A lire sur Bug Brother:
Avaaz ("voix" dans plusieurs langues d'Asie, du Moyen-Orient et de l'Europe de l'Est), créé en 2007 afin de "fédérer les citoyen(ne)s de toutes les nations pour réduire l'écart entre le monde tel qu'il est et le monde voulu par la grande majorité d'entre nous", et qui fédère aujourd'hui près de 10 millions de citoyen(ne)s, dans le monde entier, vient de lancer une pétition "à l'attention du Président Nicolas Sarkozy" :
Nous vous appelons à retirer immédiatement le projet de décret qui permettrait au gouvernement d'être juge et partie pour définir les contenus en ligne et les services de l'internet auxquels nous pouvons accéder. Ce décret disproportionné menace nos droits et nos libertés démocratiques ainsi que la liberté d'expression garantie par la Constitution française.
Lancée ce jeudi 30 juin, elle a déjà recueillie plus de 40 000 signatures.
Le projet de décret, révélé par Marc Rees de PCInpact, et publié sur OWNI, vise en effet à "industrialiser les mesures de blocage et de filtrage (de sites web -NDLR) à l’échelle du pays... tout en évitant soigneusement le passage devant un juge".
Le Conseil National du Numérique, qui réunit des professionnels de l'économie numérique et qui a été créé par Nicolas Sarkozy pour, précisément, donner son avis sur tout ce qui a trait au Net, a fustigé ce projet de décret aux motifs, notamment, qu'il vise moins à faire condamner les auteurs des contenus préjudiciables qu'à censurer les fournisseurs d'accès à l'Internet qui permettent d'y accéder, et qu'il met donc en place "un système de filtrage préventif illicite" :
Le projet de décret doit faire l’objet de nombreuses modifications afin notamment de faire concilier la nécessaire lutte contre la cybercriminalité avec le principe constitutionnel de la liberté d’expression
Ce qui fait dire à Avaaz que "Le gouvernement Sarkozy veut censurer internet par un décret qui pourrait bloquer des sites et pages de recherche", ce que l'ONG qualifie d'"assaut contre la liberté d'expression" :
Ce nouveau décret permettrait aux ministres de retirer tout contenu internet menaçant selon eux "l'ordre public", sans passer par un juge. C'est pourquoi un Conseil en charge de l'Internet créé par Sarkozy a condamné cette mesure comme étant inconstitutionnelle, et les experts internationaux sont en état d'alerte. Mais le décret pourrait malgré tout être adopté dans les prochains jours.
Le Président Sarkozy a montré au sommet du G8 qu'il soigne son image de dirigeant moderne et de partisan d'internet. Ainsi, si nous sommes suffisamment nombreux à exiger qu'il enterre ce projet de censure, nous pourrons faire pencher la balance et empêcher qu'il ne mette la main sur internet. Lançons un gigantesque appel national demandant à Sarkozy de protéger la liberté d'internet. Signez la pétition urgente et faites-la suivre à tous.
Cette initiative intervient au moment même où l'UMP, créée par Nicolas Sarkozy, vient de lancer ses 45 propositions pour une "révolution numérique", sous-titrée "Le meilleur reste à venir" et qui, in fine, cherche à se démarquer du bilan catastrophique du gouvernement Sarkozy/UMP pour ce qui est de la défense des libertés sur Internet.
La France a en effet été placée cette année dans la liste des pays sous surveillance dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) des "ennemis de l'Internet" du fait, notamment, de la Hadopi, de la LOPPSI, mais également de la volonté de Nicolas Sarkozy de civiliser l'Internet, comme si les internautes étaient des "sauvages" qu'il convenait de coloniser (voir aussi L’enfer, c’est les « internautres »).
Non content de rappeler, en introduction, que le Conseil Constitutionnel avait censuré le projet de "riposte graduée" de la Hadopi au motif que «la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme », le programme de l'UMP entend précisément consacrer l'intervention d'un juge dès lors qu'il s'agit de bloquer, filtrer ou censurer un site web...
Reste donc à savoir en quelle mesure les citoyen(ne)s signataires de la pétition d'Avaaz aideront ceux qui, au sein même de l'UMP, ont conscience qu'il est dangereux, et contre-productif, d'attenter aux libertés sur le Net...
jean.marc.manach (sur Facebook) @manhack (sur Twitter)
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