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Les salariés d'une petite société en forte croissance du Maine-et-Loire craignent la revente à un grand groupe. Ils ont engagé un bras de fer avec l'actionnaire majoritaire.
Une grève supplémentaire dans une entreprise ébranlée par la crise ? Pas du tout. Pour une fois, ce sont les salariés d'une entreprise florissante qui manifestent leur mécontentement. Astrhul, société de Liré (Maine-et-Loire) spécialisée dans la collecte et le traitement de déchets industriels, a le vent en poupe : elle a réalisé un chiffre d'affaires de près de quatre millions d'euros en 2009, avec un bénéfice de 300 000 €. « L'an dernier, le chiffre d'affaires a augmenté de 25 % et on a embauché cinq personnes », précise Xavier Patarin, délégué du personnel.
Hier, la trentaine de salariés d'Astrhul s'est pourtant mise en grève. Ils protestent contre la perspective d'une revente de l'entreprise par Joël Bafoin, l'actionnaire majoritaire (55 % des parts). « L'entreprise irait mal, nous serions prêts à accepter une revente, ou même une restructuration. Mais là... » soufflent les salariés.
Deux mondes
En toile de fond du mouvement, les divergences entre associés d'Astrhul. D'un côté Joël Bafoin ; de l'autre Didier Ropars, directeur général de l'entreprise qui bénéficie du soutien des salariés, et un troisième associé. « Il y a quelques mois, on s'était mis d'accord pour racheter les parts de M. Bafoin, qui souhaitait se désengager. Il s'est rétracté », explique Didier Ropars.
Pour lui et les salariés, ce revirement pourrait s'expliquer par la situation d'Ultimop, une autre société de 17 salariés appartenant à Joël Bafoin. Placée en redressement judiciaire, elle trouverait plus facilement un repreneur avec Astrhul dans la corbeille... C'est ce qu'ont voulu signifier les salariés, hier matin, en se rendant au siège d'Ultimop au Fuilet, à quelques kilomètres de Liré. Ils y ont notamment distribué des tracts sur lesquels on pouvait lire : « Nous ne voulons pas payer le prix fort de ses erreurs de gestion. »
« Il n'y a aucun lien » entre Ultimop et Astrhul, tranche Joël Bafoin. Qui refuse de parler d'une revente... tout en précisant qu'il a assuré aux salariés que « les emplois seraient maintenus, qu'il n'y aurait pas de délocalisation et qu'ils pourraient garder leur directeur ». « Je suis libre d'acheter ou de vendre des entreprises avec les moyens dont je dispose », indique-t-il également.
Salariés et directeur préfèrent parler « d'attachement à un savoir-faire » et « d'entreprise à taille humaine », alors que le nom de mastodontes est avancé pour la reprise. Deux mondes...
Attachés à leur « indépendance », les salariés veulent se cotiser pour racheter des parts de l'entreprise, en lien avec Didier Ropars et le troisième associé. « En attendant que M. Bafoin se manifeste, nous voulons être force de proposition », assurent-ils. Un geste symbolique mais « qui en dit long sur leur état d'esprit », salue Didier Ropars.
Le tribunal de commerce d'Angers pourrait se prononcer mercredi prochain concernant Ultimop. D'ici là, sauf avancées, les grévistes d'Astrhul n'ont pas prévu de reprendre le travail.
Emeric EVAIN.
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