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lundi 15 novembre 2010

Un remaniement en trompe l’œil

Le président de la République nous avait prévenus depuis six mois qu’un remaniement aurait lieu. C’est fait. Pourtant, il faut être honnête, les Français n’attendaient plus rien de ce remaniement. En vérité, le président a raté un créneau facile : le remaniement aurait pu sortir le gouvernement de la contestation sur les retraites de manière honorable. Il n’en a rien fait. À force de trop traîner, cette annonce est devenue ridicule.

Ridicule d’autant plus que les résultats annoncés hier n’ont de spectaculaire que le mode théâtral sur lequel ils ont été annoncés : samedi le gouvernement Fillon donne sa démission et contrairement aux coutumes en vigueur, il aura fallu attendre le dimanche matin pour connaître la re-nomination de Monsieur Fillon ! Comme si le président s’était décidé dans la nuit !

Théâtral aussi le retour prématuré du G20 du président pour préparer un évènement qui était déjà annoncé depuis six mois et sur lequel presque aucun Français ne comptait ! Pourtant le G20 avait été annoncé comme capital pour l’avenir de la France et du monde. Il faut croire que, finalement, le G20 n’avait aucune importance. Ce qui est d’ailleurs confirmé par les faibles résultats de ce meeting.

En revanche le contenu du remaniement, connu dimanche en cours de journée, n’a rien de théâtral. À part quelques-uns qui sortent, le contenu reste globalement inchangé. Il n’y a plus d’ouverture à gauche, moins de représentativité des femmes, de la diversité et des centristes.

Ainsi, le nouveau contenu du gouvernement est proche de la constitution d’un bataillon UMP (donné perdant) pour les prochaines élections de 2012, plutôt qu’une écoute réelle de la contestation des Français. Le président, dont la popularité plafonne à 30%, ne risque pas de voir cette dernière monter. Non seulement la politique sera dans la continuité, mais de plus ce qui avait charmé les Français en début de mandat (les femmes, la diversité et l’ouverture au centre et à gauche) n’est plus d’actualité.

Seule conséquence réelle : le président, en maintenant son premier ministre, perd une grande partie de son pouvoir au profit de ce dernier. C’est un aveu d’échec pour Monsieur Sarkozy qui ne pourra plus contrôler autant qu’avant la politique du pays. Car il faudrait être naïf pour croire que le premier ministre ait accepté d’être reconduit sans contrepartie alors que cette nouvelle nomination diminue ses chances d’être présidentiable à coute échéance.

Woerth, débarqué, non pas pour ses déboires avec la justice (mais pourquoi, alors, au juste ?) va enfin pourvoir se consacrer à sa défense tout en étant bien au chaud derrière son immunité parlementaire. Même si ce dernier clame haut et fort qu’il ne l’a jamais demandé, ce n’est pas pour autant qu’il n’en profitera pas… Roseline Bachelot, lors de la passation de pouvoir de Monsieur Woerth, nous a fait verser une petite larme tant le soldat Woerth a bien “tenu” sous les feux des critiques : elle s’est déclarée « surprise » d’une telle ténacité. Nous aussi madame Bachelot, croyez-le bien.

Bref, ce remaniement fait l’effet d’une manœuvre tactique, d’un tour de magie éculé, réalisé par le président mais sans réelle conséquence pour la vie des Français. Et ce, au moment même où la vie de nos compatriotes devient de plus en plus compliquée. Nouvelle preuve, s’il en faut, que le gouvernement ne s’attaque pas vraiment aux problèmes du pays et préfère les effets de manches peu coûteux. Ce qui est triste, c’est que la plupart des journalistes sont tombés dans le panneau : émissions spéciales, flash info, supputations, pronostiques… C’est bien triste, car pendant que ces journalistes s’activaient vainement, les Français ignoraient profondément cette agitation. Il n’y a pas que l’état qui soit en décalage avec les problèmes du peuple, les journalistes y participent activement !

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