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mercredi 10 octobre 2012

Sanofi et Montebourg: Zéro pointé !

Le Blog Economique Et Social avait déjà dénoncé l’attitude d’Arnaud Montebourg concernant le plan social de Sanofi, nous pensions, bêtement, que le ministre porterait une plus grande attention à l’avenir sur ce dossier, mais il n’a fait que de sauver les intérêts de son parti politique ! Incroyable !

Rappel des faits : début juillet, nous apprenions la possibilité de 1000 à 2000 suppressions de postes chez Sanofi d’après les syndicats. Scandale ! Car Sanofi se porte très bien avec un bénéfice de 5 milliards. Sanofi est un grand habitué de ce procédé, déjà entre 2009 et 2011, le troisième laboratoire mondial a supprimé près de 4000 postes en France. Cette affaire apparait donc comme le prototype d’un licenciement boursier. Or, cette fois, Sarkozy n’est plus au pouvoir, ce sont les socialistes qui sont aux commandes. Que vont-ils faire ?

Début septembre, le gouvernement monte au créneau : « Le ministre n'a pris aucun engagement concret, mais a affirmé que le plan était inacceptable », a dit lors d'une conférence de presse improvisée devant le ministère, Thierry Bodin, coordonnateur CGT et l'un des porte-parole de l'intersyndicale CFDT, CGT, CFE-CGC, SUD et FO.

Finalement, le 23 septembre, nous apprenons que le plan ne concernera finalement « que » 900 emplois en France. Le Blog Economique et Social fait alors remarquer que la performance du ministre, sur ce dossier, n’est pas au rendez-vous. Pire, sa prestation est scandaleuse : « Quand une entreprise fait cinq milliards de profits, comme c’est le cas dans Sanofi (…) elle a le droit de se réorganiser », indique alors le ministre du Redressement Productif lors de l’émission Capital. C’est vrai que cela nous change de Sarkozy… Puis, un peu plus tard, le ministre indique : « Je note qu'ils (Sanofi) ont suivi les recommandations du gouvernement ». Mais qu’a donc recommandé exactement le gouvernement ? 900 licenciements ? Est-ce bien cela ?

Pourtant, nous faisions remarquer que les clients de Sanofi sont les Français et la sécurité sociale, donc le gouvernement. Or c’est le gouvernement qui décide quels médicaments sont remboursés par la collectivité et ceux qui ne le sont pas. Le gouvernement avait donc un levier de négociation par comme dans le cas de PSA…

Piètre prestation pour un ministre du Redressement Productif donc. Nous aurions été en droit d’espérer que le ministre fasse profil bas à l’avenir sur ce dossier. Peine perdue ! Il vient de se glorifier de ce qu’il n’y aurait aucun licenciement sec, mais seulement 900 départs volontaires. Mieux, le site de Toulouse ne serait pas fermé: « Je tiens à remercier Sanofi d'avoir renoncé à l'usage des licenciements et d'avoir décidé de préserver Toulouse », a dit M. Montebourg lors d'un point presse à l'Assemblée nationale. Pas trop mal en apparence… Mais en apparence seulement car :

  1. Cette annonce avait déjà été faite fin septembre par Sanofi, le ministre a donc un train de retard et par la même occasion se moque bien de nous.
  2. En apparence, car si le site de Toulouse est sauvé, le nombre de départs n’a pas changé. Ce sauvetage se fera donc aux dépens des autres sites ! Rien de miraculeux donc.
  3. Mais surtout, là où Montebourg se moque vraiment de nous, c’est que le maire de Toulouse, très remonté contre ce licenciement boursier, est en fait un maire du… Parti Socialiste ! On sert les copains, tant pis pour les autres…

Ainsi, Montebourg est plus le ministre du Redressement Productif du PS que le ministre du Redressement Productif de la France. Incompétence ? Collusion avec Sanofi ? Dans tous les cas pour Montebourg c’est zéro pointé !

jeudi 27 septembre 2012

Le facteur 12 - pourquoi il faut plafonner les revenus

Livre de Gaël Giraud et Cécile Renouard, Carnets Nord, Parution : jeudi 29 mars 2012, ISBN : 9782355360602, 260 pages, 18 €

Facteur12

Le livre Facteur 12 de Gaël Giraud et Cécile Renouard a retenu mon attention, car il donne quelques clefs aux raisons du marasme économique actuel et milite pour une limitation des écarts de revenus d'un facteur 12.
La nécessité d'une société plus équitable, le choix du chiffre 12, les impacts sociaux, écologiques et économiques d'une grande disparité des revenus y sont détaillés et analysés avec l'aide de nombreux chiffres, études et exemples passionnants.
La lecture de ce livre révèle combien nous avons été endoctrinés par les médias et les libéraux afin d'écarter d'office certaines solutions en les ridiculisant ou par répétition de leur impossibilité.

Je ne peux que vous recommander chaudement ce livre qui vous aidera à penser par vous-même sur ces sujets d'actualité.

Bilan des écarts de salaires en France et dans le monde

Le revenu moyen après impôts des 10 % les plus riches est en France environ neuf fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. Les pays nordiques ont un écart de 1 à 6, tandis que les États-Unis ont un écart de 1 à 16 ! Mais « le revenu moyen des 0,01 % les plus riches était de 108 SMIC à temps plein en 1998 » précisent les auteurs. Dans le cas des pays nordiques, le dernier décile 9 de la population a maintenu un bien meilleur niveau de cohésion sociale que celui de la France et le Forum de Davos a placé la Finlande en tête de tous les pays du monde en termes de compétitivité pendant plusieurs années. Pourtant, « les inégalités s'accroissent même au sein des pays riches les plus égalitaires, c'est-à-dire les pays du Nord de l'Europe, en particulier en Suède où le coefficient de Gini est passé de 0,21 à 0,26 en vingt-cinq ans » [le coefficient de Gini vaut 0 pour une égalité parfaite, et 1 une inégalité parfaite].

Surtout, « les 0,01 % des foyers les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42,6 % entre 1998 et 2005, contre 4,6 % pour les 90 % des foyers les moins riches ». Dix fois plus vite ! De même « Entre 2003 et 2010, la rémunération – nette de l'inflation – des PDG des entreprises du CAC 40 a augmenté de 20 % alors que celle des salariés de ces mêmes entreprises augmentait de 1 % ». Si l’on détaille encore : « Selon le magazine Capital de novembre 2008, les rémunérations moyennes, stock-options comprises, des 50 premiers patrons, représentaient 310 fois le SMIC. Mais en tête de peloton, on atteint ou l'on dépasse 1 000 SMIC, soit plus de 2 000 RMI. Et si l'on y ajoute les dividendes perçus, on crève le plafond avec plus de 20 000 SMIC pour chacun des trois patrons français les plus riches ».

En fait, ce sont les PDG qui sont à la tête d'entreprises de plus de 2 000 salariés qui se sont le plus récompensés, la rémunération brute moyenne des patrons des entreprises du CAC 40 (salaires et valeur estimée des stock-options attribuées annuellement) était de 6,47 millions d'euros en 2003, soit l'équivalent de 444 SMIC annuels bruts. C'est en cumulant ces avantages que l'on constate que certains patrons se voient octroyer jusqu'à 20 000 SMIC par mois. Ainsi en 14 ans de temps, le PDG du groupe Peugeot Citroën est passé d'un salaire de 35 fois le SMIC à 166 fois le SMIC en 2002 pour Jean-Martin Folz.

Quant à l'éducation, la plupart des grandes écoles publiques n'exigent plus, aujourd'hui, « le remboursement de leurs frais de scolarité aux élèves qui ne remplissent pas leur contrat décennal de service pour l'État. Pourquoi, dans ces conditions, les contribuables devraient-ils financer les études de ces jeunes étudiants, issus, pour la majorité, des couches les plus favorisées de notre société ? »

Le livre remarque encore : « Le fait que ces écarts financiers soient très souvent liés – et parfois pour toute la vie professionnelle – au niveau de la grande école dont on est issu, renforce cette aristocratie à la fois salariale et sociale et ne favorise pas le travail coopératif ». C'est en effet une grande tare de la France que l'on voit tous les jours dans les grandes entreprises : l'école d'origine décide de la carrière et pas la performance réelle sur le terrain, comble de l'iniquité et de l'inefficacité. Combien de points de croissance gagnerions-nous si nous changions cette pratique ridicule ? Combien les entreprises de notre pays seraient plus performantes ?

Cette situation n’est pas cautionnée par les Français qui préconisent en majorité un écart de 1 à 10 (sondage CSA réalisé en septembre 2011).

Un nouvel impôt sur le revenu remplaçant un grand nombre de taxes existantes, notamment la contribution sociale généralisée (CSG), l'actuel impôt sur le revenu (IRPP), le prélèvement libératoire, la prime pour l'emploi, le bouclier fiscal.

Les écarts actuels de salaires ne sont justifiés par rien

Le salaire des cadres dirigeants ne s’explique pas par la loi de l’offre et de la demande. En réalité ils fort peu mobiles. Peu de grands patrons français se font embaucher dans une grosse entreprise étrangère à cause de l'obstacle de la langue et le difficile transfert des compétences d'un pays à l'autre. C’est d’ailleurs justement le contraire : c’est parce que « nos cadres dirigeants ne sont pas réellement mis en concurrence avec leurs alter ego chinois qu'ils peuvent se voir octroyer des revenus mirobolants, là où les salaires des techniciens sont contraints par le dumping salarial de leurs concurrents asiatiques. » Tout est dit.

D’ailleurs, pour tuer définitivement cet argument du marché, le livre note que, contrairement à ce que nous entendons régulièrement sur certains médias économiques, les marchés partiellement dérégulés et soumis à des euphories et des dépressions auto-réalisatrices provoquent des équilibres entre l'offre et la demande qui sont presque toujours très inefficace, c’est connu des économistes depuis les années 1980.

Les dirigeants ne sont donc pas soumis aux règles du marché, mais poussent fortement pour que le reste des employés y soient soumis : si nous répondions favorablement à la demande pressante « de toujours plus de flexibilité sur le marché du travail, les salaires seraient alors soumis aux mêmes aléas que ceux que connaissent les cours de la bourse. » Une partie essentielle de nos problèmes d’emploi « n'est pas le manque de flexibilité des prix et des salaires, mais, au contraire, leur excessive volatilité ». Le marché du travail, pour éviter les écueils, travail au ralenti. Ce ralentissement prudent, auquel toute l'économie est contrainte face à l'excès d'incertitude sur l'avenir, se traduit très exactement par du sous-emploi chronique.

L’argument de la fuite des « cerveaux » en cas de limitation des écarts de revenus ne tient pas non plus : si cet argument était pertinent, « les pays nordiques n'auraient depuis longtemps plus aucun cadre supérieur ou dirigeant. Ils n'ont pourtant pas connu ce phénomène. ». En revanche, en Grande-Bretagne, pays pourtant fortement libéral et, où les rémunérations ne sont pas limitées, « un diplômé britannique sur six quitte la Grande-Bretagne pour aller travailler à l'étranger, taux le plus élevé parmi les pays occidentaux. »

Notons également que la réduction des inégalités est très loin de provoquer la fuite des meilleurs, mais est au contraire un excellent moyen de les garder. Le SMIC en 2005 était de 8,03 euros bruts de l’heure ou 6,2 euros nets tandis qu’en « Suède (où il n'y a pas de salaire minimum national, mais des conventions de branche), les bas salaires dans ce secteur étaient en 2005 de l'ordre de 9 à 10 euros nets de l'heure. Pour comparaison, le salaire minimum fédéral américain était de 5,15 dollars ».

Autre explication de la situation actuelle : La théorie des incitations. Les fortes rémunérations sont en fait une incitation à la loyauté et à la performance pour les cadres dirigeants. Cette théorie conduit directement à « la dépossession de pouvoir d'une partie des actionnaires au profit du management des entreprises ». Au « lieu de fournir les moyens d'une organisation de l'entreprise “efficace” [elle] formalise la défiance des uns envers les autres (des actionnaires envers les patrons, des patrons envers les salariés, des assureurs envers les assurés, des banques entre elles…) ». Le salaire minimum d'un fonctionnaire français est de 1 149 euros net, soit à peine plus de 200 euros au-dessus du seuil de pauvreté. Si l'on suit la théorie des incitations, cette situation signifie-t-elle qu'un fonctionnaire n'a pas besoin d'incitation salariale pour travailler ? Puisque nous parlons des fonctionnaires, il est intéressant de remarquer l'écart salarial au sein de la fonction publique française est de l'ordre de 1 à 11, pas si loin de notre facteur 12...

« Une part considérable de ce que je “produis” m'a été donnée par d'autres ». La réussite de l'un est la somme des réussites de toute l'entreprise et même du pays. De même, il a été démontré que de fortes rémunérations impliquent un usage plus important des prestations sociales. L'exemple est donné d'une entreprise textile du nord de la France dans laquelle, le patron avait reçu une rémunération de 23 millions d'euros en 2008, « bon nombre des salariés étaient payés au SMIC ou un peu plus – ce qui leur donne le droit de bénéficier de 50 à 200 euros mensuels au titre du RSA ». La question qui se pose est alors : est-ce à l'état de compenser les faibles salaires volontairement versés par de riches patrons ? D'une manière générale, cet exemple pose la question de la justification des rémunérations délirantes. La performance supposée des uns ne se justifie souvent par la performance l'entreprise entière. Que ferait un génial patron sans aucun employé, ou avec de très mauvais employés ? Lorsque Renault a pris le contrôle de Dacia en Roumanie, leurs espoirs de rentabiliser l'investissement dans le temps imparti s'est rapidement évanoui. Les usines étaient plus vétustes que prévu, mais surtout les ouvriers avait pris les habitudes classiques des anciens pays communistes, les maigres salaires versés obligeaient les salariés à travailler « à côté »: ils avaient un rendement abominable et parfois ne venaient pas travailler certains jours. Renault a réussi à relever la situation, mais cette réussite incombe-t-elle seulement aux dirigeants ?

Cet exemple nous amène à l'autre point important : la performance des cadres dirigeants est liée aux efforts cumulés par le pays entier durant des décennies : l'entreprise utilise les moyens de communication (routes, aéroports, internet, poste...), le système législatif, les avantages du système social (avoir des collaborateurs en bonne santé), mais aussi le système éducatif (disposer d'une main-d'oeuvre formée), etc. Ces moyens plus ou moins performants n'ont pas été payés par l'entreprise, mais par tous les impôts des uns et des autres durant des décennies. Lorsqu'une entreprise gagne de l'argent en France, elle a une responsabilité envers ce pays.

Si nous étions rémunérés à hauteur de notre apport et notre utilité pour la société, l'échelle des salaires serait complètement bouleversée. Que ferions-nous sans les routiers, les transports en commun, le personnel médical, etc. ?

Pourtant, selon Thomas (1995), « une politique budgétaire ciblée en faveur de l'appareil productif, financée par prélèvement sur le patrimoine des ménages fortunés, permet de réduire significativement l'inefficacité du marché du travail et, partant, de réduire le chômage. » Tout semble donc lier les inégalités et le chômage. Pourtant, le livre note que « réduire les inégalités ne résoudra pas tous nos problèmes. Mais les laisser se creuser dans les proportions inouïes que nous connaissons est certainement un bon moyen de les aggraver » en précisant « Un esclave corvéable à merci coûtera toujours moins cher qu'un salarié éduqué, bénéficiant de la sécurité sociale et d'une retraite. »

Des dangers de l'accroissement des inégalités

“L'accroissement des inégalités économiques est en partie responsable des grands déséquilibres économiques de la planète. Elle fait gonfler les dettes, privées et publiques, de façon insoutenable. Une société inégalitaire pénalise aussi les riches en augmentant les problèmes sanitaires et sociaux de toute la nation”.

Cette situation intenable ne tient que par un engrenage subtil. Les délocalisations invisibles (l'investissement représente 20 % du PIB des pays émergents contre 10 % dans les pays du bassin Atlantique Nord) sont « compensée par l'afflux de produits toujours meilleur marché de sorte que le pouvoir d'achat de ces classes moyennes ouest-européennes n'a pas diminué (sauf en Allemagne) jusqu'en 2010 ». C’est là qu’intervient le crédit à la consommation qui « vient alors se substituer à la faiblesse des salaires ». Ceci à une conséquence : les excédents commerciaux chinois étant libellés en dollars, Pékin est contraint de racheter de la dette publique américaine. « Les ménages nord-américains peuvent donc continuer de vivre au-dessus de leurs moyens ». Mais le système est pervers : les pays émergents revalorisent leurs salaires « afin de substituer des consommateurs du Sud aux consommateurs défaillants du Nord ». La situation est aggravée par les devises de la plupart des pays émergents qui restent largement sous-évaluées, comme le yuan chinois. Les pays émergents savent que leurs exportations bas de gamme ne leur permettront pas de durer, aussi, ils commencent à produire également du haut de gamme. Ainsi, « en dix ans, la part du haut de gamme est passée de 21 % à 33 % dans les exportations chinoises ». Autrement dit, il ne faudra plus compter non plus sur les exportations vers la Chine pour nos produits de luxe dans les décennies qui viennent. D'où une nécessité de redynamiser notre marché intérieur, et pour cela, le rendre plus égalitaire. En effet, là où les classes moyennes dépenseront la majorité de leurs revenus de pour vivre, les riches n'en dépenseront qu'une fraction et épargneront le reste. Une fraction d'autant plus petite qu'il est riche. Épargne qui ira se placer sur les marchés immobiliers rendant l'achat et les loyers inaccessibles pour les classes moyennes, qui, de fait, dépenseront moins.

Dans son livre Chemins de traverse, Faber, vice-président de Danone calcule qu'en redistribuant 30 % du salaire du centile le mieux payé de sa société aux 20 % de ses salariés les moins bien payés, cela permettrait de doubler leur salaire. « Généraliser l'opération “Faber” à l'ensemble de l'économie permettrait d'éradiquer la pauvreté en France ! »

Pour les grandes entreprises, c'est le même problème que pour leurs PDG : le taux d'imposition effectif moyen des entreprises du CAC 40 est de… 8 % (contre 13 % pour les PME) et plusieurs des « poids lourds » du CAC 40 ne paient rigoureusement aucun impôt sur le sol français!

Environ 45 % des propriétaires de comptes secrets suisses seraient des résidents de la zone euro. « Si l'on tient compte de cette richesse dissimulée, l'Europe redevient créditrice nette vis-à-vis du reste du monde, comme le Japon. Et l'ensemble des pays riches du Nord redevient à son tour créditeur net à l'égard de la planète. »

Les 10 dernières années ont été le théâtre de la réduction de la fiscalité sur les hauts revenus avec pour conséquence 80 milliards d'euros de manque à gagner chaque année depuis 2000 en France. Ce supplément de revenu des riches est allé à l'épargne qui a été empruntée par ceux qui en avaient besoin, moyennant un taux d'intérêt. Ceci concerne les entreprises, les collectivités territoriales, les États et les particuliers.

Mais les réductions d'impôts n'expliquent pas tout : la décision, adoptée en 1974, de rendre la banque centrale « indépendante » a eu pour conséquence d'ôter le pouvoir de création monétaire des mains des instances démocratiquement élues pour le confier à des experts. De fait, le pays est condamné à se financer auprès de créanciers privés. Ainsi, « tous les intérêts de la dette payés depuis 1974 représentent, en France, près de 1 200 milliards d'euros, sur les 1 650 milliards de dettes publiques ». « Sans eux, notre dette s'élèverait à 25 % du PIB français ».

L'annulation des taux d'intérêt et des cadeaux fiscaux suffirait donc à annuler entièrement le poids de la dette publique !

Les riches détruisent la planète

L'explosion des revenus d'un tout petit nombre (le centile le plus favorisé de la population) induit, de la part des bénéficiaires, un mode de vie extrêmement énergivore et destructeur de l'écologie planétaire.

Nous n'en avons pas conscience, mais ce qui fait fonctionner la machine industrielle mondiale, c'est avant tout l'énergie, et non le travail des hommes. La croissance du PIB est due à l'augmentation de la productivité des hommes, environ 1 %. À cette croissance est venue s'ajouter celle due à l'énergie fossile. Ainsi, la Révolution industrielle a été construite essentiellement sur la substitution de l'énergie (fossile) à l'énergie humaine, ce qui supposait une augmentation massive de notre consommation d'énergie fossile. Mais aujourd'hui nous savons que nous ne pouvons plus consommer davantage de pétrole chaque année, ce qui réduit notre croissance des deux tiers, soit un faible 1 %. Il est donc idiot de croire en une croissance et en des rendements de 15 %. « Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Kenneth E. BOULDING, économiste américain (1910-1993).

Ainsi, il est difficile d'obtenir globalement des rendements de plus d'un pour cent. Pour obtenir plus, il est nécessaire de rendre la bourse volatile, avec des variations subites et en partie dues à des effets d'annonces, du « bruit », sans réalité matérielle.

En définitive, cette situation nous enseigne que les pays qui disposent des ressources énergétiques seront les grands gagnants de la bataille industrielle internationale. Les solutions qu'on nous propose souvent, la montée en gamme des produits, l'augmentation des services n'ont guère de chance de réussir, car les pays émergents montent également en gamme et « les services sont, eux aussi, extrêmement gourmands en énergie ». La stratégie chinoise d'adopter une approche protectionniste pour les biens complexes est couronnée de succès, car elle a contraint les entreprises chinoises à les produire.

Nous n'avons pas d'autre solution que de nous orienter vers la fabrication de produits écologiques et « bio » alors que la concurrence continue de vendre, moins chers, des produits « sales ». Malheureusement, la consommation des ménages ne pourra pas s'orienter vers les produits « verts » utilisant moins de pétrole et plus d'énergies renouvelables, tant que seront disponibles des produits bradés venus des pays émergents. Car produire propre conduira, au moins dans un premier temps à produire plus cher. D'où l'importance de redistribuer correctement les richesses dans notre pays, afin d'absorber cette hausse. Quant aux produits sales, il nous revient de les pénaliser avec une taxe douanière, ce qui diminuerait leur attractivité. Le traité de libre-échange de Genève en 1994 a eu des effets globalement négatifs.

Un argument est souvent avancé lorsque nous parlons de barrières douanières : les possibles « rétorsions » auxquelles nous aurions droit. Le fait est que celles-ci existent déjà largement aujourd'hui. Si de nombreux pays ne jouent pas le jeu comme la Chine, l'Europe est le seul continent à vouloir « jouer » le jeu libre-échangiste. « Cessons d'avoir peur du reste du monde : il a aussi besoin de nous ». De plus « si chacun attend que l'autre soit d'accord pour mettre en place une telle taxe, nous en discuterons encore dans trois décennies »...

Le livre révèle qu'un « chef de famille est cadre supérieur présentera ainsi un bilan annuel moyen de 8,5 tonnes de CO2, contre 6,7 pour les employés. Davantage de loisirs et surtout un usage de l'avion accru – 38 % des émissions des transports d'un cadre supérieur contre 18 % pour la moyenne des ménages – sont les principaux postes de pollution. Les ouvriers prêtent aussi davantage attention à la consommation d'énergie ».

Il est clair dans l'esprit de tous que plus nous sommes riches plus nous polluons. Et même si les riches sont minoritaires « Dans une société inégalitaire, la dilapidation écologique des très hauts revenus sert d'exemple à toute la société. » En effet, chaque classe sociale prend pour exemple la classe sociale qui lui est supérieure. Ainsi, le comportement des riches aspire tous les autres. Or les problèmes écologiques ne peuvent se résoudre uniquement par un comportement plus responsable des riches : tout le monde doit contribuer et réduire le train de vie des riches y contribuera.

L'impact du revenu sur la pollution est modéré pour l'alimentation, mais « significatif pour les services, le logement, l'achat de biens et sont énormes pour la mobilité (la voiture, surtout) ». « Conclusion : outre le plafonnement des revenus, une mesure comme la mise en place de taxes substantielles sur les voitures haut de gamme et sur le transport en avion serait un bon instrument de justice écologique ». L'impact écologique de l'épargne des hauts revenus est elle difficile à calculer, mais aggrave encore le bilan.

Nous savons que nous devons réduire d'un rapport quatre nos émissions de gaz à effet de serre. Le livre nous explique que le facteur 12 est également un élément essentiel pour parvenir au facteur 4 écologique.

La réduction de la dette nous est présentée comme un impératif à mettre en place rapidement. Pourtant si tout le monde vend des actifs pour payer ses dettes, la valeur de ces actifs va diminuer. Si cette baisse est plus rapide que le désendettement des acteurs les plus lourdement endettés, l'effet inverse va se produire : plus on se désendette, plus le poids de cette dette augmente… En revanche, si une masse critique de débiteurs renoncent à rembourser leurs dettes, l'économie repartira. « C'est pour cette raison que, n'en déplaise aux créanciers, l'annulation des dettes est un bon moyen de permettre à une économie de ne pas se désintégrer ».

Est-ce immoral ? Il faut savoir que « les banques commerciales créent la plus grande part de la monnaie qu'elles prêtent ». « Créer cette monnaie ne leur coûte (presque) rien. Lorsque la société des débiteurs est au bord de l'implosion, est-ce donc si immoral de renoncer à rembourser un argent qui n'a (presque) rien coûté à personne ? »

Le fait est que l'argent injecté par les banques centrales n'irrigue pas l'économie : les centaines, voire milliers, de milliards que la BCE accorde aux banques commerciales depuis 2008 sont absorbées sans la prêter à l'économie réelle (un effet qui s'appelle le « credit crunch »). Dans notre situation de désendettement, il est vital de ne pas diminuer les revenus des acteurs endettés qui seraient susceptibles de consommer. Vital de prêter aux entreprises qui veulent investir. D'où la nécessité de réformer radicalement le secteur bancaire européen, qui ne joue plus son rôle.

Tout le problème est que l'état se trouve dans l'obligation de nationaliser les dettes privées tandis que les profits restent fortement privés. L'exemple d'AIG est frappant : l'assureur avait vendu la promesse d'une compensation de 80 milliards de dollars en cas de faillite de Lehman Brothers. « Lorsque Lehman a finalement fait faillite le 15 septembre 2008, AIG s'est retrouvée dans l'incapacité de s'acquitter de sa promesse ». « Pour éviter la faillite d'AIG, la puissance publique américaine a renfloué l'assureur de 80 milliards, financés évidemment par le contribuable. »

Les inégalités ne favorisent pas la démocratie

Une société moins inégalitaire est plus démocratique, car elle facilite l'accès au débat politique du plus grand nombre tandis qu'elle réduit l'une des sources importantes du sentiment d'injustice et de la défiance qui aujourd'hui découragent beaucoup d'Européens. Mieux encore : tout indique que les citoyens d'une société égalitaire se portent mieux (y compris les plus riches !) et sont plus heureux…

Pourquoi cet état de fait? Seule une minorité refuse d'admettre cette situation mortifère, et c'est celle qui détient le pouvoir économique, les positions politiques d'influence, le contrôle des médias…

Le livre remarque que « la croissance joue peu en faveur des pauvres dans les pays les plus inégalitaires » et que « Plusieurs travaux montrent la corrélation entre le manque de confiance dans la société et la sous-performance économique des pays ». D'où la défiance des Français envers leurs institutions depuis les années 1980. De fait, une amélioration du dialogue social et du service public sont nécessaires dans notre pays.

Remarquons que PIB et bonheur d'un peuple ne sont pas entièrement liés. Depuis1970 et les enquêtes d'Easterlin 20, il est établi que le bonheur n'augmente pas de manière linéaire avec le PIB moyen par habitant. Mais nous savons également que la peur du déclassement social à un impact important. Le passage que nous avons vécu dune entreprise État à une entreprise-projet rend possible l'explosion des salaires de certains : puisqu'il n'y a plus de grille salariale stable. La part variable dépend de la performance du cadre et non de celle de son entité, elle accroît la pression sur lui et « l'incite à adopter un comportement agressif afin de remplir ses objectifs plutôt que de travailler avec d'autres à la réalisation d'objectifs communs ».

La rémunération est-elle la seule solution pour récompenser, fidéliser et attirer les talents ?Nombre d'entreprises qui ont des difficultés à embaucher des talents ont déjà répondu à la question : « les conditions de travail et la convivialité, l'utilité, la satisfaction et le sentiment d'accomplir une activité professionnelle qui a du sens ». D'où le développement de conciergerie dans les entreprises par exemple.

Si nous y regardons de près : « Dans la tranche des 0,01 % des salaires les plus élevés pour 2007, nous trouvons près de 40 % de salariés de la finance, 20 % de chefs d'entreprise et 10 % de sportifs ». Pourtant, une enquête auprès des Français indique que « quasiment deux tiers des Français – 64 % – fixent ce revenu maximal à moins de 10 000 euros » soit un « écart acceptable en France entre le plus bas et le plus haut revenu est de 1 à 11. »

Limiter les écarts de salaire permet de sortir de la l'idéologie individualiste et donc contre-productive pour la collectivité du « travailler plus pour gagner plus ». Nous pourrions travailler autrement et mieux, tout en répartissant mieux le travail dans la société afin de réduire le chômage. Et ce, tout en favorisant de nouveaux équilibres de vie au niveau individuel. Le bon fonctionnement des entreprises repose sur la mise en œuvre de relations spontanées, et à une certaine forme de gratuité. La construction de liens est essentielle à la production de biens. Steve Jobs l'avait bien compris, puisqu'il a fait construire un siège social pour Apple avec une architecture telle que tout le monde est obligé de se croiser dans la journée malgré la taille du bâtiment.

Comme le résume le livre, « C'est l'interrogation sur la finalité de la sphère économique qui manque souvent aux chantres du “laisser-faire” »

Les solutions

Le plafonnement des écarts de salaire à un rapport 12, au lieu de plafonner uniquement les niveaux, fournit en effet une incitation très forte aux hauts revenus à ce que les revenus les plus faibles augmentent, car les leurs augmenteront douze fois plus vite (pour les plus élevés).

L'État pourrait aussi faire du facteur 12 une condition nécessaire d'éligibilité pour les appels d'offres publics et les partenariats publics/privés. Il pourrait imposer ces conditions aux entreprises qui bénéficient de l'aide publique directe, jusqu'à ce qu'elle ait remboursé ce qu'elle doit à l'état.

L'idée de plafonner ou de réduire les écarts de salaires peut paraître dogmatique tant les libéraux ont fait tout leur possible pour rendre une telle idée ridicule. Pourtant, il faut se rappeler que cela n'est pas si ridicule dans l'absolu et que même les États-Unis sont passés par cette étape. Le plafonnement des revenus remonte à Platon et fut reprise par l'Américain Felix Adler, philosophe et fondateur du National Child Labor Committee, propose en 1880 une fiscalité allant jusqu'à 100 %. Roosevelt institue une taxe de 79 % sur les revenus supérieurs à 5 millions de dollars. En 1944 le Congrès américain adopte une taxe de 94 % sur les revenus supérieurs à 200 000 dollars. Des taux avoisinant 90 % sont maintenus jusque dans les années 1960, et passent à 70 % au moment de la présidence de Lyndon Johnson (1963-1969). En octobre 2008, en Allemagne, a été décidée la suspension des bonus et des dividendes et un plafonnement des salaires annuels à 500 000 euros dans les banques aidées par l'État. Ce qui revient, grosso modo, à un facteur 60.

Contrairement à ce que l'on demande ici ou là le livre prône pour une augmentation de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers). Évidemment, prise seule, cette mesure serait fatale pour les plus pauvres des Français, mais il faut la voir dans un cadre plus global.

Comme nous l'avons vu, la suppression des niches et cadeaux fiscaux accordés depuis 2000 rapporterait entre 80 et 100 milliards d'euros annuels.

« À court terme, une monétisation partielle des dettes publiques par la BCE, accompagnée de l'émission d'eurobonds, eux-mêmes adossés à une convergence budgétaire des États, permettrait de ralentir la progression de l'incendie des dettes ».

Le livre prône également « une taxe exceptionnelle levée une seule fois sur l'ensemble du capital national (actifs financiers, fonciers et immobiliers des résidents français, soit 12 500 milliards d'euros) qui garantirait le remboursement d'une part significative de notre dette publique nationale ».

Il est urgent de revaloriser les salaires européens en vue de constituer une demande solvable capable de rendre rentables de nouveaux investissements industriels sur le sol européen.

La grande réforme fiscale que promet chaque président et que personne ne fait réellement (Hollande y compris) est pourtant nécessaire : mettre en place un impôt sur le revenu remplaçant un grand nombre de taxes existantes, notamment la contribution sociale généralisée (CSG), l'actuel impôt sur le revenu (IRPP), le prélèvement libératoire, la prime pour l'emploi, le bouclier fiscal.

Les parachutes dorés et les retraites chapeaux doivent être encadrés par des lois. Exemples frappant : « Patrica Russo et Serge Tchuruk ont quitté Alcatel, laissant cette entreprise en grande difficulté, avec 6 millions [d'euros] chacun ». « Pierre Richard, l'ex-patron de Dexia et l'un des principaux responsables de la faillite de la banque qui a coûté plusieurs milliards d'euros aux contribuables français, perçoit aujourd'hui une retraite annuelle de 600 000 euros ».

mercredi 26 septembre 2012

Lecture: Re-made in USA

A lire sur le nouvel économiste:

Les multinationales américaines réévaluent leur course à la délocalisation

La publication par General Motors d’un résultat record de 9,2 milliards de dollars arrive à point nommé dans la course à la présidentielle pour Barack Obama. Le renflouement massif par le Trésor américain ressort comme le meilleur actif de son bilan économique, l’encourageant à faire du “re-made in America” l’un des axes majeurs de sa campagne. Esbroufe politicienne en période d’élection ou reconquête en perspective d’une compétitivité industrielle un temps perdue ? Cette possibilité d’une relocalisation d’emplois de Chine vers les Etats-Unis, qui n’est plus aussi inenvisageable, laisse perplexe.

Marqueur politique
“Ce qui s’est produit à Detroit peut être décliné dans d’autres industries [...]. Aujourd’hui il devient plus coûteux de produire dans certains pays comme la Chine.” Par ce discours, le Président américain coupe l’herbe sous le pied de ceux qui fustigent son bilan économique. Alors que 51 % des Américains désapprouvent encore sa gestion de l’économie et 59 % sa gestion du budget et du déficit selon les enquêtes récentes, ce thème offensif et tourné vers l’avenir lui permet de se réconcilier avec le “Corporate America”, rappelant au passage le recul du chômage depuis 5 mois consécutifs.

L’habileté n’a pas échappé aux politiques français, ils jouent des coudes pour s’approprier en pleine campagne le marqueur “made in France”, plus vendeur que celui de la réduction de dette. Cependant, “avant de rechercher la réduction des coûts, les industriels sont guidés par le marché. Ils doivent donc être présents sur le territoire chinois dans les années à venir”, réfute Pascal Colombani, senior advisor chez ATKearney. L’industrie américaine a d’ailleurs perdu des parts de marché dans presque tous les secteurs : aérospatiale et défense, technologies de l’information, équipements de télécommunications, automobile… hormis les services financiers. Alors que les 20 premières multinationales américaines détenaient 33 % de leurs actifs à l’étranger en 1990, cette part est montée à 58 % aujourd’hui. Le pari du 44e Président semble donc osé mais le dernier numéro de la Harvard Business Revue (1) démontre qu’il ne manie pas seulement le marketing politique. La revue décrète la fin de la vogue de l’“outsourcing” et la réévaluation par les multinationales de leur course à la délocalisation.

Perte de compétitivité chinoise
La Chine change. “Quand j’ouvre mon tiroir-caisse je n’arrive pas à trouver les centimes que nous sommes censés avoir économisés”, lance en 2010 Jeff Immelt, PDG de General Electric. Raisons de cette désillusion ? En priorité l’augmentation rapide des salaires. En 2000 le coût horaire chinois moyen dans l’industrie représentait moins de 5 % du coût américain. “Or ces salaires ont progressé de 12 % par an sur les 12 dernières années, auxquels il faut ajouter un renchérissement du yuan de 4 % par an, soit un total de progression de 16 % par an”, constate Pierre Derieux, directeur associé du Boston Consulting Group (BCG), lequel prévoit une “relocalisation” de 3 millions d’emplois de Chine vers les Etats-Unis d’ici à 2020.

Il importe de moduler avec l’augmentation relative de la productivité des chinois par rapport aux américains. « En tenant compte de tous les paramètres, la compétitivité chinoise a perdu environ 5% par an », résume Pierre Derieux. Le coût horaire chinois,écart de productivité inclus, avoisine maintenant les 30% de l’américain. Il atteindra vraisemblablement les 43 % en 2015, la région de Shanghai frôlera les 61 %. Subsiste donc un écart de 39 %. Mais une analyse plus fine change la donne. La main-d’œuvre ne représente que 7 % du coût d’une caméra vidéo, 25 % du coût d’une automobile. 60 % provient des achats de matières premières et le reste de frais divers, de consommables et de taxes qui rééquilibrent la balance.

“L’écart entre les deux rives du Pacifique se réduit à 10 %. Il importe ensuite d’inclure le coût du transport”, remarque Pierre Derieux, pour qui “les industriels ne regarderont plus seulement Shenzhen, mais aussi le Mississipi ou l’Alabama”. Les incitations publiques, les efforts de formation et la moindre syndicalisation dans le sud des Etats-Unis pèseront dans la balance. D’autres facteurs freinent les velléités de délocalisation, comme les coûts de l’immobilier industriel en Chine, les droits de douane, le prix des transports en hausse. La monnaie risque aussi d’évoluer. Le Congrès utilise désormais le terme de “manipulation des changes” pour qualifier la sous-évaluation du yuan, et il y a fort à parier que Xi Jinping subira de fortes pressions pour rétablir le taux de change.

Les risques juridiques, sociaux et administratifs restent une épée de Damoclès. Les fréquents problèmes de supply chain, de délais et de qualité dans les usines chinoises ajoutent au doute. Enfin l’image du “made in USA” permet de mieux vendre à prix égal. La mécanique, l’électronique, le matériel informatique, les pièces détachées pour le matériel de transport… seraient concernés. Le déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine se réduirait naturellement de 360 milliards de dollars en 2010 à 260 milliards à la fin de la décennie selon l’étude BCG.

Qualité et fiabilité
Le terme de “basculement” est certes excessif pour ce qui s’appuie encore sur nombre d’extrapolations. “Le mouvement ne va pas s’inverser, mais un rééquilibrage surviendra certainement pour gommer les excès de délocalisations des 15 dernières années”, prévoit Emmanuel Bonnaud, associé senior chez Roland Berger. La logique voudrait que les entreprises industrielles se tournent vers le Vietnam ou l’Indonésie. Mais outre le fait que ces pays n’ont pas la productivité et les infrastructures de la Chine, les industriels vont se poser davantage de questions. Ils ont mûri après avoir vécu beaucoup de désillusions et subi la concurrence croissante des pays émergents.

“Les Japonais commençaient même à délocaliser leurs centres de R&D en Chine. Or, face aux problèmes de propriété intellectuelle, aux coûts pour former et garder les ingénieurs, ils ont entamé un mouvement de retour à partir des années 2004-2005”, observe Pascal Colombani. En matière de manufacture aussi l’analyse se veut plus fine, prenant plus en compte la qualité et la fiabilité. Evidemment les industries “relocalisées” ne reviendront pas comme elles étaient parties, la Chine développant un marché local, l’Europe et les Etats-Unis souffrant de surcapacité chronique. Mais elles chercheront un complément de productivité en Occident. “Ceux pour qui la qualité, la maîtrise de la supply chain, la proximité et l’innovation sont essentielles, à l’exemple de Rossignol, vont faire plus d’arbitrages”, énonce Emmanuel Bonnaud. Une lueur d’espoir pour les Etats-Unis. L’Europe, qui souffre d’un euro fort et d’une main- d’œuvre peu flexible, n’en est pas encore à ce stade.

(1) Harvard Business Review, Special Report “Reinventing America”, mars 2012.
(2) “Made in America, de nouveau. Pourquoi l’industrie va revenir aux Etats-Unis”, BCG, mai 2011.

Par Julien Tarby

mardi 25 septembre 2012

Sanofi, symbole d’un gouvernement à l’ouest !

Sur le dossier Sanofi, le gouvernement Hollande nous rejoue le même scénario que celui de PSA : nous allons voir ce que nous allons voir ! Pourtant, les résultats n’en sont pas…

Début juillet, nous apprenions la possibilité de 1000 à 2000 suppressions de postes chez Sanofi d’après les syndicats. Cette possibilité fait scandale, car Sanofi se porte bien, très bien même avec un bénéfice de 5 milliards. Sanofi est un grand habitué de ce procédé, déjà entre 2009 et 2011, le troisième laboratoire mondial a supprimé près de 4000 postes en France. Cette affaire apparaît donc comme le prototype d’un licenciement boursier. Or, cette fois, Sarkozy n’est plus au pouvoir, ce sont les socialistes qui sont aux commandes. Il y a donc une chance que cela se termine mieux, d’autant que les sondages commencent à donner des signes de défaillance et cette affaire une finalement une aubaine pour le gouvernement. Début septembre, le gouvernement monte au créneau : nous allons voir ce que nous allons voir, les licenciements boursiers ne sont pas tolérables en France et le gouvernement ne peut accepter un tel plan injustifié… « Le ministre n'a pris aucun engagement concret, mais a affirmé que le plan était inacceptable », a dit lors d'une conférence de presse improvisée devant le ministère, Thierry Bodin, coordonnateur CGT et l'un des porte-parole de l'intersyndicale CFDT, CGT, CFE-CGC, SUD et FO.

Finalement, avant-hier, nous apprenons que le plan de concernera finalement « que » 900 emplois en France. Soit seulement 100 postes de moins que les estimations optimistes des syndicats de début juillet. Nous nous disons, en bon électeur français, que le gouvernement ne va pas laisser passer cela et que le chiffre n’est que provisoire et que des négociations plus serrées vont avoir lieu.

Nous devons remarquer que le cas Sanofi est assez différent de celui de PSA, car les clients de Sanofi sont nous, les français, mais surtout la sécurité sociale (le gouvernement, donc) qui décide de quels médicaments sont remboursés par la collectivité et ceux qui ne le sont pas. C’est d’autant plus facile qu’un livre qui vient de paraître indique que 50% des médicaments sont inutiles, 20% mal tolérés, 5% « potentiellement très dangereux » (Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, Professeurs Bernard DEBRÉ et Philippe EVEN). Facile, il ne reste qu’à piocher dans les 2000 médicaments incriminés, ceux qui sont produits par Sanofi… C’est donc un bon levier de négociation pour le gouvernement, des économies en perspective pour la sécurité sociale et une action juste pour la santé des français.

Patatras ! Montebourg, qui quatre jours seulement après avoir trouvé le plan « inacceptable », le trouve finalement très acceptable : « Quand une entreprise fait cinq milliards de profits, comme c’est le cas dans Sanofi (…) elle a le droit de se réorganiser », a affirmé, dimanche, le ministre du Redressement Productif lors de l’émission Capital sur M6. Depuis, Montebourg considère que cette annonce est une victoire et dit-il « Je note qu'ils (Sanofi) ont suivi les recommandations du gouvernement » ce qui n’est évidemment pas de l’avis du maire de Toulouse (PS), principal concerné par ce plan. C’était donc cela, ce ministère du redressement productif qui nous avait tous tant intrigués lors de la création du gouvernement ? Le ministère des licenciements… Quelle mouche l’a piquée ? A-t-il reçu une valise (je n’espère pas) ? Des menaces (là aussi, je n’espère pas, encore que…) ? Où était-ce de la comédie, genre « tu me fais une petite réduction de 100 suppressions de postes en moins et je t’accepte le plan » ? Nous sommes en droit de nous poser la question.

Pourtant, ce soir des rumeurs courent : le plan de Sanofi ne serait qu’un pied de nez, des représailles des actionnaires de l’entreprise à la décision du gouvernement de taxer les dividendes des entreprises. Alors que penser de cette étrange situation ? Difficile de ne pas penser à de l’incompétence, du manque de fermeté, mais cela n’explique pas tout et reste un mystère. Alors ? Tous pourris ?

Les salariés ne sont pas sortis vainqueurs de cette bataille (le gouvernement non plus), mais n’oubliez jamais que vous êtes aussi les clients de Sanofi… La popularité de Hollande baisse dramatiquement, nous ne nous demandons plus pourquoi. Le gouvernement Hollande c’est le gouvernement Sarkozy, les gesticulations en moins. Nous verrons à l’usage, mais ce quinquennat commence très mal…

samedi 15 septembre 2012

François Hollande va t-il faire ratifier un traité non constitutionnel ?

 

Les « sages » du conseil constitutionnel ont rendu leur décision début aout 2012 et décidé que le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) pourra être ratifié sans révision de la constitution française. Ainsi, le traité budgétaire européen sera présenté au vote des parlementaires fin septembre ou au début d’octobre et devrait être adopté avec une majorité simple et sans révision de la constitution française comme un projet de loi ordinaire.

LE DÉBAT AUTOUR DES CONTRAINTES ET DE L’ABANDON DE SOUVERAINETÉ

On peut craindre que le traité budgétaire européen porte atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale et que contrairement aux conclusions du Conseil constitutionnel, il procède bien à des transferts de compétences en matière de politique économique ou budgétaire et qu’il aurait dû à ce titre, nécessiter une révision de la constitution.

En effet, la cour de justice européenne peut soumettre les états membres à ses décisions et pourrait bientôt leurs infliger de lourdes sanctions financières s’ils dépassaient un seuil de dépenses sur une période donnée.

Certes, la limite du déficit des États à 3 % du PIB existe depuis la création de l’Union européenne mais n’était respectée que par quelques rares pays et son dépassement était peu sanctionné.

La nouvelle règle qui fixe la limite de déficit structurel à 0.5 % du PIB pourrait se révéler plus contraignante.

Cet objectif difficile à atteindre pour la plupart des pays d’une Europe globalement en récession, pourrait constituer une nouvelle astreinte que les opposants à la ratification du traité, interprètent également comme un abandon de souveraineté. Par ailleurs, dans un article du journal les échos du 30 juillet 2012 des experts en droit constitutionnel pensaient que « La révision de la Constitution était inévitable ».

Pourtant, les juges constitutionnels ont balayé tous les arguments d’un revers de la main et astucieusement justifié la constitutionalité du traité en prétendant que le texte n’induit pas de nouvelles contraintes car selon eux, c’est au conseil constitutionnel, c'est-à-dire à eux qu’il appartiendra de contrôler l’application de la « règle d’or ».

De même, ils ont jugé que le texte ne provoque pas de nouveaux transferts de compétences car des règles limitant les déficits des États sont déjà inscrites dans la constitution française depuis la ratification des traités de Maastricht et Lisbonne en 1992 et 2008. Ils n’ont donc pas jugé devoir prendre en compte le durcissement de la limite de déficit qui passe de 3% à 0.5%.

Les membres du conseil constitutionnel allemand n’ont pas fait la même analyse que leurs homologues français et ont estimé à contrario, que leur constitution devait être modifiée.

Ainsi, chez nos voisins allemands, le traité a dû être ratifié à la majorité des deux tiers par les deux chambres du parlement allemand.

Cependant, la cour de justice européenne vérifiera si les états ont bien retranscrit le traité dans leur droit national et il n’est pas certain qu’elle accepte l’interprétation française pour le moins sujette à caution mais la lecture bienveillante des juges constitutionnels aura peut être déjà permis au gouvernement de faire ratifier le traité par le parlement à l’assemblée nationale.

GESTE POLITIQUE ?

L’évaluation de la constitutionalité du traité budgétaire en France peut paraitre assez discutable et on peut se demander si les « sages » n’ont pas obéi à des impératifs plus politiques que juridiques.

Effectivement, le gouvernement, fort de la décision du conseil constitutionnel ne réunira pas le parlement en congrès à Versailles et ne sera pas non plus obligé de consulter les français par référendum.

La majorité des 3/5e obligatoire lors d’un changement de constitution, n’aurait peut être pas été atteinte par le parlement réuni en congrès et un référendum aurait peut être recueilli un « non » comme ce fut le cas en 2005 lors du projet de constitution européenne.

Le projet de loi autorisant la ratification devrait être présenté au cours des prochains jours. Puis, le traité budgétaire, au sein d’un paquet européen comprenant également des textes sur le pacte de croissance, la supervision bancaire et les transactions financières, serait simplement soumis au parlement à l’assemblée nationale au cours d’une nouvelle session parlementaire extraordinaire où une majorité simple suffira à le ratifier.

UNE POSSIBLE RUPTURE AVEC DES ÉLECTEURS ET DES PERSONNALITÉS POLITIQUES DE « GAUCHE »

La ratification du Traité de Lisbonne par le parlement malgré le « non » des français a marqué en 2008 une rupture d’une part des citoyens avec le monde politique.

Aujourd’hui, des électeurs qui ont voté le « changement » au deuxième tour des élections présidentielles, pourraient aussi se sentir floués de voir le gouvernement adopter le traité cher à Nicolas Sarkozy et qui incarne pour beaucoup d’entre eux, une politique européiste et néolibérale dont ils ne voulaient précisément pas.

Le passage en force du traité budgétaire européen pourrait constituer une faute politique majeure et historique dont les lourdes conséquences économiques et politiques ne semblent pas encore avoir été appréhendées par le gouvernement et le PS.

Des économistes renommés et regroupés au sein de l’association « manifeste pour un débat sur le libre échange », craignent que l’abaissement de l’objectif de déficit structurel à 0.5 % du PIB, fasse encore augmenter le chômage en France et, à terme, participe au démantèlement de notre modèle social.

Le sondage Opinionway/Vêtements made in France du 24 juillet 2012 dévoilait que 52 % des français veulent un référendum et peut être conviendrait-il de soumettre la ratification du traité budgétaire européen à l’approbation du peuple français. Un sondage Csa/l’humanité publié fin aout confirme cette tendance avec 72 % d’opinions en faveur d’un référendum.

Certes, nul aujourd’hui ne peut vraiment prédire le verdict des urnes. En optant pour une ratification par cette voie, le gouvernement pourrait essuyer un refus mais il ménagerait la crédibilité de la « gauche » qui s’éviterait ainsi une crise de confiance avec une partie du peuple.

L’Élysée s’épargnerait également une désolidarisation d’une part grandissante du parlement et du gouvernement, hostile à la ratification du TSCG.

Car en l’absence de référendum, ceux-ci et un nombre important de français ne manqueraient pas de pointer ensuite du doigt pendant le reste du quinquennat, la responsabilité de l’Élysée et de son traité budgétaire dans l’aggravation de notre crise économique et notamment dans la hausse d’un chômage qui menace d’atteindre des sommets.

La cote de popularité de François Hollande après 100 jours de présidence s’avère être est la plus basse jamais enregistrée par un président nouvellement élu.

Il est certes difficile de déterminer si l’attitude présidentielle dans le traitement du traité budgétaire a influencé les sondés mais on peut se demander si l’Élysée peut encore raisonnablement se permettre d’ignorer la demande de référendum des français.

Francis Journot est membre des associations citoyennes indépendantes Vêtements made in France et Rendez nous notre industrie

Francis Journot

Une minorité fait l'opinion sur le Web

A lire sur Les Echos:

Les Echos n° 20525  • page 15

Cent mille Français consomment plus de 16 heures d'Internet par jour, selon les études de Cybion, société spécialisée en intelligence économique sur Internet. Les contenus générés par ces internautes surreprésentés sur la Toile influencent le lectorat général, celui qui consomme de l'Internet, mais qui produit peu. Le positionnement idéologique souvent radical de ce noyau d'internautes, renforcé par la pratique courante de l'anonymat, représente une menace pour les entreprises. Pourtant celles-ci ne les prennent pas en compte dans leur démarche de prévention de crise.

Internet est régulièrement abordé aussi bien dans les programmes scolaires que dans les plans d'aménagement du territoire. Si l'importance des technologies numériques est incontestable dans les progrès économiques et sociaux futurs de notre pays, il cache toutefois une rupture d'un nouveau genre. Celle des comportements.

Généralement les interactions entre les internautes traditionnels sont relativement faibles. En revanche, ce noyau d'internautes au comportement addictif produirait plusieurs milliers de commentaires par jour à travers une multitude d'identités numériques. Ces commentaires sont présents dans les blogs, dans les forums et les réseaux sociaux. Ils portent principalement sur la religion, la politique et l'environnement et provoquent un déséquilibre dans les contributions avec les internautes traditionnels. Il y a ainsi un biais dans la plupart des études d'opinion qui analysent les commentaires exprimés sur la Toile.

Ceci est principalement lié au profil de ces 100.000 internautes, non représentatifs de la majorité du lectorat sur Internet. Selon les recherches menées en 2008-2009 par nos doctorants, ces internautes ont souvent une double personnalité on line-off line. S'ils sont principalement urbains, ils vivent au sein de leur communauté de pensée et ils utilisent en moyenne deux avatars, souvent de sexes différents. Même s'ils ne possèdent pas de compétences initiales, ils se renseignent sur la plupart des questions d'actualité et les commentent de manière souvent polémique et vive. Les propos peuvent être argumentés mais laissent peu de place à la discussion. La notoriété de l'avatar est fréquemment la finalité de comportements où l'émotion est poussée à l'extrême.

On a pu croire qu'Internet était un outil de recherche d'information et d'intelligence collective. Le savoir numérique s'inscrivait dans une démarche globalisée de progrès de l'esprit humain. Les images et les sentiments, que véhicule la Toile, complexifient les mécanismes de la pensée. L'idée générale d'une intelligence collective entre des internautes bâtissant en réseau de nouveaux savoirs semble être restée au stade du concept.

A titre d'exemple, et pour s'en convaincre, les rares sites ayant réussi à bâtir des modèles économiques stables se situent sur le marché dit du « charme » ou sur celui du jeu en ligne. Selon les moteurs Alexa ou Google/Trends, YouPorn, leader de la vidéo pour adultes, serait ainsi classé dans les 50 premiers sites mondiaux, devant AOL.

Au-delà de cet exemple, c'est bien la photo et la vidéo qui aujourd'hui attirent des internautes souvent davantage en quête de sensations que de véritables réflexions. Le Web s'adresserait ainsi à notre coeur et toucherait ce qu'il y a de plus profond en nous, d'instinctif et de refoulé. Ceci est le principal problème et le principal risque pour toutes les formes d'organisation (entreprises, institutions, ONG, etc.).

Par ailleurs, l'anonymat est une pratique commune sur la Toile. Selon l'institut Gartner, près de 50 % des internautes auraient un avatar, c'est-à-dire un double numérique ayant un nom, voire un sexe, différent de celui de son auteur. Le filtre social qui modère les rapports réels entre les individus disparaît ainsi. Nos systèmes de valeur se retrouvent éprouvés lorsque notre environnement ne permet pas de répondre à l'isolement progressif provoqué par l'addiction.

Dans ces conditions, la conjonction entre un noyau surreprésenté d'internautes et l'anonymat accroît d'abord le danger d'interpréter des données biaisées parce que non représentatives d'une majorité silencieuse d'internautes. On s'appuie sur des propos de particuliers qui n'ont, dans la réalité, que peu de lien avec le public que l'entreprise cherche à conquérir.

Ensuite, la menace est de sous-estimer le caractère radical de ce noyau dans les analyses de risques. A l'image de ce qui est pratiqué avec les ONG dans l'industrie, où l'on invite régulièrement les associations à débattre en préalable au lancement d'un projet impactant pour l'environnement, il convient de s'assurer du soutien de leviers d'opinion sur Internet pour prévenir toutes les situations et amplifier la portée de ses messages.

Les décideurs doivent partir du principe qu'ils peuvent se trouver face à des internautes très engagés qui n'auront pour règle que l'exaltation de leurs propos. Selon nos études, ces internautes sont souvent inactifs (sans emploi, étudiants...) et peuvent consacrer un plein-temps au dénigrement d'une société.

Alors que la téléphonie mobile devient progressivement le premier support de consommation de Web en accompagnant les consommateurs dans tous leurs mouvements quotidiens, la solution consiste probablement à adopter une démarche de veille, voire, osons le mot, de surveillance. Il serait dangereux d'ignorer cette nouvelle réalité sociale. Il convient d'intégrer l'entreprise dans la conversation mondiale en tissant des passerelles dès que possible avec ces nouveaux influenceurs afin d'en faire des alliés dans un contexte où tous les coups sont permis.

SAMUEL MORILLON EST DIRECTEUR GENERAL DELEGUE DE CYBION SA.

samedi 14 juillet 2012

PSA : le déclin de l’industrie française est-il une fatalité ?

L’annonce de 8000 postes supprimés et de la fermeture de l’usine d’Aulnay relance les discours sur toutes les radios de 2008 sur la fin de l’automobile française. Pourquoi l’industrie française est-elle dans un si mauvais état ? Que doit-on faire ?

Il faut d’abord dire que si la crise ne favorise pas les ventes automobiles, elle défavorise surtout les voitures moyennes-gamme. Le bas de gamme se porte pas trop mal, mais ne rapporte pas grand-chose et, de fait, nécessite des couts de production bas, à l’étranger. Ainsi, les petits véhicules et les véhicules bas de gammes sont plus ou moins condamnés à être délocalisés. À ce petit jeu, Renault a devancé PSA : il ne produit que 23 % de ses voitures en France contre 44 % pour PSA.

Échec du haut de gamme PSA et du développement international

Dans ces conditions il ne reste que le haut de gamme pouvant être produit en France. Concernant ce point nos constructeurs nationaux ont encore tout faux. Renault a réussi ses véhicules Dacia bas de gamme, mais n’a rien investi dans le haut de gamme, la Vel-Satis étant sa dernière et lointaine tentative. PSA a tenté l’aventure du haut de gamme, mais sans le succès des constructeurs allemand. Pourquoi ? Pour vendre du haut de gamme il faut que les produits soient haut de gamme techniquement, mais aussi du point de vue de la qualité. Ce dernier pari n’a été que partiellement réussi. Mais il faut surtout savoir vendre ses véhicules là où les riches achètent : ce pari-là est complètement raté pour PSA. Prenons l’exemple de la Chine : arrivé dans ce pays en 1985, PSA n’y a écoulé que 380 000 véhicules en 2011 tandis que Volkswagen en a vendu 1,7 million alors qu’il s’est installé en 2010 ! Si vous avez l’occasion de voyager en Chine vous constaterez l’abondance des voitures allemandes et, dans une moindre mesure, japonaises. Il est possible de ne rencontrer qu’une voiture française en un mois de voyage en Chine… L’échec de PSA en Chine n’est pas seulement commercial, mais industriel : PSA proposait aux Chinois de fins de série, quand Volkswagen adaptait ses produits au gout local ! Cet échec est donc de la responsabilité de la direction qui à traité avec un certain mépris ses clients chinois.

La direction de PSA est-elle en cause ?

Semi-échec du virage qualité, échec du virage haut de gamme, échec du développement international, le bilan n’est pas fameux pour l’actuel PDG. Renault, si l’entreprise parait en meilleure forme, est également sur la sellette. Il est clair que la stratégie uniquement bas de gamme ne permettra pas longtemps à l’entreprise de survivre dans un monde ou le milieu de gamme se vend mal. Après l’annonce de PSA, devrait donc suivre une annonce de Renault dans les mois qui viennent. Cette comparaison ne permet pourtant pas d’excuser la direction de PSA. L’entreprise ayant raté la plupart de ses challenges pour l’avenir.

De 2007 à 2009, l’ère Christian Streiff annonce pourtant des perspectives rassurantes et le bon cap : le plan stratégique « CAP 2010 » prévoit une forte croissance à l'international et une baisse des frais de structures, une plus grande différentiation des deux marques, et une augmentation des synergies internes qui permettrait une remontée de la rentabilité aux environs de 6 %. Dès 2007, les ventes progressent, au niveau mondial, de 3,8 %, dont plus 30 % par exemple au Brésil et en Argentine. Le paquebot PSA semble prendre la bonne route. L’année suivante, au 1er semestre 2008, PSA continue sa croissance des ventes mondiales avec une hausse de 4,6 %, le cap est toujours maintenu. Mais ce n’est pas suffisant, la crise de 2008 rattrape le groupe et il finit l’année avec une perte nette de 343 millions d’euros et un chiffre d’affaires en recul de 7,4 %.

Ces faibles résultats provoquent l’éviction de Streiff au profit de Philippe Varin, encore aujourd’hui à la tête du groupe. Mais ce dernier ne fait qu’aggraver la situation du groupe : en 2009 la note de PSA est dégradée de « BBB-/A-3 » à « BB+/B », c’est un coup dur pour l’entreprise qui devient un support d’investissement dangereux. L'année se termine avec une perte nette de 1,16 milliard d'euros. Varin tente alors de combler un autre problème du constructeur : le manque d’alliance avec un concurrent et il tente de s’allier avec Mitsubishi Motors. Échec de cette alliance. Le renforcement en Asie est décidé et commence à porter ses fruits : 2010 est l’année du bond de 16,8 % des ventes par rapport à la sombre année 2009. Pourtant, cette embellie n’est que passagère : durant l’été 2011, le groupe annonce 6000 suppressions de postes en Europe, dont 5000 en France. Ce n’est qu’en février 2012 que l’association PSA General Motors est annoncée. La décision a surpris toute la profession tant les deux groupes n’ont que peu de synergies possibles. C’est à cette période que le groupe décide de fermer Aulnay-sous-Bois en 2014 même si des documents internes évoquaient ce projet en Juin 2011. Le directoire de PSA a attendu la fin de l’élection présidentielle pour annoncer le plan. La soudaine chute des résultats de PSA est principalement due à l’embargo avec l’Iran qui aurait fait perdre 10 % de sa production. Ce dernier point est étrange puisque PSA s’est privé de lui-même de la clientèle de l’Iran ! La raison n’est pas claire : justification politique ? Liens de PSA avec General Motors ? Autre raison ? Quoi qu’il en soit, l’entreprise n’a pas assez diversifié ses clients et se retrouve dans une situation délicate.

Autre point : PSA a versé un dividende de 2001 à 2007 puis en 2010 à ses actionnaires. Etait-ce réellement indispensable en 2010 et dans le contexte actuel ?

Pourquoi Aulnay-sous-Bois ?

L’histoire de l’usine y est pour beaucoup. Construite en 1973, c’est la dernière usine du groupe PSA créée en France ! Elle vient alors en remplacement de l’ancienne usine d’ile de France, trop petite et vétuste. À cette période Aulnay-sous-Bois est le fleuron de PSA : gigantisme et modernisme sont les maitres mots. L’usine aura ses années de gloire avec des effectifs en croissance. L’implantation de l’usine n’est pas anodine, certes, elle est à la croisée de deux autoroutes et proche d’un aéroport, mais elle est aussi implantée dans un département sinistré avec une immigration forte et un fort taux de chômage. L’usine a donc à sa disposition une main-d'œuvre abondante et peu chère. Pourtant, au fur et à mesure que l’usine monte en puissance, une force syndicale (surement la plus importante du groupe PSA) prend place à Aulnay dans les années 80. Les syndicats gênent la direction qui fait sien l’objectif de « casser » ces forces syndicales qu’elle ne contrôle plus. Le climat social n’a cessé de se dégrader et certains disent que l’usine n’est plus aussi rentable et que les couts de non-qualité ont explosé.

Autre point : les abords de l’usine sont depuis, devenus très encombrés, ce qui perturbe la réception des pièces et les départs de véhicules. L’usine ultramoderne de 1973 est devenue un « boulet » faute d’investissement et de dialogue social. D'un autre côté, la construction d’une usine automobile est un investissement de 30 ans. Le site d’Aulnay est donc rentabilisé depuis longtemps et à bout de souffle. Il fallait donc l’éliminer.

Depuis les effectifs de l’usine n’ont cessé de chuter. Lorsque l’on parle d’Aulnay, on parle souvent de surcapacité. C’est surement vrai dans un contexte ou l’entreprise vend moins. Mais ce n’est pas la seule explication : comment expliquer dans ce cas les créations d’usines dans le low-cost Européen au même moment où l’on supprimait des lignes de production à Aulnay ? Aulney, qu’on le veuille ou non a été progressivement délocalisée, car la direction n’a pas su assurer un dialogue social et désire augmenter ses marges. Lorsqu’il ne restait plus « que » 3000 salariés à Aulnay, la direction a jugé que c’était « liquidable » d’un seul tenant. Facile de supprimer ce site, vu la proximité d’une autre usine de production en région parisienne et socialement plus calme : Poissy.

Petits et grands mensonges

Aulnay a été abattue et ce n’est pas uniquement à cause de surproduction, mais par une volonté de se débarrasser des sites de production français. C’est aussi pourquoi Rennes et même Poissy perdront des emplois dans le plan des 8000 suppressions d’emploi. C’est pour cela que l’ont lis, ici, et la, que ce plan n’est peut-être pas le dernier. Lorsque PSA indique qu’il n’y aura pas de licenciement sec, il faut se méfier. Une des solutions évoquées par la direction est le reclassement sur Poissy. Mais dans ce cas, pourquoi supprimer également 700 emplois à Poissy si le site va accueillir des employés d’Aulnay ? L’autre piste évoquée par la direction est les départs volontaires, mais qui peut croire que 3000 personnes quitteront le groupe volontairement en pleine crise économique mondiale ? Des contacts ont-ils été pris avec d’autres groupes industriels pour reclasser du personnel ? Possible.

Varin s’exprime sur RTL : « Nous avons le cout du travail le plus cher en Europe et nous produisons 44 % de notre production en France, donc il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail de manière massive. » C’est assez faux. Dans une une enquête sur la question, l'Insee a publié au printemps 2012 des chiffres forts intéressants : « Dans l’industrie automobile, le cout horaire allemand est le plus élevé d’Europe. Il est en particulier supérieur de 29 % à celui observé en France : 43,14 euros contre 33,38 euros. L’écart se montait à 49 % en 1996 et a donc diminué depuis. » Oui vous avez bien lu : 29 % plus chers en Allemagne ou même moment où les constructeurs de ce pays vendent plus et avec plus de marge. Le cout du travail ne serait donc pas la bonne explication. Dans ce cas pourquoi Varin en parle ? Simplement parce que c’est une bonne explication pour la liquidation d’Aulnay, parce que ce patron répète les messages de son syndicat (le MEDEF) et bien sûr par ce que les industriels ont intérêt à ce que ce cout baisse. C’est également parce que cette explication toute faite masque les insuffisances de la gestion de l’entreprise ces 20 dernières années. Baisser les couts ne sert à rien, car, vouloir concurrencer les pays low-cost est tout simplement impossible et utopique.

Comment interpréter ces propos sur le cout du travail alors qu’en 2010, monsieur Varin avait quadruplé son salaire qui avait atteint le sommet de 3,25 millions d'euros ? Comment justifier un salaire de presque 200 fois le SMIC (hors avantages divers et primes !) avec de si mauvais résultats ? Comment demander à ses employer de partir lorsque lui, reste sans baisser fortement son salaire ?

Le gouvernement ne peut rien faire, mais comme c’est un gouvernement de gauche, il se doit de faire semblant, pourtant des indiscrétions indiquent que le gouvernement n’a pas l’intention (ni le pouvoir) de sauver Aulnay. C’est ainsi qu’une étude sera menée pendant quinze jours (sic !) par un expert mandaté par l'État…

Peut-on encore produire de petits modèles en France ?

Mais considérons maintenant un contrexemple de taille : Toyota investit 8 millions d’euros dans son usine de Valencienne en juin 2012. Pire, il sera produit des Yaris pour le marché américain. La raison : le cout de l’électricité au Japon, la fiscalité lourde et le cout du travail trop important dans son pays et un taux de change avantageux et stable. L’usine de 4200 personnes produit plus de 1000 véhicules par jour dont 90 % sont exportés. Cet exemple contredit de nombreux commentaires que nous lisons un peu partout : Le cout du travail n’est pas si élevé que cela en France. Il est avantageux de produire en France et d’exporter aux États-Unis. Il est possible de produire de petits véhicules de manière rentable en France. Enfin, la fiscalité française des entreprises n’est pas si lourde. Une question se pose : si Toyota réussit et y trouve son intérêt, pourquoi n’y arrivons-nous pas ? La réponse est surement complexe et passe par un défaut de management, de stratégie et par une gourmandise des actionnaires de PSA et Renault.

Le cas de Toyota n’est pas isolé, dans le même temps Daimler projette d'investir 200 millions d'euros dans son usine Smart d'Hambach en Moselle ! L’usine, construite en 1997, a reçu en 2012 un trophée pour sa « logistique particulièrement efficace » remis par le magazine L'Usine nouvelle.

Produire en France avec succès est possible, et il est également possible de produire de petits modèles.

Comment expliquer les échecs de PSA et Renault ?

Comme nous l’avons vu, les échecs français ne sont pas dus à un cout du travail trop important, ne sont pas expliqués complètement pas le positionnement moyen/bas de gamme des Français. La crise a fragilisé des entreprises françaises déjà fragilisées, mais n’est en aucun cas une cause racine. Le positionnement qualité inférieur aux constructeurs allemands n’est pas à notre avantage, mais n’explique rien. La tendance générale aux délocalisations que n’auraient pas su faire les Français n’en est pas non plus la cause. Alors que se passe-t-il ? L’explication est triste et simple : la France à un mauvais climat social avec un dialogue rompu entre le patronat et les syndicats, ces derniers sont trop peu représentatifs et ne sont pas, comme en Allemagne, des partenaires, mais des opposants. Le patronat français est « old-fashion », il privilégie trop la classe sociale et l’école plutôt que l’expérience et le mérite. Du cout il considère les relations sociales sont l’angle de la lutte des classes alors que la plupart des Français considèrent ses notions comme obsolètes. Trop franco-français, le patronat n’est pas capable d’attaquer avec succès les marchés étrangers. Leur incapacité à conduire une politique industrielle avec succès montre leur inaptitude.

Que faire pour l’industrie ?

  1. La France doit réformer ses élites et les grandes écoles qui les forment. Ces dernières inculquent trop une autosatisfaction et un narcissisme des élites qui conduisent à un dialogue social grippé, à une panne de l’ascenseur social et à une déconnexion de la réalité.
  2. La France doit rénover le dialogue social et transformer les syndicats en partenaires plus qu’en opposants.
  3. Ces derniers doivent se remettre également en question, car ils sont inadaptés. Il me semble urgent que les grands groupes français se dotent de patrons étrangers durant cette période de transition.
  4. La bureaucratie a envahi les grandes entreprises et la gestion par indicateurs (vantée jusqu’à Nicolas Sarkozy) est un véritable échec. De gros progrès d’efficience doivent être réalisés.
  5. Le système allemand du compte épargne temps doit être mis en place : lorsque l’entreprise à plus de travail les heures supplémentaires sont comptabilisées et restituées dans les mêmes proportions sous forme de congés payés lorsque la charge baisse.
  6. La France se doit d’amorcer un virage high-tech, haut de gamme et qualité, car il ne faut pas compter vendre plus cher des produits à peine meilleurs.
  7. Le gouvernement doit mettre en place une véritable politique industrielle de long terme en favorisant, par exemple, les énergies vertes et les véhicules électriques.
  8. Il faudrait cesser de diffuser en boucle dans les médias les bêtises habituelles : compétitivité, cout du travail, baisse des salaires, flexibilité du travail, réductions drastiques des dépenses de l’état, abandon du secteur industriel au profit des services (sic !), etc.… Ces thèmes libéraux viennent du MEDEF et ne servent en rien les intérêts du pays, mais ceux d’une minuscule partie de la population française tout en occultant les vrais débats et réformes.
  9. La France a besoin également d’une véritable réforme fiscale et d’une simplification des démarches administratives et légales. Les lubies des gouvernements précédant ont entamé la productivité des entreprises : il est incroyable de voir le temps perdu par les grosses entreprises pour faire semblant les satisfaire (exemple : séance d’informations, enquêtes et mesurettes sur le mieux-être au travail engendrées par l’affaire France-Télécom).
  10. La France et l’Europe doit protéger ses industries par de mesure de protectionnisme, car il est aberrant de constater comment des pays comme la Chine (mais pas seulement) se protègent alors que nous débattons des graves risques (sic !) que nous courrions si nous faisions de même !
  11. Il semble important que la France réduise ses inégalités, car nous sommes dans un cercle vicieux : les chômeurs et les pauvres n’achètent pas de voiture tandis que les riches n’achèteront pas plus de voitures s’ils deviennent encore plus riches. Le pouvoir d’achat donné aux plus modestes est injecté directement dans l’économie tandis que celui des plus riches va directement dans l’épargne.
  12. Enfin, même si ce n’est pas l’essentiel, il faudrait que les français soient plus patriotiques et achètent français : passez la frontière et vous verrez comment les allemands sont équipés de voitures allemandes ! Si nous ne sommes pas capable d’acheter français, ne nous plaignons pas, dans ce cas, de la situation actuelle…

La France est malade, le secteur automobile en est le thermomètre. Si nous ne faisons rien, tous les secteurs seront dans le même état. Une grande partie vient de la faillite de nos élites, de notre incapacité à nous réformer.

mercredi 13 juin 2012

Le talon d’Achille des présidents : leur femme

Comme à l’époque de Nicolas Sarkozy, Valérie Trierweiler est-elle le point faible du président ?

À l’époque de Nicolas Sarkozy, sa première épouse avait fait couler beaucoup d’encre en paraissant se détacher en public de son mari puis avec les rumeurs persistantes d’adultères et enfin avec la séparation, dévastatrice pour le président. Séparation inédite dans l’histoire de la République française (et dans le monde ?). Séparation qui avait failli faire couler le président tant sa compagne était son point faible majeur.

L’arrivée de Carla Bruni a été également très médiatisée, encore une fois la France innovait concernant les mœurs de son président. La ballade main dans la main à Euro Disneyland était vécue comme un symbole majeur. Symbole du fait que Sarkozy n’avait pas changé, qu’il avait toujours un point faible majeur : sa dépendance affective vis-à-vis de sa compagne. Nous aurions pu croire que l’épisode Cécilia aurait pu être un avertissement suffisamment sérieux pour qu’il soit entendu par l’ancien président, mais pas du tout. Dépendance et faiblesse qui n’a cessé d’être confirmées par la suite. Talon d’Achille, car l’équilibre personnel de Sarkozy dépendait étroitement de sa situation de couple, les fondations mêmes de son équilibre personnel. Faiblesse, car si la femme d’un président n’est évidemment pas cantonnée au rôle de potiche silencieuse et belle, elle ne doit pas non plus interférer avec les actions politiques et gouvernementales de la seule personne que les Français ont réellement élue : le président. Le rôle n’est pas simple, il est vrai. Rester en retrait et passer pour une potiche, se mettre en avant sur des sujets qui tiennent a cœur et risquer d’interférer voir de gaffer. Ainsi, le 6 mars 2012 lors de l’émission politique sur France 2 « Des paroles et des actes », Carla avait franchi allègrement la ligne : elle avait égrené gaffe sur gaffe « il fait un froid de gueux », « les journalistes sont tous de Pinocchio », parlant de son mari : « il a une belle voix », « nous sommes des gens modestes » (patrimoine du couple: 2,3 millions d’euros), « de temps en temps ils donnent la parole à des journalistes de droite ? ». Un festival de maladresses et d’inconscience. Normal, la politique ne s’improvise pas, c’est un métier quoiqu’on en dise. La communication est également un métier, ne pas dire n’importe quoi en direct, maitriser ses paroles et ses gestes. Prendre garde au fait que lorsqu’on est la première dame de France, on n’est plus une anonyme…

Valérie Trierweiler n’échappe pas à la règle et son dérapage d’hier ne présage rien de bon s’il n’est pas vite recadré. Bien entendu la compagne du président a le droit de penser ce qu’elle veut et de soutenir qui elle veut, mais, n’étant plus, de fait, une citoyenne classique, ses actes et ses paroles sont jugés non plus comme ceux d’un quidam, mais comme des actes ayant un sens politique. C’est une réalité qu’elle le souhaite ou non, qu’elle en ait conscience ou non. Ainsi, son soutien sur Twitter à Olivier Falorni est une grave erreur à plusieurs titres. D'abord, c’est un dissident du PS, parti présidentiel. Ensuite, il y a une candidate officielle du PS, qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui est officielle : Ségolène Royale. Ce soutien ressemble à un règlement de compte amoureux peu flatteur pour Valérie et peu digne d’une première dame. Ségolène reste la mère des enfants de Hollande, cela n’aura échappé à personne, cette « sortie » est donc aussi indirectement une insulte à l’esprit de famille français et à la responsabilité que se doit d’assumer un ex-conjoint dans un contexte propice à l’équilibre des enfants. Enfin et surtout, cette affaire fait le plus mauvais effet entre les deux tours d’une élection qui devrait permettre de donner une majorité au président afin de mettre en œuvre la politique pour lequel il a été élu. C’est donc également une grave faute politique, d’autant que c’est le genre d’éclat que l’UMP rêvait d’avoir afin de reprendre de l’élan pour cette élection ou il n’était pas en position de force. Valérie sera responsable en cas de deuxième tour peu favorable au PS. Reste que cette « bourde » aurait pu être impulsive et irréfléchie, mais, dans ce cas Valérie aurait dû s’excuser et justifier sa position. Le fait qu’elle persiste et signe et nie la nature émotionnelle de son tweet (RTL) ressemble à une deuxième erreur. Nous apprenons dans la presse que c’est le soutien sobre et discret de Hollande à Ségolène (jugé « un peu froid » par cette dernière) qui aurait déclenché cette crise de jalousie.

Plus gênant : l’attitude de François Hollande. Dans un cas de mélange de genre comme celui-là il aurait dû réagir tout de suite sobrement et dignement. Il aurait dû indiquer que ce message était une opinion personnelle qui n’engageait que sa compagne et que lui était pour la candidature de Ségolène et que les opinions personnelles de sa compagne n’influençaient en rien sa ligne de direction politique et pour le pays. Or on lit dans la presse qu’il est en colère, mais la vérité est qu’il laisse pourrir la polémique ce qui ne me semble pas bon.

Hollande faible avec Valérie comme Sarkozy avec Cécilia puis Carla ? C’est plus que probable. Le monde politique est un monde difficile, les attaques ne manquent pas, être président est encore plus délicat, Nicolas Sarkozy en a fait les frais. Dans ce contexte, la famille devient un pilier important de l’équilibre personnel, mais il ne doit pas être le seul sinon tout peut arriver. La présidence normale s’effrite par la compagne du président. C’est un premier avertissement pour Hollande. Quant à Valérie Trierweiler, elle a donné une image peu reluisante d’elle-même qui risque de lui rester : irréfléchie et inconsciente, jalouse, sans respect pour la famille et ne maitrisant pas les devoirs de sa position certes difficile.

vendredi 25 mai 2012

Sortir de l’euro, et puis?

Par Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant, Pays-Bas

L'euro est une monnaie très pratique, mais elle fait des millions de victimes. Cet article explique d’une  façon simple pourquoi l’euro ne peut pas marcher et expose les avantages d’un passage vers un système d’argent d’État.

- Non, la coopération Européenne ne s’arrêtera pas sans l’euro!

- Et oui, nous serions bien mieux avec de l’argent d’État!

L’euro a un problème insoluble. Les pays qui sont sévèrement endettés maintenant, s’ils réussissent à s’en sortir à coups de réductions de dépenses d’État, s’endetteront de manière prévisible à nouveau.

C’est parce que ces pays sont victimes d’un défaut fondamental dans l’euro. Déjà avant le démarrage de l’euro des économistes ont averti, qu’une monnaie unique ne peut fonctionner que lorsque tous les pays participants sont économiquement homogènes. [1] [2] [3]

En ce moment il n’y a rien qui empêche des consommateurs grecs de préférer des produits d’Allemagne meilleurs et moins chers. Et lorsque la Grèce importe plus qu’elle n’exporte, ses dettes augmentent. La même chose vaut pour tous les pays moins productifs dans la zone euro. Ils pourront réduire leurs dépenses autant qu’ils voudront et privatiser toutes les infrastructures, mais la prochaine crise de dettes ne sera jamais loin!

Voici pourquoi. Lorsque les consommateurs dans des pays moins productifs préfèrent des produits importés moins chers et meilleurs, la dette extérieure augmentera, tandis que la productivité du pays diminuera. Lorsqu’un pays dispose de sa propre monnaie, il peut la dévaluer. Cela augmentera le prix des produits importés et diminuera le prix de ses propres produits à l’exportation. La dette diminuera et la productivité augmentera de nouveau. Des dévaluations étaient habituelles avant le début de l’euro.

Avec l’euro les dévaluations ne sont plus possibles et les pays finissent coincés dans les dettes. Mais lorsque les pays signent pour faire part de la zone euro, ils s’obligent à réduire leur dette publique en dessous de 60% de leur produit national brut (PNB) et leur déficit fiscal en dessous de 3% du PNB. Lorsqu’ils dépassent ces limites les autres pays considèrent cela comme un danger pour la stabilité de l’euro. Ces autres pays imposeront des sanctions au gouvernements endettés pour les obliger à prendre des mesures adéquates (comme si une solution durable existait) et si cela ne fonctionne pas, ces autres pays fourniront des prêts (qui, soit dit en passant, augmentent la dette extérieure!), accompagnés de conditions sévères, comme des réductions de dépenses publiques – licenciements de fonctionnaires, coupures dans les budgets d’éducation, de culture, d’affaires sociales, de l’armée etc. – et des obligations de vendre des propriétés d’État et des infrastructures et services publics! (Méfiez-vous, lorsque vous entendez dire des politiciens de pays plus riches, qu’ils vont aider les plus faibles!)

Ce n’est pas un hasard que ce soit la Grèce, l’Espagne et l’Irlande qui sont touchés le plus sévèrement aujourd’hui. Économiquement ces pays ne peuvent être comparés à un pays comme l’Allemagne. Dès qu’une crise frappe la zone euro, il devient clair que la zone n’est pas homogène; il y a des pays forts et des pays faibles. L’Europe est composée de pays très différents avec des économies très différentes avec des potentiels de productivité très différents.

En fait, il est impossible d’utiliser une monnaie unique dans une zone si hétérogène comme les 23 pays actuels de la zone euro. Malgré les avertissements des économistes, les politiciens ont décidé de l’introduire quand-même. Pour les partisans ce n’était qu’une question d’inventer des règles de jeu et de convaincre les pays de signer des accords, comme quoi ils se tiendraient à ces règles. Eh bien, on peut mettre des signatures sur des bouts de papiers, mais cela ne rend pas possible ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, 20 des 27 pays de l'Union Européenne ne peuvent satisfaire aux exigences budgétaires. [4]

Les différences en productivité ne sont pas que temporaires. Des différences intrinsèques sont relatées au climat local, à la situation géographique, à la fertilité du sol, à la présence d’eau et d’énergie, aux distances à couvrir, aux difficultés de transport et à d’autres choses invariables. Ils déterminent en grande mesure l’échec ou la réussite d’activités économiques. Chaque pays a développé sa propre économie typique, l’un s’appuyant un peu plus sur l’agriculture, l’autre sur l’industrie lourde, encore un autre sur le transport naval et le commerce etc. Pour ces raisons une “politique financière d’ensemble” ne pourra jamais convenir à tous les pays.

L’exemple du dollar?

Souvent on mentionne les États –Unis comme exemple d’un “succès” d’une zone à monnaie unique. Cependant, une différence cruciale est que là-bas tout le monde parle la même langue et ainsi les gens peuvent déménager beaucoup plus facilement vers les endroits où il y a des activités économiques. En Europe la mobilité internationale du travail est relativement restreinte, pas seulement à cause des barrières linguistiques, mais aussi parce que nous avons de vieux pays avec des gens qui sont enracinés dans leurs traditions et cultures.

Ceci étant dit, on peut se demander si l’on peut appeler le dollar un succès d’une monnaie unique. [5] Depuis1973 les États-Unis ont importé beaucoup plus qu’ils n’ont exporté et avec une dette spiralante et non maîtrisable le pays vit comme un parasite qui se nourrit de quasiment tous les pays du monde. L’exemple du dollar serait plutôt une preuve, qu’une monnaie unique dans une zone hétérogène n’est pas possible sans une exploitation massive d’autres pays.

Sortir de l’euro?

Comprendre que l’euro ne peut pas marcher est une chose. La suivante est encore plus importante. Je démontrerai, que retourner simplement vers nos monnaies antérieures est une très mauvaise solution. Certes, nous aurons de nouveau besoin de monnaies nationales, mais si nous voulons éviter les erreurs du passé, nous aurons besoin d’argent émis par l’État. (Ce qui est d’ailleurs comme la plupart des gens pensent que c’est aujourd’hui.)

Pour comprendre pourquoi de l’argent d’État est si important, nous devons comprendre ce qu’est l’argent et comment cela fonctionne. L’argent actuel n’est ni mis en circulation, ni géré par le gouvernement. Au lieu de cela – et pour beaucoup de gens cela peut sembler incroyable – quasiment tout l’argent qui existe aujourd’hui a été mis en circulation par des banques commerciales de façon secrète (et trompeuse). En fait, vous n’avez pas d’argent sur vos comptes bancaires, mais juste des chiffres. Ces chiffres sont une “illusion d’argent”. Sur votre relevé bancaire il est mentionné combien le banquier vous doit, mais cet argent n’existe pas, à part une fraction minuscule. Bien sûr, tant que vous pouvez payer avec ce faux argent, cela vous est égal. [6] Néanmoins, comme je démontrerai ci-dessous, c’est cette tromperie dans le système bancaire, qui permet aux banquiers de faire gonfler la masse d’argent de façon permanente, ce qui forme un danger pour notre société. Les banquiers ont corrompu toutes les monnaies du monde avec leurs tours de comptabilité secrets. L’euro n’est pas une exception.

Le secret de l’argent

Aujourd’hui, moins de 5% de tout l’argent est du vrai argent sous forme de billets et pièces. Le reste a été artificiellement créé par les banques et n’existe que sous forme de chiffres sur des comptes bancaires. Quand vous empruntez de l’argent à la banque, le banquier ne vous prête pas de l’argent existant. Au lieu de cela il crée un nouveau montant, simplement en tapant des chiffres sur votre compte. Ensuite vous payez des intérêts sur cet argent nouveau. Souvent il s’agit de montants importants. Habituellement, quelqu’un qui paye sa maison en 20 ou 30 ans paye à peu près autant d’intérêts que des remboursements. En fait il paye deux maisons. Une pour lui-même et une pour son banquier! [7]

Au moment que quelqu’un achète une maison, l’argent de son emprunt est viré sur le compte du vendeur. Celui-ci dépensera cet argent pour d’autres choses. Ainsi l’argent de l’emprunt commence à circuler dans la société. Tout argent dans la société a commencé comme un prêt. Chaque banquier collecte des intérêts sur l’argent qu’il a créé et tous les banquiers réunis collectent des intérêts sur tout l’argent qui existe. Si vous avez de l’argent dans votre poche ou sur votre compte, il y a quelqu’un quelque part qui paye des intérêts sur cet argent à un banquier. Lorsque quelqu’un rembourse son emprunt, l’argent, qui a été créé en le tapant dans son compte, est détruit en le déduisant de ce compte. À ce moment-là, cet argent n’existe plus.

Tout l’argent est donc temporaire. Le montant total existant représente la part des prêts emis encore à rembourser. Cela veut dire, que le montant d’argent total dans la société est un montant hasardeux. Il n’a rien à faire avec les besoins de la société pour l’échange normal des biens et services.

Inflation éternelle

Encore pire, les banquiers fournissent de plus en plus de prêts et ainsi ils créent de plus en plus d’argent. Quand on utilise plus d’argent pour acheter un même nombre de biens et de services, la valeur de chaque unité d’argent diminue et les prix augmentent. C’est l’inflation bien connue. [8] Le chef d’orchestre de cette inflation est le banquier central. Quand il baisse son taux d’intérêt, il indique aux banques qu’elles doivent accélérer la distribution de crédits (à taux plus bas les gens emprunteront plus et plus facilement) et, à l’inverse, lorsqu’il augmente son taux, la croissance de la masse d’argent ralentira.

Les banquiers ont besoin d’inflation

Les banquiers ont besoin d’inflation. [9] Lorsque la création d’argent s’accélère, il devient plus facile pour l’emprunteur de gagner les sommes dont il a besoin pour payer sa dette. C’est un avantage pour l’emprunteur, mais également pour les banquiers. Cela garantit moins de défauts de paiement.

Le fait que le principal du prêt aura diminué en valeur au moment où il est remboursé, ne nuit pas le banquier. En effet, les montants remboursés pour le principal ne continuent pas à exister. Rappelez-vous, que le banquier a créé ce montant en le tapant dans un compte et le détruit au moment du remboursement en le déduisant de ce compte.

Quant aux intérêts c’est une autre histoire. Ces intérêts ne font pas partie de l’argent que le banquier a créé pour le prêt et ces montants ne disparaîtront pas au moment où ils sont payés. C’est les bénéfices du banquier! Il est vrai que leur valeur aura diminué à cause de l’inflation. Mais n’ayez pas pitié du banquier. Vous pouvez être certain qu’il a vu ce problème d’avance et qu’il a haussé son taux dès le départ pour compenser cette dévaluation.

Pas de possibilité pour une société durable

L’inflation a encore un autre aspect important. Si nous ne voulons pas nous apauvrir, nous devons travailler toujours plus pour compenser la perte de la valeur de notre argent. C’est la raison pourquoi l’inflation cause de plus en plus d’activité économique. Autrement dit, avec un système bancaire inflationniste il ne sera jamais possible d’atteindre une société durable et équilibrée.

Pouvoir financier

La masse d’argent toujours croissante crée une situation dans laquelle tout devient achetable, même l’État. Dans beaucoup de pays des groupes financiers ont déjà acheté des services publics pour les transformer en un fleuve de profits continuels: les services de distribution de gaz, d’électricité et d’eau, les transports publics, les postes, le téléphone et des tâches de gendarmerie, les prisons, la santé publique, les services de collecte de déchets etc. Ceci est un procès continuel. Les banquiers et l’élite financière prennent de plus en plus de décisions d’investissements qui donnent forme à notre société et l’État en prend toujours moins.

Ceci a des conséquences. L’argent et le profit déterminent aujourd’hui ce qui est “bon” pour notre société. Mais ce n’est pas tout. Puisque le gouvernement fournit de moins en moins de services à ses citoyens, elle perd la reconnaissance d’autorité naturelle. Au lieu d’être une institution qui prend soin de sa population, le gouvernement est en train de devenir un squelette, qui a besoin de plus en plus d’oppression pour faire respecter des décisions de courte vue et pour le court terme. Au lieu d’être le garant des libertés individuelles, le gouvernement autorise, et même favorise, que tous les citoyens soient mis sous surveillance électronique, effectuée aussi bien par des organisations d’État que des privées, avec des milliers de caméras, reliées à des bases de données interconnectées. Le KGB était une école maternelle, comparé à la surveillance électronique rapidement croissante d’aujourd’hui.

L’euro

L’euro est une monnaie appartenant à la Banque Centrale Européenne (BCE) à Frankfurt. [10] La BCE appartient aux banques centrales des pays participants. [11] Malgré leurs noms, qui ressemblent à ceux d’institutions d’État (Deutsche Bundesbank, Banque de France, etc.), elles sont toutes indépendantes du gouvernement et la plupart sont dirigées par des conseils privés. [12]

Malgré son caractère privé, la BCE est un organe officiel de l’Union Européenne. Grâce à l’article 7 du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) et l’article 107 du Traité de Maastricht, la BCE jouit d’une indépendance totale. [13] 

Notez, que cette indépendance ne provient pas de quelque nécessité logique ou organisationnelle, mais est purement issue de la croyance, que seuls des banquiers centraux indépendants sont capables de gérer le système d’argent convenablement. Eh bien, si nous ne mettons pas en question cette croyance aujourd’hui, quand le ferons-nous? [14]

Le gouvernement Européen

En 1957 la Communauté Économique Européenne (CEE) débutait. Dès le départ il a manqué de gouvernance démocratique: le parlement n’avait qu’un rôle consultatif. Les buts de la CEE étaient la coopération économique et politique entre la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

En 1967 une concentration de pouvoir a eu lieu, lorsque la CEE, l’Euratom et la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier devenaient les Communautés Européennes. Par ailleurs, les droits de veto des pays individuels étaient abolis dans beaucoup de domaines. Lorsque ceci fût réglé les banquiers sont entrés. En 1970 Pierre Werner, un banquier Luxembourgeois influant [15] , a préparé les plans pour la monnaie collective.

Bretton Woods

Pierre Werner était l’un de participants à la Conférence de Bretton Woods en 1944,  qui était fortement dominée par l’esprit agressif de la Seconde Guerre Mondiale. Lors de cette conférence les principes ont été décidés pour le commerce et la finance mondial. Dorénavant les pays devaient accorder leur monnaie au dollar et garder leur taux de change stable. Cela était bénéfique pour le commerce et la finance international. En fait, ce que ce principe exprimait, c’est que l’aisance pour le commerce et la finance international était plus importante que la faculté des pays de pouvoir s’adapter à l’environnement international changeant. Implicitement, par ce même accord, les États-Unis étaient proclamés “maître du monde”, puisque tous les pays auraient à adapter leurs taux de change au dollar, tandis que les États Unis pouvaient faire ce qu’ils voulaient.

À cette même conférence le Fond Monétaire International (FMI) a été établi, de même que les précurseurs de la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce. Les messieurs à Bretton Wood savaient fort bien, que les pays plus faibles souffriraient de leurs projets. Le FMI, et plus tard également la Banque Mondiale recevaient le rôle de fournir des crédits à ces pays. Ils étaient accompagnés de conditions sévères, comme des réductions de dépenses publiques, ce qui entaîna généralement de graves conséquences pour l’éducation et la santé publique. Dans la pratique le FMI et la Banque Mondiale noyaient les pays en développement dans des crédits. Les dettes de ces pays devenaient alors tellement élevées, qu’ils ne pouvaient plus payer les intérêts et donc encore moins les remboursements. Et dès qu’un pays se trouvait dans une position sans issue, il était obligé de vendre tout ce qu’il avait (particulièrement ses minerais et son pétrole) le plus souvent à des entreprises des États-Unis. [16]

Prêts de l’étranger

Bien que la Banque Mondiale ait enseigné le contraire à ses employés, les crédits étrangers forment la plus mauvaise manière pour aider un pays en difficulté. La seule chose qu’il peut faire avec de l’argent étranger c’est acheter des produits à l’étranger et s’endetter davantage. [17]

Uniquement dans le cas où un pays a vraiment besoin d’une machine ou d’autre chose qu’il ne peut fabriquer lui-même et où, en outre, le fournisseur refuse la monnaie du pays, un prêt de l’étranger peut être justifié.

Libre mouvement de capital

Et que signifierait Euroland pour les banquiers? Les banquiers perdraient une source de revenues importante: les commissions sur l’échange des nombreuses monnaies nationales. Mais ils gagneraient une source de revenus bien plus importante: le libre mouvement de capital. C’était une pré-condition pour une monnaie unique. Grâce à cela les banquiers pouvaient facilement fournir des prêts partout où des bénéfices pouvaient être faits.

Le boom de la construction en Europe du Sud

Internationalement les banquiers ont convenu d’un nombre de règles pour eux-mêmes, qui fixent des limites au montant total des prêts qu’ils peuvent émettre par rapport à leur capital. La norme est qu’ils doivent disposer d’au moins 8 euros de capital pour chaque 100 euros de prêts en cours dans le commerce et l’industrie. Cependant, pour la construction de maisons, ils peuvent prêter deux fois autant et donc collecter deux fois autant d’intérêts.  [18] Il y a peu de temps les banquiers pensaient encore que les prix des maisons ne pouvaient qu’augmenter et que les prêts pour la construction de maison étaient pour ainsi dire sans risque. Ainsi naissait le boom de la construction en Espagne, au Portugal, en Irlande et ailleurs. Ce que les banquiers oubliaient, c’est que pour rembourser les crédits leurs clients devaient pouvoir gagner de l’argent. Il aurait donc fallu également des activités économiques. Mais pour financer des activités économiques, comme de l’industrie et des commerces, les banquiers ne peuvent collecter que moitié autant d’intérêts..

Au secours!

La Grèce fait déjà l’expérience de ce que c’est d’avoir des “amis” Européens, qui arrivent avec des prêts et exigent simultanément des réductions énormes dans les dépenses publiques. Ces amis ont tellement de confiance dans leur solution, qu’ils ont fait entrer le chien de sauvetage enragé FMI pour avoir sa part dans la tragédie Grecque. [19] Notons en passant, que l’euro est maintenant “assisté” par le FMI. Rigolo, si ce n’était pas une réalité si tragique.

L’Irlande, le Portugal et l’Espagne se trouvent en difficulté aussi. Tant qu’ils restent dans l’euro, ils ne pourront pas dévaluer leur monnaie. L’euro fonctionne maintenant comme un taux de change invisible et imposé entre les différents pays. Les pays endettés ont un double problème. En premier lieu ils doivent réduire leurs dettes jusqu’au niveau convenu pour la zone euro et deuxièmement ils doivent éviter de s’endetter à l’avenir.

Le premier problème est généralement résolu avec des mesures extrêmement dures, comme des coupes dans les dépenses sociales et culturelles, dans l’éducation et la santé publique, puis le licenciement de fonctionnaires et la privatisation d’infrastructures (comme des aéroports Espagnols) et des services publics et, pour couronner le tout, une forte hausse d’impôts. Ces mesures sont agressives et très injustes pour les gens ordinaires, qui ne sont pas responsables de cette tragédie. Beaucoup de gens tomberont dans la pauvreté. Ont-ils une chance de s’en sortir?

Est-ce que les choses pourront aller mieux?

Pour en avoir une idée, il faut voir le deuxième problème. Comment peut-on éviter, que des pays moins productifs s’endettent? Eh bien, on ne peut pas. Il n’y a aucune manière pour empêcher que les gens dans de pays moins productifs importent plus qu’ils n’exportent. Il est même logique de supposer, qu’ils préfèreront acheter des produits moins chers et meilleurs importés de pays plus productifs de la zone euro. C’est le défaut fondamental de la monnaie unique dans un marché commun composé d’économies très hétérogènes.

D’après moi, les mesures dures que ces pays prennent en ce moment sont complètement inutiles, si ces pays ne quittent pas l’euro.

Mauvaises solutions

Une mauvaise solution serait de retourner vers la situation d’avant l’euro et de laisser les banquiers créer l’argent et de les laisser gonfler la masse d’argent avec leur inflation éternelle.

Il y a des gens qui pensent, que si les banquiers ne sont plus autorisés à créer de l’argent simplement en le tapant dans un compte bancaire, l’inflation s’arrêterait. La seule chose qui s’arrêterait est l’effet multiplicateur des avoirs bancaires. [20] Il est vrai, qu’on aurait alors du vrai argent sur nos comptes bancaires, mais, comme indiqué plus haut, les banquiers ont besoin d’inflation. Ils continueraient donc à fournir de plus en plus de prêts, mais au lieu de créer de l’argent du néant, ils devraient l’emprunter à la banque centrale. Celle-ci peut créer de l’argent indéfiniment. Et bien entendu, les banquiers feraient porter ce coût supplémentaire par leurs clients. Les prêts deviendraient plus chers et l’inflation ne cesserait pas pour autant.

Une autre mauvaise solution serait de choisir une monnaie basée sur de l’or. Bien que de pareilles monnaies aient existé dans le passé (aux États-Unis jusqu’en 1971), de l’argent basé sur de l’or a beaucoup de désavantages. Les pays sans mines d’or seraient obligés d’en acheter (c’est à dire, livrer des biens et services aux pays fournisseurs d’or) dans le simple but de disposer d’un moyen d’échange national. Et chaque fois que plus d’or arrive sur le marché, ils seraient obligés d’en acheter plus pour éviter que leur monnaie dévalue par rapport aux pays qui continuent à augmenter leurs réserves d’or. L’industrie des mines d’or détiendrait en bien des aspects un pouvoir supranational, même plus que la Réserve Fédérale aujourd’hui. L’or n’a pas de valeur stable. Son prix peut être influencé par ceux qui détiennent de grands stocks (comme ces industries des mines d’or et les banques centrales). Même de grands nombres de petits vendeurs et d’acheteurs, lorsqu’ils agissent par peur ou par avidité, peuvent influencer le prix. Encore plus qu’aujourd’hui l’or causerait des conflits, de l’oppression et des guerres.

Toute couverture de l’argent par des biens commerciaux, que ce soit de l’or, de l’argent ou autre chose, aura un impact sévère sur la monnaie en question, de même que sur le prix des biens commerciaux choisis.

La solution avec de l’argent d’État

La plupart des gens pensent que l’argent est émis par l’État. C’est ainsi que cela devrait être. L’argent doit appartenir à la société et non pas aux banquiers. C’est la seule manière d’obtenir un système d’argent honnête et un gouvernement qui ne dépend pas des banquiers.

En ce moment nous avons un système d’argent très onéreux, avec des banquiers qui, chaque année, augmentent leur capital avec des bénéfices gigantesques. Les banquiers diront, qu’ils ont besoin de ce capital pour le cas où ils doivent absorber des pertes. Ces pertes seraient alors à déduire du capital. Eh bien, objectivement, leurs capitaux sont énormes, mais simultanément ils ne couvrent qu’une fraction infime des prêts en cours. Si les pertes sont trop grandes, le capital aura vite disparu. Mais si nous regardons de plus près les accords internationaux entre banquiers, on constate, qu’ils ne peuvent même pas utiliser leur capital obligatoire pour absorber des pertes. S’ils déduisent quelque montant que ce soit du capital obligatoire, il y a immédiatement vingt fois plus de prêts sur leur bilan qui ne sont plus couverts par du capital. Donc, ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des banquiers qui, au lieu de subir leurs pertes, courent simplement voir le ministre des finances pour lui dire qu’ils ont besoin d’argent frais, puis qu’autrement ils n’auront plus assez de capital!

- Banque d’État

Eh bien, nous pouvons en finir avec ce système onéreux et malhonnête en créant une banque d’État, qui sera la seule banque autorisée à créer de l’argent dans le pays. Celle-ci créera l’argent nécessaire pour les prêts dans le pays, de même que pour l’avance des dépenses de l’État. Et quant aux banquiers privés, il leur serait désormais interdit de créer des avoirs sans disposer de l’argent correspondant. Si les banquiers veulent, ils pourront opérer comme intermédiaires entre la banque d’État et le public pour l’émission de crédits. Pour ceci ils recevraient une provision et non pas d’intérêts. Ils pourront également gérer les comptes clients au nom et pour le compte de la banque d’État. De cette façon les clients peuvent garder leurs comptes bancaires et hormis l’instant de la mutation vers la monnaie nationale, il n’y aura pas d’interruption dans les services de paiements interbancaires. (Dans le cas où les banquiers ne voudront pas coopérer, la banque d’État devra ouvrir ses propres guichets, par exemple dans les bureaux d’impôts.)

A côté de leur nouvelle fonction comme intermédiaire pour les prêts de la banque d’État au public, les banquiers pourront toujours réunir de l’argent existant pour former des fonds qui pourront être prêtés à intérêt. Puis qu’il s’agira d’argent existant, cela ne créera pas d’inflation.

- Arrêt de l’inflation

Avec cette réforme le gouvernement dispose des moyens pour arrêter l’inflation. Disposer des moyens ne veut pas dire, qu’il faut le faire. Il est plus probable, que les gouvernements freineront l’inflation progressivement, lorsque pas à pas la philosophie de “l’avidité est belle” sera infléchie en “soin pour l’environnement et l’avenir”. Et quelle que soit la forme que cela prend, nous ne serons plus obligés de travailler tout le temps plus pour faire plaisir aux banquiers.

- Plus de dette publique

Si le gouvernement peut créer l’argent dont nous avons besoin, la dette publique peut disparaître.

La dette publique se forme lorsque le gouvernement fait des dépenses pour lesquelles les impôts correspondants n’ont pas encore été levés. En ce moment nous payons beaucoup d’intérêts pour les Bons du Trésor que l’État émet pour financer ces dépenses. Les banquiers aiment bien investir dans ces Bons du Trésor, comme ils délivrent des intérêts quasiment sans risque. Donc, d’un côté le gouvernement devait s’endetter pour sauver les banquiers et, de l’autre côté les banquiers reçoivent des intérêts sur ces mêmes dettes!

- Fonds de retraites complémentaires

D’autres profiteurs de la dette publique sont les fonds de retraite complémentaires, qui y puisent une partie de leurs revenus. Nos retraités sont payés pour une partie consistante de ces intérêts, qui, à leur tour, sont payés par les payeurs d’impôts. Une autre partie est payée par les primes de retraite de la population active. Donc, derrière la façade, qui fait penser que les gens mettent de l’argent de côté pour leur retraite, la majeure partie de l’argent que reçoivent nos retraités provient des primes et impôts payés par la population active.

En fait c’est assez logique. Si l’on stockait simplement de l’argent pendant des décennies et qu’on le liberait ensuite, on ne provoquerait que de l’inflation. Ce que l’on peut faire avec l’argent quand on est vieux dépend en grande mesure de la force de travail et de la productivité de la population active à ce moment-là.

Une autre partie des revenus de nos retraités provient de placements à l’étranger, ou, pour le dire plus clairement, du travail de gens à l’étranger. Éthiquement c’est comme du colonialisme financier. Rien pour être fier.

C’est pour cela que ce serait plus logique d’avoir une caisse de retraite gérée par la banque d’État. Ou pour le dire différemment, la population active devra tout simplement accepter qu’elle doit prendre soin de la population âgée. Les citoyens, qui voudraient transférer leurs droits acquis dans les caisses de retraite privées vers la caisse d’État, doivent avoir la liberté de le faire.

- Intérêts

Beaucoup de gens trouvent, que les intérêts ne sont pas éthiques. Cependant, si une partie du produit des intérêts est utilisée pour absorber les pertes sur les prêts qui ne peuvent pas être remboursés, et quand le reste va au Trésor du pays, je ne vois pas d’inconvénient. Cette dernière partie diminuerait les impôts à lever.

Le gouvernement pourrait mettre en place des taux d’intérêts variés selon le secteur et le type d’investissements qu’il veut privilégier. Au lieu de conduire bêtement un seul taux d’intérêt, comme le font les banques centrales d’aujourd’hui, le gouvernement pourrait diriger les prêts et les investissements dans les directions nécessaires.

Les intérêts sont également un moyen utile pour inciter les emprunteurs de payer leurs dettes à temps.

- Riches et pauvres

Aujourd’hui, lors de la délivrance de prêts, les banquiers exigent un gage qu’ils peuvent saisir si l’emprunteur ne paye pas sa dette. De cette façon les riches peuvent toujours obtenir des prêts et investir plus facilement et donc s’enrichir davantage plus facilement. L’écart grandissant entre riches et pauvres est dangereux pour la société. La banque d’État n’a pas besoin de gages. On peut comparer les prêts qu’elle fournit avec des dettes d’impôts. S’ils ne sont pas remboursés, ils peuvent être traités de façon similaire. En principe, les pauvres pourraient emprunter et investir aussi facilement que les riches.

Comme expliqué plus haut, dans un environnement sans inflation il est plus difficile de rembourser des emprunts. Cependant, ceci sera compensé par le fait que les taux d’intérêts pourront rester plus bas, puisque nous n’aurons plus à contribuer à la capitalisation chère et inutile des banques privées. En outre, si nécessaire, des compensations supplémentaires peuvent être offertes aux emprunteurs via la politique d’impôts.

- Est-ce que ça coûte cher de quitter l’euro?

Quelques politiciens cherchent à effrayer les gens et prétendent que ce serait extrêmement coûteux de quitter l’euro et que cela mettrait le développement économique des années en arrière et ainsi de suite, etc. Eh bien, pour commencer, des pays n’arrêtent pas de commercer parce qu’un pays a quitté l’euro et a une nouvelle monnaie. Et si ce pays opte pour de l’argent d’État, les coûts sont principalement organisationnels et relativement minimes par rapport aux gains obtenus.

Tout l’argent nécessaire à la mutation peut simplement être créé du néant par la banque d’État. Tous les euros en circulation dans le pays pourront être achetés par la banque d’État par l’émission d’argent nouveau. Ces euros pourront être mis de côté comme réserve stratégique ou pour régler des importations.

Le gouvernement pourra racheter toutes les infrastructures essentielles et services publics du pays. La reconstruction d’entreprises nationales à partir des nombreuses entreprises privées et fragmentées dans les domaines de l’énergie, postes, téléphone, chemin de fer et autres mènera certainement à des services beaucoup plus fiables. Dans ces services essentiels la qualité et le client devraient avoir la priorité. Cela ne signifie pas un retour vers les entreprises d’État poussiéreuses d’autrefois. Des entreprises d’État peuvent parfaitement être gérées d’une façon moderne et efficace et, pourquoi pas, offrir des services bien meilleurs que n’importe quelle entreprise privée à la recherche de profits.

Je ne dis pas que tous ces changements sont faciles. Mais si nous voulons atteindre une société durable, où la démocratie et la liberté veulent encore dire quelque chose lorsque nos enfants et petits-enfants seront grands, c’est le chemin qu’il faut prendre.

- Résumé

La réforme, telle que je la vois, peut être résumée comme le schéma ci-dessous. Veuillez prêter attention aux notes sous le schéma.

Notes et références:

[1] Dans les études scientifiques sur le “optimum currency areas” (régions optimales pour une monnaie) nous pouvons distinguer des études centrées sur les conditions nécessaires et celles d’après 1970 (lorsque les politiciens avaient décidés qu’ils voulaient une monnaie unique), qui sont davantage centrées sur les coûts et bénéfices.

Roman Horvath and Lubos Komarek dans “OPTIMUM CURRENCY AREA THEORY: AN APPROACH FOR THINKING ABOUT MONETARY INTEGRATION” (2002)

(Traduction Française, voir en dessous.)

“It is possible to distinguish two major streams of the optimum currency area literature. The first stream tries to find the crucial economic characteristics to determine where the (illusionary) borders for exchange rates should be drawn (1960s-1970s). The second stream (1970s-till now) assumes that any single country fulfills completely the requirements to make it an optimal member of a monetary union. As a result, the second approach does not continue in the search for characteristics, identified as important for choosing the participants in an optimum currency area. This literature focuses on studying the costs and the benefits to a country intending to participate in a currency area.”

“Il est possible de distinguer deux courants majeurs dans la littérature sur les régions optimales pour une monnaie. Le premier courant tente de trouver les caractéristiques clefs pour déterminer où les frontières (imaginaires) pour des taux de change devraient être établies (années 60 et 70). Le deuxième courant (de 1970 jus qu’aujourd’hui) suppose que n’importe quel pays individuel répond entièrement aux exigences pour en faire un membre optimal d’une union monétaire. Par conséquent, la deuxième approche ne continue pas à rechercher les caractéristiques, qui ont été identifiées comme importantes pour choisir les participants dans une région monétaire optimale. Cette littérature-ci est centrée sur l’étude des coûts et bénéfices pour un pays qui a l’intention de participer dans une région [union] monétaire.”

http://wrap.warwick.ac.uk/1539/1/WRAP_Horvath_twerp647.pdf , page 7.

Friedman décrit les avantages de cours de change flexibles comme suit : « Comme on le constate habituellement, les prix et les salaires dans un pays sont relativement rigides et [ces] facteurs sont immobiles entre pays. Par conséquence, lors d’une demande négative ou d’un choc dans l’approvisionnement, le seul instrument pour éviter une plus grande inflation ou du chômage est un changement dans le taux de change flexible (ce qui veut dire réévaluer ou dévaluer la monnaie). Cela ramènera l’économie vers l’équilibre interne et externe initial. (...) Sous le régime de taux de change fixes, il y aurait toujours l’impact déplaisant du chômage ou de l’inflation. »

http://wrap.warwick.ac.uk/1539/1/WRAP_Horvath_twerp647.pdf , page 8.

[2] Yrd. Doç. Dr. Hüseyin Mualla YÜCEOL, Mersin Üniversitesi İktisadi ve İdari Bilimler Fakültesi, Maliye Bölümü, dans “WHY THE EUROPEAN UNION IS NOT AN OPTIMAL CURRENCY AREA: THE LIMITS OF INTEGRATION” (« POURQUOI L’UNION EUROPÉENNE N’EST PAS UNE REGION DE MONNAIE OPTIMALE : LES LIMITES D’UNE INTÉGRATION »)

« L’Europe n’est pas une région de monnaie optimale. Néanmoins, le 1er janvier 1999 onze pays de l’UE ont démarré une Union Monétaire Européenne en adoptant une monnaie partagée, l’euro, tandis que l’UE ne répond pas à tous le critères pour une région monétaire optimale. Aussi, joindre l’UE n’est pas la même chose que joindre l’euro, aussi bien pour les anciens et les nouveaux membres. »

http://eab.ege.edu.tr/pdf/6_2/C6-S2-M6.pdf , page 66

[3] Paul de Grauwe, parties d’un speech:

(Traduction Française, voir en dessous.)

“With up to twenty-seven members instead of the present twelve, the challenge for ensuring a smooth functioning of the enlarged Eurozone will be daunting. The reason is that in such a large group the probability of what economists call ‘asymmetric shocks’ will increase significantly. This means that some countries may experience a boom and inflationary pressures while others experience deflationary forces. If too many asymmetric shocks occur, the ECB will be paralyzed, not knowing whether to increase or to reduce the interest rates. As a result, member countries will often feel frustrated with the ECB policies that do not (and cannot) take into account the different economic conditions of the individual member countries. This leads us to the question whether the enlarged EMU will, in fact, be an optimal currency area.” (...)

“If a country is hit by negative shocks brought about by agglomeration effects, the wage cuts necessary to deal with these shocks will inevitably be very large. To give an example: If Ford Motor were to close down a plant in Belgium and to invest in Poland instead, the wage cut of Belgian workers that would convince Ford Motor not to make this move would have to be 50% or more given that the wage not feasible, then flexibility dictates that the Belgian workers be willing to move.”

« Avec vingt-sept membres au lieu des douze d’aujourd’hui, le défi pour s’assurer d’un fonctionnement fluide de la zone euro élargie sera terrible. La raison en est que dans un groupe si large la probabilité de ce que les économistes appellent des ‘chocs asymétriques’ augmente de façon significative. Cela veut dire, que certains pays peuvent avoir une hausse et une pression inflationniste, tandis que d’autres ont des forces déflationnistes. Si trop de chocs asymétriques surviennent, la Banque Centrale Européenne sera paralysée, ne sachant pas si elle doit augmenter ou réduire les taux d’intérêt. Par conséquence les pays membres se sentiront souvent frustrés par la politique de la banque Centrale Européenne, qui ne tient pas compte et ne peut pas tenir compte) les conditions économiques différentes dans les pays membres individuels. Cela nous mène à la question si l’Union Monétaire Européenne élargie sera une région de monnaie optimale. » (...)

« Si un pays est touché par des chocs négatifs causés par des effets d’accumulation, les baisses de salaires nécessaires pour gérer ces chocs seront inévitablement très importantes. Si Ford Motors fermerait une usine en Belgique et, à la place, investit en Pologne, les baisses de salaires des travailleurs Belges devraient être de 50% ou plus pour convaincre Ford Motors de ne pas déménager. Et vu que de tels salaires ne sont pas faisables, la flexibilité dicte que les travailleurs Belges accepteraient de déménager. »

http://mostlyeconomics.wordpress.com/2010/06/21/were-europes-curent-problems-never-imagined/

[4] NRC Handelsblad, le 3 juin 2010

“De Europese Commissie heeft op dit moment tegen 20 van de 27 EU-landen een procedure lopen omdat deze landen de interne begrotingsregels van de Europese Unie overschrijden.”

“La Commission Européenne a entamé des procédures contre 20 des 27 membres de l’Union Européenne, puisque ces pays enfreignent les règles budgétaires de l’U.E.”

http://www.nrc.nl/economie/schuldencrisis/article2558281.ece/Ambtenaar_betaalt_bezuiniging

[5] Julius Horvath in “Optimum currency area theory: A selective review”

Ghosh and Wolf (1994), for example, conclude the US is not an optimum currency area and tentatively suggest separate currencies for different parts of the United States.

Ghosh et Wolf (1994), par exemple, concluent que les États Unis ne sont pas une région monétaire optimale et tentent de suggérer des monnaies séparées pour différentes parties des États-Unis.

http://www.bof.fi/NR/rdonlyres/5C4E3CE4-0386-4FDB-886B-C276040CD183/0/dp1503.pdf , page 7

[6] Bien que ça en ait l’air, nous ne pouvons pas payer avec le “faux” argent sur nos comptes bancaires et cela ne se fait pas. Avec le tout petit peu de vrai argent qui reste, les banquiers réussissent à exécuter nos ordres de paiement. Pour une explication simplifiée, voyez  “Débit, crédit, banco!”, paragraph “Jongler avec les paiements”

http://www.courtfool.info/fr_Debit_credit_banco.htm

[7] Inflation et taux d’intérêt varienet énormément au cours du temps. Voyez graphique “US rates 1940-1999”  http://www.courtfool.info/US_inflation_1940_1999.htm  Ces taux ne montrent pas les frais supplémentaires, que les clients doivent souvent débourser pour obtenir leur prêts, comme des assurances. Des assurances réduisent les risques pour le banquier, donc augmentent ses bénéfices des prêts. Donc même si vous payez ces assurances à une compagnie d’assurances et non pas à votre banquier, elles forment une forme d’intérêts déguisés.

[8] L'inflation des prix mène au mécontentement de la population. C'est pourquoi beaucoup de pays utilisent un Indice des Prix à la Consommation (IPC), qui montre des chiffres plus agréables.

http://www.mw.ua/2000/2020/52764

  “… the reference value (4.5%) of m3 growth on an annual basis. This reference value for monetary growth is based on a potential economic growth of 2.0% to 2,5%, an inflation of less than 2.0% in the medium term and a long-term decline of the velocity of money by 0.5% to 1.0%, per annum.”

« ... la valeur de référence (4,5%) de la croissance de M3 sur une base annuelle. Cette valeur de référence pour la croissance monétaire est basée sur une croissance économique potentielle de 2,0% à 2,5%, une inflation de moins de 2% dans le moyen terme et un déclin sur la longue durée de la vitesse de l’argent de 0,5% à 1,0% par an. »

http://www.dnb.nl/dnb/home/file/ar03_tcm47-146939.pdf (page enlevée / ne plus accessible)

“In 2003, the money supply (m3) in the euro area grew at a rate of 8.0%, well above the official reference value of 4.5%.”

« En 2003, la croissance monétaire (M3) dans la zone euro était de 8%, bien au dessus la valeur de référence officielle de 4,5%. »

http://www.dnb.nl/dnb/home/file/ar03_tcm47-146939.pdf  (page enlevée / ne plus accessible)

Rappelez-vous, quand des politiciens, des fonctionairs ou le banquier central parle en public de l’”inflation”, ils veulent dire le changement dans l’Indice des Prix à la Consommation.

L'indice est basé sur une comparaison annuelle du coût d’un panier de produits pour un ménage « moyen ». Le contenu du panier varie d'un pays à l'autre, et il en est des même pour les méthodes pour calculer l’indice. Un pays peut inclure le coût de la nourriture, du carburant et du logement; un autre pays peut laisser ces coûts en dehors. http://bigpicture.typepad.com/comments/2005/09/the_history_of_.html

http://www.goldandsilverexchange.info/consumer-price-index.html

Certains pays publient les catégories de produits qu’ils ont dans le panier.  mais, en général, les produits précis restent secrets. Néanmoins, certains bureaux de statistiques révèlent quelques tours de passe-passe, qu'ils pratiquent pour obtenir des indices flatteurs. Par exemple, ils changent périodiquement le contenu du panier. Les produits dont le prix augmente trop en sont sortis et remplacés par d’autres meilleur marché. Ou, quand le prix d'un produit reste stable, mais que la qualité s'améliore, ils comptent l'amélioration de la qualité comme une baisse de prix. Ainsi, pour les ordinateurs dans le panier, le Bureau Central des Statistiques (CBS) au Pays-Bas compte une baisse de prix de 64 pour cent entre 1998 et 2003! Et voilà l’indice qui baisse !

http://www.cbs.nl/NR/rdonlyres/AB3F1E9D-EFED-4FD9-9393-E59F762D5C9B/0/2007gevoelsinflatieart.pdf

graphique page 6

http://www.cbs.nl/en-GB/menu/themas/prijzen/publicaties/artikelen/archief/2005/consumer-price-index-art.htm

Donc, le contenu du panier est adapté périodiquement. La justification est : « quand les prix montent, les ménages adaptent leurs achats aussi ». Et que signifie cette politique d’adaptation pour l'indice ? Eh bien, puisque le ménage moyen défini ne peut pas dépenser plus qu'il ne gagne, l’augmentation du coût du panier est automatiquement limitée à l'augmentation de ses revenus. L’ICP vous fera donc toujours croire que l’inflation ne dépasse pas l’augmentation des revenus.

Dans une région large et hétérogène comme la zone euro les pays ne seront jamais touchés de la même façon par des grands shocks comme la crise financière. Pour la BCE il est alors impossible de réagir avec une politique qui serait bonne pour tous les pays. La BCE sera contrainte de choisir une politique qui convient à certains, mais pas à d’autres. Et lorsque la politique monétaire n’est pas adaptée cela peut provoquer de grosses inflations. Dans ces cas aussi l’IPC fera de son mieux pour masquer la réalité.

[9] Le banquier central prend soin que l’inflation continue éternellement en guidant le taux d’intérêt.

[10] Les bureaux de la Banque Centrale Européenne sont à Frankfurt. C’est la ville historique des Rothschild. Des représentants des familles Rothschild et Morgan étaient à la base de la création de la Réserve Fédérale aux États Unis en 1913. (G. Edward Griffin in “The Creature of Jekyll Island”)

[11] Propriété BCE:

http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:021:0066:0068:EN:PDF , artikel 2.

[12] Par exemple, la banque centrale Néerlandaise c’est la Nederlandse Bank N.V. (DNB), où N.V. signifie Société Anonyme. C’est une forme juridique commune pour des entreprises avec un capital en actions. Aux Pays-Bas ces entreprises ont l’obligation de toujours mentionner N.V. avec leur nom. En 1929 une loi spéciale dispensait De Nederlandse Bank N.V. d’imprimer N.V. sur leurs billets de banque, permettant de câcher à la population que leur monnaie appartenait à une société anonyme.

http://www.dnb.nl/binaries/wo0649_tcm46-145952.pdf

The 4 members of DNB’s governing board, the day-to-day direction, are appointed by the Crown.

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/governing-board/index.jsp

Of the 10 members of the supervisory board one member is appointed by the government.

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/supervisory-board-and-bank-council/index.jsp

All these members have strong bonds in the economy.

http://www.dnb.nl/binaries/Raad%20van%20Commissarissen_tcm46-185323.pdf (in Dutch)

Of the 14 members of the bank council, one is the member of the supervisory booard who is appointed by the government. (Nevertheless, he is as independent from government as all others.)

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/supervisory-board-and-bank-council/index.jsp

Notez, que pour la banque centrale il s’agit de pouvoir, influence et l’élargissement du bilan et, en règle générale, pas tant l’obtention de bénéfices, que beaucoup de banques centrales reversent au Trésor du pays.

[13] Indépendance des banques centrales: http://www.ecb.int/press/key/date/1997/html/sp970513.en.html

[14] Les banquiers centraux ont le pouvoir sur le système d’argent (et veulent le conserver). Une raison étant qu’ils ont désespérément besoin de maintenir l’inflation, car sans cela le système trompeur ne peut pas fonctionner. Comme expliqué, les banques feraient faillite très vite. Donc les banquiers centraux veulent le contrôle total sur le taux d’intérêt. Cependant, pour le monde extérieur ils prétendent vouloir exercer ce control, puisque les gouvernements ne seraient pas capables de mener une politique monétaire consistant sur le long terme. Ils réfère à une situation où un gouvernement a causé une grosse inflation. Des banquiers centraux se conduiraient de façon plus responsable (!) et donc avoir le controle sur le système d’argent sans aucune interférence du gouvernement. Voici un exemple de comment ils présentent la chose.

Alexandre Lamfalussy, President of the European Monetary Institute, at the Oesterreichische Nationalbank, Vienna, 13 May 1997

“Modern economic theory emphasises the inflationary bias in economic policy, which relates in particular to the so-called time-inconsistency issue, i.e. the problem of convincing the public that the monetary authorities will resist the temptation to stimulate output growth in the short run by creating "surprise inflation". Against the backdrop of negative past experience, the public is unlikely to have much faith in the authorities' promises to maintain low inflation. Unless these promises are underpinned by a credible form of pre-commitment, the equilibrium inflation rate will be higher than needed, with no better performance in terms of output and possibly even a deterioration. As a solution to this problem, it has been suggested that responsibility for monetary policy be separated from political control and to enshrine this in legislation. According to this view, central banks should be given the freedom to formulate and execute monetary policy in line with their primary objective as determined by the legislator, to whom they are accountable. Accountability may involve either a legal obligation for the central bank to give reckoning for the conduct of monetary policy or a commitment to explain its actions, for example, in regular reports and to parliament. This allows central banks to take a medium-term orientation and not to be distracted by short-term political motives, an approach which benefits the credibility, transparency and efficiency of monetary policy.”

http://www.ecb.int/press/key/date/1997/html/sp970513.en.html

[15] Pierre Werner était un banquier Luxembourgeois très influent. En 1944 il avait participé à la Conférence de Bretton Woods, qui donna le jour à la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (International Bank for Reconstruction and Develop­ment, IBRD), le Fonds Monétaire International (FMI) et les Accords Généraux sur la Tarification et le Commerce (General Agreement on Tariffs and Trade, GATT). En 1970 il était également Ministre des Finances et Premier Ministre du Luxembourg. Par dessus, en 1969, il avait présidé le Conseil de la Communauté Économique Européenne. http://www.terra.es/personal2/monolith/eu.htm

[16] John Perkins dans un interview on Talkstick TV (Traduction Française et lien YouTube, voir en dessous.)

"The fact of the matter is our job was to convince other countries to take very large loans [given by the World Bank]... Let's say a billion dollars to Ecuador to build big infrastructure projects: power plants, ... ports, highways, industrial parks. Things that didn't benefit anybody except the very wealthy people in those countries who were quite corrupt, and we corrupted them... 90% of that billion dollars would come back to the United States to pay for Halliburton, Bechtel, these types of companies to build the infrastructure.

Then the country would be stuck with this huge debt, which over time would continue to be refinanced and get larger and larger and larger. So that in fact today Ecuador owes more than 50% of its national budget just to pay down its debt service which means there's very little money left to pay for education and health services for the poor people who are the ones who suffer from these projects. It was their rivers that were destroyed when we built these hydro-electric plants, it was their land that was destroyed...

Now they're saddled with this incredible debt that they can't possibly pay. And so we go in and demand our pound of flesh, very much like the mafia... We need Ecuador's oil... We tell Ecuador, 'Since you can't pay off your loans, what you need to do is to turn over your Amazon to our oil companies... What it is all about is building empire. We've done this in every country around the world that has resources that we covet, often this is oil in places like Indonesia, Nigeria, Ecuador, Venezuela, and. Colombia. But sometimes its other resources, for example in Panama it was the Panama Canal. "

‘Le fait est que c’était notre travail de convaincre d’autres pays de prendre des emprunts très larges [ fournis par la Banque Mondiale] ... Disons un milliard de dollars pour l’Équador pour construire de grands projets d’infrastructures : centrales électriques, autoroutes, parcs industriels. Des choses qui ne profitaient à personne à part les gens très riches dans ces pays, qui étaient relativement corrompus, et nous les corrompions... 90% de ce milliard de dollars retourneraient aux États-Unis pour payer Halliburton, Bechtel, ce type d’entreprises qui construisaient l’infrastructure.

Ensuite le pays serait coincé avec cette dette énorme, qui avec le temps devait être refinancée chaque fois et devenir de plus en plus grande. De telle sorte qu’aujourdhui l’Ecuador doit plus de 50% de son budget national pour payer ces dettes, ce qui veut dire qu’il ne reste que très peu pour payer l’éducation et les services de santé publique pour les gens pauvres, qui sont les gens qui souffrent de ces projets. C’étaient leurs rivières que nous détruisions en construisant ces centrales électriques, c’étaient leurs terres que nous détruisions...

Maintenant ils ont cette dette incroyable sur les bras qu’ils ne pourront jamais payer. Et nous entrons et demandons notre livre de viande, assez semblable à la Maffia... On a besoin du pétrole d’Équador.. Nous disons à l’Equador : ‘Puis que vous ne pouvez pas payer votre dette, ce que vous devez faire c’est de livrer votre Amazone à nos compagnies de pétrole.... Tout cela, c’est pour construire un empire. Nous avons fait cela partout sur le globe dans tous les pays qui ont des ressources que nous désirons, souvent il s’agit de pétrole dans des endroits comme l’Indonésie, le Nigéria, l’Equador, le Vénézuéla et la Colombie. Mais quelquefois leurs autres ressources, par exemple, au Panama c’était le Canal de Panama. »

YouTube: http://www.youtube.com/watch?v=yTbdnNgqfs8

Joseph E. Stiglitz, in an interview in 2001:

"As the chief economist at the World Bank from 1997 to 2000, I have seen firsthand the dark side of globalization; ... how so-called structural-adjustment loans to some of the poorest countries in the world 'restructured' those countries' economies so as to eliminate jobs, but did not provide the means of creating new ones, leading to widespread unemployment and cuts in basic services..”

« Comme économiste principal à la Banque Mondiale de 1997 à 2000 j’était au premier rang pour voir le revers sombre de la globalisation ; ... comment des soi-disant prêts d’ajustement structurel à quelques-uns des pays les plus pauvres du monde restructuraient l’économie de ces pays pour en éliminer des emplois, mais sans en fournir les moyens d’en créer des nouveaux, menant à un chômage étendu et des coupes dans les services de base. »

http://secret-of-life.org/the-World-Bank-and-IMF

Voir également : THE IMF AND IRELAND: WHAT WE CAN LEARN FROM THE GLOBAL SOUTH

http://www.dublinopinion.com/downloads/Afri_Report_on_EU_IMF_Loan_Deal.pdf

[17] David C. Korten, in “One World--One World Government Bretton Woods or The United Nations?”

(Traduction Française, voir en dessous.)

“It was all so simple. The World Bank trained cadres of young economists, teaching them to believe that rapid development depends on foreign borrowing to supplement investment based on domestic savings. Few seemed to notice the obvious -- that when you borrow abroad you are borrowing foreign money that is only useful to buy foreign products, thus increasing your economy's dependence on imports. You are also building up foreign debts that can only be repaid by exporting ever more of your domestic resources and production. Almost inevitably you end up at the mercy of foreign lenders -- like the World Bank.”

« C’était tout tellement simple. La Banque Mondiale formait de jeunes cadres, leur inculquant que le développement rapide dépendait des prêts étrangers pour compléter des investissements basés sur l’épargne des ménages. Il n’y en avait que peu qui semblaient s’apercevoir de l’évidence – que lorsqu’on emprunte à l’étranger on emprunte de l’argent étranger, qui n’est utile que pour acheter des produits étrangers, ce qui n’augmente que la dépendance de votre économie sur des importations. Vous construisez des dettes extérieures qui ne peuvent être remboursées en exportant toujours plus de vos ressources et de votre production. Quasiment inévitablement vous finissez à la merci des prêteurs étrangers – comme la Banque Mondiale. »

http://www.ratical.com/co-globalize/ifg041400DK.html

[18] Les accords de Bâle

http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0596-e.htm

[19] NRC Handelsblad, 11 februari 2010

Le parlementaire Néerlandais Frans Weekers disait que la Grèce doit les problèmes entièrement à elle-même. Selon lui les Grecques ont « trompé et roulé » l’Union Européenne pendant des années avec de faux chiffres sur leur position financière. « C’est la punition du marché pour la Grèce », d’après Weekers. (Suite en dessous...)

http://vorige.nrc.nl/economie/article2481429.ece/Kamer_Geen_Nederlandse_steun_aan_Griekenland

Eh bien, si Weekers s’était renseigné un peu, il aurait pu savoir ceci :

Selon Nikolaos Salavrakos, Membre du Parlement Européen, dans “The Greek Fiscal Crisis: Is there a way Out?” / « La crise fiscale Grecque : Y a-t-il un moyen d’en sortir ? »

« En 1974 la dette publique Grecque n’était que 22,5% de son Produit Intérieur Brut (PIB), et en 1979, lorsque la Grèce signait son entrée dans la Communauté Économique Européenne, c’était 31, 7%. Elle atteignait 36,1% en 1981 et en 1989 elle était 85,3%. La dette publique continuait à monter et ainsi, en 1993 elle avait atteint un niveau surprenant de 110,1% du PIB. C’était légèrement ramené à 106,6% en 2001 et 102,4% en 2003. Ainsi, même avec les statistiques officielles dela période 2000-2003, la dette Grecque était toujours élevée. Cependant, la Grèce entra dans l’Union Monétaire Européenne le 1 janvier 2001 comme son douzième membre. Il est évident que tout le monde (les marchés, les politiciens, la Commission Européenne) savait qu’un pays avec une dette supérieure à 100% de son PIB devenait membre de l’Union Monétaire Européenne. »

http://www.efdgroup.eu/news/99-the-greek-fiscal-crisis-is-there-a-way-out.html

Jusqu’au 18 décembre 2010 le FMI a fournit plus de 10 milliards d’euros de crédit à la Grèce. Apparemment les conditions n’ont pas été rendues publiques.

[20] C. van Ewijk & L.J.R. Scholtens dans “Geld, Financiële Markten & Financiële Instellingen” (en Néerlandais) Voir « Multiplication de l’argent »/“Geld vermenigvuldiging”

Rudo de Ruijter,

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