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mardi 31 août 2010

Dess: il fabrique le dernier parasol français

A lire dans L’Usine Nouvelle.

En 2010, le marché français du parasol est inondé par des produits d'importation. Frédéric Dessauw fabrique en Champagne les derniers parasols "Made in France".

Piney, 1200 habitants. Ce petit village de l'Aube abrite le dernier fabricant français de parasols : un résistant nommé Dess. Six personnes y fabriquent 30 000 produits par an : des parasols l'été, des parapluies l'hiver. Ils découpent et cousent le tissu, avant de le monter sur des armatures fabriquées dans une autre entreprise.
Frédéric Dessauw, gérant de l'entreprise fondée par ses parents en 1978, s'est orienté vers un marché de niches. Par exemple, son produit le plus vendu est le parasol de balcon, car "on n'en trouve plus dans les grandes surfaces".

Fiche d’identité
Chiffre d'affaires 2009: 600 000 euros
Capital : détenu par la famille Dessauw depuis 1978
Effectifs : 6 salariés
L'histoire : Les parasols de France Télévisions utilisés sur le Tour de France ont été fabriqués par Dess.

Dess compte plusieurs clients prestigieux, comme les hotels Martinez et Plaza Athénée. "Ils recherchent une qualité, un suivi particulier." De grandes marques de Champagnes comme Taittinger commandent également des parasols à leur voisin Champennois. Dess compte sur un atout pour séduire ces clients exigeants : sa capacité à produire de petites séries rapidement.


Une TPE face à une concurrence mondiale
A partir de 1990, les quotas d'importation de textile ont progressivement disparu. Les textiles asiatiques sont arrivés en masse, "des containers n'arrêtent pas de déferler..." Les grands ateliers ont fermé, Dess a survécu en s'adaptant. "On tient le choc parce qu'on est une petite entreprise" affirme Frédéric Dessauw. Cette taille modeste permet la réactivité et la production de séries sur mesure. Autre point fort de Dess : une clientèle très variée.
Aujourd'hui, Dess ne vend plus que sur son site internet. Une évolution engagée depuis plus de dix ans. "J'ai été le premier en France à commercialiser directement des parapluies sur le web." Dès 1999, Frédéric Dessauw a compris l'intérêt d'un bon référencement et a réservé le nom de domaine monparapluie.com. Vendre sur un réseau mondial, pour mieux faire face à la mondialisation.

Rémy Maucourt

QUATRE RAISONS DE RELOCALISER

Un article à lire dans les archives du Parisien.fr.

Auteur d'un livre intitulé « les Nouvelles Géographies du capitalisme »*, l'économiste Olivier Bouba-Olga est spécialiste des choix de localisation des entreprises. Si, pour lui, les relocalisations ne sont pas « un phénomène massif », il s'agit tout de même d'une tendance « intéressante, qui n'a rien d'anecdotique ». Pour cet expert, quatre raisons principales expliquent les récents exemples de relocalisations. 1- Une faible productivité du travail dans certains pays Lorsqu'elles délocalisent, les entreprises espèrent réaliser de substantielles économies sur les salaires. Certes, des rémunérations cinq, dix ou même quarante fois moins élevées qu'en France, comme c'est le cas en Inde par exemple, peuvent faire rêver.

Mais si la productivité du travail n'est pas au rendez-vous la délocalisation devient alors une mauvaise affaire. Or il n'est pas facile d'évaluer à l'avance la productivité de la main-d'oeuvre en Europe de l'Est, au Maghreb ou en Asie… « Parfois, les entreprises se trompent dans leurs calculs », estime Olivier Bouba-Olga. 2- Des coûts et des délais de transport plus élevés De plus en plus, les entreprises doivent être réactives par rapport aux marchés. Or acheminer par bateau des marchandises produites en Asie nécessite au minimum cinq à six semaines, un délai trop long pour satisfaire immédiatement la demande des clients. Le coût de ces grandes traversées maritimes doit également être pris en compte. « Lorsque l'entreprise Samas, qui fabrique du mobilier de bureau, a décidé en 2000 de délocaliser sa production en Asie, le pétrole était à 30 $ le baril », explique Olivier Bouba-Olga. En 2006, Samas a rapatrié en France la fabrication des caissons métalliques de bureau. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait pris de plein fouet la flambée des tarifs pétroliers en 2008. 3- L'augmentation des salaires en Asie et ailleurs Même en Chine, les salaires ne restent pas indéfiniment bas… Plus les entreprises étrangères investissent dans un pays dit « émergent », plus la main-d'oeuvre qualifiée se raréfie et plus les salaires locaux sont tirés vers le haut.

Selon les calculs d'Olivier Bouba-Olga, en 1996, une heure de travail en République tchèque coûtait huit fois moins cher qu'en France. Six ans plus tard, cet avantage comparatif en faveur de la République tchèque n'était plus que de 1 à 5. 4- Un souci de qualité et de service pour les clients Schématiquement, les entreprises peuvent poursuivre deux stratégies différentes : soit elles recherchent en priorité une baisse des coûts, soit elles misent sur l'innovation et la différenciation de leurs produits. Dans ce cas, la relocalisation en France est souvent privilégiée afin de garantir la qualité et le suivi après-vente auprès des clients.

Olivier Bouba-Olga, « les Nouvelles Géographies du capitalisme », éditions du Seuil, 2006, 241 p., 21 €.

lundi 30 août 2010

L’industrie de la plasturgie redonne des couleurs au Jura

A lire dans Le secours Catholique.

À Arinthod, la crise a limité les dégâts grâce à la reprise de Smoby, le plus gros employeur, et à la réactivité des entreprises.

À Arinthod, bourgade jurassienne de 696 habitants, l’usine de jouets tourne à plein régime. Smoby fabrique durant l’été les produits destinés à la période de Noël. Le nouveau propriétaire de Smoby-Majorette, l’Allemand Simba, a décidé de développer ce site de production du numéro un français du jouet. Ici, tout le monde s’en réjouit. 110 personnes travaillent sur le site d’Arinthod et l’effectif devrait monter à 180 travailleurs avec l’extension de l’usine prévue pour 2011, estime Michel Berthelon, élu CGT au comité d’entreprise. Mais les célèbres petites voitures Majorette, elles, restent pour l’instant délocalisées en Thaïlande.
Cette prospérité a des conséquences : la cadence a augmenté sur les chaînes d’Arinthod. « Aujourd’hui, j’ai monté 136 chaises hautes de poupées à l’heure », déclare une salariée qui apprécie peu d’être chronométrée. Elle gagne 1 300 à 1 400 euros nets par mois. Mais elle ne se plaint pas vraiment. La politique sociale s’est d’ailleurs améliorée depuis la reprise par la société allemande. « Avant Simba, il n’y en avait pas, témoigne Michel Berthelon. C’était la dictature, tandis qu’avec les Allemands, on peut au moins dialoguer. »
Smoby, le plus gros employeur d’Arinthod, survole la crise mondiale. « La boutique tourne bien », estime même le représentant de la CGT. Le secteur du jouet est “sanctuarisé” par les consommateurs. « On se privera toujours pour acheter un jouet à son gamin », remarque Danielle Didier, ex-attachée commerciale chez Smoby.
Et pourtant, Smoby revient de loin. La société a été vendue il y a trois ans à la suite du détournement massif de fonds dont son ancien PDG est soupçonné. Les conséquences ont été dramatiques. Plusieurs usines du groupe ont fermé dans le Jura. Seuls 400 salariés sur 1 200 ont gardé leur emploi sur les quatre sites français restants. Une partie du personnel a été regroupée sur Smoby Arinthod, sauvé, semble-t-il, par ses équipements modernes, la qualité de sa main-d’œuvre et sa spécialisation dans le soufflage de gros produits.
Les autres entreprises d’Arinthod réussissent elles aussi à traverser la crise sans grave dommage. L’économie de la plasturgie, qui règne sur cette partie du Jura, reste porteuse. La société Plastique franc-comtois (PFC), créée en 2007 dans le grand bâtiment spécialement construit par la communauté de communes du secteur, se porte bien. PFC loue le bâtiment à la collectivité. L’usine emploie 28 personnes, sans qualification pour la plupart. Les ouvriers travaillent au recyclage de chutes de plastique achetées à des producteurs de fenêtres. « Les perspectives d’activité sont bonnes, nous sommes passés de 70 tonnes traitées à 300 et quelques tonnes en trois ans, et on va encore se développer », annonce le jeune chef d’entreprise, Jérôme Darit.

Heures supplémentaires.

Cette production peu automatisée ne requiert pas de qualification particulière. Deux salariés sont par exemple entrés dans l’usine en emploi aidé et sont aujourd’hui embauchés en contrat à durée indéterminée. Alain Verne est l’un d’eux. Ancien cuisinier, ancien forain, il est content d’avoir trouvé cet emploi. « À 50 ans, confie-t-il, j’étais considéré comme trop âgé partout où je me présentais. On ne m’a d’ailleurs jamais proposé Smoby. Et maintenant, je fais des heures supplémentaires le samedi pour mettre du beurre dans mes épinards », déclare-t-il en souriant.
Jean-Charles Grosdidier, patron de la société de transports éponyme et maire d’Arinthod, réussit lui aussi à préserver son entreprise et ses 90 salariés. Adaptation et reconversion sont ses armes anti-crise.
La plasturgie automobile de la “Plastic Valley” jurassienne est en difficulté ? Les transports Grosdidier se réorientent vers l’agroalimentaire, biscuits dans la région parisienne, fromages en Franche-Comté… Face à la concurrence des transporteurs d’Europe de l’Est, ils opposent la qualité. « Nous avons perdu des clients, mais pas de volume de marchandises », constate le chef d’entreprise. Du coup, il en est « presque » à recruter des conducteurs de poids lourds et du personnel administratif.
Le maire-entrepreneur n’est pas à court de projets. « Un importateur s’est installé ici récemment en créant un entrepôt qu’il lui était impossible de construire dans la région parisienne », déclare-t-il. Et il y a encore ce projet de production de fûts à bière en plastique pour les particuliers… À chaque fois, ce sont quelques emplois créés, si bien que les trois ordinateurs et la liaison Internet destinés aux chômeurs par la communauté de communes sont loin de la surchauffe.
Malgré son apparente prospérité, Arinthod affiche un taux de chômage aux alentours de 10%. « Mais beaucoup de chômeurs sont des intérimaires qui travaillent six à neuf mois dans l’année », nuance Nathalie Darit, secrétaire générale de la mairie.
Globalement, le département du Jura semble s’en sortir plutôt bien, notamment grâce au retour de productions délocalisées en Europe de l’Est ou en Chine il y a quelques années. Ainsi les finitions de lunettes de grandes marques. Le “made in France” a la cote chez les consommateurs. Mais le phénomène se fait discret pour l’heure. Le triomphalisme n’est pas de mise, car pour les patrons ayant choisi la délocalisation, c’est « quelque part un constat d’échec », reconnaît-on à la Direction régionale du Travail et de l’Emploi de Franche-Comté.
Au-delà de la recherche de qualité et d’économies sur les transports, les aides publiques ont compté dans ce retour de balancier, précise-t-on à la chambre de commerce et d’industrie du Jura. Mais on n’en saura pas plus sur l’importance du phénomène, en raison de son caractère « stratégique et confidentiel »… Une tendance d’une ampleur relative, qui semble néanmoins se dessiner sur l’ensemble du territoire français.

François Tcherkessoff

vendredi 27 août 2010

De qui se moque-t-on en Europe ?

Voici ce que je découvre dans la presse concernant la taxation des offres internet “triple-play” que je dénonçais il y a quelques jours : Le porte parole du commissaire européen à la Fiscalité, Emer Traynor, répondais aux questions de 20minutes.fr et ca vaut le détours :

Pourquoi la Commission européenne demande-t-elle à la France de changer sa fiscalité sur ses abonnements «triple play»?

La directive TVA permet aux Etats membres d’appliquer un taux réduit d’au minimum 5% sur les services de diffusion de télévision mais pas sur la fourniture d’accès à Internet ou le téléphone. La France ne peut donc avoir une TVA réduite sur 50% du prix total des abonnements «triple play». Les opérateurs pourront cependant garder un taux à 5,5% pour la télévision s’ils sont capables de différencier son coût de celui de la fourniture d’accès à Internet et du téléphone.
Si cette différenciation est impossible à faire, la législation prévoit que le taux appliqué à la prestation principale [19,6% pour l’Internet et le téléphone] soit mis en œuvre.

Comme cette différenciation est impossible à faire, sauf a saucissonner les offres “triple play” en “double-play” et TV, attendez-vous a voir passer la TVA sur les abonnements a 19,6 au lieu de (19,6+5,5)/2=12,55% soit une hausse de 7%. Un abonnement à 29,90 € passerait donc à 32 €. Ce qui fait tout de même un surcoût de 24 € par an pour un service identique !

Cette hausse de la TVA risque de faire augmenter le prix des offres. Ne craignez-vous pas des protestations de la part des consommateurs?

Les consommateurs français ne seront pas perdants. Je vous rappelle que c’est l’un d’entre eux qui nous a alertés sur ce problème des abonnements «triple play». Il reprochait aux opérateurs de ne pas avoir diminué leurs prix alors même qu’ils appliquaient une TVA à taux réduit.  Dans la mesure où les consommateurs n'ont pas bénéficié de cette baisse, je ne vois pas pourquoi une hausse de la TVA devrait maintenant être répercutée sur leurs factures.

Ce monsieur se moque gentiment de nous : sous prétexte que certains consommateurs se sont plains du manque de baisse des abonnements malgré la baisse de la TVA (ce qui n’est pas bien, j’en conviens), au mieux, non seulement les abonnements ne baisserons pas mais comme je le montre plus haut, ils risquent d’augmenter. Le marché des offres internet est très tendu, les marges sont faibles, il est clair que rien ne baissera et qu’au contraire nous risquons de voir une hausse. De qui se moque-t-on ?

Cet imbroglio est-il lié à une trop grande complexité des règles européennes en matière de TVA?
L’objectif de la Commission est d’améliorer le système existant et de le simplifier. Nous souhaitons notamment supprimer les doubles taxations ou les trop nombreuses dérogations. Nous allons communiquer sur ce sujet d’ici à la fin de l’année mais il est encore trop tôt pour être plus précis.

Conclusion, mesdames et messieurs les consommateurs, si vous constatez une supercherie concurrentielle (baisse de TVA non répercutée sur les prix ou autres) ne venez jamais vous plaindre à l’Europe vous risquerez, non seulement de ne pas avoir gain de cause même si vous êtes dans votre bon droit, mais finalement de payer plus ! Alors là chapeau l’Europe !

Dire que “Les consommateurs français ne seront pas perdants.” est mensonger, il faudrait éviter à l’avenir ce genre de jeu de mot, car une telle phrase négative sous-entend “le consommateur français sera gagnant” (remise en positif). Ah bon ? Mais gagnant de quoi ? Eh bien, au mieux nous ne verrons pas les abonnements augmenter, au pire il augmenterons. Car si le “triple-play” se transformera en “double+play” et “TV” séparés, ca fera tout de même une hausse du prix global à n’en pas douter. Mais bien sûr, ceux qui n’utilisaient pas la TV seront, eux, gagnants ! C’est donc cela que ce monsieur Emer Traynor voulait dire… D’accord !

Update du 13/09/2010 : Comme je le prévoyais, le gouvernement compte augmenter l’ensemble du prix des abonnement an passait la TVA à 19,6% sur l’ensemble du prix. Et ceci, en justifiant cette augmentation au nom de Bruxelles. Manque de chance, Bruxelles ne se laisse pas faire et, comme le souligne Le Monde, indique “"La Commission européenne n'a pas demandé à la France d'augmenter la TVA" sur l'ensemble des abonnements aux offres "triple play". Si les caisses sont vides et que par idéologie le gouvernement préfère prélever de-ci-delà discrètement l’argent, l’excuse de l’Europe ne marche pas à tous les coups…

Update du 16/09/10: Comme prévu Orange et Free répercuterons la nouvelle taxe sur les abonnement (19,6%). Bouygues ne s’est pas encore prononcé.

jeudi 26 août 2010

(MAJ) Certaines entreprises sont de retour

A lire dans Le Parisien.fr

Certaines entreprises françaises, tous secteurs confondus, ont déchanté après leur délocalisation. A la suite de l’implantation de leur centre d’appels au Maroc en 2002, les Taxis bleus ont perdu des clients (déçus par la piètre performance des opérateurs), ce qui a déclenché la colère des chauffeurs de taxi.

Quelques mois plus tard, la société est relocalisée à Paris. Le métallurgiste Gantois, qui a délocalisé en Roumanie, regagne Saint-Dié (Vosges), siège historique du groupe, en 2008. Les nombreux contrôles nécessaires pour vérifier la fabrication des aciers pimentaient les factures. Smoby a également réinstallé ses usines dans le Jura, après être parti en Chine, pour contrôler ses jouets avec beaucoup plus de rigueur.
En 2008, Geneviève Lethu, la marque spécialiste des arts de la table, a rapatrié une partie de sa production de l’Asie vers le Puy-de-Dôme et les Vosges. Confronté à l’explosion des cours du pétrole, le fabricant de meubles Samas a réinstallé une partie de sa production chinoise à Noyon (Oise) en 2006.
Aidé et poussé par l’Etat, Renault a décidé en 2009 de rapatrier une partie de la production de la Clio 2 de Slovénie à Flins (Yvelines).
Mais les retours en France restent très marginaux. « Seule 1 entreprise sur 20 ayant délocalisé revient en France, explique El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine. Souvent, ces relocalisations s’accompagnent d’un remplacement de la main-d’œuvre bon marché contre des machines performantes. » Pourtant, certaines entreprises revendiquent leur retour au « made in France ». Ce qu’elles ne disent pas, c’est que seule une faible partie de leur production est réimplantée. Parfois, les relocalisations se passent mal. Le village d’Ormes (Loiret) a fait les frais des hésitations de Risc Group (centre d’appels). En 2008, son directeur promet de créer 110 emplois en France grâce à la relocalisation de ses centres d’appels d’Ukraine et de Roumanie. Frappé par la crise, le groupe se désengage, licencie une cinquantaine de salariés et va s’installer en Tunisie.

Pierre Trouvé | 11.07.2010, 07h00

A lire également dans la Croix.com

Ces entreprises qui reviennent en France

Alors que les investissements des entreprises semblent se redresser, le gouvernement a lancé une aide à la relocalisation dans l’industrie et réfléchit à un dispositif dans les centres d’appels. Mais ce retour au « made in France » est encore marginal.

Renault a décidé de relocaliser la production de son modèle "Trafic", il sera produit dès 2012 dans l'usine de Sandouville (photo AFP/François).
Cela faisait plus d’un an que Sylvain Loiselet, président de la fonderie du même nom, faisait, en vain, le tour des banques pour boucler le financement de sa relocalisation. « Pour rapatrier ma production de Chine, j’ai besoin d’acheter une machine très automatisée, qui va me coûter 12,4 millions d’euros. Mais, pour un prêt de ce montant, les banques voulaient qu’un fonds d’investissement reprenne 50 % de ma société, ce qui m’aurait fait perdre le contrôle de celle-ci. »
Depuis quelques semaines, cet industriel est soulagé : la fonderie Loiselet, créée par son grand-père en 1850, fermée en 2001, puis rachetée en 2003 et sitôt délocalisée en Chine, sera la première entreprise à recevoir l’« aide à la réindustrialisation », créée au printemps. Grâce à ce prêt gratuit, qui couvrira la moitié de son investissement, il pourra emprunter sans faire entrer un autre acteur dans son capital. Et garder la maîtrise de son investissement, qui devrait lui permettre d’embaucher d’ici à deux ans une centaine de personnes à Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir).

« Une dizaine d'entreprises sont dans les tuyaux »

Mais Sylvain Loiselet reste un éclaireur. Au cabinet du ministre de l’industrie Christian Estrosi, on estime qu’« une dizaine d’entreprises sont dans les tuyaux » pour toucher cette nouvelle aide, « dont la moitié pour un dossier de relocalisation ». Le succès de ce dispositif est extrêmement modeste à l’image du phénomène des relocalisations, qui a néanmoins pris de l’ampleur depuis cinq ans mais reste minoritaire par rapport aux délocalisations.
« Pour un emploi relocalisé, il faut compter 20 emplois délocalisés », estime El Mouhoub Mouhoud, chercheur à Paris-Dauphine. Un ordre de grandeur avec lequel Jean-François Lécole, PDG du cabinet de conseil Katalyse, tombe d’accord. « Mais, pronostique-t-il, à l’avenir, je pense qu’on sera plutôt à un emploi relocalisé pour trois voire pour deux emplois délocalisés. »
Pourquoi ce retournement de tendance ? Pas à cause des aides publiques, selon El Mouhoub Mouhoud, « qui ne pèseront que très marginalement dans la décision de relocaliser », mais bien parce que les arguments qui ont attiré les entreprises dans les pays à bas coûts perdent du terrain. L’écart salarial, d’abord, se réduit. « On était dans un rapport d’un à dix auparavant entre la France et la Chine, c’est plutôt un à huit aujourd’hui », poursuit Jean-François Lécole.

Les coûts, un facteur déterminant

Or de nombreux coûts annexes sont apparus à l’usage. Notamment les défauts de qualité, qui se sont accumulés au fur et à mesure que les commandes se concentraient sur l’Asie. « Quand vous commandez un conteneur d’assiettes orange et que ce sont des rouges qui arrivent, ce n’est pas terrible », raconte par exemple Edmond Kassapian, PDG de Geneviève Lethu, l’un des pionniers de la relocalisation en France.
Alors que ce spécialiste des arts de la table faisait fabriquer 40 % de ses collections en Asie il y a cinq ans, la proportion est désormais de 10 %. « Dans nos métiers, on a beaucoup de normes alimentaires à respecter et je ne suis pas sûr que toute la vaisselle importée de Chine les respecte », ajoute-t-il.
Autre problème : les délais de livraison. « Les fabricants des pays émergents privilégient les gros volumes alors, parfois, les délais ne sont pas tenus », reprend El Mouhoub Mouhoud. De plus, « en Chine, je paie tout comptant. Or, entre le moment où je commande et celui où j’ai les pièces, il se passe six mois, ce qui occasionne des besoins en fonds de roulement que les banques facturent », explique Sylvain Loiselet.
Enfin, ces délais nuisent à la réactivité des entrepreneurs. « En Asie, je devais commander par conteneurs entiers, alors si un produit ne marchait pas, il fallait le solder. Désormais, je peux demander 200 couteaux à mon fabricant de Thiers et ajuster la production aux ventes », reprend Edmond Kassapian.

Le prix des matières premières responsable

Enfin, ces dernières années, la hausse des matières et de l’énergie a asséné un nouveau coût à l’avantage comparatif des pays émergents. Chez Loiselet, où les pièces en fonte pèsent lourd, « le transport par bateau depuis la Chine revient à 850 000 € par an ». Or, selon Jean-François Lécole, le coût du transport va augmenter, structurellement, « non seulement à cause du cours du pétrole mais aussi parce qu’un jour il faudra bien intégrer dans le coût du transport la dépollution des bateaux qu’on laisse pour l’instant pourrir en Inde ou en Russie. »
Sur une planète où tout le monde consomme du « made in China », le « made in France » devient un argument de vente. C’est ce qu’a compris Didier Martin, le PDG d’Eugène Perma, spécialiste des soins du cheveu, qui a achevé en 2009 le regroupement de l’ensemble de ses productions de soins capillaires, autrefois éparpillées dans cinq pays européens, dans son usine de Reims. « Face aux multinationales concurrentes, nous avons voulu nous différencier. Or, le fait de produire à 100 % en France est clairement ressenti comme un gage de qualité. »
Bref, l’idée d’une France sans usines, énoncée au début des années 2000 par Serge Tchuruk, l’ex-PDG d’Alcatel, ne fait plus l’unanimité. Reste que toutes les entreprises ne relocaliseront pas pour autant. Ne serait-ce que parce qu’« il ne faut pas rêver : produire en France revient toujours plus cher, entre 10 et 20 % selon les produits chez nous », estime Edmond Kassapian.

Les entreprises misent sur l'innovation

Pour certains industriels, comme la fonderie Loiselet, la solution passe par la robotisation de la production, et donc la réduction des coûts de main-d’œuvre. Pour d’autres, comme l’opticien Atol seule une innovation permettant de vendre plus cher un produit permettra de rentabiliser la relocalisation. Mais, pour la plupart des candidats à la relocalisation, la solution passe par un retour des seules activités à valeur ajoutée.
Aquaproduction a ainsi choisi de rapatrier de Roumanie la fabrication de ses parois de douche milieu de gamme, tout en confiant la production de ses entrées de gamme à l’Asie. Le fabricant de mobilier de bureau Haworth, lui, a réussi en 2007 à rapatrier de Chine la fabrication de ses crosses – des petites pièces métalliques qui relient pieds et plateau – en utilisant une technologie de pointe issue de l’automobile qui réduit de 10 % le coût de fabrication. Bref, l’avenir est plutôt à une relocalisation très ciblée.

Nathalie BIRCHEM

Quand l’Amérique découvre qu’elle a fait fausse route

Je viens de lire un article Américain très intéressant sur www.salon.com (en anglais) indiquant que les Allemands avaient une productivité plus grande que les américains, mais travaillaient moins et avaient une plus grande qualité de vie ! Enfin l’Amérique découvre que son modèle n’est pas le seul possible et que l’Allemagne, vous savez, ce pays de la vieille Europe, souvent qualifiée “d’usée” par les américains, fait finalement mieux que l’Amérique avec 3% de croissance estimée pour 2010 et moins d’heures travaillées pour un bien-être plus grand du peuple. Ah bon ? Le travail ne fait pas toujours le bonheur ? Tiens donc !

Vous le verrez dans cet article, il est difficile pour des américains de remettre en question tout leur système car imaginer qu’il n’est pas le meilleur est déjà une grosse découverte. Ils croient encore au pays du “self-made-man”. Il y a pourtant bien longtemps que ce n’est plus le cas, même en Chine, il faut aller dans des régions peu développées pour avoir actuellement une chance (minime) de faire fortune. Les état-unis ont mangés leur pain blanc depuis les années 90, mais ils feignent encore de l’ignorer ! Vous lirez également une critique du socialisme européen qui, d’après l’auteur, serait finalement moins bon que celui des états-unis ! Certes, les gens bien éduqués tirent toujours mieux leur épingle du jeu (dans tous les pays), mais de là a dire que c’est une caractéristique européenne et que les USA font mieux, il n’y a qu’un pas… à ne surtout pas franchir…

Quoi qu’il en soit, cet article marque d’une pierre blanche, et ce, en pleine désillusion de l’Amérique (et oui la reprise de la croissance américaine était un mirage savamment concocté par les dirigeants du pays), la prise de conscience que le “monde plat” de Thomas Friedman (voir plus loin) n’existe pas forcément ou, du moins, ne sera pas exactement celui imaginé par son auteur : la Chine, bien sûr, mais également l’Allemagne peuvent et savent faire mieux (à différent niveaux toutefois) que les états-unis. Aux US, il n’y a pas que les bulles immobilières qui éclates mais aussi les bulles de la doctrine d’une Amérique toujours ultra-dominante.

Français, ne nous moquons pas, même si c’est toujours un peu risible de voir l’intéressé se rendre compte le dernier de ce que nous savons sur lui depuis plus de vingt ans. Notre pays peut également souffrir de la comparaison avec l’Allemagne. Qui a été là-bas, sait la vigueur de l’industrie (même en pleine crise de 2007-2008) et la joie de vie et le bien-être de ses habitants. Bien entendu, tout n’est pas rose non plus en Allemagne, mais ne nous y trompons pas, cette Allemagne-là nous mangera un jour si nous n’y prenons garde. Comme le dit si justement cet article, pendant que nous délocalisions la fabrication de tous nos produits, sans nous poser de question (ca a arrangé les finances de certains toutefois), l’Allemagne, elle, conservait le gros de ses industries et dans le même temps partait à l’assaut commercial de la Chine : pari réussi ! Nous, en revanche, prenons chaque jour le chemin, amèrement décrit dans cet article, du modèle américain : libéralisme à outrance, privatisation à tout va et parfois en douce, comme c’est le cas de la santé, de la poste et de l’énergie (avec les problèmes que l’on sait déjà, bonjour au passage aux client de GDF et bientôt à ceux d’EDF), et… dérèglementation du droit du travail alors même que l’on voit le modèle américain du plein emploi s’essouffler sous nos yeux (ils pensent atteindre bientôt les 10% de chômeurs, comme nous !!). La France contemporaine n’est pas brillante, pas de quoi s’en venter donc…

Voici donc l’article traduit (vite) par mes soins :

Êtes-vous né sur le mauvais continent ? La culture erronée de l'Amérique du surmenage

Les travailleurs Allemands ont une productivité plus élevée, moins d'heures de travail et une meilleure qualité de vie. Comment avons-nous fait pour nous débrouiller aussi ?

Depuis le début de la récession, le nombre de chômeurs aux Etats-Unis a doublé. Ceux qui ont encore la chance d'avoir un emploi doivent travailler de longues heures pour un salaire moindre, avec la menace toujours présente d’être viré. Mais, même avant la récession, les travailleurs américains avaient déjà le nombre d’heures pointées le plus grand de l'Ouest. Par rapport à nos cousins allemands, à travers l'océan, nous travaillons 1.804 heures par rapport à leurs 1.436 heures seulement - l'équivalent de neuf semaine supplémentaires de 40 heures par an. L'éthique protestante du travail pourrait avoir commencé en Allemagne, mais il a depuis évolué pour devenir le mode de vie américain.

Selon Thomas Geoghegan, un avocat du travail à Chicago et auteur de "Were You Born on the Wrong Continent?: How the European Model Can Help You Get a Life" la social-démocratie européenne - en particulier l'Allemagne - propose des solutions alléchantes à notre époque surmenée. En comparaison avec les États-Unis, les Allemands vivent dans une idylle socialiste. Ils ont six semaines de vacances fédéralement offerte, l’inscription à l'université gratuite, ainsi que les soins médicaux et les soins aux enfants. Dans une tentative de rendre l'Allemagne plus comme les Etats-Unis, Angela Merkel a proposé des déréglementations et des réductions d'impôt qui rendent furieuse la gauche du pays. Au cours de plusieurs voyages couvrant une décennie, Geoghegan a décidé d'enquêter sur la façon dont les Allemands vivaient si bien, et, par extension, ce que nous pourrions être en mesure d'apprendre d'eux.

Salon a parlé à Geoghegan par téléphone concernant les avantages des travailleurs du luxe Allemands, nos propres attitudes dysfonctionnelles envers le travail, et comment nous pouvons rendre notre vie plus leurs analogues.

Les gens aux États-Unis s'enorgueillissent souvent de travailler plus de nos homologues européens. Pourquoi travaillons-nous autant tout d’abord ?

Il n'ya pas de raisons historiques ou culturelles pour elle. Les Américains avaient plus de temps libre que les Japonais dans les années 60. Je dirais que si vous faisiez une enquête sur la plupart des gens qui ont entre 50 ou 60 ans, ils vous diront qu'ils prennent moins de vacances que leurs parents. Maintenant, pourquoi cela a-t-il changé ? Ce n'est pas à cause des pèlerins. Les gens travaillent dur en Amérique, mais il y avait une période où le temps de loisirs était en augmentation. J'ai cité Linda Bell et Richard Freeman dans un article qu'ils ont écrit sur ce qui s'est passé pendant les années 90. Il n'y avait personne pour vous empêcher de travailler plus. Il n'y avait pas de contrôle du gouvernement, il n'y avait pas de contrôle des syndicats sur les excès de travail comme c’est le cas en Allemagne ou ailleurs en Europe. Ces contrôles institutionnels ont disparu. Alors les gens se sentent comme des rats de laboratoire : « Si je travaille 10 minutes supplémentaires par rapport à la personne dans la cabine à côté de moi, alors je suis moins susceptibles d'être viré." C'est une réponse très rationnelle.

Ne sommes-nous pas, au moins, plus productifs en raison de la quantité de temps que nous passons à travailler ?

Non. Regardez leur taux de productivité. Ils sont comme le nôtre. Je crois que nous sous-estimons nos heures et qu’ils exagèrent les leurs, car ils ont tant de temps libre et partent si tôt de leur travail. Si le taux de productivité rapporté est officiellement similaire, le taux réel, sans sur-estimation ni sous-estimation, ils travaillent sans doute plus efficacement que nous, et le temps libre supplémentaire qu’ils possèdent a surement quelque chose à voir dans ce phénomène.

Pourquoi est-ce si utile de nous comparer aux Allemands ?

L'Allemagne a le plus haut degré de contrôle ouvrier sur la planète depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Quand j'ai vu le ministre du Travail allemand Günther Horzetzky en avril 2009, il a déclaré: « Notre plus grosse exportation est maintenant la co-détermination." Il voulait dire que d'autres pays européens ont copié le modèle Allemand.

Comment l'Allemagne est-elle devenue un si formidable lieu de travail ?

Les Alliés l'a fait. Ce modèle européen tout entier est venu, dans une certaine mesure, du New Deal. Notre véritable histoire et tradition est ce que nous avons créé en Europe. Occupant l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, la constitution européenne de 1945, la Charte des Nations Unies des droits de l'homme sont tous issus de Eleanor Roosevelt et des participants au New Deal. Tout cela a été intégré dans les constitutions Européennes et ont contribué à façonner leur démocratie sociale. Cela venait de nous. Les encycliques papales sur le travail, cela est venu des Américains.

Mais les Allemands ont un PIB inférieur à nous. Est-ce que cela ne veut-il pas dire que notre qualité de vie est meilleure ?

Un jour nous irons au-delà de cela et constaterons que le niveau de vie européen est en hausse. Vous pouvez retirer de ces statistiques de PIB par habitant que les gens dans le Mississippi sont beaucoup plus riches que les personnes vivant à Francfort et Hambourg. Cela ne peut pas être vrai. Il suffit de passer deux mois à Hambourg et à passer deux mois à Tupelo, Mississippi. Il ya quelque chose d’étrange si les statistiques disent que les gens à Tupelo sont trois fois plus riches que les gens en Allemagne. Malgré les chiffres, la social-démocratie fonctionne vraiment et c’est le seul modèle qu'un pays économiquement avancé peut utiliser pour être concurrentiel dans ce monde. Je veux dire que, non seulement en termes d'exportations, mais également en termes d’écologie. Le fait de pouvoir élever son niveau de vie sans faire bouillir la planète montre comment notre mesure du PIB est si rudimentaire.

Qu'est-ce qui nous manque lorsqu’on mesure le PIB ?

Nous ne chiffrons pas la valeur matérielle du temps de loisir, qui pourtant est extrêmement précieuse. Nous n'avons pas de moyen de valoriser ces biens publics européens qui valent vraiment la peine. Savez-vous que c'est 50.000 dollars pour les frais de scolarité à l'Université de New York et il est gratuit à l'Université Humboldt de Berlin. Alors que l’université de New York ajoute des montants catastrophiques au PIB par habitant, Humboldt n’ajoute rien. Entre vous et moi, je préfère aller à l'école à Humboldt.

Une grande partie de l'économie américaine est basée sur le PIB qui provient de déchets, du pillage de l'environnement, de l'étalement urbain, d’une mauvaise planification, et les gens qui vont de plus en plus loin faute de trouver un territoire et qui mène une vie de plus en plus misérable. Que le PIB qui passe au dessus de tous les autres PIB vient en fait du jeu et la fraude d'une manière ou d’une autre. Il s'agit d'une description plus claire de ce que Kenneth Rogoff et The Economist appellerait la financiarisation de l'économie américaine. Cette transformation est un élément important du modèle économique américain tel qu'il s'est transformé dans des directions très perverse dans les 30 ou 40 dernières années.  C'est pourquoi l'effondrement ici va faire des ravages bien plus graves et à long terme dans ce pays dans les décennies à venir.

Qu’est-ce qui est mieux dans une démocratie sociale comme l'Allemagne?

La social-démocratie est bonne pour la classe moyenne, plus encore que c'est pour les pauvres. Nous avons l’opposé ici. C’est les personnes relativement bien éduquées et les nantis qui profitent pleinement du socialisme européen. Quelle est la valeur financière de l'éducation à Humboldt pour des gens qui sont diplômés d'études secondaires ? Zéro. Zéro. Pour la classe moyenne supérieure allemande, cela vaut la belle somme de 50.000 dollars par an. C'est toute la différence. Vous devez vous rappeler que même s'il ya des soins de santé universels, les gens les plus instruits utiliserons toujours mieux le système que les personnes moins instruites. Ils savent comment le faire fonctionner pour eux.

D’une certaine manière, c'est bien pour tout le monde. L'Amérique a cette liberté merveilleuse et cette ouverture ainsi que cette capacité de devenir riche à partir de rien. Nous sommes tout simplement un pays beaucoup plus individualiste. Je pense que nous avons un peu exagéré à ce sujet, mais je partage cela. Je suis aux USA et je suis content d’être né né aux États-Unis et je le serai toujours. Mais en ce qui concerne le partage des fruits de la croissance économique et à la fois en termes de jouir de la vie et profiter de la richesse de la vie dans un pays développé à la fois en termes de biens privés et biens publics, la qualité de vie qui vient de là et les loisirs, je pense que l'Allemagne a une énorme quantité de choses à nous apprendre.

Pouvons-nous adopter cette vie professionnelle allemande aux États-Unis ? Est-ce même possible ?

Nous faisons des choses qui sont plus socialistes que l'Europe ne fait, mais nous ne l'appelons pas ainsi. Nous avons des choses en plus du New Deal que beaucoup de démocraties sociales européennes ne sont même pas proches, comme les heures supplémentaire qui sont payées 1,5 fois plus et la sécurité sociale. Le plus gros système médical socialiste est aux États-Unis : Medicare. Intouchable. Soutenue par les républicains. Mais il est plus socialiste que le système de soins de santé allemand. Le problème, c'est qu'elle coexiste avec plusieurs autres systèmes qui ne sont pas socialistes du tout et qui profitent grassement à des fournisseurs privés.

L'ensemble du système est simplement totalement inefficace. Tous les pays européens ont un seul système. Il ya un contrôle des coûts. Il n'y a pas de contrôle des coûts ici, il ya quatre ou cinq systèmes simultanément concurrents. Pour obtenir le contrôle des coûts, nous allons devoir mettre en place un système de paiements unique pour tout le monde. Maintenant, soit on passe à un système libéral ou d'un système d'assurance maladie à l’allemande ou vers un système à “Single-payer” (caisse de soin unique). Bien que je ne comprends pas comment cela pourrait arriver à l'heure actuelle, je ne vois aucune autre solution sur le long terme, sauf si les États-Unis se dirigent vers un système à “Single-payer” généralisé. Non pas parce que je crois au système Single-Payer plus qu’aux autres, mais simplement au cause des faits sur le terrain. Nous devons avoir un seul système et nous n'allons pas supprimer Medicare. Cela n'arrivera jamais.

La théorie de Thomas Friedman du "monde plat" prédit qu'à l'avenir, tous les pays seront en compétition sur un pied d'égalité - ouvrant la voie à des pays fortement peuplés à dominer l'économie mondiale. Etes-vous d'accord avec lui ?

Comment peut-il expliquer l'existence de l'Allemagne? Quel pays détient le record des exportations dans le monde d'aujourd'hui ? C'est le pays avec le taux de salaire les plus élevés et des restrictions unifiées. L'Allemagne est devenue une grande puissance alors que le monde est devenu plus global. Notre problème n'est pas la concurrence avec la Chine, il est la concurrence avec l'Allemagne en Chine. Nous sommes tellement concentrés sur la Chine tout le temps, et sur l’assemblage de produits à bas coûts, qui nous sommes en train de manquer ce qui se passe. C'est l'Allemagne qui va en Chine and qui vend des produits là-bas à notre place, ventes qui nous manquent cruellement pour équilibrer notre balance commerciale avec la Chine. Ce n'est pas la faute de la Chine, c'est celle de l'Allemagne. Mais personne ne veut en parler. Parce que cela soulèverai des questions sur le modèle Américain tout entier : Pourquoi est-ce que ce pays, à hauts salaires, arrive a nous battre en Chine ? Pourquoi les socialistes européens nous battent-ils ? C’est une idée trop subversive pour que nous en débattions.

Ces bas de soie qui portent haut le luxe français

A lire dans Midi Libre.

« L’histoire a commencé ici ». À deux pas de cette ancienne filature de soie, où l’on ne se lasse pas de voir confectionner des bas "Fully fashioned", un des fleurons de L’Arsoie, « maison française du bas et collant de luxe ». Ils sont commercialisés sous la marque Cervin, ou Jean-Paul Gaultier, Aubade, Lise Charmel, Hermès, Chanel, Agent provocateur, quelques-uns des clients prestigieux. Exceptionnel, dans le bassin Ganges-Sumène-Le Vigan, où la fabrication traditionnelle du bas et du collant, qui a compté jusqu’à cinquante entreprises dans les années 1950, n’a pas cessé de décliner.
« Ici », donc, Serge Massal, PDG de L’Arsoie, fait une halte devant le monument aux morts de Sumène. Le nom d’un arrière-grand-oncle y est gravé. C’est le frère de ce dernier, rescapé de la

Grande Guerre, qui démarrera l’aventure : « Il ne pouvait plus faire de travail de force. Il a créé une société d’emballage de bas de soie. »
Les héritiers perpétuent la tradition. Pour Serge Massal, cette histoire est un atout économique : « On ne rattrape pas trois générations d’existence dans ce métier. » L’entreprise est unique. « On est les seuls dans le monde à fabriquer des bas comme en 1950 », affirme le PDG de L’Arsoie, qui chine aux enchères des machines d’un autre âge, impressionnants paquebots qu’il faudra retaper pendant des mois. Jusqu’à un an pour le métier Keading, jauge 42, cédé par le musée de Troyes, bientôt prêt à fonctionner. «
Sur les six à sept outils à tisser "Fully fashioned" de cette époque qui fonctionnent encore, trois sont chez nous », s’enorgueillit Serge Massal, qui n’hésite pas à bousculer la tradition pour dessiner de nouvelles lignes sur les jambes des filles ou faire passer sur le métier du cachemire. Talon cubain ou pyramidal. Du 7 deniers, « le plus fin de la planète », aux 180 deniers, vous ne verrez pas ça ailleurs, assure le PDG. Sur la machine, Édouard Majchrowski réussit l’impossible pari de concrétiser l’idée. Il est le seul à pouvoir déchiffrer des modes d’emploi plus épais que le bottin d’un département ultra peuplé. Le seul à « entrer dans le cœur de la machine ». Le résultat est étonnant. Les femmes adorent. La reine d’Espagne et Dita Von Teese, meneuse de revue au Crazy Horse, portent des bas Cervin. À l’étranger, qui absorbe 70 % de la production, Cervin propose des collections plus ciblées : pour les Chinoises par exemple, un dragon sur la cheville ou un cœur au-dessus du talon. On peut voir la collection au pavillon de la France de l’exposition universelle de Shanghai.
Au début du mois, Serge Massal en a profité pour rencontrer des clients chinois. La semaine prochaine, ce sera l’Amérique. Fin août, le Pakistan. Avec, chaque fois, le luxe français pour étendard. Un travail d’orfèvre. Zéro défaut et des détails qui feront la différence : logo écrit au poinçon, packaging en six langues, jusqu’à la qualité du papier d’emballage. Tout est contrôlé. À Sumène, ou L’Arsoie se déploie sur deux sites. Au Vigan, bientôt, où quarante machines seront installées à la rentrée pour ouvrir un atelier de confection de vêtements sans couture, des tops, pulls, robes en cachemire, laine, soie, coton, complémentaire de la ligne de bas couture "Fully fashioned" et des bas et collants de ville. Avec, toujours, le savoir-faire et la rigueur Cervin, sans tomber dans les travers du « mass market ». Une question de survie, assure Serge Massal : « Quand on fabrique en France, il faut occuper une niche, ou mettre en avant son savoir-faire. » Pour L’Arsoie, c’est évidemment le travail de la soie.

Sophie GUIRAUD

www.larsoie.fr le site de CERVIN www.cervinleblog.com le blog de CERVIN nylon-volupte.over-blog.com le blog des bas Nylon Nylonement

Accord secret entre Paris, Chirac et l’UMP, c’est du beau !

Le Parisien révèle aujourd’hui qu’un accord secret permettrai à Jacques Chirac d’échapper à une condamnation contre payement du montant de la fraude, des intérêts associés et des frais d’avocats.

Il s’agit de l’affaire, vieille maintenant, de la découverte par la nouvelle équipe de Delanöe qui reprenait la mairie de Parie d’une vaste fraude à l’emplois fictifs : «détournements de fonds publics» et d'«abus de confiance» pour 21 emplois de complaisance présumés payés entre octobre 1992 et mai 1995 par le cabinet du maire de Paris. Le Parisien révèle aujourd’hui le contenu de cet accord secret entre la ville de Paris, l’UMP et Jacques Chirac : en échange du versement des sommes détournées (2,2 millions d’euros : L'UMP versera 1,65 millions d'euros et Jacques Chirac 550.000 euros) à la mairie de Paris, cette dernière retirerait sa constitution de partie civile ! Cette anodine contre-partie est en fait immense vu que cela permettrait sans aucun doute à Jacques Chirac d’être relaxé vu qu’il n’aurait, dans ce procès, ni adversaire, ni accusation, et puisque le parquet a déjà fait savoir qu'il allait requérir la relaxe (sic !).

On s’arrange comme on peut entre politiciens. Ne vous semble-t-il pas logique que, si la faute est réellement commise (ce qui est surement le cas sinon Jacques Chirac et l’UMP ne paieraient pas 2,2 millions d’euros !), elle soit sanctionné et que les sommes détournées soient, en plus, restituée. L’accord secret permettrai donc d’éviter la sanction… Un seule question : Pourquoi faire à tout ce beau monde un non moins beau cadeau ?

mercredi 25 août 2010

Taxer les banque ? C’est pas urgent pour la France…

Pendant que le gouvernement Allemand adopte un projet de taxe bancaire, notre gouvernement songe à davantage taxer les offres internet "triple play". Est-ce logique ? Est-ce la bonne voie ?

Pourquoi cette taxation ? Simplement à cause d’une sombre histoire de TVA qui serait jugée trop faible par Bruxelles. La TVA des offres internet "triple play" est basse grâce à la considération, qu’à fait la France, que la TV représentait 50% d’une facture internet "triple play", ce que conteste Bruxelles. L’Europe considère qu’en vertu du nombre d’abonnés n’ayant pas accès au "triple play" à cause d’un débit médiocre de leur connexion, la part de la TV dans les offres internet "triple play" est beaucoup moins de 50%. Une augmentation de cette TVA ne sera pas un bon point pour le pouvoir d’achat des français, ni pour la réduction de la fracture numérique, mais qu’importe !C’est assez étrange cette façon qu’à la Commission européenne de se mêler de tout sauf de l’essentiel. Bref.

En Allemagne, en revanche, on s’occupe des vrai problèmes et une taxe viens d’être votée : une taxe sur les bénéfices des banques qui sera calculée en fonction de la taille de l'établissement et du degré de risque de ses activités. Les fonds collectés iront dans un fond de garantie des banques. Quant à la France, il y a plusieurs mois le gouvernement à fait grand bruit de cette taxe bancaire (qui n’en n’est pas une en fait, puisque l’argent ne servira qu’au banques en difficulté, à cet égard, il s’agit plutôt d’une assurance obligatoire, comme l’assurance automobile). Pourtant, si les journaux en ont beaucoup parlés, la loi n’est pas encore passée… Elle devrait être présentée fin septembre pour inscription dans la loi de finance… 2011 ! C’est vrai que ce n’était pas du tout urgent. En revanche, dans le cas de la France l’affectation des fonds devraient finalement revenir… à l’état ! Il s’agirait donc d’une vrai taxe. Reste à savoir ce qui sera réellement décidé car d’ici là tout peu changer…

lundi 23 août 2010

France 3 : Lexmark: un transfert de compétences qui passe mal

A lire et voir ici.

Après avoir annoncé un plan social, l'entreprise a demandé à ses salariés de former leurs remplaçants hongrois.

Octobre 2009, Lexmark basé à Orléans et spécialiste international des imprimantes informatiques, annonce un plan social et une délocalisation d'une partie du service à Budapest en Hongrie. Aujourd'hui l'entreprise demande à ses salariés de former leurs remplaçants hongrois, dont les salaires sont 3 à 4 fois inférieurs.

Voir cette vidéo

Une demande certes accompagnée d'une importante prime, mais qui passe mal. Il faut rappeler que d'ici 2011, ce sont 117 emplois qui vont être supprimés. Mais pour l'équipe dirigeante, cette restructuration devenait indispensable au vu de la chute brutale du chiffre d'affaires.

Par ailleurs les 65 salariés qui resteront sur Orléans s'inquiètent de la pérennité du site. Même si la direction se veut rassurante, l'inquiétude domine.

vendredi 20 août 2010

Chine : Foxconn va embaucher 400 000 personnes

A lire sur Easy bourse.

(Easybourse.com) Le sous-traitant d'Apple, Dell et Nokia a annoncé jeudi une vague d'embauches sans précédent afin de parer aux critiques sur les conditions de travail dans ses usines.

Qui a dit que Foxconn maltraitait ses salariés ? Le groupe taiwanais vient d'annoncer un impressionnant programme de 400 000 embauches afin de limiter le recours aux heures supplémentaires dans ses usines chinoises.
Ses effectifs devraient ainsi passer d'ici un an de 900 000 à 1,3 million d'employés, la majorité des créations d'emplois devant se faire dans les provinces centrales de la Chine touchées par l'exode rural, comme le Henan et le Sichuan.
Le groupe, l'un des principaux sous-traitants de l'industrie des téléphones portables (il assemble notamment l'iPhone d'Apple), s'est retrouvé sous le feu des critiques après une série de suicides parmi ses employés. Les horaires à rallonge et la pression imposée aux salariés ont été montrés du doigt comme des facteurs ayant pu conduire à ces suicides, qui ont eu lieu pour la plupart dans les usines du groupe à Shenzen, une ville du sud de la Chine.
En réaction à ces critiques, Foxconn a annoncé début juin une hausse de 70% des salaires dans les usines concernées.
F.S.

samedi 14 août 2010

Privatisations, le pays vendu aux enchères ?

45 - Sante a vendre

Depuis des années, les privatisations sont présentées aux états comme la solution à tous les problèmes d’efficacité des fonds publics. Au centre de ce mouvement un groupe de trois entités internationales : Le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et la Réserve Fédérale Américaine. Les premiers pays fortement touchés par cette vague ont été les pays pauvres. La Réserve fédérale américaine prête aux pays pauvres puis par le relèvement de ses taux rend la situation économique délicate. La Banque Mondiale propose des prêts au pays pauvre, mais en échange de conditions sur l’usage de ces fonds (droits de l’homme, bonne gestion…). L’argent est prêté en vue de la construction d’infrastructures et d’opération de microcrédits. Ainsi dans les années 80 des prêts aux pays pauvres sont accordés en échange d’ajustement structurel comprenant des réductions de budgets publics. Un moyen de réduire les budgets consiste en des privatisations d’autant plus que dans le même temps le FMI conseille les états à privatiser les entreprises publiques par souci de performance et d’innovation. La santé, l’éducation, l’électricité, l’eau sont des domaines éligibles selon la banque mondiale bien que réputées difficiles à privatiser.

Tout a commencé par une idéologie fondée sur des constats : si nous voulons aider efficacement les pays pauvres, nous devons nous assurer que les fonds publics seront utilisés de manière optimum. L’idée est en effet percutante : plutôt que d'arroser un désert de sable, assurons-nous que la terre soit fertile. Constatant que les entreprises publiques sont en général pas très efficientes et que la corruption y sévit parfois, une solution consiste à inciter très fortement les pays éligibles à l’aide des pays riches à privatiser ces entreprises. L’idéologie sous-jacente étant que la corruption et l’inefficacité sont inexistantes (ou moindre) dans le privé. Évidemment, nous savons qu’il n’en est rien et que la corruption frappe autant les entreprises privées comme le montrent les énormes scandales comme Enron[1]. Quant à l’efficacité des entreprises privées, elle est variable suivant les entreprises : parfois assez forte dans les PME, parfois, assez faibles dans certaines multinationales.

Aux idéologies libérales du FMI et de la Banque Mondiale, s’est ajoutée progressivement la cupidité catalysée par les énormes profits que peuvent générer ces privatisations. Les investisseurs des entreprises privées des pays pauvres ont également bien contribué à cette dégradation. Les exemples ratés de ces périodes ne sont pas rares.

Philippines

Aux Philippines, le système de santé publique a longtemps été réputé comme performant. Les pauvres y étaient bien soignés, gratuitement. Puis dans les années 1980, le gouvernement a progressivement privatisé le système. Depuis les malades pauvres ne sont plus soignés. Les salaires des personnels de santé n’ont plus évolué. La masse salariale a été limitée et les investissements matériels réduits aux maximums. Cette situation a provoqué une pénurie de personnel encore plus grave, car, les étudiants en médecine partaient directement pour l'étranger dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions et un meilleur salaire. Sur une période de 10 ans qui a suivi la privatisation, plus de 100 000 infirmiers et 5000 médecins sont partis à l’étranger. De fait, de nombreux hôpitaux ont fermé ou ont réduit leurs activités par manque d'effectifs. Mais dans le même temps, des cliniques privées pour riches se sont montées. Elles payent bien leur personnel et donc n'en manquent donc pas. En revanche comme elles ne sont pas gratuites pour les pauvres, ils en sont exclus en pratique.

Bolivie

En Bolivie, une grande vague de privatisations a eu également lieu. Ainsi en 1999, l'entreprise gérant l'eau potable de la 3e ville de Bolivie, Cochabamba, a été privatisée et une concession jusqu'en 2039 a été négociée avec une compagnie jusqu’alors inconnue dans le pays « AGUAS DEL TUNARI ». Dès cette date, le prix de l'eau a augmenté de 30 % à 300 % suivant les cas. Avec cette augmentation, certaines familles modestes consacraient plus d'un quart de leur budget à l'eau potable. Les sources qui appartenaient aux paysans ont également été confisquées et privatisées. Des lois votées sur mesure protégeaient la société privée gérant l'eau. Les textes de loi suivant la lecture sue, l’on en faisait, pouvaient même prévoir l’interdiction de récupérer l’eau de pluie. Devant cette pression insoutenable pour la population, des émeutes ont eu lieu. La situation pour le gouvernement est devenue réellement dangereuse lorsque les habitants apprirent que l’entreprise « AGUAS DEL TUNARI » était en réalité la propriété du groupe américain « BECHTEL ». Étant donné l'ampleur de la protestation citoyenne, le président n’a pas d’autre choix que d’instaurer, en avril 2000, la loi martiale. Cela conduit à de nombreuses arrestations de contestataires et syndicalistes. Le but de la loi martiale étant de rétablir l'ordre et d’acter les privatisations. Au plus fort de la crise qui devenait incontrôlable, des tireurs d'élite ont été employés par le gouvernement. C’est ainsi que le jeune Victor Hugo Daza (16 ans) a été abattu ainsi que six autres personnes. Des dizaines de femmes et adolescents furent blessés par ces tireurs. Finalement, après six mois de manifestations intenses, l'entreprise BECHTEL qui quitta la ville rapidement et le gouvernement fit marche arrière sur cette privatisation.

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, la compagnie nationale d'électricité « Eskom » fut privatisée en 1999 et rachetée par une entreprise étrangère. Depuis, comme en Bolivie, les prix de l’électricité ont fortement augmenté et les pauvres et chômeurs ne pouvaient plus payer leurs factures. Ne pouvant plus payer, de nombreux citoyens ont vu Eskom venir chez eux couper les câbles et arracher les disjoncteurs. Au plus haut des coupures, les foyers étaient déconnectés au rythme de 20 000 foyers par mois. À ce rythme, Soweto fut rapidement transformée en ville sans électricité. Comme pour l’eau, il est difficile, de nos jours, de vivre sans électricité. L’électricité apporte l’éclairage, le chauffage, le réfrigérateur, permet de cuisiner, etc. Une résistance s'est donc organisée au fur et à mesure que de nombreux foyers étaient déconnectés. Des militants se sont organisés afin de monter des « opérations lumière » qui reconnectent les usagers les plus pauvres. Eskom qui s’est rapidement aperçu de cette nouvelle tendance réagit en diffusant des publicités à la télévision incitant la population à dénoncer ces Robins des Bois. La lutte contre la fraude continue ensuite en justice. C’est ainsi que de nombreux militants finissent par passer des mois en prison. Pour faire plus d'argent et limiter la fraude, Eskom décide de commander à Siemens des compteurs CashPower 2000. Installé en 2001, ce compteur prétend résoudre le problème des coupures de courant. Ils se basent sur des cartes d'électricité prépayées. Des « simleys » sur le compteur indiquent si la carte a encore des unités ou est bientôt épuisée. Lorsque les unités manquent, l’électricité est automatiquement coupée chez les abonnés. Tous les foyers se voient proposer ce nouveau compteur « miracle » et ceux qui refusent se voient menacés de coupure définitive de l’électricité. En fait pour Eskom, ces compteurs sont magiques : difficiles pour les robins de bois à contourner, ils virtualisent le prix de l’électricité et rendent les augmentations de tarifs plus discrètes. Les unités achetées ont une correspondance variable avec l'énergie électrique qu’elles représentent. À Johannesburg, le gouvernement a aussi privatisé l'eau qui est gérée par Johannesburg Water. Eux aussi ont installé des systèmes de compteurs prépayés qui coupent l'eau lorsque les unités sont épuisées. Les personnes refusant l'installation de ces compteurs ont eu l'eau coupée définitivement.

Mali

Au Mali, dès 1988 des privatisations ont été organisées sur les conseils du FMI et de la Banque Mondiale, finalement plus de 200 entreprises ont été privatisées. Presque tous les dossiers de privatisations ont été un cauchemar économique et financier. Cela a participé à la paupérisation des travailleurs. Par exemple, un nombre important du personnel de la Société Malienne des Produits Chimiques est en contentieux avec leur entreprise pour des impayés de salaires. Ont été privatisé les chemins de fers (RCFM, 612 licenciements, fermeture de 2/3 des gares, suppression des droits sociaux, peu d’investissements), L’électricité, l’industrie (Itema, Sonatam, SMPC, Sepom), les transports publics (Comanav, transports et services aériens), deux banques (BMCD, BIM), l’agriculture (Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles, 595 licenciements, HUICOMA), l’énergie (Énergie du Mali), télécoms (SOTELMA)… Cette dernière vente, correspondant à 4 % du PIB du pays, a provoqué un scandale dans la presse locale, car l’argent de la vente n’était pas inscrit au budget 2010. Les privatisations n’ont bénéficié qu’au privé, avec un accroissement du chômage, de l’endettement de l’état et de la perte de la notion de service public.

Privatisations orchestrées par le FMI et La Banque Mondiale

Les privatisations dans les pays pauvres sont parfois le moyen pour les gouvernements corrompus de faire un bizness juteux. Il suffit de vendre de nombreux établissements autrefois publics et ne pas les faire entrer dans les comptes du trésor en toute illégalité.

Dans le film institutionnel de 12 minutes disponible sur le site du FMI[2] appelé “Inside Money” on nous indique que si tout va bien en apparence dans nos pays riches (un pays fictif est pris en exemple dans la vidéo), des milliers de dollars s’évaporent des finances publiques par manque d’efficacité, le pays dépense plus qu’il ne produit à cause d’une croissance trop faible. Les bénéfices sociaux d’une telle politique dépensière sont indéniables, mais avec un tel déficit de la balance de paiements, à terme plus personne ne voudra plus prêter de l’argent à notre pays. Pour éviter cela, la tentation est grande de faire tourner la planche à billets, mais dans ce cas il en résulterait une inflation galopante. La dette finira par couter de plus en plus cher à rembourser et les capitaux étrangers risquent de s’envoler. Cette situation détestable oblige finalement le pays à faire des coupes budgétaires préjudiciables aux avantages sociaux du pays. Mais le FMI nous indique qu’il y a d’autres solutions : consommer moins de produits achetés en dehors du pays et/ou vendre plus à l’étranger en augmentant la croissance. C’est là que le FMI intervient, il rassemble des informations sur les économies mondiales et dispenses des conseils aux différents pays. Des « ajustements » sous forme de « plan de réforme économique » avec un calendrier à respecter sont proposés aux pays en déficits. Ces “ajustements” permettent (d’après le FMI) de maintenir les avantages sociaux. Les solutions mises en avant sont : l’effondrement des barrières douanières, la privatisation de certaines entités publiques qui seront ainsi plus compétitives et innovantes. Notre pays n’a pas le choix : comme la compétition est mondiale, il faut que toutes les entreprises s’améliorent en continu. Grâce aux précieux conseils du FMI, le pays deviendra donc un membre fort de l’économie globale.

Ainsi après les pays pauvres, premières cibles de la Banque Mondiale et du FMI, les pays dits « riches » doivent aussi, finalement, se soumettre aux privatisations. C’est sous l’impulsion de ces précieux conseils que nous avons vu fleurir également des privatisations discutables.

Angleterre

En Angleterre, les lois Thatcher de la fin du vingtième siècle, entrainent diverses privatisations. La privatisation des transports, de loin, la plus discutable, fut menée en 1997 a constitué une véritable catastrophe pour le pays. L'entreprise nationale de chemins de fer qui était réputée comme un véritable bijou national a brutalement été privatisée en 150 entreprises différentes. La justification de l'époque était de supprimer les subventions de l'État et de rendre le service plus performant par la compétition. Mais il s'est passé précisément le contraire. Il n'y a pas eu de compétition, car il ne pouvait y en avoir étant donné la façon dont a été privatisé le réseau : sans concurrence possible. L'efficacité a fortement diminué et le contribuable est malheureusement toujours sollicité, de plus en plus même. Après un investissement initial destiné à marquer les esprits, les entreprises privées ont réduit fortement leurs investissements. Traverser le pays de part en part est une épreuve sérieuse étant donné les nombres de prestataires différents mis en œuvres. L’entreprise Railtrack a été chargée de la signalisation, de l'équipement et de la maintenance des voies ferrées. L'acheminement des passagers et l'exploitation des trains ont été confiés à différentes sociétés. Railtrack facturait les autres entreprises pour l'entretien du réseau et le droit d'exploitation. Mais l'entretien était mal fait. Railtrack n'avait pratiquement pas d'employés et faisait tout sous-traiter. Le manque d'entretien des voies ferrées a même été à l'origine de la pire catastrophe ferroviaire de grande Bretagne en 1999 à Paddington (Londres). Deux trains se sont percutés en pleine heure de pointe. Au moins 3 accidents de trains sont imputables à cette privatisation. L'accident de Hatfield fut imputable à un rail défectueux qui s'est pulvérisé au passage du train. Quatre passagers et deux cheminots sont morts à cause du déraillage du train. Railtrack était au courant de ce rail brisé, mais n'a rien fait. Depuis le gouvernement a repris l'entretien des voies. La privatisation a challengé les avantages sociaux et salaires. Les pauses ou étés réduits puis supprimés dans certaines entreprises. La sécurité des trains, mais aussi des employés a été diminuée. Les sociétés privées les moins efficaces ont dû passer la main à d’autres sociétés pas toujours plus efficaces que les précédentes. Faisant basculer les employés d'une entreprise à une autre continuellement. Seuls changements pour eux : les uniformes et les conditions de travail toujours plus difficiles. En Angleterre les mines de charbon, le logement public, l’acier, l’électricité, le pétrole, la distribution d’eau, etc. ont été également privatisés. Si l’expérience britannique a eu son heure de gloire avec des taux de chômage inférieurs à la France, aujourd'hui, nous voyons bien les limites de ce système bien plus durement et durablement touché par la crise.

Nouvelle-Zélande

Mais le pire exemple des dégâts causés par les privatisations est surement symbolisé par ce qui s’est passé en Nouvelle-Zélande. Vers la fin des années 1990, le gouvernement décide de privatiser toute l’économie du pays : le système de santé, la compagnie nationale aérienne, la banque néozélandaise, les lignes de bus, la compagnie de télécom, les chemins de fer, l'industrie maritime, la branche acier, et les forets (plus des scieries et pépinières). À part dans ce dernier cas (forêts) où le bilan est mitigé[3], dans le reste des cas, les spéculateurs, les actionnaires et traders ont bénéficié de ces ventes. En trois ans, les sociétés étrangères ont gagné 6 milliards d'euros et investi en retour moins d'un dixième de cette somme. Les chemins de fers ont été remis en état avant sa vente à un groupe américain. Pour maximiser les profits, l'entretien du réseau est sacrifié, des lignes sont supprimées, des petites gares fermées et les trains de nuit parfois aussi. La clientèle rurale est la plus pénalisée. Environ douze heures de trajets sont nécessaires pour parcourir les 680 km qui séparent Oakland à Wellington. Mais la véritable catastrophe arrive en février 1998 lorsque toute la ville d'Oakland est plongée dans le noir durant 6 semaines. La faute revient à Mercury Energy la compagnie nationale d’électricité : son entrée en bourse s’est fait aux dépens des employés dans un premier temps : son centre de formation est fermé et la moitié des employés sont finalement licenciés. Ces mesures leur permettent un rendement de 21 %. Mais progressivement, l'entreprise n'effectue plus la maintenance du réseau. C’est ainsi que la panne survient. L’épreuve est terrible pour le pays. Un mois et demi sans un kilowattheure d’électricité, c’est très long pour les particuliers, mais catastrophique pour les entreprises et l’industrie. Cette gigantesque panne a été le début de ma prise de conscience du gouvernement sur l’exagération des privatisations dans le pays. Pour revenir en arrière, le gouvernement recrée de zéro une banque néozélandaise : la Kiwibank. La compagnie aérienne est renationalisée et le gouvernement est obligé de racheter le réseau ferré pour en assurer lui-même l’entretien comme autrefois. Mais ce rachat ne peut effacer les quinze années de gestion privée sans investissement. Ainsi, même de nos jours, le train est incroyablement inefficace en Nouvelle-Zélande. L'aciérie, rachetée par une entreprise canadienne Karter Old Arvy a finalement été fermée. Depuis la vente du pays au secteur privé, les gens ont été obligés de cumuler les petits emplois pour survivre. Le chômage a explosé et les inégalités jusqu'alors très raisonnables ont explosé. Le pire de cette histoire est que cette aventure chaotique n’a même pas permis d’augmenter l’attractivité économique du pays.

France

De nombreuses privatisations sont discutables dans notre pays, aussi, ne pourrons pas tout aborder. Nous prendrons un exemple emblématique qui explique clairement que privatiser ne fait pas baisser les tarifs : le marché de l’eau! Dans un article du Monde daté du 9 mars 2010 intitulé « L'eau, source de vie ou de profit? », nous pouvons lire : « Que les grandes multinationales de l'eau aient l'expérience et le savoir-faire de la captation et de la distribution de l'eau, nul n'en doute. Qu'elles fassent mieux que des structures publiques, cela reste à démontrer. Les enquêtes des associations de consommateurs montrent qu'en moyenne, les prix sont supérieurs de 20 à 44 % dans les communes qui ont délégué leur service d'eau et d'assainissement au secteur privé ! Quand on sait que 75 % des usagers français regroupés dans 60 % des communes sont alimentés par les 3 multinationales, on mesure l'ampleur de ce surcout… » Comme nous pouvions nous en douter, le cout est optimisé, mais pas pour les usagers. D’autres problèmes sont également à soulever concernant la gestion durable de la ressource qui n’est nullement un objectif de société privée. Comme en Bolivie, demandons-nous si l'eau doit être une source de vie ou une source de profit ? Rappelons que de nos jours « 1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, 2 milliards n'ont pas d'installations sanitaires et 2,5 milliards consomment de l'eau polluée. »

Quant à la libéralisation du marché de l’électricité en France, elle devait faire baisser les prix, depuis qu’elle est en vigueur il y a eu que des hausses de prix et aucune baisse (4 hausses jusqu’en août 2010, cette dernière hausse est comprise entre 1 % et 8 % !). Les politiciens qui nous ont fait miroiter ces baisses connaissaient parfaitement l’issue finale du dossier.

Allemagne

Dernier exemple, la privatisation de la Deutsche Post en 1998 a introduit sur le marché deux gros concurrents : TNT-Post et PIN-Group, et des centaines de petites entreprises. Cette ouverture aurait créé 46 000 nouveaux emplois. Pourtant, PIN-Group finit par ne plus être rentable et licencie la moitié de ces employés et cherche un repreneur. Suite à cette privatisation, 90 % du courrier passe encore par l’opérateur historique, mais a donné lieu à de nombreux licenciements (effectif divisé par deux en 10 ans). Le nombre de guichets est passé de 30 000 à 12 000, remplacé par les magasins Aldi ou le boulanger et l’épicier du coin. Depuis la Deutsche Post s’est diversifiée et a acheté de nombreuses sociétés à travers le monde. Aujourd’hui le courrier ne représente que 20 % de son chiffre d’affaires, ses bénéfices ont gonflé jusqu'à 4,2 milliards. Pour les utilisateurs, la concurrence n’a pas fait baisser les prix (le timbre allemand est même le plus cher d’Europe). En Allemagne, le salaire plancher est de 9,8 € de l’heure et n’a pas permis à la Deutsche Post de trop baisser ses salaires. En revanche, dans les pays étrangers desservis par la Deutsche Post, les salaires sont abaissés aux maximums comme en Hollande où les salaires pratiqués sont de 66 % inférieurs à ceux de La Poste hollandaise…

Étude de cas : Lombardie (Italie)

Les services publics sont-ils condamnés à être inefficaces et déficitaires ? Prenons le cas (il y en a d’autres) du système de santé publique de Lombardie en Italie. La Lombardie a bâti un réseau d’hôpitaux efficace et qui maitrise les technologies médicales les plus pointues : biologie moléculaire, opérations robotisées, thérapie génique. Ce réseau est réputé dans de nombreux domaines de santé comme la cardiologie, l’oncologie, la chirurgie réparatrice, les maladies orphelines… Le réseau incite fortement la recherche médicale dans les hôpitaux et une synergie efficace avec des instituts de recherches privés. Un réseau de facultés de médecine participe aux recherches médicales dans 14 disciplines. Ainsi, des centaines de millions d’euros sont ainsi investis en recherche fondamentale et appliquée. Cet effort est aussi soutenu par des aides régionales qui servent également à moderniser le réseau. L’efficacité de la Lombardie dans ces domaines permet de livrer un nouvel hôpital en seulement trois ans alors qu’il en faut souvent le double dans le reste du pays. La réussite est telle que des patients de toutes les régions du pays viennent se faire soigner en Lombardie. Ce succès aurait pu faire gonfler la facture de santé pour la région, mais en réalité, une allocation optimale des ressources permet à ce système d’être bénéficiaire depuis cinq années consécutives tout en offrant un service envié de tout le pays. Les entreprises privées ne sont pas écartées du système. Au contraire, le système travaille en harmonie et collabore sur certains sujets, mais est mis en concurrence sur d’autres. Les patients ont ainsi le choix de l’hôpital (privé ou public) sans que les couts des soins ne soient différents car tout le système est régit pas les mêmes règles fixées par le ministère de la santé Lombard et des accréditations. La compétition positive qui en résulte fait progresser le système tout entier. Un centre d’appel centralisé et unique permet de conseiller et d’orienter les patients dans le réseau. Les dossiers médicaux de toute la population sont en cours d’informatisation et permettent l’accès au dossier complet des patients par les praticiens. Chaque patient a accès à des services en ligne (prise de rendez-vous, accès au dossier médical, etc.) ce qui élimine une partie inutile de files d’attente et optimise les prestations. Une carte de santé permet de facturer directement la région pour les actes médicaux des patients. L’informatisation du système de santé Lombard a dynamisé les compétences informatiques de la région. Fondée en 1981, la société publique « Lombardia Informatica » a pour mission l’informatisation du système de santé, mais également de la culture, de l’éducation, etc. pour un budget annuel de 200 millions d’euros. Un code d’éthique régit le travail des personnels de santé privés ou publics. Les endroits plus isolés de Lombardie ne sont pas non plus abandonnés et des structures secondaires locales ont été créées. Le système de santé Lombard fort de sa réussite propose ses services et conseils à d’autres pays. Ainsi, en 2008, un contrat passé avec la région Rhône-Alpes.

Que penser alors des privatisations ?

Ce qui est sûr c’est que l’état ne peut pas s’occuper et être responsable de tout. Sinon nous tombons dans les excès de certains pays totalitaires qui ne sont pas des modèles d’efficacité. En revanche, l’idée que les entreprises privées sont plus efficaces n’est pas si évidente surtout si l’on regarde l’intérêt global du pays. Par exemple, il n’est pas souhaitable et rentable pour un pays d’avoir des citoyens malades ou mal soignés. Il faut donc déterminer un noyau dur d’activités qui correspondent réellement à la mission de l’état. Comment déterminer ce noyau dur ? C’est simple, il suffit de garder ce qui est vital pour un pays en priorité et d’y ajouter, dans un deuxième temps, les activités non vitales, mais qui ne peuvent, par nature, être vraiment mises en concurrence. Tout le reste peut et doit être privé. Quelles sont donc les activités qui répondent à ces critères ? Est vital pour un pays : La santé (hôpitaux, sécurité sociale, etc.… ce qui n’empêche pas d’autoriser les cliniques privées bien sûr), les télécommunications qui doivent être sures (et éviter l’espionnage et les dérives), l’éducation qui forme les citoyens et travailleurs de demain, l’eau qui est vitale (nous verrons dans les prochaines années que ce sera le nouvel Or blanc) et l’électricité, car la situation sanitaire et l’économie en dépendent. Peuvent y être ajoutées les activités non concurrentielles suivantes : réseaux sans fil, internet filaire et sans fil (à l’exception peut-être du satellite) et les chemins de fers. Évidemment, cela fait tout de même beaucoup, mais c’est nécessaire pour avoir un pays globalement efficace. Nous l’avons vu avec la crise financière de 2008-2009, que les banques (sauf les banques d’investissement éventuellement) peuvent partiellement faire partie de la liste des entreprises publiques.

Si un état désire tout de même privatiser certains secteurs (s’il n’arrive pas à les gérer correctement), il doit le faire sous forme de concessions limitées dans le temps et des conditions précises et chiffrées de maintien des concessions. Par exemple, une concession des chemins de fer avec (par exemple) obligations de tarifs réduits (-50 % par exemple) pour les étudiants, chômeurs, retraités, des conditions précises sur l’entretien du réseau et les délais maximums de réactivité pour la réparation des pannes et l’engagement d’un service minimum dans les gares de campagne… Ce ne sont que des exemples bien sûr, la définition exacte des conditions définit un projet de société qui peut être différent d’un pays à un autre. Définir ce qui fait l’identité d’un pays est la mission du gouvernement, mais également de tous les citoyens. Ainsi, une telle opération pourrait donner lieu à référendum.

Finalement, c’est quoi une privatisation ?

Que se passe-t-il lorsque l’on privatise une entité nationale entrant dans les critères ci-dessus (vital et/ou non concurrentiel) ? Ces privatisations sont alors une sorte vol : les entreprises appartiennent à l'état qui lui-même doit son patrimoine des impôts payés et des richesses crées par les citoyens. Vendre une telle entreprise revient à faire ce que fait un ménage endetté lorsqu’il vente des "bijoux de famille" précieux. En ouvrant le capital de ces entreprises au peuple (et aux investisseurs) on ne fait que faire racheter ce qui a déjà été payé par nos parents et grands-parents. Privatiser ces entreprises publiques c'est vendre le pays. Ne plus pouvoir s'abreuver, s'éclairer, se chauffer, se soigner, se déplacer ou téléphoner lorsqu'on est pauvre comment appeler cela ? Les privatisations sauvages entrainent des licenciements et donc la pauvreté. L'argent gagné ne va pas aux citoyens, mais aux investisseurs.

Les ardents défenseurs des privatisations indiquent que certaines privatisations aident les pauvres. Oui ? Lesquelles alors ? À force de collusion avec les forces politiques néolibérales, le FMI et la Banque Mondiale persistent encore aujourd’hui de vanter les mérites des privatisations au sens large. Ils font pression sur les gouvernements pour imposer ce modèle. Les pays pauvres subissent d'abord leur influence, car ils échangent des aides contre des réformes impliquant des privatisations. Les pays riches ensuite par un lobbying actif qui aujourd’hui ne prend même plus le temps d’expliquer son point de vue. On prépare la privatisation de La Poste en nous jurant que ce n’est pas le cas. Si les privatisations dans certains domaines « peuvent » apporter plus d'efficacité, elles doivent être strictement encadrées par les gouvernements. N'oublions jamais que les gains de productivité des entreprises privées n’entreront jamais dans la poche des citoyens, mais dans celle des actionnaires de ces entreprises. Ceci n’étant pas choquant en soi, vu que c’est le but de l’actionnariat. En revanche, faire croire à la population que le retour à l’efficacité ne se fait que par des privatisations est un mensonge aussi énorme qu’impossible par nature. Il est bien évidemment possible d’obtenir les mêmes performances (voir meilleures) tout en gardant les bénéfices de cette efficacité pour le pays : en baissant les prix des services ou en offrant plus de services pour le même prix par exemple. Tout cela n’est finalement qu’une question de compétences.


Update du 25/11/2010: Le parlement français a adopté le projet de loi concernant la nouvelle organisation du marché français de l'électricité (Nome) : EDF devra céder jusqu'à 25 % de sa production nucléaire à ses concurrents. Évidemment, c’est une aberration économique et libérale, L'UFC-Que Choisir a affirmé que cette réforme risquait d'entrainer une forte hausse des tarifs «de 7 % à 11 %» dès la mise en place de la loi et de 21 % à 28 % d'ici 2015».

Update du 7/02/2011: Comme en Nouvelle-Zélande, avec la catastrophe que cela à entrainé, le gouvernement Anglais envisage de privatise les forets ! Voir le lien sur ce 20minutes.fr.


[1] Enron : http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/enron/

[2] « Inside money » vidéo disponible sur le site du FMI à l’adresse : http://www.imf.org/external/mmedia/view.asp?eventID=226

[3] http://www.fao.org/docrep/x3030f/x3030f0a.htm

 

A lire : Comment Orange augmente ses gains

A lire sur AgoraVox comment Orange copie Apple avec son AppStore pour créer un système bancaire alternatif :

Service "Internet plus" d’Orange activé par défaut : attention !

Avis à la population : l’option "Internet plus" d’Orange est activée par défaut !

16 h 31 : « Ding », le son significatif de l’arrivée d’un mail dans ma boîte aux lettres… Un truc bizarre et inconnu pour moi : De : « Orange : vos achats de services Internet plus » :

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Chers clients,

Nous avons le plaisir de vous informer de la prise en compte de votre commande le 08 08 2010 à 16 h 30.

Produits achetés : 5 euros = 28 crédits Abbo

Services : Abbo

Prix : 5 euros

Ce montant sera automatiquement ajouté à votre facture mensuelle Internet orange.

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Sur le coup, je crois à un spam imitation Orange ou à un abonnement (Abbo ?) bizarroïde. Je vais donc directement sur le site Orange pour vérifier de quoi il en retourne. Et là, stupéfaction, je suis bien débité de 5 euros pour un achat que je viens de faire il y a une minute.

Or, ni il y a une minute ni même il y a une heure ou une semaine, je n’ai acheté quoi que ce soit sur Internet par l’intermédiaire d’Orange ni sur aucun site. Je conteste donc l’achat auprès d’Orange en remplissant un formulaire web adéquat.

Angoisse : et si un hacker quelconque avait pris possession de mon ordinateur ou de mon compte Orange et que tout ça n’était que les prémices d’une attaque massive de mes comptes divers et variés ? Parano comme je suis j’enquête donc fissa fissa autour de moi pour savoir si ma femme ou mes enfants n’auraient pas, à distance, acheté quelque chose sur Internet dans la minute où la semaine qui vient de passer.

Une heure plus tard, j’ai l’explication, ouf ! : sur l’ordinateur de mes enfants, la fille d’un ami en vacances chez nous vient effectivement de cliquer par hasard sur la fenêtre d’un jeu en ligne qui s’appelle Abbo et qui, après une inscription gratuite et la création d’un avatar vend des améliorations aux enfants connectés.

Jusque-là, on comprend le principe. Mais, là où ça se gâte, c’est que Abbo bénéficie par Orange du service « Internet plus » qui permet d’acheter sur leur site tout ce qui s’y vend … en 1 clic.

Pas de mots de passe, pas d’inscription, aucune fenêtre de demande de confirmation, aucun formulaire préalable à remplir, aucun numéro de CB à donner… rien, rien de rien : 1 clic et c’est acheté… et ajouté directement à votre facture mensuelle Orange.

Vous me direz : « Alain, tu es un peu con d’avoir souscrit à cette offre Internet plus et d’ouvrir ainsi ton porte-monnaie à n’importe qui ! » Eh bien, c’est là que c’est extraordinaire : je n’ai jamais souscrit à quoi que ce soit ! Tenez-vous bien : l’option Internet plus chez Orange est activée par défaut ! C’est-à-dire que n’importe quel petit hacker débutant ayant piraté votre adresse IP peut s’acheter, sur les sites ayant la formule Internet plus d’Orange, tout ce qu’il veut. C’est tout du moins ce que je crois... mais, n’étant pas spécialiste en piratage, je peux me tromper.

Je viens d’avoir aujourd’hui la réponse d’Orange concernant la contestation de mon achat. Sans aucune explication ou autre enquête : « Votre demande de remboursement a été refusée. » Quelque peu énervé par cette réponse succincte, je téléphone au 3900. L’opératrice me confirme que le problème est connu. Elle me certifie qu’il est impossible qu’un hacker puisse utiliser mon service Internet plus et... me propose de me rembourser mes 5 euros.

Donc, avis à tous les clients d’Orange.

S’il vous arrive la même mésaventure, il suffit de réclamer par oral au 3900. S’il s’avère que votre réclamation est justifiée Orange vous rembourse sans problème (dixit l’opératrice).

Mais surtout : Pour désactiver le service Internet plus : « espace client/mes services/internet plus : paiement sur facture Orange/modifier/service:désactivé.

Alain Michel Rober

vendredi 13 août 2010

La depeche.fr : Figeac. Ratier va-t-il s'implanter au Maroc ?

A lire sur La Depeche.fr.

Vendredi dernier la direction Ratier-Figeac a programmé une réunion extraordinaire du Comité d'Entreprise pour annoncer un projet de création d'une filiale au Maroc.

La direction de Ratier-Figeac a choisi la veille du départ en congés pour programmer une réunion extraordinaire du CE qui avait pour ordre du jour : « Information du CE sur le projet de création d'une filiale au Maroc », communique le syndicat CGT Ratier-Figeac.

De l'avis du syndicat, « depuis sa création, l'entreprise s'est développée grâce à la diversité de ses conceptions et de ses productions, y compris l'activité de sous-traitance. Or, depuis le rachat en 1998 par le groupe American United Technologie Corporation, la direction met tout en œuvre pour appliquer à la lettre la stratégie de rentabilité financière à court terme de l'actionnaire ». « Il est évident qu'avec les salaires au Maroc, les bénéfices vont être démultipliés, mais pour qui ? », se demande-t-on. Déjà, l'entreprise délocalise des productions au Maroc, au Vietnam, en Pologne, en Turquie.Dans l'aéronautique les carnets de commandes sont pleins, environ 25 000 avions sont à fabriquer dans les années à venir.

Avis favorable de la CFDT

De son côté, le syndicat CFDT a posé des questions à M. Ferey pour connaître le bien-fondé de la création de cette nouvelle filiale. Il apparaît que ce serait « pour pérenniser Ratier-Figeac et augmenter sa capacité à prendre de nouveaux marchés et devenir acteur majeur dans la fabrication d'éléments de cockpits et de cabines ». De plus, le directeur de l'entreprise aurait déclaré que les effectifs de Ratier-Figeac se maintiendraient entre 850 et 900 salariés, et qu'il n'y aurait pas de plan social. La recherche et le développement de nouveaux produits se feraient sur Ratier-Figeac et l'activité sur certaines lignes serait maintenue ».Le syndicat CFDT, en prenant ces informations au pied de la lettre communique : « En constatant que le « suivi » des élus a permis de faire respecter les engagements pris précédemment par la direction locale, la CFDT donne un avis favorable au projet de construction par Ratier-Figeac d'une usine au Maroc. Mais l'ensemble du personnel doit comprendre que cet avis favorable est tout le contraire d'un chèque en blanc, et que le suivi de la CFDT sera permanent et intransigeant ».

La direction contactée par nos soins n'a pas souhaité communiquer avant la prochaine réunion qui se tiendra vendredi 30 juillet

mercredi 11 août 2010

Les spécialistes indiens de l’offshore s’adaptent au marché français

A lire sur pro.01net.com.

Wipro, Infosys ou TCS ont fait de l’Hexagone leur priorité depuis quelques années. Après avoir essayé d’appliquer leur recette traditionnelle, ils se résolvent à changer de stratégie, avec à la clé une présence locale renforcée.

Les spécialistes indiens de l'offshore sont à la recherche de la bonne formule dans l'Hexagone. Leur poids dans le troisième marché européen est très éloigné de leurs ambitions initiales. Seul Wipro surnage : la société revendique aujourd'hui plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, à la faveur de deux gros contrats gagnés en 2008 : SFR et Michelin. Présent depuis 2001 en France, Infosys suit à quelques encablures avec un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros en 2009, pour la seule partie services informatiques, selon une estimation du cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC).

Comment expliquer cette faible représentation ? La première raison tient évidemment aux réticences longtemps affichées par les grands comptes français vis-à-vis de la délocalisation de prestations informatiques. Il est vrai également que ces sociétés ont d'abord focalisé leurs efforts sur les marchés britannique ou américain. « Nous avons dû absorber une croissance de 30 % par an, notamment sur les marchés anglo-saxons, plus proches culturellement »,  rappelle Eric Laffargue, responsable de la filiale française de Infosys.

Succès limité de leur approche traditionnelle

Mais l'un des motifs principaux est à chercher du côté de leur approche initiale : ces acteurs ont voulu, à tort, appliquer les recettes qui avaient si bien fonctionné sur les marchés anglo-saxons : pilotage centralisé, divisions organisées par secteurs et équipes de « front office » relativement réduites.

Face au succès limité de cette formule, les spécialistes de l'offshore changent leur fusil d'épaule. A commencer par Wipro qui a créé depuis deux ans une direction générale en France, pilotée par un patron français, Christophe Martinoli. Auparavant, la société abordait le marché hexagonal avec une approche monolithique : pilotage au niveau européen et déclinaison de filières verticales (industrie, distribution, banque-assurance). « En France, Wipro était constitué d'une collection de petites équipes dans chacun de ces secteurs, indépendantes les unes des autres. Nous avons mis en place une organisation par pays, plus cohérente, que nous avons ensuite répliqué en Allemagne ou au Canada », souligne Christophe Martinoli. Désormais l'entité française dispose également d'une autonomie totale sur la stratégie de mise en œuvre.

Une pincée de « localisation »

Le modèle global cher aux SSII indiennes a donc été amendé avec une pincée de « localisation ». Chez Wipro, la direction générale a été renforcée au fil des mois en intégrant le marketing, les RH, le commercial. Les équipes de réalisation proches du client, directeurs de projet, expertise métier ou technique, sont recrutées localement. La société a également bâti un centre de services à Rennes.

L'approche d'Infosys (200 personnes en France) est similaire. A l'instar de Wipro, la société a créé, en mars dernier, une direction générale France à la tête de laquelle figure un patron français, Eric Laffargue, ex-associé de la SSII Accenture. « Nous avons pris le temps de bien comprendre le marché français avant d'opter pour la bonne option et d'accélérer », indique Eric Laffargue. Le choix passe donc par un management local renforcé. La France, où la société vise 50 % de croissance, doit devenir avec l'Allemagne un pilier du développement de la SSII en Europe.

Des ratios ressources locales et offshore rééquilibrés

De même le ratio actuel, 30 % de ressources locales et 70 % en offshore, doit tendre à moyen terme vers le 50/50. Avec un recrutement focalisé sur les architectes, les chefs de projet, les consultants métier et les commerciaux. Côté prestations, Infosys cible en premier lieu les services d'ingénierie pour des grands comptes industriels (Alstom est un très gros client en R&D), les projets internationaux de mise en place de PGI et la tierce maintenance applicative.

TCS, qui vient de nommer une nouvelle direction bicéphale en France, adapte également le modèle traditionnel offshore au marché français. La société, qui revendique 400 personnes travaillant pour le marché français (dont 150 en France), entend renforcer ses équipes commerciales : force de vente locale par métier et force avant-vente par offre de services. Comme pour ses concurrents, les équipes dites « front office », directeur de projets, responsable de comptes, architecte, responsable de transition, seront désormais recrutées sur le marché hexagonal.