La mardi 19 octobre 2010, il y avait un débat sur BFM radio dans l’émission « les experts » comme tous les matins. Le principe de l’émission est d’inviter des « experts » (que la station juge comme tel) pour parler de sujets économiques et sociaux. Ce mardi l’émission était étonnante car la crème des ultralibéraux était sur le plateau. Ce n’était pas triste, un pur moment de bonheur ! Décodage.
Ce mardi, étaient présent :
- Alain Madelin, députés UMP
- Jean-Jacques de Balasy, Barclays Capital France
- Stanislas de Bentzmann, Coprésident du Directoire de Devoteam
L’émission débute sur des considérations générales sur la grève et le journaliste semble d’accord avec un email d’un lecteur : « Un tiers des stations-service ayant des difficultés d’approvisionnement et le gouvernement qui annonce que tout va bien, je me suis cru lors de la canicule de 2003 où l’opinion publique n’a plus adhéré à la communication du pouvoir » en indiquant « C’est un vrai problème ça… ». Pourtant deux minutes après, il laisse Alain Madelin nous ressortir les mêmes explications réchauffées :
- « Indiscutablement l’idée du partage du travail, c'est-à-dire qu’il faut faire partir des gens assez tôt à la retraite pour les remplacer par des jeunes est une idée fausse, on ne va pas le démontrer ici. Le fait qu’elle soit présente dans la tête de jeune montre qu’il y a un déficit de pédagogie… ».
Oui c’est vrai il ne faut surtout pas démontrer cette idée, nous risquerions de ne pas y arriver. Si les jeunes croient ces « idées fausses » c’est parce que cela n’a pas été bien expliqué aux jeunes (et non pas, bien sûr, parce que c’est faux). Jamais la moindre place n’est laissée à l’opinion de 79 % de Français : s’ils ne sont pas d’accord, c’est parce qu’ils n’ont rien compris et donc que cela a été mal expliqué. Il y a tout de même une forte dose de mépris à ne considérer les opinions des autres que comme une erreur de pédagogie des bien-pensants !
Le journaliste tente courageusement « une idée fausse pour quelle raison ? » Madelin est pris à son propre piège, il ne peut s’empêcher de pousser un soupir de dégout en regard à une question si idiote qu’il n’arrive même pas à y répondre. Finalement, il ne se dégonfle pas :
- « oui c’est une idée fausse, maintenant on ne peut que le démontrer, le travail n’est pas un gâteau qui se partage, c’est quelque chose qui se crée […] plus il y a de travail, plus il y a de travail ».
Cela fait froid dans le dos lorsqu’il dit « maintenant on ne peut que le démontrer », ce qui veut dire : maintenant que cette idéologie a été diffusée, il n’est pas question de ne pas arriver à la démontrer, d’ailleurs il n’y a pas d’autre solution, puisque c’est la vérité pure ! Très ouvert comme discours ! Son incapacité à expliquer l’« idée fausse » démontre combien elle est loin d’être évidente. Qu’il répète, comme un perroquet, l’idéologie du parti sans savoir ni pouvoir la justifier. En ce qui concerne les trivialités et contre-vérités gratuites sur le travail, si cela n’est pas de la démagogie ! L’émission commençait bien, mais en fait ce n’était que le début…
Stanislas de Bentzmann indique que :
- « c’est les gens qui partent à 55ans qui veulent défendre leurs petits avantages, ce qu’on appelle la colère, le refus global d’une politique, c’est bien, mais en fait les gens, très concrètement, qui font les opérations escargot, c’est pour protéger leur départ à 55 ans à la retraite, globalement on voit qu’il y a un certain nombre de lobbys qui sont en train de se raidir pour essayer de tirer parti de se mouvement pour protéger leurs positions, et puis, ce que l’on peut espérer de mieux c’est que maintenant on soit à la fin du processus, que la réforme soit votée et qu’on passe à autre chose ».
C’est fort cette façon de réduire les 79 % des français qui sont contre la réforme à des sortes de fainéants qui protègent leurs petits intérêts ! Quand bien même ils protègeraient leur retraite, c’est un peu écœurant lorsque l’on pense aux retraites chapeau de ces bien-pensants. Nous retrouvons, là encore, le mépris du gouvernement que je signalais ici. Sans compter que, bien sûr, personne ne dit un mot sur les sénateurs qui, eux aussi, protègent jalousement leurs petites retraites bien cossues (lien). « Passer à autre chose » signifie clairement à la réforme suivante, car ils voient cela comme ça : la contestation n’a pour problème que le ralentissement des réformes en préparation…
Le journaliste comment, pour les invités, une erreur de jugement lorsqu’il cite Maurice Allais (prix Nobel d’économie et major de Polytechnique) interviewé en mars 2009 :
- « La mondialisation généralisée, entre des pays qui ont des niveaux de salaires très différents, cela entraîne chômage, réduction de croissance, inégalités, misères de toute sorte. La mondialisation conduit au chômage, si les salaires sont rigides, et la mondialisation conduit aux inégalités si les salaires sont flexibles, les riches sont devenus de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, la ou le socialisme a entraîné l’effondrement des sociétés de l’est, le laisser-fairisme conduit à l’effondrement des sociétés occidentales »
Très bien ! Un homme qui finalement avait tout compris. Trop, manifestement pour Madelin qui veut fissa écarter le gêneur de penser en rond :
- « C’est un excellent débat, cela étant ne mettons pas l’autorité du prix Nobel Maurice Allais sur ce débat-là, comme le disait Jean-Marc Vittori qui racontait les différentes vies de Maurice Allais, il avait atteint là sont niveau d’incompétence, mais en revanche ce qu’il dit sur l’impôt sur le capital, il y a des tas de choses intéressantes chez Maurice Allais. Il fait partie de quelques grandes figures, j’ai connu Maurice Allais, j’ai connu Jimmy Goldsmith aussi qui à la fin de sa vie était : mais la mondialisation en réalité c’est un formidable choc et il faut se protéger. Donc l’idée du protectionnisme, elle revient régulièrement y compris chez des esprits éminents comme Maurice Allais ou Jimmy Goldsmith, bon ben là encore ca revient si le monde entier à choisi le libre-échange, en matière des théoriciens économiques les plus importants, et si les faits ont tranchés en faveur du libre-échange, ont le voit bien dans ces périodes de tensions et de protectionnisme, la pédagogie du libre-échange reste à faire »
J’espère que vous avez suivi cette démonstration ampoulée. Premièrement, Madelin se permet d’insulter un prix Nobel d’économie et major de Polytechnique (cela ne fait pas tout, c’est vrai mais cela n’est pas rien non plus), mais c’est terriblement prétentieux de se poser en maître de Maurice Allais alors que Madelin n’est, finalement, qu’un simple diplômé de la faculté d’économie d’Assas. Se baser sur un article du journaliste ultralibéral, Jean-Marc Vittori, (qui n’a jamais dit « il avait atteint là sont niveau d’incompétence » même s’il critique en partie Maurice Allais) est un peu léger. D’autre part, le fait qu’il a connu (ou pas !) Maurice Allais ne lui donne pas le droit de l’insulter.
Le mépris de ceux qui ne pensent pas comme Madelin est évident dans sa tirade « l’idée du protectionnisme, elle revient régulièrement » comme s’il s’agissait d’une monstruosité que les ignorants se complaisent à répéter à loisir. Remarquez bien que la critique de Madelin est plus que faible : elle ne se base, finalement, que sur sa propre croyance. Le fait que le marché ait choisi le libre-échange ne prouve pas que ce soit la meilleure idée ! Il est particulièrement piquant d’entendre cela après une crise économique qui n’est pas encore terminée ! Ces gens n’ont rien compris, ce sont des êtres dangereux : ils nous font plonger et sont prêts à recommencer avant même que nos blessures ne se soient cicatrisées ! Quant à « les faits ont tranchés » donc c’est la meilleure solution, évidemment c’est ridicule. Avec ce raisonnement si 79 % des Français sont contre la réforme des retraites telle que proposée par le gouvernement, c’est qu’elle est forcément mauvaise ! Mais non, pour Madelin, il s’agit juste d’un problème de « pédagogie ». Dans ce cas précis, les faits ne tranchent pas ! Étrange non ? Le manque de pédagogie est l’explication fourre-tout, tout le monde est « incompétent » s’il n’est pas d’accord avec l’UMP, cette dernière doit donc expliquer à tous, la « vraie vérité » !
Pour Madelin le libre-échange est ce qui a permis « l’enrichissement des pays pauvres, excellente nouvelle pour l’humanité ! », il oublie l’énorme enrichissement, pire, la prise du pouvoir mondial, qu’a permis ce libre-échange à ceux qui prêchent pour son déploiement. Quant à la petite larme pour les pays pauvres qui sont un peu moins pauvres maintenant, excusez-nous, mais nous n’avons plus de larmes. Dire cela c’est ignorer volontairement les énormes tensions sociales de ces pays, ainsi que le fait que, à part en Chine, le salaire moyen des pays pauvres ne progresse pas ! En Chine, nous savons tous que ce libre-échange a creusé un fossé encore plus grand entre les riches et les pauvres, exactement comme chez nous. Alors, votre « excellente nouvelle pour l’humanité », Monsieur Madelin, de grâce, gardez-la !
- « Maintenant, si dans le même temps, dans les pays riches, n’accusons pas la concurrence, vous ne faites pas votre effort d’adaptation, de mutation, de migration vers l’économie du savoir, de hausse en permanence de la valeur ajoutée, de nouveaux produits, de nouveaux services, etc.. Si vous êtes un peu en panne de création alors à ce moment-là, ce qui est gagné par d'autres peut l’être à votre détriment. N’accusons pas les autres, c’est la grande loi du libre-échange… » Clame Madelin.
Tout est dit : 1) mettre tout le monde en concurrence avec tout le monde. 2) Attendre que cela se décante. 3) Ne pas se plaindre, si vous mourez c’est que vous êtes mauvais, point. Quant à la « grande loi du libre-échange » c’est le serpent qui se mord la queue : mettons en place un système qui impose des lois qui lui sont propres, ces lois sont donc tout a fait est normales, il n’y a rien à dire. Remarquez bien la transition du « nous » au « vous » : pour eux c’est « vous » qui devez faire l’effort, eux sont les maîtres de la partie et ne fournissent pas d’effort. Regardez comment ce « vous » récurrent arrive comme on cheveux sur la soupe alors que nous aurions bien vu un « on » ou un « nous » plus global… C’est cela la doctrine des libre-échangistes : « Nous » mettre dans une arène qu’ « ils » ont construite artificiellement et a « nous » de prouver que nous savons nous défendre. Si « nous » perdons, c’est parce que c’est la loi du libre-échange (qu’ils ont créé), « nous » n’avons que « nos » yeux pour pleurer…
Madelin conclu par un magistral « on a tous à y gagner, si on échange, on a tous à y gagner », vous remarquerez, lapsus encore révélateur, le retour magique du « on », car pour les gains, là bien sûr ils seront de la partie ! Bien sûr, personne dans le studio ne trouve, même une parole, pour atténuer cette idéologie grossièrement déversée vers les auditeurs qui ne peuvent que la recevoir passivement. Stanislas de Bentzmann continue :
- -« on va reprendre des exemples concrets, parce que la phrase ‘les riches sont de plus en plus riches et les pauvres, de plus en plus pauvres’, elle est à moitié vraie et à moitié fausse. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres sont également de plus riches, ou moins pauvres, et ça se voit dans les chiffres. Prenons un exemple, dans les années 50, 90 % de la population Indienne vivait avec moins de 2 $ par jour d’aujourd’hui »
Le journaliste proteste enfin, car même lui, voir les ficelles « parlons des Français, là » dit-il. Bentzmann lui coupe la parole :
- « et pourquoi on parlerait que des Français, parlons de la planète, la mondialisation a formidablement développé la planète, avec des Indiens, avec des Chinois qui se mettent a consommer, c'est-à-dire avec des consommateurs, pour nous des clients. On a donc une diminution incroyable de la pauvreté sur la planète, si on en vient aux Français, globalement un Français des années 60 par rapport a un Français d’aujourd’hui […] le français d’aujourd’hui est trois fois plus riches que le Français des années soixante. Et pourtant, il pense qu’il est de plus en plus pauvre, donc, prenons un petit peu de recul, la mondialisation a créé une augmentation de la richesse formidable sur la planète pour les pays en développement, bien sûr moins pour nous en terme de pourcentage, mais on a continué à augmenter la richesse dans le pays. À nous de continuer de bouger, d’avancer, on parlait de l’économie de la connaissance, tout est ouvert demain, on a un nouvel âge d’or sur la planète, mais encore plus dans les pays développés sur toutes les nouvelles tendances d’économie de la collaboration. »
Madelin renchérit :
- « moins pour le Français, mais pas moins pour les Suédois ou pour les Suisses ce qui prouve que c’est un problème national ».
La doctrine est bien rôdée : les pauvres sont un peu moins pauvre (on ne saura jamais combien gagnent de nos jours l’indien à 2 $ d’autrefois) et les riches sont vraiment plus riches. Tout est dit dans le « globalement », car sous les « trois fois plus riches » se cache bien sûr d’énormes disparités et la vérité, si l’on exclu les supers riches, est beaucoup moins présentable. Encore une fois : on vous a mis dans l’arène a vous de vous « bouger » ! Quant à l’apothéose de Madelin, elle enfonce le clou, les Français doivent se bouger, le problème vient de nous ! Fort, très fort, du grand art !
Le journaliste persiste dans la citation de Maurice Allais, on lui avait pourtant dit que ce monsieur n’avait plus toute sa tête, mais bon : « Maurice Allais est convaincu que l’on ne peut pas être un pays sans usines et plus l’industrie décline, en tout cas il fait un lien entre chômages, sous emploi et baisse de l’emploi industriel ». Jean-Jacques de Balasy réplique :
- « je crois qu’à la fois Alain Madelin et Stanislas de Bentzmann ont bien résumé le sujet, c'est-à-dire que la mondialisation bien sûr elle crée de l’inégalité à un moment donné, mais le principe c’est que cette inégalité elle bouge, elle est temporaire, pourquoi ? Parce que ça veut dire que l’on doit bouger, c’est le mouvement, la mondialisation, je pense que l’impératif absolu de la mondialisation c’est que l’on ne peut pas se reposer sur ses lauriers, on est obligé de s’adapter et à partir du moment que ou l’on accepte que l’on soit obligé de s’adapter et qu’on va s’adapter, la France, si elle joue ses atouts, il n’y a aucune raison d’être entraînée dans une spirale d’appauvrissement de tout le monde, c’est absolument pas vrai, ni d’inégalité dans lequel les richesses sont les plus riches et les pauvres les plus pauvres, il y a une redistribution des cartes à l’intérieur du territoire aussi. Est-ce que les gens disent que la mondialisation a appauvri l’Allemagne ? Non, alors pourquoi on dit que cela appauvrisse la France, on le dit si l’on parle d’une France qui se repose et qui veut rester dans ses structures traditionnelle. ».
Notez qu’encore une fois Allais avait raison lorsqu’il ne croyait pas a une France sans usine (lien). Balasy est bien entendu satisfait de ses collègues et reprend les mêmes termes : « bouger », « s’adapter », « se reposer », « accepter », si après cela nous n’avons pas compris que nous sommes fainéants et que l’on doit « se bouger », c’est que nous sommes sourds ! Mais le discours traditionnel des ultralibéraux prend une sonorité différente en période de grève : Nous devons « accepter » les réformes pour une meilleure « redistribution des cartes », devinez qui aura le plus de cartes ? Pas nous en tout cas. Cette histoire d’adaptation est presque comme une incantation vaudou ou comme une méthode Coué : puisque l’on vous dit que vous allez vous adapter à céder tous vos avantages sociaux et à vivre pauvres ! Mais attention, c’est uniquement pour le bien des pays pauvres…
Quant à la comparaison avec l’Allemagne, elle représente la grande astuce des libéraux : se comparer à plusieurs pays, mais uniquement sur le sujet qui les arrange dans une discussion donnée. On sait bien que l’Allemagne n’est pas comparable à la France, quant à dire que son modèle est parfait nous en sommes loin et de plus en plus de voix s’élèvent contre cette fausse croyance qui arrange certains (lien, et lien et re lien).
Concernant les usines, l’un des invités indique :
- « il ne s’agit pas de jeter les usines, il y a des usines qui peuvent être chez nous c’est pas les usines de tee-shirt, il y a des gens qui veulent s’enraciner dans le territoire français c’est les usines Toyota, laissons Renault aller conquérir de nouveaux marchés et ouvrons les bras à l’usine Toyota qui veut conquérir la France et c’est ça le libre échange et c’est ça l’enrichissement général »
En fait, le libre-échange c’est zéro règle, zéro contrainte, zéro responsabilité de l’état, laissons uniquement faire le marché. Nous savons tous que cela ne marche pas et que « l’enrichissement général » n’est général qu’en faisant la moyenne des enrichissements particuliers, car à part la chine et l’Inde et les riches, personne sur la planète n’en profite vraiment, ni les États-Unis, pourtant libéraux, ni vraiment l’Allemagne, pourtant citée en exemple.
Le journaliste cite (mal) le président d’Exane dans un article des Echos :
- « la question n’est pas de savoir comment on va financer notre modèle, mais comment on va changer notre modèle » en fait le président d’Exane n’a jamais dit cela, mais plutôt : « Pour arriver à un nouveau modèle, il faudrait une longue purge, extrêmement désagréable » ce qui est n’est pas exactement pareil. En revanche il indique clairement que toute comparaison avec l’Allemagne est impossible, car ce « n'est pas un modèle aisément reproductible : c'est une histoire atypique. ». Si le journaliste en rajoute maintenant… L’animateur, plein d’inspiration continue avec d’autres propos que n’a pas tenus non plus le président d’Exane :
- « nos vielles économies développées sont devant une impasse totale, ce n’est plus en rafistolant qu’on réussit à sauver le système, mais en le modifiant, et il parle effectivement des faux droits, le faux droit à la retraite, le faux droit à la santé, le faux droit à l’autonomie… »
Lisez l’article original, et je vous défie de trouver cette histoire de « faux droits » ! En revanche, le journaliste de BFM à bien du entendre cela quelque part, ailleurs, et cela en dit long sur le but réel des libéraux : supprimer tout ce qu’il reste de ce qui est pour eux des « faux droits » ! Un brillant retour deux siècles en arrière. Même les animaux sont moins sauvages entre eux que le projet de société portés par ces ultralibéraux. L’âge de la pierre n’est pas loin. Pourquoi ? Non pas parce que cela maximise leurs profits (ce qui est pourtant vrai), mais surtout, parce que sans tous ces « faux droits » l’homme devient un esclave à leur solde. C’est le pouvoir qui les motive.
Qu’un journaliste puisse colporter de telles grossières propagandes en public et dans une heure de grande écoute sur une radio nationale est l’indice frappant de la puissance et de l’impunité des ces néolibéraux. Laissons-les faire et je vous garanti que les « cartes seront redistribuées » !
Un invité voit que le journaliste a été imprudent et tempère :
- « Oui, oui, moi ce que je trouve dangereux là-dedans c’est de toujours dire qu’il y aura une révolution, ce n’est pas la peine de le dire il n’y aura pas de révolution, il faut qu’il y ait une évolution continue »
L’argument est a double sens, comprenez : ne leur dites pas brutalement que tout doit violemment changer, c’est effrayant pour eux. En revanche le changement est plus discret lorsqu’il est conduit en douceur. Mais également : n’espérez pas trop des manifestations, ne vous révolterez pas car c’est sans issue, nous ne vous laisserons pas faire ! Édifiant ! Mais instructif, ces gens on encore peur d’une chose (cela ne durera pas) : ils ont peur de la révolution…
À ce moment de l’émission, les trois amis oublient les micros et Madelin rappelle que les « évolutions ratées font les révolutions » (c'est-à-dire : attention tout de même, la révolution peut venir) et que « si les élites ne sont pas capables de réformer la société il faut qu’on change d’élites » ce qui est un avertissement même pas voilé à Nicolas Sarkozy. Soit il réussit ses réformes, soit on le change ! Nicolas Sarkozy ne serait donc que le bras armé des ultralibéraux… Sur le plateau, il est temps de se reprendre :
- - « si l’on prend un peu de distance on voit que la mondialisation elle est vécue comme une agression par beaucoup de Français aujourd'hui, mais peut-être qu’on devrait l’expliquer plus, on vient de le dire, il y a beaucoup de pays qui le vivent comme une opportunité pourquoi est-ce que nous on le vit comme une agression ? ».
Encore ce mépris des Français à qui il faut « expliquer la mondialisation ». Notez la contre-vérité du « on vient de le dire, il y a beaucoup de pays qui le vivent comme une opportunité », Oui ? Lesquels ? Dans l’émission, à ce stade, rien n’a été dit (à part la Chine et l’Inde)…
Je vous fais grâce du reste de l’émission. Le fait est que beaucoup de contre-vérités sont dites lors de ces émissions d’ « experts ». Ce n’est pas un problème en soit, du moment que les participants ou, au moins, l’animateur de la radio recadre les « sorties » les plus ridicules.
Or il faut bien constater que si les pires idéologues défilent parfois sur le plateau, presque personne n’est là pour corriger les affirmations les plus fausses. Pire, l’animateur les diffuse lui-même et de bonne volonté, un comble !
Nous sommes donc en droit de nous demander si, à force de fréquenter tous les matins les plus talentueux idéologues, les journalistes ne finissent-ils pas par être sérieusement convaincu par leurs idées ? Là ou les idéologues prêchent pour leur paroisse sans y croire, juste par intérêt, d’autres finissent par sincèrement y croire. Ils ne réalisent pas que tous ces « faux droits » que les ultralibéraux veulent supprimer sont aussi les leurs, et qu’ils seront victimes malgré leur accointance avec les puissants.
Note: Dans la série des incroyables sorties de Madelin, lire également sur ce blog: “La Spéculation, c’est une garantie et un plus (selon Madelin)!”
13 commentaires:
Très bon travail cet article je trouve.
Le problème de l'expertise dans le cadre du décisionnel, politique par exemple, est très facilement résolvable.
Par contre, mettre fin à cette copulation vulgaire et suffisante entre media de masse et soi disants experts cooptés, qui pourrissent la tête des gens et la démocratie, sera plus compliqué.
Internet sera au coeur de ce progrès de l'humanité, quand des gens comme Madelin par exemple ne pourront plus s'exprimer sans être accompagnés immédiatement de flots d'insultes populaires mêlés à des contre argumentations réalisées par des cerveaux "anonymes" qui le dépassent.
Alors, décrédibilisés par les arguments savants, vilipendés par la plèbe pourtant non stupide et se sentant insultée, ces fils de pute seront vidés de tout poids social.
Et ce sera un progrès social et politique majeur.
@Posté par kelkun kelkun le 22/10/2010 13:31
Cordialement a toi,
Je suis entièrement d'accord avec toi et il est temps qu'une grosse majorité réagisse dans ce sens. Ras le bol de ces épouvantails.
@KK
"La France peut très bien se passer de soi disant cerveaux pareils, quoi qu'il en soit.
Elle regorge de talents, étouffés par ces merdes là corrompues et méprisantes. "
vi, cela fait du bien de dire cela, cela défoule d'un légitime colère.
Mais juste une question : après on fait quoi ?
Nous sommes et devons rester ne l'oublions pas dans un état de droit qui garanti notre démocratie... sinon c'est la porte ouverte à toutes les violences.
Il y a surement moyen de se débarrasser de tous ces guignol sans mettre tout à feu et à sang !
cordialement
L'objectif citoyen est double :
- se débarrasser de ce clan très dangereux et le plus vite possible ; les laisser arriver jusqu'en 2012 n'est pas acceptable, ils auront d'ici là fait pire que ce qu'ils ont déjà fait, et je ne parle pas des retraites!
- métamorphoser la France devenue une insulte à ses fondamentaux théoriques et sociaux en lui rendant sa lumière étouffée par un ensemble d'acteurs nuisibles et copulant entre eux.
Madelin est logique avec lui-même. Dans les années 60, il militait avec 3 ou 4 illuminés pour la suppression du suffrage universel, il est donc logique qu'il défende un système qui prive le citoyen de ses droits fondamentaux. Grand orateur du libéralisme en France, il pourfend le service public et les fonctionnaires......tout en ayant eu une carrière essentiellement financée par les contribuables. Visionnaire à la Tas de Chairs, il n'a eu de cesse de convaincre les Français du bien fondé de l'ultra libéralisme. Mission accomplie en 2002 où il recueille 3.9 % des voix à la présidentielle. Il est le maillon faible, au revoir !
i[« indiscutablement l’idée du partage du travail, c'est-à-dire qu’il faut faire partir des gens assez tôt à la retraite pour les remplacer par des jeunes est une idée fausse, on ne va pas le démontrer ici. Le fait qu’elle soit présente dans la tête de jeunes montre qu’il y a un déficit de pédagogie… ».]i
1 - Déficit de pédagogie = "vous êtes des cons, vous ne comprenez rien" - voir un dénomé Seraf (journaliste ?) sur Rue 89
2 - Tous les anes de la majorité se succèdent jour après jour pour nous dire que l'idée du partage du travail est une idée fausse, mais aucun ne l'a jamais démontré et aucun journaliste ne leur a posé sérieusement la question.
Admettons que cela soit vrai, le travail des vieux (que personne ne se froisse, j'ai moi-même 57 ans) permet de créer des emplois pour les plus jeunes. Je me pose 2 ou 3 questions ;
- Combien faut-il d'emplois de vieux pour créer un emploi de jeune ?
- A quel moment ça démarre ?
- Qui donne le départ des embauches de vieux ? Sarko ? Le Medef ?
Alors si l'activité crée l'activité, les entreprises, au signal sarkozien, rangeront aux archives la loi sur la rupture conventionnelle du contrat de travail, arrêteront de transférer leur coûts salariaux sur les Assedic, embaucheront des vieux, ce qui créera des emplois pour les jeunes. C'est pourtant simple l'économie !
Miantenant on doit pouvoir inverser le raisonnement :
- Mettons en place une véritable politique d'aide à l'emploi des jeunes
- L'activité créant l'activité, cela créera des emplois piour les vieux de 55 à 60 ans
- Il deviendra alors inutile de repousser l'âge de la retraite puisque l'augmentation du nombre de cotisants permettra son financement
CQFD !
M...., j'oubliais, l'industrie a été délocalisée ! ça va pas être possible !
Madelin et consorts ou l'art de rhabiller la propagande sous les atours flatteurs de la pédagogie.
Pauvres victimes de la "semantic fashion". !!
Excellent cet article !
@kelkun
Approuve. Totalement.
Une non-argumentation reposant sur des attaques ad hominem faiblardes et injustes. On n'est pas surpris.
C'est effarant, votre blog est nul.
Vous êtes soit de très mauvaise foi, soit complètement aveuglé par votre idéologie.
Vous déblatérez des sottises plus grosses que vous.
On voit bien que vous ne connaissez strictement rien à l'économie, mais, étonnament, vous vous permettez d'en parler.
Un seul exemple: vous semblez considérer que le travail est un gâteau, et que dans ce cas les vieux prennent la place des jeunes (argument CGT/UNEF).
Il serait intéressant de savoir si vous considérez que les femmes et les immigrés prennent la place des jeunes.
Si le travail est un gateau, les femmes au foyer, les immigrés dans leur pays, et on retourne au plein emploi. Cette proposition idiote a pour but de vous faire réfléchir sur les inepties que vous pouvez dire.
Vous etes lu. Vous avez une tribune. Soyez responsable ou taisez vous.
Un ami
@Cyprien
Je publie votre commentaire car je n'aime pas la censure et de plus il est symptomatique de l'idéologie que nous entendons partout. Quant on la dénonce voila le genre de messages que l'on peut recevoir et qui se dit d'un ami... Heureusement il sont de moins en moins nombreux ces temps-ci (moins de 30% si j'en crois les sondages).
A afficher sur mon mur de la naïveté, preuve qu'à force de répéter le même discourt certain finissent par y croire...
Quant aux "vieux" comme vous dites, on voit bien que vous ne cherchez pas du travail car vous sauriez, comme tous ceux qui ont plus de 45 ans, que c'est plus que dur et que travailler deux ans de plus sera en réalité être au chômage 2 ans de plus ! Si c'est cela que vous défendez par ce commentaire bravo !
Super article qui démonte bien en effet le discours des "libéraux" (j'ai du mal à le appeler ici car il y a du bien dans le libéralisme, mais comme on le sait bien ces gens là sont libéraux quand il y a des profits et socialistes quand il y a des pertes ...).
A noter que de temps en temps (une fois par semaine), il y a un "expert" un peu moins con que les autres et qui débat un peu avec les autres en leur expliquant que la vie c'est pas si simple. D'ailleurs dans ces moments là les "libéraux" se contentent de grommeler et de changer de sujet, totalement incapables de débattre quand on leur met sous le nez un argument contraire à leur idéologie.
A noter aussi que Madelin est un fantastique orateur tout de même, largement au dessus du niveau de tous les autres de la même émission, et que même s'il dit des conneries (70% du temps), il reste très intéressant.
Les ultra-libéraux ou ultra-conservateurs ou ultra-marchéistes pseudo-économistes du tout marché sont les larbins idéologiques de l'oligarchie financière spéculative qui domine aussi la majorité des media et lève ou baisse le pouce pour faire booster tel ou tel politicien.Par exemple en 2007 Sarkozy, ou actuellement DSK dont on est sûr vu son bilan social catastrophique au FMI qu'il passera derrière Sarkozy et Le Pen ; mais comme en 2002 il sera le premier à appeler à voter pour la Droite dès le dimanche 20 heures.
Enregistrer un commentaire