Nicolas Sarkozy, souvent considéré comme président des riches, sait que cette image n’est pas positive pour l’élection de 2012. Il avait donc deux choix : changer de politique ou maintenir sa politique mais la rendre plus discrète. Devinez quel est son choix ?
2012 approche à grand pas et les chances de Nicolas Sarkozy sont de plus en plus minces. Après un léger mieux suite à l’élimination de DSK, les déclarations de Jacques Chirac sur le président et son support affiché à Hollande (même si Chirac est revenu sur le contexte de sa petite phrase affirmant qu’il voterait pour Hollande), n’est pas du meilleur augure. A l’UMP on sait également que le morcèlement des candidatures de la droite n’est pas à l’avantage du président.
Dans ce contexte difficile, il faut convaincre le plus grand nombre que le président change. Qu’il n’est plus le président de 1% des Français les plus riches. Nombre de Français, souvent pauvres, ont cru à l’élection de Nicolas Sarkozy. Je me souviens le lendemain de l’élection la remarque d’une caissière d’un grand supermarché : Alors que son travail semblait lui peser un peu, je lui ai dit « pas facile votre travail… » et elle a répondu « Oui, mais avec Nicolas Sarkozy, on espère tous que cela ira mieux ! ». Je n’ai rien dit car je n’étais pas là pour faire un débat politique, mais cela m’a un peu démoralisé de voir comment l’UMP avait réussi à embobiner à ce point certains Français qui avaient fini par voter contre leurs intérêts… Aujourd’hui, seules certaines personnes âgées et quelques riches (cœur de cible de l’UMP) sont encore convaincus du bienfondé de la politique du président.
Rien ne va plus, il faut faire machine arrière ou semblant de faire machine arrière. Monsieur Sarkozy doit donc changer ou faire semblant de changer. Ses amis n’ont pas changés, ses convictions non plus, il était donc inévitable que seule la deuxième option fût possible : le président doit faire semblant de changer.
Premier exemple : Le bouclier fiscal, l’ISF et l’autoliquidation
Problème : Si le bouclier fiscal est très mal perçu par les Français au moment où le chômage est haut et que l’on demande sans cesse plus d’effort financier à ces derniers, il n’est pas possible de revenir sur ce cadeau aux riches. Comment faire pour maintenir, voir augmenter cet avantage tout en ayant l’air d’avoir entendu les Français ?
La solution est naturelle : le bouclier fiscal doit être compensé par la suppression de l’ISF de manière élégante. Comment ? Le bouclier fiscal est impopulaire à cause de la presse qui fait fuiter les lettres de remboursement du fisc aux 14 000 riches qui en bénéficient (sic !). Pensez donc ! Une lettre informant un ultra-riche qu’il recevra un chèque de 400 000 euros pour compensation de ses impôts de l’année passée est vite perçue comme scandaleuse ! 400 000 euros soit 15 ans de salaire pour un français moyen (2160 euros/mois) ! Non cette manière de gérer le bouclier est ridiculement trop visible ! Il faut rendre cela transparent. C’est ainsi qu’est inventé l’autoliquidation : le président permet par cette mesure de déduire directement à la source la partie déductible et non de payer plein pot puis de recevoir un chèque pour le trop-perçu ! Les redevables de l’ISF, qui bénéficient du bouclier au titre de l’année 2011, devront, au-delà de cette date, "obligatoirement" déduire ce remboursement du montant de leur impôt, plutôt que d'attendre que le fisc leur reverse un chèque de remboursement en 2012. C’est plus discret et les riches n’avancent plus de l’argent qui peut, de plus, être avantageusement placé ! Mais ne nous y trompons pas : non seulement le bouclier fiscal existe toujours, mais il est rendu invisible pour la presse et les français. Autrement dit : les riches se gaveront toujours, mais le banquet se fera hors caméra, discrètement. Rappelons également que le président avait déjà changé en 2007 les règles du bouclier fiscal limitant à 50% (et non plus à 60%) l’imposition maximale des riches. « il faut bien que quelque chose change pour que tout reste comme avant ! » comme disait le prince de Salina dans le Guépard de Visconti.
Autre solution complémentaire : ne pas faire coïncider la modification du bouclier et celle de l’ISF. 2012 arrivant à grands pas, le président a astucieusement décidé d’attendre 2012 pour appliquer ce nouveau bouclier fiscal. En revanche l’ISF, lui, qui ne touche pas seulement 14 000 contribuables comme le bouclier fiscal, mais 300 000 sera modifié immédiatement ! La limite pour tomber dans l’imposition ISF passe de 800 000 euros (31 ans de salaire d’un français moyen épargné à 100%) à 1,3 millions d’euros (50 ans de salaire épargné à 100%) immédiatement ! Autant dire que le cadeau est important et que le nombre de contribuable concernés par l’ISF va fondre comme neige au soleil. Si c’est pas un beau cadeau aux riches, je ne m’y connais pas !
Deuxième exemple : la deuxième journée de solidarité
Dans le même temps la journée de solidarité nous est vendue comme insuffisante financer l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées et on envisage d’en ajouter une deuxième. Ce qu’il faut savoir c’est que cette réforme est payée par les salariés et non par les revenus du capital (si l’on ne travaille pas parce qu’on est rentier, c’est difficile de travailler une journée de plus !). Elle est majoritairement payée par les salariés et non pas par les entreprises non plus : Le salariés travaillent gratuitement ce jour là mais les entreprises ne cotisent que 0,3% de la masse salariale de cette journée. Le reste du fruit de cette journée de travail va directement dans la poche des entreprise. Ces journées gratuites sont donc un cadeau aux riches et aux entreprises : ça, c’est de la solidarité !
Nicolas Sarkozy, président de tous les Français ? Il faut vraiment être naïf pour y croire encore !
Le Blog Economique Et Social
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