Lorsque j'écrivais dans un précédent billet que la stratégie de Renault était en cause dans la réussite de cette entreprise, je ne pensais pas que je serais repris, voir paraphrasé par le gouvernement et le président lui-même qui a déclaré « La stratégie de Renault de ces dix dernières années, je ne l’accepte pas ». Nous pouvons d’ailleurs nous demander pourquoi, depuis le temps qu’il est au pouvoir, il n’a pas réagit sur le sujet… Bref, s'il a sûrement raison, je ne vais pas le contredire, il s'est en revanche largement trompé dans ses chiffres. « PSA emploie un tiers de ses effectifs à l'étranger, les deux autres tiers en France, ce n'est pas le cas de Renault », a dit le chef de l'Etat. Faux hélas, le ratio des employés français par rapport aux effectifs étranger de PSA est de 55% (et non 67%, soit 12% d’erreur). Pour Renault le chiffre est de 46%. Evidemment c’est moins bien que PSA mais pas aussi catastrophique que le laisse entendre le chef de l’état. D’ailleurs, même si cela ne justifie pas complètement cette situation, cet écart est en partie dû aux filiales étrangères de Renault (Dacia, Renault-Samsung Motors).
Le président indique également avoir « découvert » que « les 2/3 des sous-traitants de Renault sont des sous-traitants étrangers » pourtant de source Renault 42% (et non 66%) des achats du groupe se font en France (d’où l’impact fort sur l’emploi en France des délocalisations prévues par le groupe).
Si la stratégie du « low-cost » est perdue d’avance a terme, ce n’est pas parce que Renault ne joue pas la carte Française mais parce que nous ne ferons jamais aussi bien que les Chinois et Indien du point de vue des prix bas et que la valeur ajoutée Française de donneur d’ordre pour ces pays est presque nulle. Il faut donc se positionner plus en moyenne gamme et haut de gamme avec un souci constant de qualité et d’innovation. Pour le marché Français, une communication claire sur le lieu de fabrication des véhicules est également une piste. Car comme nous avons déjà vu, acheter Français n’est pas forcément acheter « Made in France ».
Dans ce dossier, comme dans d’autres évoqués par le président lundi, le manque de connaissance du terrain est frappant. Cela nous rappelle le face-à-face entre le président et Ségolène pour la présidentielle où les deux candidats alignaient faux chiffres et contres vérités (comme sur le nucléaire). Une des difficultés de la France d’aujourd’hui est bien le « décrochage » des ses élites par rapport à la réalité du terrain. La communication de lundi n’étant qu’un moyen de rassurer les foules coûte que coûte sans se soucier de la véracité des arguments. Hélas cela n’a pas empêché 57% des Français de le trouver convaincant.
Si Renault éprouve des difficultés c’est aussi parce que la France n’offre pas un environnement suffisamment compétitif pour ses entreprises durement touchées par la mondialisation. Trop de prélèvements publics (impôts, taxes, ...) qui sont presque le double en France qu’en Allemagne. Pas difficile de comprendre pourquoi la marge moyenne des entreprises en France (entre 2000 et 2007) a baissé de 5,4% tandis qu’elle augmentait de 9,1% en Allemagne dans la même période…
1 commentaire:
Parce que justement, il est quasiment impossible, en tant que consommateur, de savoir où ont été fabriqués les produits de consommation courante (équipement de la personne et de la maison notamment), j'ai créé le site http://www.hexaconso.fr, qui présente les marques qui fabriquent vraiment en France.
Et parce que la France ne peut et ne doit pas devenir une France sans usine. L'industrie est INDISPENSABLE à notre pays, ceux qui prétendent le contraire se fourvoient totalement. L'industrie crée de la valeur ajoutée, crée des emplois, et tire dans son sillage les services aux entreprises, mais également les services aux particuliers.
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