Dernièrement on m’a raconté l’histoire d’un collègue victime d’une hémorragie cérébrale. Hospitalisé dans un état grave, ses jours sont en danger. Il faut savoir que ce genre d’accident laisse peu de place à l’optimisme, comme le montre l’exemple terrifiant de Jean-Paul Belmondo. Quel rapport avec le travail ? Cette personne travaillait sur un projet critique pour l’entreprise. Des collègues proches de lui m’ont confiés que si les derniers mois avaient été épuisants pour lui, son attitude avait fortement changée les cinq derniers jours avant l’accident. Il semblait vidé, épuisé, faible et il ne dormait plus. Il emmenait son ordinateur portable chez lui et continuait à travailler soirs et week-ends au mépris de sa famille et de sa santé. Depuis son hospitalisation, son état a empiré il a finalement il a attrapé une infection nosocomiale. Si toute l’entreprise pense à son épouse, nous nous trouvons tout simplement démunis et choqués.
Voulant exorciser nos noires pensées, nous ne cessons de parler de lui au travail et c’est ainsi qu’en évoquant son cas, de multiples autres cas, souvent moins graves, sont révélés. Ainsi un collègue me raconte comment un jour il s’est levé de son siège et titubait comme un alcoolique. Pris de panique il a consulté un médecin qui a diagnostiqué un épuisement grave ou « burn-out », lui indiquant qu’il devait « lever le pied » immédiatement. Son travail étant très prenant il s’est un peu reposé puis a repris son rythme. Que risque-t-il à l’ avenir ?
Une autre collègue me raconte qu’un samedi en faisant ses courses, elle s’est évanouie dans la rue. Symptôme d’épuisement également. Mais encore une fois cela ne lui a pas servi de leçon et elle a vite repris un rythme tendu.
Un responsable de l’entreprise en visite chez un client se met à critiquer vertement par email tous ses collaborateurs leur donnant ordres contradictoires et diffamatoires.
On m’a également évoqué l’histoire de ce collaborateur atteint d’une leucémie incurable qui avait décidé de travailler de son mieux sur un dossier délicat et qui est finalement mort juste après le succès de sa mission sans qu’aucun de ses supérieurs ne l’aie félicité ou remercié.
On me raconte l’histoire de ce collègue ayant travaillé durant 36 heures d’affilées sans dormir et avec un décalage horaire en plus…
Je me rappelle ce collègue d’un autre site qui quelques mois avant avait tenté de sauter par la fenêtre et avait été retenu par ses chaussures…
Le collègue proche de mon bureau m’inquiète, il mène parfois une guerre par email interposés avec d’autres collègues. Pendant la rédaction de ses missiles électroniques, il grimace si outrageusement que cela paraît caricatural.
D’une manière générale, plus les collègues sont fatigués plus leur agressivité augmente, rendant la vie d’entreprise encore plus dure pour ceux qui restent encore saints d’esprit. Les conflits explosent et rendent le travail improductif. Pas un jour ne passe sans une engueulade ni un conflit.
Pendant ce temps, commencent dans notre entreprise les négociations avec les partenaires sociaux sur le stress au travail. Mais le sujet est obsolète, actuellement nous parlons de « burn-out », d’épuisement au travail. Pourquoi une telle augmentation de ces affaires ? Simplement car la crise économique à engendré des plans sociaux et que le travail, lui, n’a pas été allégé pour autant. Ainsi, moins de personnes sont amenées à faire un travail identique. Dans ce cas il n’y a que deux solutions : le travail est moins bien fait ou les gens s’épuisent au travail. La peur de perdre son travail en période de crise économique peut faire basculer les individus vers cette deuxième solution, fortement destructrice. Personne n’est épargné : ouvriers, cadres, directeurs… Même si, force est de constater, que les cadres et parfois les cadres dirigeants sont majoritairement touchés. Ces situations dramatiques ne sont pourtant pas profitables aux entreprises car un collaborateur épuisé est moins efficace et accumule les erreurs parfois graves. La mise hors-circuit brutale de certaines personnes désorganise les entreprises déjà sous pression. Les initiatives sur le stress arrivent bien tard, hélas et dureront bien trop longtemps comme toutes les négociations sociales. Combien encore de collègues allons-nous risquer de perdre avant que le problème soit enfin traité ?
Si le problème de « burn-out » est présent dans tous les pays, la France semble plus durement touchée. On parle de 10% des salariés. Certains secteurs comme l’industrie et la santé payent un plus lourd tribut. Quoi que l’on puisse vivre ou craindre, est-il nécessaire de rappeler qu’il faut savoir dire « non » en entreprise lorsque la charge devient trop importante et qu’aucun travail ne vaut que l’on sacrifie sa santé ou sa famille. Je ne compte plus les collègues qui ont eu des problèmes de divorce. La santé et la famille même sont des biens inaliénables. Nous nous épuisons lentement et ce, sans félicitation, reconnaissance, gratification financière avec pour seule perspective une délocalisation. Pourquoi ? Il nous a été expliqué qu’il fallait travailler plus pour gagner plus. Maintenant on nous explique qu’il faudra travailler plus et plus longtemps, qu’il est normal que le PDG d’entreprise publique cumule plusieurs emplois (sans nécessité) et qu’il gagne des millions d’euros, mérités par son intelligence et parce qu’il travaille beaucoup (plus que nous)… Pourtant avons nous jamais vu un PDG de grande entreprise mourir de « burn-out » ? Le monde marche sur la tête avec notre consentement silencieux. Finalement n’avons-nous pas ce que nous méritons ?
Au fait, connaissez-vous les signes initiateurs d’un « burn-out » ? Résultat d’un stress prolongé et intense, il provoque un épuisement physique et psychologique. Les signes annonciateurs sont des palpitations, des mains moites, des suées, une digestion douloureuse et perturbée, des troubles du sommeil, une consommation accrue de tabac et/ou d'alcool, une émotivité exacerbée. Lorsque le « burn-out » est atteint, cela arrive brutalement, l’individu ressent une profonde fatigue permanente et irrécupérable (même par du repos ou des vacances), des courbatures et douleurs corporelles inexpliquées, des insomnies, un manque d’appétit, une perte d’émotion, une dévalorisation de soi, un sentiment d’inutilité, une dépersonnalisation forte (attitude du robot). Quelles sont les solutions ? Un long arrêt de travail permettant un traitement médicalisé et psychologique. Il arrive qu’après un « burn-out », la « victime » ne puisse plus travailler, tant la peur de reprendre le rythme d’avant l’accident est grand. Le « burn-out » peut tuer ou handicaper gravement.
3 commentaires:
J'ai connu un état proche du burn out, je m'en suis sorti par le conflit, prudhommes, avocats et
recherche d'emploi ailleurs. Il ne faut pas se laisser faire...
Je suis dans le cas de figure dont vous faites part à la fin de votre article.
Je suis arrêté depuis le 7 janvier 2008 pour dépression suite à un surmenage excessif couplé au stress et à la pression hierarchique.
Aujourd'hui je suis reconnu comme handicapé eu égard à mon trauma.
Le burn out c'est aussi lorsqu'on est atteint de maladie chronique ! ils n'ont plus qu'à presser sur le bouton "exit" et wrooommm
j'en parle en connaissance de cause, glycémie a 5g17 après un licenciement abusif, ce n'est pas fini, harcèlement mais encore le meilleur qui reste a venir, les prudhommes ! et tout çà en bossant dans le social voyez vous !
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