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jeudi 15 décembre 2011

Sarkozy: Pourquoi prône-t-il le fabriquer français mais pas d’acheter Français ?

Hier, au journal de 20 heures de France 2, un sujet révèle que l’état, les collectivités locales et les entreprises publiques sont les derniers de la classe en ce qui concerne l’achat de produits français. Ceci nous amènera a nous demander pourquoi Nicolas Sarkozy parle de fabriquer en France, mais pas d’acheter Français.

L’état est présenté comme le dernier élève du patriotisme industriel Français :

  • La Poste vient d’acheter 3000 scooteurs Taiwanais au lieu des Motobécane et Peugeot qu’elle achetait auparavant.
  • La Carte Vitale sera maintenant fabriquée en Inde au lieu de la Dordogne (300 000 euros par an qui quitteront les emplois français)
  • L’Armée achète déjà sa garde-robe en Europe de l’Est, parfois au Maghreb ou au Sri Lanka
  • La Police : ne roule plus depuis longtemps en Citroën, mais en Ford ou en Subaru. Depuis 2004 le pistolet officiel de la Police est un Sig Sauer (d’origine germano-suisse) au lieu de l’Alsacien Manurhin basé à Mulhouse. L’entreprise a dû se reconvertir dans la fabrication de munitions et se séparer de la moitié de ses effectifs…
  • Les Pompiers n’achètent plus de véhicule français depuis longtemps, mais des Fiat par exemple.

Pourtant, l’état, s’il doit veiller au meilleur usage des fonds publics, doit surtout respecter la législation européenne qui impose aux pays européens de passer des appels d’offres. C’est donc toujours le moins cher qui gagne même s’il est étranger. Le problème est que l’abandon d’un fournisseur national implique des couts cachés : perte de savoir-faire, licenciements, couts d’assurance chômage, manque à gagner pour les impôts, … Le bilan pour l’état (et pour la France) n’est donc pas si simple que cela.

Encore une fois, les lois européennes ont été taillées sur mesure pour un capitalisme ultralibéral qui non seulement ne tiens plus compte du bienêtre de tous, mais ignore même les lois les plus basiques de l’économie. Voilà comment, pour le respect du dieu ultralibéral, nous sacrifions chaque jour nos emplois.

Yves Jégo interrogé sur cette aberration est gêné : pour lui cette situation justifie pleinement la mission que lui a confiée le gouvernement il y a deux ans. Pourtant, en deux ans justement, on ne peut pas dire qu’il a été très productif : un rapport et un label regroupant… 15 marques françaises seulement ! Comme je le faisais remarqué dans un précédent article, le label est certifié par le bureau Véritas et coute 3000 euros, une grosse somme pour nos PME.

D’après Yves Jégo nos entreprises profitent aussi des appels d’offres étrangers et donc il ne faut pas tomber dans le patriotisme et c’est pourquoi Nicolas Sarkozy incite à fabriquer en France, mais pas à acheter français ! Nous pouvons tout de même nous demander s’il croit vraiment à ce qu’il dit. Nous voyons bien que lorsque l’on ne vend plus dans son propre pays, il est très difficile de vendre à l’étranger pour les mêmes raisons ! D'ailleurs, la balance commerciale étrangère témoigne de cette idée fumeuse : elle est de plus en plus déficitaire.

Cette histoire inventée par le gouvernement qu’il ne faut pas forcément acheter en France, mais faire fabriquer en France est non seulement ridicule, mais suspecte. Ridicule, car il ne suffit pas de claquer des doigts pour que les usines reviennent surtout si personne en France n’achète français ! Suspecte, car il est légitime de se demander d’où sort cette idée saugrenue et pourquoi malgré son ridicule évident elle nous est tout de même proposée ? Est-ce pour couper l’herbe sous le pied du FN et d’une manière générale de tous ceux qui prônent l’achat français ? Est-ce pour dépoussiérer l’idée du Made In France et paraitre moderne ? Est-ce parce que les amis du président sont au CAC40 et n’ont donc pas du tout intérêt à ce que l’on achète français, car cela fait des années qu’ils ont délocalisé ?

La suite du sujet est taillée sur mesure pour faire plaisir au gouvernement : il s’agit d’un long reportage sur le vin français qui s’exporte en masse à l’étranger et en particulier en Chine. L’année prochaine ce secteur rapportera10 milliards d’euros. Voilà bien un des rares secteurs avec le luxe qui s’exporte bien. Mais aussi juteux que soient ces domaines, cela ne change rien au fait de la balance commerciale est largement déficitaire !

Le journal continue sur la polémique du jour qualifiée « d’explosive » (sic !) lancée par le gouvernement : la notation des professeurs non plus par des inspecteurs de l’éducation nationale, mais par les chefs d’établissement eux-même. C’est la nouvelle ânerie du gouvernement, bien pratique pour faire oublier la crise et les licenciements boursiers aux Français tout en supprimant en douce le métier d’inspecteurs…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

On ne peut pas condamner quelqu un qui prône un retour de l industrie en France même si cela n est pas sincère. Par contre le retour de l industrie en France est surement pas vu d un bon oeil par les écolos qui préfèrent ne pas savoir comment sont fabriqués leur téléphone portable, leur PC ou leur iPhone. Bien sur il ne suffit pas de claquer dans les doigts pour que la re industrialisation se fasse mais c est surement pas en critiquant systématiquement que cela se fera ! Proposer mon cher, proposer !!

GattoVolante a dit…

Bonjours
Petite précision: dans les marchés publics, rien n'oblige à choisir le moins disant (en français: l'offre la moins chère), par contre la procédure oblige à signifier précisément aux entreprises rejetées pourquoi elles l'on été. C'est là que le bât blesse, car il est bien plus facile de dire "votre concurrent est moins cher" que d'argumenter sur les rapports qualité/prix, ou les performances du matériel, car c'est la porte ouverte aux recours en justice qui paralysent la machine, car suspensifs de la procédure d'achat!

Anonyme a dit…

les scooters peugeot possédaient à l'origine des moteurs japonais...

Ellie Ann a dit…

"Les scooters Peugeot possédaient à l'origine des moteurs japonais", sachez Monsieur, ou Madame qu'il n'est pas toujours possible de s'approvisionner en France. Je travaille dans une entreprise qui fabrique des vélos pliants, et il ne nous est pas toujours possible d'acheter des composants français, dans la mesure où plus aucune entreprise n'en fabrique en France (dérailleurs ou pédaliers par exemple).

Est-il possible par exemple pour une entreprise de prêt-à-porter d'acheter du coton français? Non, parce qu'en France, on en produit pas. Ce n'est pas pour autant que le travail de design et de confection n'est pas fait en France (même si aujourd'hui, il est rare de trouver des entreprises de confection...)

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