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mardi 8 février 2011

Le gouvernement ne rend plus de comptes aux Français

Après le scandale de Michèle Alliot-Marie et ses deux voyages payés par un proche de Ben-Ali, c'est au tour de François Fillon d'avouer qu'il a utilisé un avion de l'état égyptien à Noel. MAM déjà à cran (Woerth, donne-lui quelques conseils !), indique qu’elle ne répondra plus à aucune question sur le sujet ! Mais dans quel pays sommes-nous exactement ?

Les deux cas ne sont pas identiques, mais tous deux révèlent un pouvoir qui dérive sans cesse des préoccupations des Français et qui ne comprend pas que ces derniers s'en émeuvent. Pour MAM, l'affaire est grave : elle profite d'un avion privé d'un proche de Ben-Ali, Aziz Miled. Elle nie d’abord que ce dernier soit un proche de l'ancien président, lorsque la presse dévoile les liens plutôt étroits entre les deux hommes.

Nous découvrons qu'il n'y a pas eu un, mais deux voyages gratuits. La moindre des choses pour MAM aurait été d'indiquer le deuxième voyage dès la première révélation. Que croyait-elle ? Que cela pourrait être caché ? Pourtant le scandale ne s’arrête pas là : le deuxième voyage se déroule alors que la révolte prend forme dans le pays et MAM le sait. C'est même pour éviter les villes en révolte que cette dernière profite une deuxième fois de cet avion !

Enfin, il y a eu cette polémique la concernant, peu après le début des émeutes, sur son offre à Ben-Ali de moyens et savoir-faire pour "mater" la révolution naissante. Patatras, ses déclarations sont reprises en boucle dans la presse et elle doit faire machine arrière. Enfin, dernière sortie de MAM, et pas la moindre, à bout de nerfs, elle indique qu'elle « ne répondra plus à rien » concernant cette affaire. Comme si les élus pouvaient faire ce qu'ils veulent et ensuite décréter qu'ils ne nous doivent plus aucune explication ! Comment un(e) ministre peut-il se moquer autant de ses électeurs ? La France se transforme peu à peu en une démocratie du même “genre” que celle de ces amis Tunisiens et Egyptiens. Après cela, nos chers politiciens vont s'étonner que leur image se dégrade ! L'ensemble du dossier commence à être redoutablement lourd pour MAM. Mais elle nous assure qu’elle ne démissionnera pas ! MAM nous fait son Woerth. Attention, si Woerth a duré relativement longtemps, il a tout de même mal fini !

Dans cette affaire, MAM a cumulé les mensonges, les omissions et les maladresses, elle a montré au grand jour sa proximité inquiétante avec les riches et puissants de ce monde, fussent-il liés à un régime dictatorial. Si MAM indique qu'elle n'a fait QUE voyager dans l'avion d'un ami, comme n'importe quel Français pourrait monter dans la voiture d'un ami, la comparaison bien qu'habile n'en est pas moins très fausse. Monter dans une voiture ou dans un jet privé est très différent ! C’est regrettable que le gouvernement ne s’en aperçoive pas… Comparer un quidam à un ministre en exercice est ridicule ! Un ministre peut être acheté, car il a du pouvoir alors qu’un quidam n'en a aucun ! Que peut bien vouloir en échange de ces services Monsieur Aziz Miled ? La question est posée. Pour un ministre en exercice, profiter d'un ami riche et puissant pourrait s'apparenter à une forme de potentielle de corruption. Quant à l'image de la diplomatie Française, elle en a encore pris un bon coup ! L’image du gouvernement, elle ne craint plus rien, il est vrai.

Fillon, qui a fermement soutenu MAM durant cette triste affaire, est finalement éclaboussé ! Il doit avouer avouer avoir emprunté un avion « de la flotte gouvernementale égyptienne » pour se rendre d'Assouan à Abou-Simbel, lors de ses congés de fin d'année ! Dans un communiqué, Matignon explique le voyage effectué du 26 décembre 2010 au 2 janvier 2011 : « Le Premier ministre a été hébergé lors de ce séjour par les autorités égyptiennes. Le Premier ministre, toujours à l’invitation des autorités égyptiennes, a emprunté un avion de la flotte gouvernementale égyptienne pour se rendre d’Assouan à Abou Simbel où il a visité le temple. Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions. » Et ensuite, Fillon a rencontré… Moubarak !

Evidemment l’affaire Fillon est moins grave que celle de MAM. L’argument avancé par le gouvernement que ce serait impoli de refuser une invitation ne tiens pas. Fillon aurait pu refuser car déjà invité ailleurs. Il aurait pu accepter mais préciser d’emblé, qu’étant donné ses fonctions, il désirait tout payer. Cela n’aurait pas été une insulte. Pris la main dans le sac, il indique que la facture lui a été envoyée par l'Egypte et que cette dernière a déjà été honorée. Déjà ? Trop rapide pour être vrai ? Aurait-il préparé cette porte de sortie en voyant les ennuis de MAM ?

Décidément, la France, anciennement pays des droits de l'homme, a aujourd’hui de gros problèmes avec ces derniers. Quelle est cette manie de systématiquement avec des personnages discutables ? De “copiner” avec des dictateurs et leurs amis ? Il est vrai que la France est cohérente, car dans les deux cas, avant que tout le monde ne "découvre" (sic!) que les deux pays étaient des dictatures, la France les trouvait, elle, fort acceptable…

Une question me vient à l’esprit : les membres du gouvernement sont-ils si mal payés qu'ils cherchent à tout prix à profiter des riches amis de la France ? Ou sont-ils radins à ce point ? Ou ont-ils tellement pris de mauvaises habitudes qu'ils ne s'en rendent même plus compte et sont surpris lorsque le peuple leur reproche ? La crise est encore là mais pas pour tout le monde…

Update du 18/02/11: Le journal Le Point indique que “Les forces antiémeute de Bahreïn, qui ont donné l'assaut dans la nuit de mercredi à jeudi sur un campement d'opposants dans le centre de la capitale, faisant au moins quatre morts, ont été formées par des policiers français issus des compagnies républicaines de sécurité (CRS). Demandé par l'État du Golfe, un accord de coopération en matière de sécurité intérieure a été signé en novembre 2007 à Paris, lorsque Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'Intérieur, avait reçu son homologue le cheikh Rashed Bin Abdallah Al-Khalifa.” Belle moralité…

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