Une étude du cabinet Proxinvest publiée ce mardi montre que la rémunération moyenne des dirigeants des entreprises du CAC 40 a fait un bond de 34 % en 2010, pour un montant de 4,11 millions. Il faut noter toutefois que nous sommes encore loin de la même rémunération moyenne d’avant la crise qui s’élevait à 5,7 millions d’euros (2006). Dans cette liste de patrons français, une “short liste” de onze patrons dépasse allègrement les 240 fois les SMIC (soit 4,0 millions d’euros par an)
Notez que ces chiffres prennent en compte les stocks options, mais pas les retraites chapeau qui peuvent s’élever à 500 000 euros par an. Si l’on prend le cas des quatre patrons qui dépassent les 9,5 millions d’euros, on peut estimer que leur salaire correspond aux frais de fonctionnement d’une usine d’au moins 150 personnes. Soit encore, pour pouvoir bien comparer, l’équivalent de 568 fois le SMIC annuel !
Le pire de cette situation est que ces rémunérations extraordinaires ne tiennent pas toujours compte de la réussite d’objectifs puisque certains patrons peuvent régulièrement rater leurs objectifs et empocher tout de même leur immense prime.
Que signifie ce monde ou l’écart entre le revenu du pauvre (à plein temps) et celui du riche salarié dépasse 600. Un homme, par son intelligence, son savoir, ses relations, ses performances peut-il valoir plus de 600 ouvriers ? Ne peut-on pas trouver un dirigeant aussi bien, voir mieux et moins cher ? Que penser des cas où les objectifs ne sont pas atteints et l’énorme prime systématiquement empochée ? Que penser des patrons qui ont fait n’importe quoi dans leur précédente entreprise, mais qui sont "recasés" rapidement à un poste similaire ? Il ne s’agit plus de surhomme, mais bien de brigandage, non ? Ceci est d’autant plus choquant que la crise est toujours présente et que les 11 patrons les plus gâtés ne sont pas toujours ceux qui ont fait le plus progresser leur entreprise. Il s’agit bien d’une caste d’invincibles qui décident de l’emploi des autres par une simple signature en bas d’une page et qui, en coulisse, se goinfre comme jamais.
Il est loin le temps au Rockefeller conseillait que le salaire d’un dirigeant ne dépasse jamais le rapport 40, aujourd’hui, en pleine crise nous somme parfois a 600 ! Pourtant, lorsque l’on se demande si un homme peut en valoir 40 autres ce chiffre est déjà grand. Évidemment, certains diront que le pays a plus à faire que de se préoccuper d’une centaine de personnes. Certes, mais plus que des individus, c’est aussi une morale voir tout système qu’il faut défendre et réformer. Nous ne pouvons pas demander aux plus pauvres des efforts lorsque d’autres se « goinfres » sans limites, l’appât du gain qui pousse à toujours plus de licenciements, à des salaires toujours plus bas et à plus de précarité doit être combattu, c’est un projet de société pas seulement une lutte contre une poignée de gens.
A qui la faute ? Au patronat français : Proxinvest souligne que « La transparence des grandes sociétés françaises et la lisibilité des performances est inférieures à celle observée dans les pays où les dirigeants sont responsables de leur politique de rémunération devant l'assemblée générale des actionnaires », en France « Le patronat, qui entend définir seul les règles françaises de bonne gouvernance, s'oppose encore à la légitimation de la rémunération devant l'assemblée des actionnaires »… Seul point validé en France par les actionnaires : l’indemnité de départ, les régimes de retraite et les enveloppes d’options et d’actions gratuites. Tout est dit. Les grands patrons sont prompts à délocaliser et monter des plans d’économies (même lorsque l’entreprise se porte très bien), mais ils refusent catégoriquement (contrairement à leurs homologues étrangers) de soumettre leur rémunération à l’actionnariat… La position du MEDEF est encore une fois éloquente : l’autocontrôle ! Si les salariés manifestaient pour autocontrôler leurs salaires et leurs avantages divers, je ne pense pas que le MEDEF les soutiendrait ! Il s’agit donc bien d’un mépris, d’une volonté de mettre une barrière entre les salariés “esclaves” et les patrons “nobles”…
La situation est bien pire, une partie de ces fabuleuses rémunérations sont sous forme de stock options et leur valeur réelle dépend de valeur de l’action de leur entreprise. Encore une raison pour ces riches personnages de toujours favoriser les annonces faisant plaisir aux actionnaires (ce qui fait monter la valeur de l’action) au détriment d’une réelle politique saine et de long terme. Proxinvest parle même de manque de responsabilisation des patrons français.
Que faire alors ? Taxer plus encore les rémunérations extravagantes en ajoutant une nouvelle tranche d’impôts, interdire les parachutes dorés, limiter les indemnités de départ aux seuls départs où la performance n’est pas en cause (et dans des limites semblables aux autres salariés), interdire les stock-options et les actions gratuites et bien entendu les retraites dorées. Légiférer afin d’indexer une partie du salaire des grands patrons sur les augmentations moyennes des employés de leur entreprise et en fonction de la variation du nombre d’employés et d’objectifs long terme, les obliger à soumettre le reste de leur rémunération à l’assemblée des actionnaires. Les solutions existent, qui osera les appliquer ?
1 commentaire:
A part ça, pour les salariés, il paraît qu'il y aurait une crise économique en France...
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