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Les multinationales des technologies, dont des québécoises, sont toutes présentes en Inde. Et si la délocalisation était plus avantageuse dans notre propre cour? Pourquoi CGI ne privilégierait pas Cloridorme ou même Kuujjuaq au lieu de Bangalore?
C'est le constat que fait, à l'échelle américaine, le magazine Bloomberg BusinessWeek avec un texte intitulé « Rural Outsourcers Vs. Bangalore » (Délocalisateurs ruraux contre Bangalore).
C'est que la délocalisation de l'industrie de l'informatique change de visage aux États-Unis. Au lieu de se faire uniquement en Inde, elle se réalise désormais dans des bleds perdus d'États américains reconnus davantage pour le maïs ou le canola que la haute technologie.
Il se constitue rapidement une industrie américaine de la délocalisation, notamment sur les réserves indiennes. Une star de cette nouvelle industrie: Cayuse Technologies, de la réserve Umatilla, dans l'Oregon : 200 employés, ventes de 7,7 M$ en 2009, croissance dans les deux décimales.
Ces nouvelles entreprises offrent un avantage que n'aura jamais l'Inde : la proximité culturelle. Beaucoup d'entreprises sont mécontentes de la délocalisation dans le pays de Gandhi pour toutes sortes de raisons : problèmes de langue, de visas, de distance. Les compagnies situées en sol américain peuvent aussi mieux se conformer aux lois sur la protection des renseignements personnels.
Parce que le coût de la vie en région est peu élevé aux États-Unis, faire affaire avec un fournisseur basé en Inde revient moins cher. Autre avantage important, il est généralement plus aisé de transiger avec un partenaire qui partage votre culture.
Cela dit, la délocalisation vers l'Inde n'a pas à craindre des compétiteurs situés en région rurale. En effet, l'industrie indienne engrange 50 G$US par année, des revenus qui vont tripler d'ici 2020. Les délocalisateurs ruraux américains, eux, affichent des revenus estimés à 100M$ cette année.
Ces derniers ont toutefois des atouts, car les gouvernements, encouragés à créer ou maintenir des emplois aux États-Unis, peuvent leur accorder des contrats. De plus, les travailleurs informatiques de l'Inde, de la Russie ou de la Chine tentent actuellement d'améliorer leurs salaires et conditions de travail, ce qui influencera à la hausse les tarifs de leurs employeurs.
Certains croient qu'un jour, lorsque les salaires auront augmenté sensiblement dans le BRIC, les délocalisateurs ruraux auront un avantage indéniable sur leurs compétiteurs à l'international. Entre-temps, les délocalisateurs locaux transforment les chômeurs des anciennes aciéries ou de la construction en programmeurs informatiques, dans des formations intensives qualifiées de « boot camp ». Et il ne manque pas de candidats : un quart de la population américaine habite en région rurale.
Duluth et Thetford Mines, même combat!
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