Le scandale n’a pas été relayé par la presse, ou fort peu en tout cas, il s’agit de l’augmentation des tarifs que facture la SACEM aux commerçants (petits et gros) pour avoir l’immense privilège de mettre de la musique ou une radio. Jusqu'ici, un commerçant de type “coiffeur de quartier” devait s'acquitter d'une taxe d'un montant variant entre 24 et 35 euros par an, mais cette taxe augmente en 2011 d’au moins 200 % pour les petits salons et de 1070% pour les gros ! Une augmentation spectaculaire au moment même où les dirigeants de la SACEM sont montrés du doigt pour leur salaires “à la Steve Jobs”…
Selon Bernard Stalter, président de l'union régionale de la coiffure d’Alsace, ces montants seraient donc portés à 90 euros pour 2011, pas excessifs, certes, mais Bernard Stalter précise : "Pire, cette redevance de base sera de 90 euros pour un salon de deux salariés, mais il faut compter 47 euros de plus par salarié". Ainsi, un coiffeur avec quatre salariés payerait 184 euros soit, finalement, 7 fois le prix de 2010, et 376 euros pour huit salariés soit, 10,7 fois le prix de 2010 ! Certes, la taxe n’avait pas évolué depuis 1987, mais tout de même…
Pour Bernard Stalter "Nous ne pouvons être la vache à lait de la Sacem" et il précise que toute cette affaire aura des répercussions sur l’emploi. Nous pouvons également penser que cela aura des répercussions sur les prix des salons également ! Surtout, l’inquiétude est de voir évoluer cette taxe chaque année.
Alors même que les commerçants sont durement touchés par la crise, chacun peut constater les fermetures de boutiques dans son quartier, la SACEM, elle, se goinfre sur leur dos.
Pourquoi est-ce de la goinfrerie ? Simplement parce que les artistes n’ont jamais touchés aussi peu et que les dirigeants de la SACEM, eux, ont un train de vie royal, qui, de plus, ne cesse d’augmenter. En effet, au même moment, un député UMP met le doigt sur "le train de vie mirifique" de ses dirigeants dans France Soir (ici et la). Yannick Favennec, élu de Mayenne, nous indique les "600.000 euros de salaire par an pour le président Bernard Miyet". Soit 30 SMICs annuel. Mais ce n’est pas tout: “avec une moyenne de 266.000 € de revenus annuels, les dix autres principaux dirigeants du groupe ne sont pas en reste !” soit 13 SMICs en moyenne ! Mais cela ne complexe pas du tout le président aux 30 SMICs : ce dernier indique qu’il occupait, avant la SACEM, un poste de secrétaire général adjoint à l’ONU, il était donc tout à fait logique de ne pas baisser son salaire. Ceux qui, pour trouver un emploi et sortir du chômage, ont baissé leurs prétentions apprécieront. D’après Bernard Miyet « La Sacem est une société de niveau international […], amenée à négocier notamment avec Steve Jobs, les présidents de France Télévisions et de TF1 ou le patron d’Amazon. ». Oui dans ce cas, alors, cela méritait bien 30 SMICs, excusez-nous de vous avoir dérangé Monsieur Miyet…
Pourtant, les abus s’enchaînent, 30 SMICs étant largement insuffisants. La Cour des comptes est formelle : les dirigeants de la Sacem « ne respectent guère la note interne relative aux frais de déplacement et de mission » (les cadres doivent se limiter aux hôtels 3 étoiles et à 40 € maximums pour les repas). Les vérifications faites par la Cour des Comptes se sont vite buttées au manque de documents de suivi de la SACEM sur ces points. Les anomalies concernent également l’usage de la carte bancaire de l’entreprise : la cour des comptes indique que Jacques Blache (qui a quitté l’entreprise en 2008) a utilisé sa carte pour payer “des achats dans les grands magasins, des frais de péage lors de week-ends, des locations de voiture, 10.000 € de « cadeaux », des repas pris seul ou encore des vacances de Noël en Guyane” indique France Soir. La cour des comptes s’étonne même « Il semble même qu’à deux reprises, des dépenses aient pu être engagées le même jour avec cette carte dans le Vaucluse, dans l’Eure-et-Loir et dans le Morbihan » ! Bakchich indique même qu’en 2008, Miyet aurait dépensé 29 000 Euros de notes de frais par carte bancaire et que “les charges de gestion augmentent trois fois plus vite que les perceptions entre 2006 et 2008”… Pour finalement conclure l’article par “Les profiteurs de la création musicale ne sont pas toujours ceux que l’on croit”…
C’est dans ce cadre explosif que 60 000 salons de coiffure étaient appelés à faire “la grève du son” ce lundi 6 décembre 2010 afin de protester contre ces augmentations scandaleuses et non justifiées.
C’est toujours la même chose dans le monde, ceux qui ont le pouvoir en profitent en toute impunité, et ce, au détriment des PME, artisans et particuliers. Ne vous étonnez pas que, lorsque vous vous baladez dans une grande ville, les petits commerces soient plus que jamais aussi rares. Le gouvernement nous endort avec la création d’entreprises dans les journaux, mais laisse faire les abus dans la vie courante. Soyez entrepreneur qu’ils disaient !… Et bien on a vu !
3 commentaires:
Eh oui, encore une fois les classes moyennes (coiffeurs) paient pour les riches (les Zartistes Zubventionnés) et pour financer les salaires mirobolants des responsables de la SACEM... Tout bonnement honteux. C'est la vie dans une république étatiste!
Sans blague : vous vous réveillez seulement
aujourd'hui ! Vous bouffez des promotions télé-
visuelles des artistes que vous faites écouter
dans vos salons et là soudainement vous vous
sentez égratignés ? Que cela soit indécent, je
veux bien l'admettre mais êtes-vous si réglos
avec vos employés ? Vous ne pratiquez jamais
de licenciement abusif ? Et l'on se demande
pourquoi il ne se trouve plus personne pour se
présenter aux offres d'emploi ...
Le rapport entre les dirigeants de la SACEM qui se gavent et des coiffeurs qui pratiquent des licenciements abusifs est mince comme du papier à cigarette.
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