, mais des capitalistes du groupe Renault. C’est ainsi que les intérêts des roumains ne compte plus et la seule chose importante est l’intérêt de ses propriétaires. Ainsi est le capitalisme.

Source : La deslocalización deslocalizada : ¿Dacia se va de Rumania ?

vendredi 3 juin 2011

Nestlé: « L’évolution des dividendes est bien supérieure à celle de nos salaires »

A lire sur le blog de Finanbulles:

Témoignage d’un manager de chez Nestlé: « L’évolution des dividendes est bien supérieure à celle de nos salaires »

Voici le deuxième épisode de la série « Y’a comme un problème: les profits augmentent mais pas les salaires ». Il s’agit du témoignage d’un manager de chez Nestlé qui travaille au sein de la filiale « eau » de la célèbre marque. Cette filiale, Nestlé Waters, distribue des produits qu’on connaît tous et même, pour certains, qu’on achète: Vitell, Contrex, Quézac ou bien Perrier. Christophe Kauffman est responsable de la région Pays de Loire et a quatre commerciaux sous ses ordres. Il est également syndicaliste CFDT, ce qui lui a permis de parler à visage découvert.

Dans ce premier entretien, il nous parle de la manière dont les objectifs fixés par la direction de la boîte, pour satisfaire les appétits de ses actionnaires, sont déclinés en million de bouteilles à vendre! Et bien sûr, il évoque la disparité entre salaires et dividendes, sujet ô combien d’actualité.
Il dévoilera, dans l’épisode suivant, comment Nestlé Waters met la pression aux commerciaux pour vendre ces millions de bouteilles… Vivement la suite!

Chers lecteurs, faites votre choix! Vous pouvez visionner le témoignage ou le lire. Elle est pas belle la vie?

La vidéo

Qui sont les actionnaires de Nestlé ?
La structure financière est compliquée parce que l’actionnariat n’est pas clairement identifié : il s’agit de plusieurs actionnaires qui sont essentiellement des hedges funds et des banques. Il n’y a pas d’actionnaire principal comme dans certains groupe. Mais le principe est très simple : toutes les filiales sont formatées pour reverser des dividendes aux actionnaires tous les ans.

Comment définiriez-vous les actionnaires ?
Hum… On va dire une nébuleuse. C’est le terme le plus approprié : « la nébuleuse des actionnaires Nestlé ». En tous les cas, c’est forcément l’image qu’en ont les salariés. Mais, au quotidien, cela reste une valeur importante car tout le monde sait que l’on travaille pour dégager des résultats. Les résultats du groupe sont publics et diffusés sur internet. On peut voir, très clairement, l’évolution des dividendes qui sont versés par action chaque année. Et cette évolution est bien supérieure, malheureusement, à celle des salaires que l’on perçoit.

Pour augmenter les dividendes, il faut augmenter les profits. Et pour cela, des objectifs sont définis. Vous êtes manager, comment ces chiffres vous sont-ils transmis ?
Le circuit est très simple. Chaque année, le comité opérationnel de Nestlé Waters, c’est à dire les grands dirigeants de Nestlé Waters France, soumettent leurs objectifs à Nestlé Waters Monde qui les soumet à Vevey (le siège de Nestlé) ndl. Ensuite, il y a ce qu’on appelle une « redescente » avec, souvent, un rajout d’objectifs top down (du haut vers le bas ndl). Par exemple, l’année dernière, Nestlé Waters France s’était fixé un objectif de 1,9% de marge opérationnelle. Elle a communiqué ce chiffre au-dessus mais elle s’est fait retoquer. Le top down est redescendu en fixant un objectif de 2,7%. C’est le principe : tout est agrégé vers la structure montante, Nestlé Monde, et Nestlé Monde agit en fonction des objectifs qu’il s’est fixés vis-à-vis de ses actionnaires. Ensuite, ces objectifs sont redescendus par filiales.

Comment cela se traduit concrètement pour vous ?
On se reprend un objectif et on doit passer de 1,9% à 2,7% de marge opérationnelle. Il faut qu’on trouve le 0,8% qui nous manque! Et c’est tout simplement en vendant. Sur Contrex par exemple, on va essayer de vendre X millions de bouteilles en plus pour combler cet écart. Une fois que vous avez décliné cette marge opérationnelle et que vous l’avez répartie par marque et bien, vous déclinez des objectifs de volume par marque. Il va donc falloir vendre X millions de bouteille de Contrex, X millions de bouteilles de Vittel et ainsi de suite.

jeudi 2 juin 2011

Vers la fin du Made in China?

A lire sur www.contrepoint.org:

Aujourd’hui Made in China, en 2015 Made in USA ou Made in France? C’est ce que prévoit le Boston Consulting Group (BCG), un des principaux cabinets de conseil américains. En effet, les arguments économiques en faveur des délocalisations tendent à s’estomper avec l’évolution du contexte international.

La situation semble déjà bien plus rose qu’il y a peu : des prouesses allemandes à la forte croissance de l’emploi manufacturier américain. Comme le souligne un blogueur de Time, American Manufacturing is Back, avec une hausse de l’emploi à la clé. En mai, General Motors a par exemple annoncé un investissement de 2 milliards de dollars aux États-Unis dans ses usines et la création de 4 000 jobs. Mais tout cela pourrait encore s’améliorer sur le long terme selon le BCG.

D’une part, les salaires dans les pays en développement évoluent fortement. En Chine, c’est une hausse de 17% chaque année qui vient directement impacter la rentabilité globale de l’opération. Aux États-Unis, la hausse est bien plus modeste. Rien qu’entre 2005 et 2010, le salaire des ouvriers en Chine a cru de 69%. Sur la base d’une légère appréciation du yuan et d’une poursuite des tendances en termes de hausse de salaire ou de productivité, le cabinet de conseil estime qu’en 2015, il coûtera la même chose de produire aux États-Unis qu’en Chine. Mais, à part pour les antimondialistes primaires, il est bien connu que d’autres facteurs que le coût du travail rentrent en compte.

D’autre part, la chaîne d’approvisionnement (Supply chain) des entreprises qui délocalisent devient de plus en plus difficile à contrôler. Il suffit de voir les difficultés rencontrées après la catastrophe naturelle et l’accident nucléaire japonais pour se rendre compte des risques associés pour les entreprises dépendantes d’usines lointaines. En outre, l’évolution à la hausse du prix de l’essence renchérit le coût du transport, avec une variabilité permanente. Sans oublier que les entreprises doivent aussi financer le coût de l’inventaire, qui peut représenter 100 jours de stocks.

Face à ces évolutions, le calcul économique joue de moins en moins en faveur des délocalisations, dont l’impact a de toute façon été probablement très surestimé (Voir les travaux de Suzanne Berger).

Certes ces arguments peuvent être nuancés, comme le rappelle The Economist : on devrait davantage observer un arrêt de la baisse qu’une hausse de l’emploi manufacturier ; entre autres facteurs, la baisse des subventions incluses dans les plans de relance risque d’avoir un impact négatif contrebalançant la relocalisation. Mais une fois de plus, le simplisme « noir ou blanc » pour appréhender une situation économique complexe.

Sur le net: