Vous aimez ce blog? Dite-le en cliquant le bouton:

lundi 26 mars 2012

Hausse modérée du chômage : de qui se moque-t-on ?

Les chiffres du chômage ont été annoncés ce soir, mais le Président savait qu’ils ne seraient pas bons, il a cru devancer l’annonce en parlant d’une obscure « hausse modérée » qui est en fait de 0,3% sur un mois et d’une « dérivée première » en baisse ! De qui se moque-t-on ?

Véritable boulet pour le président candidat sortant, les chiffres du chômage continuent d’arriver indépendamment du calendrier de la campagne présidentielle, et ceux de février ne sont pas bons… Le président le sait, et il a préféré devancer l’annonce en l’enrobant de jargon technocrate et de précautions oratoires hallucinantes. Un enrobage en sucre pour faire passer dix mois d’une pilule au gout très amer.

Oui, 10 mois déjà que le chômage augmente, pour atteindre 9,8 % fin décembre. En métropole, le nombre de chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) atteint 2,8 millions et ce chiffre est le plus mauvais depuis 12 ans ! Si l’on regarde toutes les catégories touchées par le chômage (A+B+C, soit toutes les personnes en activité réduites), l’addition monte à 4,25 millions pour janvier. Si l’on regarde l’évolution depuis l’élection de Nicolas Sarkozy cela fait tout de même 1 million de chômeurs en plus (et 724 000 si l’on ne regarde que la catégorie A) ! Beau bilan ! Les catégories A, B, C révèlent pourtant bien la réalité du terrain, mais reflètent également l’effort du gouvernement, depuis 2009, pour rendre les chiffres du chômage de catégorie A présentables en augmentant fortement les emplois aidés. Xavier Bertand a fixé à ses services, fin décembre, l'objectif de réaliser sur la première moitié de l'année les deux tiers des 340.000 contrats budgétés pour 2012. Mais tout cela sans aucune arrière-pensée électorale, bien entendu… Autant dire que la fin 2012 sera dure pour le président élu, un coup de pouce pour l’élection du candidat Sarkozy et une peau de banane sous les pieds de François Hollande s’il était élu !

Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy déclarait ce matin sur France Info « Les chiffres de ce soir manifesteront une amélioration de la situation avec une baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs. Cette augmentation sera assez modérée ». Que veut dire ce charabia « une baisse tendancielle de l'augmentation » ? Pour ceux qui ont fait des mathématiques dans leur vie, cela leur rappellera qu’il parle de la dérivée première de l’augmentation du chômage. Pourquoi cette notion inhabituellement pointue ? Parce que, que le président candidat le veuille ou non, les chiffres sont mauvais et continuent d’augmenter. Or ce n’est précisément pas le moment d’annoncer cela à quelques semaines des élections. Il faut donc trouver une petite bonne nouvelle dans cette très mauvaise nouvelle : en regardant la vitesse de l’augmentation, le président candidat nous indique qu’elle diminue : le chômage empire, mais moins vite qu’avant ! Quelle bonne nouvelle dans le pays du « travailler plus pour gagner plus » qu’il faudrait rebadger « tenter de garder son boulot pour tenter de maintenir son salaire » ! D’autant que l’accélération des contrats aidés n’y est peut-être pas étrangère. Sain raisonnement, qui permet à Sarkozy de conclure que cette « bonne nouvelle » « témoigne d'une reprise économique sensible depuis que nous avons essayé de résoudre la crise financière de la Grèce ». Fort ! Du grand art !

Présenter plus favorablement des chiffres très mauvais, nous avions l’habitude, mais intervenir avant l’annonce des chiffres pour les présenter sous un jour positif, ça, c’est bien joué ! N’est-ce pas Carla qui disait, il y a peu, que tous les journalistes étaient « des Pinocchio » ? N’aurait-elle pas oublié les hommes politiques ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire