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samedi 5 mars 2011

Fillon manie, grossièrement, la brosse à reluire

Dans une interview parue ce samedi dans Le Figaro, le chef du gouvernement, François Fillon tente une “opération méthode Coué” en affirmant que tout va bien et que Nicolas Sarkozy est le meilleur candidat (de loin) pour les futures présidentielles de 2012… Une interview hallucinante qui montre encore, s’il en eue été nécessaire, que nos politiciens s’éloignent chaque jour un peu plus du peuple Français…

Les sondages ne valent rien…

Dans la liste incroyable des déclarations triomphalistes Fillon nie l’impact des extraordinaires mauvais sondages qui n’arrêtent pas de tomber depuis la dernière élection présidentielle. D’après lui, les sondages ne reflètent jamais (“si loin de l'élection, les sondages se sont toujours trompés”) le résultat futur des élections. Donc les mauvais sondages à répétition ne veulent rien dire et on peut supposer qu’il a décidé de les ignorer dans ses décisions au gouvernement. C’est fort dommage, car cela aurait été la seule chance pour l’UMP de remporter les élections. Lorsque les Français sanctionnent durant une très longue période le gouvernement, si celui-ci n’en tient pas compte c’est qu’il est autiste… Le mensonge de ces déclarations réside que si les sondages peuvent se tromper à +/-15 % prêt, les derniers (cohérents avec les précédents) indiquent qu’à 22 % d’opinions positives cela donne en étant très optimiste 37 %. Nous sommes très loin d’un consensus… La vérité est plus cruelle cela fait presque 2 ans que nous lisons des sondages en baisse, mais qui plafonne à 30 %. Ce point est très suspect et l’on a vraiment l’impression que les chiffres sont artificiellement gonflés pour ne pas humilier le gouvernement (voir plus bas). La baisse à 22 % est donc fort probablement sur évaluée également et nous sommes surement beaucoup plus bas.

La crise et les révolutions expliquent tout

Toujours pour justifier sa ridicule popularité, Fillon utilise l’excuse de la crise économique et des révolutions moyennes orientales (“Il n'y a rien d'anormal à ce que le gouvernement soit dans une situation difficile.”). Je trouve que les Français sont particulièrement injustes, ils font porter le chapeau de la crise économique au seul gouvernement français… d’après Fillon. Il n’en est rien bien sûr même si gouverner dans ces conditions est plus difficile. Quant à l’excuse des révolutions, c’est une pure fantaisie, il faudrait que Fillon revoie ses classiques d’excuses creuses, car celle-ci est particulièrement triviale. D’autant que si les révolutions sont nouvelles, le manque de popularité est ancien.

Le gouvernement ne changera pas de cap

Comme je l’imaginais plus haut, Fillon le confirme: le gouvernement ne changera pas de cap, il continuera à faire ce qu’il sait si bien faire et qui plait tant aux Français: “Fiscalité, justice, dépendance, nous poursuivons les réformes.”. Ah oui, c’est vraiment ce que les Français attendent ! Nous sommes impatients même ! Remarquez bien que dans la liste à la Prévert il y a des intrus, mais pas ce qu’attendent vraiment les Français : lutte contre le chômage, les délocalisations, protection des PME, réduction de la corruption et des abus, rétablissement du partage des richesses… Nous pourrions imaginer, avec beaucoup d’imagination toutefois, que sous les termes “Fiscalité, justice” se cacherait un véritable travail de fond pour rétablir les injustices, mais nous savons déjà qu’il n’en sera rien : Fiscalité veut dire supprimer l’ISF (ou le réduire) et bricoler le bouclier fiscal. Justice veut dire faire des réformes discutables, diminuer l’indépendance des juges, réduire les budgets de cette dernière. Remarquez également qu’il ne parle pas non plus de la délinquance : le gouvernement se serait-il rendu compte que ses déclarations à l'emporte-pièce ne trompaient plus personne et que les effectifs de police n’ont jamais été aussi bas alors que les problèmes de délinquance aussi hauts ? Conclusion de Fillon, qui ne doute de rien : “à l'automne 2011, quand nous entrerons dans le débat de la présidentielle, la confrontation des projets nous sera favorable”, la méthode Coué a encore fait une victime…

Nicolas Sarkozy est le meilleur

D’après Fillon Nicolas Sarkozy est le meilleur, il fait bien de nous le dire, car ce n’était pas évident : “Non seulement il est le seul, mais il est le meilleur candidat possible.” Évidemment, il n’est pas le seul, mais je pense qu’à droite de plus en plus de gens se disent qu’il est le dernier candidat possible et qu’il est urgent d’un mettre un autre. Pourtant pour Fillon, décidément bien aveugle il n’en est rien “Il n'y a pas l'ombre d'un doute. C'est lui qui rassemble le plus largement possible la majorité. » Pire pour Fillon Nicolas Sarkozy est crédible “il pourra faire campagne sur la crédibilité” en effet 22 % d’avis favorables est très crédible, mais c’est vrai ! Les sondages ne valent rien d’après Fillon.

Nicolas Sarkozy est donc le meilleur candidat, il n’y en a pas besoin d’autre d'ailleurs, car d’après Fillon “Je suis clairement en faveur d'une seule candidature de la droite et du centre. S'il y avait des différences idéologiques, pourquoi pas, mais où sont-elles ?”. C’est vrai que la droite n’a qu’une seule voix en ce moment… Bayrou n’est pas de droite, pardon, n’est pas “dans la majorité présidentielle” (pour Fillon, la droite c’est uniquement la majorité présidentielle…). Quant à Villepin “Sa candidature serait une candidature de division supplémentaire, dangereuse pour la famille politique à laquelle il appartient”. C’est en général ce que l’on dit pour éviter que des concurrents ne se présentent. Mais pas de problème pour Fillon, il suffit que tout le monde se tende la main et se rallie a Nicolas Sarkozy (“S'il souhaite établir un dialogue avec la majorité, nous y sommes prêts”) ! Cela reste toujours vrai et ça ne mange pas de pain: Avis à Bayrou et Villepin, vous pouvez toujours rentrer dans le rang.

Fillon, pourfendeur des formules vides de sens

A une question qui traitait Juppé de premier ministre bis, Fillon se dresse comme un seul homme : “Quand donc allez-vous vous lasser de ces formules vides de sens ?” C’est vrai que le gouvernement à acquis une énorme expérience dans le domaine des expressions vides de sens et il a bien le droit de s’ériger en juge de ce domaine. Pour Fillon les expressions “hyper premier ministre” et “premier ministre bis” ne veulent rien dire et de ce fait il n’a pas a répondre à la question du journaliste du Figaro. Pourtant, ces expressions sont tout sauf vides de sens ! L’hyper premier ministre est celui qui décide de tout et est présent partout. Il est vrai que notre ex-hyper premier ministre est bien souvent été éclipsé par un hyper président qui n’a pas hésité a lui voler la vedette, mais de là a dire que ce n’a pas de sens… Quant au premier ministre bis il est bien évident que Juppé est arrivé en force dans ce nouveau gouvernement et qu’il a posé ses conditions, il n’est donc pas ridicule de pense qu’étant donné l’état de popularité du gouvernement, il a demandé des garanties pour son entrée a risques au gouvernement.

Il est nécessaire de multiplier les débats

Fillon ne s’inquiète pas de la multiplier les débats (TVA, 35 h, Laïcité, …) et trouve cela normal “Un parti a vocation à organiser des débats pour faire émerger des idées” mais trouve également normal que nombre de ces débats soient stériles et ne débouchent sur rien “Je ne vois pas la nécessité d'une loi”. Que l’on fasse du vent, certes, malheureusement tout le monde en fait plus ou moins, mais que pris la main dans le sac on trouve cela normal, c’est un peu fort… Il est vrai que si, au lieu de faire des débats et des sur-couches de lois, nous appliquions déjà les lois existantes, le pays s’en porterait mieux. La loi est devenue un tel empilement hétéroclite de mesurettes, qu’il devient difficile de l’appliquer. La faute à qui ? Qui ces dernières années a créé le principe de "un problème = une loi" ?

La concurrence de Nicolas Sarkozy est désespérante

D’après Fillon, qui aime bien balayer devant la porte des autres avant la sienne, Martine Aubry a un avant-projet “désespérant” car “tellement il est éloigné des réalités économiques !”. C’est drôle d’entendre cela de la bouche de Fillon qui vient de servir un discourt si éloigné des problèmes des Français (mais cela ne l’empêche pas de critiquer ce qu’il est incapable de faire lui-même “On pouvait espérer que la longue période d'opposition traversée par le PS l'aurait amené à s'ouvrir aux réalités”). Je ne suis pas spécialement fan de l’avant-programme de Martine Aubry qui me parait aussi un peu décalé par rapport aux attentes des Français, mais j’avoue que ces déclarations me rendent cet avant-programme plus séduisant. Si un libéral trouve un programme désespérant et éloigné des réalités économiques, c’est qu’il n’est pas si mauvais que cela !

Toutefois, Fillon n’est pas dans le faux lorsqu’il dit “Martine Aubry a osé comparer le président de la République à l'escroc Bernard Madoff! Et les Jeunes Socialistes le comparent à Hitler! Le débat politique est rude, mais est-on obligé de s'abaisser à ce niveau pour gagner les élections? » Ces petites phrases “débilisante” m’ont toujours effaré qu’elles viennent de gauche ou de droite et encore plus d’extrêmes droites. Si j’aime les comparaisons osées pour faire comprendre une idée, il faut qu’elles restent vraisemblables.

À propos de l’éloignement des Français et de la corruption, Fillon confirme. Au sujet du procès Chirac en cours il déclare “Je dirai simplement mon affection pour Jacques Chirac. Je suis triste qu'on lui impose cette épreuve.” Je ne vois pas pourquoi l’exercice de la justice le rend triste ? Quelle que soit l’issue du procès (s’il a lieu) dont la vérité soit faite, dire le contraire est absolument effarant pour un premier ministre en exercice ! Quant à l’amitié de Fillon, je lui souhaite que Monsieur Chirac soit blanchi, car sinon cette amitié deviendra plus embarrassante…

Fillon veut rempiler à Matignon

Cette interview n’apporte rien de nouveau, elle est juste “désespérante”. Pour ceux qui en doutaient encore, le gouvernement suit et suivra le même cap jusqu’au bout. Que sa popularité chute en dessous de 10 % n’inquiète personne au gouvernement et certainement pas Fillon. Ce dernier croit encore que, dans la médiocrité actuelle de la politique, Nicolas Sarkozy reste le mieux placé. Il oublie surement l’extrême droite qui, dans un sondage à paraitre demain dans Le Parisien, bat tout le monde. Mais c’est vrai ces sondages ne signifient rien…

Nicolas Sarkozy étant le meilleur candidat, son interview, dans ce contexte, est un véritable coup de brosse à reluire ! Attention aux chaussures, ça tâche ! Monsieur Sarkozy, si votre plumage se rapporte à votre ramage… Fillon parie donc mielleusement sur Nicolas Sarkozy, car il aime Matignon et il espère qu’en cas de nouvelle victoire il reprendra du service. Il avait bien envisagé de se présenter lui-même à la présidence, mais il semble avoir reculé. A la question “Vous êtes à Matignon depuis quatre ans. Vous arrive-t-il d'avoir en­­vie de poser votre sac ?” il répond sans hésiter “Non. La succession de crises qu'on vient de connaitre rend les choses plus difficiles, mais aussi la mission plus exaltante. […] Mais je n'ai jamais compris ceux qui disent que Matignon est «un enfer». » C’est clair non ?

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